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Les enseignants haussent le ton

Soumis par Stefan Lauper le 9 novembre 2008

ÉCOLES - Les syndicats d'enseignants accusent l'Etat de les bafouer en violant les accords conclus.

«Nous en avons marre d'être menés en bateau!» Michel Gindrat, président de la section enseignant du Syndicat des services publics (SSP) et John Vuillaume, président du Syndicat autonome des enseignants neuchâtelois (SAEN) ont dénoncé hier le «scandaleux dédain» avec lequel le Département de l'éducation, de la culture et des sports (DECS) se défait de ses engagements.

Les deux syndicats ont signé un accord avec le DECS qui impliquait, dès la rentrée scolaire 2009, «la sortie des mesures d'économie touchant l'enseignement». Il n'en sera rien puisque le million qui y était destiné n'a tout simplement pas été inscrit au budget 2009 de l'Etat de Neuchâtel.

John Vuillaume estime que le DECS aurait au moins pu discuter avec ses partenaires avant de les mettre devant le fait accompli. «Notre accord est remis en cause de façon unilatérale: nous ne saurions nous y résigner! D'autant plus que le Conseil d'Etat fanfaronne au sujet du budget 2009, le meilleur depuis 1980!», s'exclame Michel Gindrat.

Le syndicaliste constate que la politique financière de l'Etat a fait beaucoup de mal aux écoles neuchâteloises. Notamment dans leur fonctionnement. Les effectifs des classes ont augmenté, ce qui empêche les professeurs d'accorder du temps aux élèves en difficulté. Et rien n'a été mis en place qui compense ou atténue ces effets néfastes.

De plus, les inégalités au sein du corps enseignant sont de plus en plus criantes. De l'avis des syndicalistes, la différence entre les maîtres de pratique dont la charge de cours s'élève à 40 heures hebdomadaires et ceux de théorie, qui enseignent 23 heures par semaine, n'a plus lieu d'être.

Et puis, le parent pauvre de l'école se voit encore une fois précarisé: «Cela fait 30 ans que les sections pré-professionnelles souffrent d'injustice. Serpent de mer de la République, elles tendent à devenir des sections d'exclus», s'indigne Michel Gindrat. Qui se demande pourquoi l'étude menée au sein de ces classes stagne au fond d'un tiroir, alors qu'elle apportait des solutions censées redonner confiance aux élèves et à leurs parents.

Pour toutes ces raisons, le SSP et le SAEN assurent qu'il y a urgence à mettre en place les mesures conclues avec le DECS. Soit de rétablir les heures de décharge et le dédoublement des grandes classes. De réintroduire les mesures compensatoires de soutien pédagogique dans les classes où le nombre d'élèves est élevé. Et surtout d'apporter un ferme soutien au secteur pré-professionnel, notamment en y limitant le nombre des élèves.

Cheffe du DECS, Sylvie Perrinjaquet se montre bienveillante: «Je comprends que les enseignants se sentent menés en bateau.» La ministre explique qu'elle n'a pas pu respecter l'accord conclu avec les syndicats, parce que son Département n'atteignait pas les objectifs budgétaires imposés par le Conseil d'Etat. Par contre, elle s'engage à introduire l'accord dans le budget 2010.

Michel Gindrat et John Vuillaume ne l'entendent pas de cette oreille. Afin que les écoles neuchâteloises ne régressent pas davantage, les syndicalistes font actuellement circuler une pétition au sein du corps enseignant. Le texte sera remis au Grand Conseil auquel il est demandé «que la parole donnée soit respectée» et «que l'accord soit intégré sous forme d'un amendement au budget 2009». ISI

Source : Le Courrier du 6 novembre 2008

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