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L’informatique fait gagner beaucoup de temps… à condition d’en avoir beaucoup à investir

Soumis par Brigitte Hofmann le 22 juin 2018

Nous vivons une époque que nous ne pouvons plus imaginer sans informatique et l’école ne peut évidemment pas s’exclure de ce monde. Nos élèves, futurs citoyens, doivent être familiarisés à ces outils comme l’exige d’ailleurs le PER et les enseignants sont de plus en plus appelés à utiliser l’ordinateur dans la gestion de leur classe. Mais, car il y a évidemment un mais, comment parvenir à ces fins sans outils adaptés ?

Une fois de plus, le canton de Neuchâtel n’a pas les moyens (ou ne veut pas les y engager) pour remplir sa mission de formation et alléger au lieu d’alourdir le travail des enseignants. Une bonne partie du parc informatique des écoles est désuet, l’office de l’informatique scolaire ne soutiendra sans doute pas le contraire. Ainsi, dans les collèges, on hésite de plus en plus à éteindre les ordinateurs en fin de journée pour éviter de perdre parfois plus de dix minutes à l’allumage. Si les heures de travail des enseignants étaient mesurées comme celles du personnel administratif, on aurait changé depuis longtemps les postes ! Mais comme notre temps de travail n’est pas clairement délimité, personne ne voit l’utilité de changer quoi que ce soit.

Aux cycles 1 et 2, avec un ordinateur pour trois élèves, il est difficile de leur inculquer les bases de l’utilisation des outils informatiques. Comment imaginer dès lors que ces enfants vont s’en sortir dans le volet informatique des épreuves de références ? Les plus grands passent souvent plus de temps sur l’ordinateur ou la tablette de leurs parents que sur celui de l’école. Habitués à zapper d’un jeu à l’autre, ils ont tendance à ne pas prendre très au sérieux des exercices sur l’ordinateur ce qui transparaît dans les résultats du volet informatique. Et puis, il ne faut pas oublier que pour les élèves apprentis-lecteurs en 3e et 4e, c’est déjà un défi de se connecter avec leur identifiant sans parler des difficultés de compréhension des consignes.

Les logiciels utilisés laissent aussi à désirer, que ce soit du côté de l’élève ou de l’enseignant. Des jeux très sympathiques comme « math 1-4P » ne sont plus mis à jour depuis longtemps et ne sont pas remplacés.

Pour l’évaluation, l’outil Excel « acquis de connaissances et de compétences » – pourtant parti d’une excellente initiative de terrain – a été proposé aux enseignants « dans son jus ». Heureusement, il sera bientôt remplacé par un Folio qui semble plus simple d’utilisation. Contrairement au bilan, qui, bien qu’amélioré dans sa présentation et enfin accessible pour les enseignants de 1re et 2e, n’est pas encore au point. Si la prochaine année scolaire devrait éviter aux enseignants de 5e et 6e d’avoir à biffer à la main la rubrique « anglais »1, il faudra néanmoins continuer à imprimer bilan par bilan. Avec une seule personne en charge du développement des programmes au SEO, des adaptations pourtant essentielles ne peuvent toutes être traitées rapidement. Et les enseignants en font les frais, eux dont le temps de travail ne connait pas de limites.

Enfin, que dire des différences entre les sites des centres ? La plupart des cercles proposent à leurs enseignants une plateforme peu conviviale, d’autres, plus rares, ont conçu avec l’aide des enseignants une interface intuitive, complétée par une distribution intelligente de l’information par courriel. Malheureusement, au grand dam des enseignants, les directions de centres ne semblent pas échanger leurs bonnes pratiques. Elles renoncent donc à des moyens de soutenir les enseignants dans leurs tâches administratives et dans leur mission de transmission de savoir. En fin de compte, même si l’OISO fait des efforts, en comparaison avec d’autres cantons, notamment alémaniques, Neuchâtel se retrouve une fois de plus en queue de peloton.

1 Dont l’enseignement débute en 7e année

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