Aller au contenu principal

Neuchâtel - L’école gaspille-t-elle ses moyens?

Soumis par SAEN le 31 janvier 2018

Le Syndicat autonome des enseignants neuchâtelois dénonce une mauvaise gestion des ressources de l’école obligatoire et refuse l’augmentation prévue du nombre d’élèves par classe.

L’école gaspille-t-elle ses moyens?
Le gouvernement neuchâtelois veut augmenter d’une unité la moyenne d’élèves par classe, ce qui entraînera inéluctablement une fermeture de classes. KEYSTONE

Les salaires d’enseignants les plus bas de Suisse romande, une moyenne d’élèves par classe en hausse et des coûts administratifs trop élevés. Le Syndicat autonome des enseignants neuchâtelois (SAEN) dresse un bilan sévère de la gestion de la scolarité obligatoire, notamment depuis l’entrée en vigueur du système des cercles scolaires. Une mauvaise gestion qui justifie, selon lui, le refus des nouvelles mesures d’austérité prévues par le gouvernement.

«Entre 2012 et 2015, les coûts en salaire du personnel administratif ont augmenté de 13 millions de francs [sur une masse salariale totale d’environ 250 millions], alors qu’on nous avait juré que les coûts seraient maîtrisés avec la régionalisation du système scolaire!» s’indigne Pierre Graber, président du SAEN. En 2012, faute d’avoir réussi à trouver un accord politique pour «cantonaliser» l’organisation scolaire, Neuchâtel a adopté un système hybride dans lequel les grandes lignes sont décidées au niveau cantonal mais qui laisse une marge de manœuvre aux régions grâce à des cercles scolaires.

Trop d’administratif?

«Ces districts scolaires se sont professionnalisés en remplaçant les anciennes commissions scolaires de chaque village qui, elles, étaient composées largement de miliciens, poursuit le syndicaliste. Pour chacun des treize cercles scolaires il y a quatre directeurs au moins. Cela a fatalement induit des coûts supplémentaires.»

Monika Maire-Hefti, conseillère d’Etat chargée de l’Education, ne comprend pas ce qu’on reproche au gouvernement: «L’Etat subventionne uniquement le salaire des enseignants et en aucun cas celui du personnel administratif. C’est un peu gonflé de nous imputer cette hausse. Par ailleurs, la régionalisation a été décidée par le Grand Conseil, alors que le Conseil d’Etat, à l’époque, défendait un système cantonal. Aujourd’hui le Conseil d’Etat n’est pas prêt à ouvrir l’immense chantier que serait une nouvelle réforme de l’organisation scolaire, à moins d’une injonction du parlement.»

Au niveau des communes, c’est la même incompréhension. «Il y a un fantasme de la multiplication des directeurs. Si on compte tous les directeurs et sous-directeurs de notre cercle, il n’y a qu’un poste de différence avec la situation avant 2012. A La Chaux-de-Fonds, nous n’avons pas constaté une augmentation du coût des salaires du personnel administratif. Ce qui augmente les coûts de la scolarité, c’est l’introduction de la réforme du cycle 3 (12-15 ans) et de ses classes à niveaux.», estime Théo Bregnard, conseiller communal chargé de l’Instruction publique à La Chaux-de-Fonds.

«Trop d’élèves par classe»

Pour le SAEN, il y a un écart entre les moyens alloués à l’administratif et ceux pour l’enseignement. «Alors que ces sommes sont dépensées dans des tâches qu’on ne connaît pas bien, que les enseignants neuchâtelois sont déjà les moins payés de Romandie, le gouvernement veut augmenter d’une unité la moyenne d’élèves par classe, ce qui entraînera inéluctablement une fermeture de classes», regrette Pierre Graber. Ce sera le cas notamment au Val-de-Ruz, où quatre à cinq classes disparaîtront si la mesure du Conseil d’Etat entre en vigueur. Pour les petits Vaudruziens, cela signifie qu’ils ne seront pas automatiquement scolarisés dans leur village.

«Nous attendons des propositions concrètes et réalistes des syndicats»

«Ça ne fait plaisir à personne de devoir faire ces mesures d’économies, soupire Monika Maire-Hefti. Mais il faut souligner que Neuchâtel à la moyenne la plus basse de Suisse. Nous sommes à 17,2 élèves au cycle 1 et 18,3 au cycle 2. Une augmentation d’une unité nous placerait au même niveau que les autres cantons.» La conseillère d’Etat assure pourtant que la décision n’est pas arrêtée: «Nous sommes ouverts à la discussion et attendons des propositions concrètes et réalistes des syndicats. Nous analysons de notre côté déjà d’autres solutions comme la suppression d’une période d’enseignement ou encore l’augmentation différenciée des effectifs selon les cycles.»

Source