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«L’école primaire ne doit pas être cantonalisée, mais régionalisée»

Soumis par SAEN le 10 août 2009

L'instruction publique neuchâteloise est à un tournant. Annoncée, la cantonalisation de l'école primaire ne fait pas l'unanimité. Les communes, et plus particulièrement les trois villes et la nouvelle commune de Val-de-Travers, ont demandé et obtenu qu'un dialogue permanent s'instaure dans un esprit de partenariat. La vision de Didier Berberat, directeur de l'Instruction publique chaux-de-fonnière.

«Nous sommes satisfaits du changement d'optique du Département de l'éducation, de la culture et des sports (Decs)!» En usant du «nous», Didier Berberat, président de la Ville de La Chaux-de-Fonds et directeur de l'Instruction publique, fait allusion à ses collègues conseillers communaux du Locle et de Neuchâtel, ainsi qu'à l'Association des communes neuchâteloises (ACN).

«Durant la précédente législature», explique Didier Berberat, «nous ne parvenions pas à nouer le dialogue avec le canton». «La cheffe du Decs [réd. Sylvie Perrinjaquet] n'avait pas mis sur pied de structure de concertation où l'on puisse discuter des problèmes relatifs à l'école, comme cela existait en matière sociale avec l'ancien conseiller d'Etat Debély.»

Le résultat, c'est que «nous en sommes arrivés à devoir faire trancher par le Tribunal fédéral un litige entre le canton et les communes sur la prise en charge des frais de scolarisation des élèves avec handicap! Nous aurions évité de tels conflits, dommageables pour tout le canton, si l'Etat avait considéré les communes comme des partenaires, et pas comme des sujets.»

Depuis l'arrivée du nouveau chef du Decs, Philippe Gnaegi, ce chapitre est clos. «Depuis son entrée en fonction, nous avons déjà eu deux réunions», révèle Didier Berberat. Ce nouvel espace de concertation permet aux conseillers communaux des trois villes, de la commune de Val-de-Travers et de représentants de l'ACN, de mettre sur le tapis tous les sujets concernant l'instruction publique.

C'est «un lieu d'échange de points de vues et d'arguments, ce qui vaut mieux que devoir faire arbitrer nos différends par le Grand Conseil ou le TF», lance Didier Berberat.

Mais qu'y a-t-il ces temps dans la marmite scolaire cantonale? «Dans les quatre dernières années», rappelle Didier Berberat, «nous avons noté une volonté forte de l'Etat, surtout vers la fin de la législature, d'aller en direction d'une cantonalisation de l'école, avec une tentation de mise sous tutelle des communes en matière d'instruction publique.»

Or, estime le conseiller communal, «si les grandes communes sont a priori d'accord avec l'idée d'une cantonalisation à terme de l'école secondaire, il n'en va pas de même avec le niveau primaire.» Pourquoi? «La commune est la bonne échelle pour gérer tous les problèmes d'organisation de ce niveau d'enseignement. Les communes se chargent de l'engagement des enseignants et des nominations et savent comment répartir les élèves.» De plus, il ne serait pas logique de déposséder les communes de leurs compétences à ce niveau tout en leur demandant d'organiser tout le secteur parascolaire et l'accueil extrascolaire.

Cette opposition des trois villes et de Val-de-Travers «à toute cantonalisation, telle qu'elle est annoncée dans la troisième étape du désenchevêtrement ne veut pas dire qu'elles sont défavorables à une régionalisation de l'école», nuance Didier Berberat.

Le chef du Service de l'enseignement obligatoire cantonal ne peut pas continuer à avoir en face de lui 70 interlocuteurs, estime-t-il. Il faudra donc bien, à terme, une régionalisation de l'enseignement primaire. Elle se ferait sur la base de syndicats intercommunaux, sur le modèle de ce qui existe pour l'école secondaire, suggère le conseiller communal chaux-de-fonnier.

Un tel regroupement permettrait d'engager des directeurs ou directrices, ne serait-ce qu'à temps partiel, dans les régions moins densément peuplées. Actuellement ces tâches de directions sont accomplies de manière bénévole par les présidents de commission scolaire en lien avec les enseignants œuvrant dans les écoles de petite taille.

Didier Berberat écarte d'emblée le spectre de la centralisation des élèves: «Nommer une direction d'école primaire dans une région ne signifie pas qu'il faille regrouper les élèves et fermer les écoles de village. La preuve que c'est possible, c'est l'exemple de La Chaux-de-Fonds, «où l'on gère depuis Serre 12 des classes situées à plusieurs kilomètres du centre-ville.»

Didier Berberat estime qu'à terme, La Chaux-de-Fonds et Le Locle pourraient être amenées à collaborer avec les autres communes de leurs districts pour une gestion commune, même si La Chaux-de-Fonds, avec 5000 élèves, dispose d'une taille critique suffisante pour gérer l'école sur le plan strictement communal. /LBY

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