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Educavox

Programme des jeunes lycéens français et allemands invités par l'OFAJ à la Semaine de la Critique

2 heures 28 minutes ago
Un beau programme pour les jeunes lycéens français et allemands invités à découvrir la critique de cinéma à Cannes grâce…

L’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) et la Semaine de la Critique s’associent à nouveau, à l’occasion d’un atelier franco-allemand de formation à la critique de cinéma, du lundi 20 au jeudi 23 mai 2024, lors du festival de Cannes.

Cet atelier réunira dix lycéens venant de Corse et de Nouvelle Aquitaine et dix lycéens de Hesse et de Rhénanie du Nord-Westphalie.

La Semaine de la critique à Cannes s’annonce à nouveau comme l’un des temps fort de l’année cinématographique et le festival de Cannes se veut de plus en plus le lieu d’une jeunesse cinéphile et curieuse. En cette année décisive au niveau européen, l’OFAJ dont l’échange interculturel est le cœur d’action, se réjouit de s’associer à nouveau à la Semaine de la critique pour faire se rencontrer de jeunes de France et d’Allemagne autour des images et d’ateliers de sensibilisation à la critique de cinéma.

Grâce à la pérennité de ce partenariat avec la Semaine de la Critique, l’OFAJ peut ainsi placer le cinéma et l’art au cœur de ses programmes d’échanges pour sensibiliser les jeunes à l’engagement citoyen et au vivre ensemble. En France comme en Allemagne, la question de l’éducation artistique, et en particulier de l’éducation aux images, est une question fondamentale, en ces temps où la désinformation circule très vite et aisément.

La diversité culturelle constitue une priorité pour l’OFAJ. Cela est d’autant plus vrai pour une jeunesse en quête de sens et de valeurs agissant sans préjugés.

Le programme propose de vivre une expérience exceptionnelle par la découverte du plus grand festival de cinéma au monde, guidé par l’expertise de professionnels de l’image. À travers des ateliers d’écriture et des projections de films, cet atelier cannois donne aux jeunes les outils pour développer leur sens critique vis-à-vis des images, sous toutes leurs formes, et leur permettre d’étoffer leur culture artistique.

Ici les témoignages de jeunes participants du programme en 2023.

Soen : « On croise beaucoup de gens du métier qui viennent nous transmettre leur expérience et on apprend de ces différents points de vue. »

Manon : « On a pu voir plein de films qui sont divers et apprendre plein de choses sur les métiers. »

Nele : « Je trouve qu’aller au cinéma est quelque chose de spécial, cela me donne un sentiment particulier. Être assis dans une salle de cinéma et y voir des films avec ses amis ou sa famille n’est pas anodin. »

Pour les secrétaires généraux de l’OFAJ, Anne Tallineau et Tobias Bütow :

« Les ateliers à la critique de cinéma permettent aux jeunes de découvrir la diversité des œuvres cinématographiques et les invitent à se forger une opinion pour prendre part au débat public. Ils se confrontent à l’état du monde avec ses défis géopolitiques, sociaux et environnementaux alors qu’ils en seront les acteurs demain. C’est essentiel aujourd’hui. »

Ava Cahen, Déléguée générale de la Semaine de la Critique :

« Chaque année, la Semaine de la Critique se met à la recherche des talents d'aujourd'hui et de demain, toujours désireuse de faire découvrir des cinéastes émergents, venus du monde entier, et de partager avec les professionnels et les spectateurs son goût des images, des histoires et des personnages. Nous sommes heureux et fiers d'accompagner l'OFAJ, dont les actions dédiées à l'éducation à l'image, en direction de la jeune génération, nous tiennent particulièrement à cœur. Cultiver et stimuler l'esprit critique et le regard du jeune public, c'est s'assurer d'un meilleur avenir pour le cinéma, sa diversité et son rayonnement. »

