Le 23 septembre 2012 marque un tournant dans l’histoire du canton de Neuchâtel. Le corps électoral neuchâtelois est en effet appelé à se prononcer sur une question cruciale, le développement de son territoire : la création d’une agglomération de plus de 100'000 habitants et une nette amélioration des liaisons avec le reste de la Suisse seront-elles acceptées par une majorité de citoyennes et citoyens neuchâtelois ?
RER-transrun : un projet porteur d’avenir
La clé de voûte des réformes (fiscalité, justice, santé, sécurité, formation) entreprises pour redynamiser le canton de Neuchâtel est le RER-transrun, un excellent projet, qui plus est rassembleur puisqu’il transcende les clivages géographique (Haut-Bas) et politique (gauche-droite).
Les améliorations des réseaux de transports publics optimisent la gestion du territoire et débouchent sur un développement aussi bien économique, démographique que social, profitable à l’ensemble de la population.
L’originalité de la future agglomération neuchâteloise, dont le rayonnement profitera à tout l’Arc jurassien, sera de posséder son plus grand quartier (La Chaux-de-Fonds et Le Locle) à mille mètres d’altitude et sa seconde partie au bord du lac (Neuchâtel).
Pour réaliser ce tour de force, une nouvelle liaison ferroviaire souterraine (via Cernier et le Val-de-Ruz) mettra La Chaux-de-Fonds à moins de 15 minutes de Neuchâtel, avec des cadences au quart d’heure entre Auvernier et Le Locle et à la demi-heure pour les autres localités du canton.
La nouvelle transversale Neuchâtel- Cernier- La Chaux-de-Fonds aura également la vertu d’éliminer le goulet de Neuchâtel-Vauseyon, avec à la clef une augmentation des trains entre Genève-Lausanne et Bâle-Zürich et de meilleures et plus nombreuses correspondances pour les Neuchâteloises et les Neuchâtelois.
L’excellence du projet de RER-transrun lui permettra-t-il de passer la rampe en votation populaire ?
« La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent » (Camus).
Pourquoi ce qui est vrai pour nos enfants et pour nos élèves ne le serait pas aussi pour notre canton ?
Des idées reçues à battre en brèche
Certains craignent que le renforcement de l’axe La Chaux-de-Fonds-Cernier-Neuchâtel ne se fasse au détriment des autres régions du canton. C’est parfaitement faux. Plus le centre est fort, plus sa périphérie l’est également. Que seraient Schwyz et Zoug sans Zurich ?
Des inquiétudes déraisonnables se font jour au sujet du coût important du projet pour le canton. Il ne faut cependant pas mélanger l’argent emprunté pour faire fonctionner une collectivité publique qui vit au-dessus de ses moyens et celui utilisé pour financer de nouvelles infrastructures de transport que nous léguerons aux générations futures. Les dettes de la cigale n’équivalent pas à celles de la fourmi. Le RER-transrun n’a rien d’un « transruine », mais c’est un investissement nécessaire au développement de notre canton.
Des esprits bien intentionnés considèrent qu’il faudrait d’abord régler certains problèmes du canton, comme les hôpitaux, les retraites ou les conditions de travail des agents de la fonction publique, avant de se lancer dans un projet aussi ambitieux que le RER-transrun. C’est mettre la charrue avant les bœufs. Comment paiera-t-on les retraites des fonctionnaires et comment pourra-t-on sensiblement améliorer les conditions de travail des enseignants et des fonctionnaires si le canton continue de connaître un dépérissement social, économique et démographique, fruit de sa périphérisation croissante que seule, à l’heure actuelle, la réalisation du projet de RER-transrun pourrait contribuer à inverser ?
Un non difficile à assumer ou à justifier
Comme ce fut le cas lors de la campagne de votation sur la Transjurane, les opposants au RER-transrun seront plus ou moins explicitement stigmatisés par une partie de ses partisans : ignares ou traîtres à la patrie, idiots ou salauds. Des étiquettes difficiles à porter.
Par ailleurs, les indécis sont souvent et à juste titre convaincus par l’excellence du projet lorsqu’ils en prennent véritablement connaissance.
L’ouverture et le goût de l’avenir triompheront-ils de l’ignorance et de l’égoïsme ?
Reste à espérer que le 23 septembre prochain, « les esprits lilliputiens qui supposent leurs petitesses chez les autres » (l’expression est de Balzac) seront minoritaires.
John Vuillaume