Quelques éléments de programme
  • Le lundi 20 mai, les jeunes découvriront le film La Pampa de Antoine Chevrollier ainsi que le programme de courts métrages n°1 en compétition en présence des équipes des films.
  • Le mardi 21 mai, ils participeront à un atelier d’écriture en groupe autour d’une critique d’un des films visionnés avec l’aide de deux critiques français et allemand et ils découvriront le programme de courts métrages n°2 en compétition en présence des équipes des films.
  • Le mercredi 22 mai, ils participeront à un atelier visant à intégrer le vocabulaire « critique » évoqué la veille et se prépareront à un entretien/rencontre avec la réalisatrice d’un court métrage en compétition le jour même. Ils assisteront à la cérémonie de clôture de la Semaine de la Critique.
  • Le jeudi 23 mai, ils auront la chance d’être initié aux techniques journalistiques radio et se verront remettre un certificat de participation. Ils graviront le tapis rouge du festival ce même soir pour leur première montée des marches.

Cette années les 20 participant.e.s viennent de :

  • L’ACADÉMIE DE CORSE (Région Corse) du Lycée Général et Technologique Fesch d’Ajaccio
  • L’ACADÉMIE DE POITIERS (Région Nouvelle Aquitaine) du Lycée Guy Chauvet de Loudun
  • DE LA HESSE du Grimmelshausen-Gymnasium de Gelnhausen
  • DE LA RHÉNANIE DU NORD-WESTPHALIE du Adolph-Kopling-Berufskolleg de Münster
An@é

Etude : “Le sport, terrain d’éducation”

2 heures 47 minutes ago
VersLeHaut, Think Tank dédié à la jeunesse et à l’éducation, vient de publier l’étude nommée “Le sport, terrain d’éducation” et…Pour autant, de nombreux enseignants et éducateurs, en s’emparant de l’objet « sport », obtiennent des résultats probants en termes de raccrochage scolaire, d’insertion professionnelle ou tout simplement de bien-être.

De nombreuses initiatives du mouvement sportif (fédérations, associations, clubs, … ) participent quant à elles d’une réelle responsabilité éducative en transformant la relation pédagogique, en proposant des outils pour les apprentissages, en investissant les compétences sociales et comportementales.

Un véritable projet éducatif par le sport doit donc pouvoir s’appuyer sur une continuité des pratiques de la salle de classe au terrain municipal, de la cour d’école au club sportif. Pour y parvenir, plusieurs solutions (23) sont proposées dans cette étude, notamment :
  1. Créer un corps d’éducateurs scolaires aux côtés des enseignants pour construire concrètement la continuité entre enseignement et activités
  2. Permettre aux collectivités d’intervenir sur le temps scolaire au travers de projets éducatifs locaux (PEL) afin de mieux fédérer les initiatives éducatives locales
  3. Mieux associer le monde fédéral à l’école en mobilisant davantage d’intervenants extérieurs.
  4. Valoriser les activités sportives dans l’enseignement supérieur notamment en rétablissant des épreuves sportives à tous les concours publics

Portée par VersLeHaut, cette étude a réuni de nombreux acteurs de l’éducation et du sport à l’image de son rapporteur David Blough, ancien Directeur Général de PLAY International, premier dispositif international dédié à l'innovation sociale par le sport.

Il est aujourd’hui engagé dans le "sport à impact", notamment auprès de Paris 2024, la Fondation de France ou encore l'Agence Française de Développement. Il est notamment auteur de Sportwashing (Rue de l'échiquier, 2020), Le sport des solutions, voyage en terre des possibles (Rue de l'échiquier 2023), et Le sport au service du développement et de la paix avec Emmanuel Rivat (éditions Agence Française de Développement, 2023).

Synthèse de l'étude

1-202404_Synthèse_Étude_Sport.pdf

 

An@é

Les voyages de Li la goutte d'eau

3 jours 2 heures ago
Communiqué : Bernard Drobenko, enseignant-chercheur émérite, a publié de nombreux articles et plusieurs ouvrages, notamment dans le domaine de l’eau… « Ah oui, il faut le dire, dans ce monde de l’eau, Li a beaucoup voyagé, s’est transformée souvent.

Aussi, ses amies la respectent beaucoup. Et nombreuses sont celles qui la considèrent comme “sagesse infinie” en raison de sa grande expérience et des connaissances qu’elle sait partager.

Ce jour-là, dans ce nuage poussé par un vent régulier, Li a bien vu qu’il se passait quelque chose, il y avait comme un murmure, une agitation inhabituelle.
Et là, rien ne s’est passé comme d’habitude.
Le nuage Cirrus s’est stabilisé et toutes les gouttes d’eau ont entouré Li.

Li a compris, il était temps de faire le point.

Elle a prévenu ses compagnes : “nous ne pouvons plus continuer ainsi, nous sommes mal traitées, nous sommes en train de perdre la bataille de la vie”. »...

En suivant Li au cours de ses voyages et rencontres, nous découvrons quelques défis majeurs auxquels sont confrontées les eaux, donc le vivant. L’ouvrage permet aussi d’identifier la magie des mots désignant ce précieux liquide dans diverses cultures sur Terre, ainsi que ses formes variées qui pérennisent et transmettent la vie. Jusqu’à quand ?

Un ouvrage accessible de 7 à 107 ans !

https://www.editions-maia.com/livre/les-voyages-de-li-la-goutte-deau-drobenko-bernard-marcellaud-candice-9791042501280/

  • Environnement
  • Lecture
  • Bibliographie
    An@é

    Faut-il avoir peur des écrans ? Retour sur une annonce présidentielle

    3 jours 2 heures ago
    Par Jean-François Cerisier - Professeur de sciences de l'information et de la communication, Université de Poitiers publié sur Theconversation : Lors…

    Il annonçait la création d’un groupe d’experts afin de prendre des mesures pour réguler les pratiques numériques juvéniles « à la maison comme en classe, parce qu’il en va de l’avenir de nos sociétés et de nos démocraties ».

    Si ces préoccupations sont partagées depuis longtemps par tous les acteurs de l’éducation, le vocabulaire employé par le chef de l’État et son constat de situation méritent un décryptage. Alors que le comité créé en janvier remet son rapport à Emmanuel Macron ce 30 avril 2024, retour sur quelques apports de la recherche pour remettre en contexte les débats.

    Dépasser la polarisation des opinions

    Il est évident depuis plusieurs dizaines d’années que les techniques numériques transforment la plupart des activités humaines. Pourtant, beaucoup semblent découvrir que ce mouvement affecte tout autant nos comportements, croyances, valeurs, coutumes et imaginaires.

    Fortement empreints d’une idéologie qui subordonne le progrès social à une croissance économique dépendante de l’innovation technique, les discours en faveur du numérique ont longtemps balayé analyses critiques, réserves et craintes. Il en va autrement aujourd’hui, alors que 67 % des enfants de 8 à 10 ans disposent déjà de comptes sur un ou plusieurs réseaux sociaux, que 20 % d’entre eux déclarent avoir été confrontés à une situation de cyberharcèlement et que 83 % des parents reconnaissent ne pas savoir ce que leurs enfants font sur Internet.

      Réseaux sociaux, tous accros ? (Décod’actu, Lumini, 2018).

    Toute une jeunesse se transforme sous nos yeux. On peut affirmer sans exagérer qu’une véritable panique morale s’empare du discours des élites et sature l’espace public. Elle invisibilise nombre de pratiques, d’analyses, d’arguments, de points de vue et confisque la parole de certains acteurs. Celle des plus jeunes en particulier. Certaines de leurs pratiques numériques nourrissent légitimement les craintes des adultes alors que d’autres présentent un intérêt culturel, éducatif ou social indéniable.

    Cette radicalisation des postures laisse malheureusement peu de place au débat et à la controverse. Pourtant, la recherche scientifique, dans sa diversité et sa pluridisciplinarité, attire l’attention sur la complexité d’un tableau tout en nuances où l’usage du numérique se révèle autant émancipateur qu’aliénant. Dans ce contexte, l’enjeu n’est pas seulement d’échapper aux risques du numérique mais aussi de pouvoir en réaliser les promesses.

    « Danger des écrans » : une formulation inadaptée

    À la fin des années 90, évoquant la télévision et les jeux vidéo, Monique Brachet-Lehur interpellait déjà les parents dans un ouvrage au titre provocateur : Les écrans dévorent-ils vos enfants ?. Les risques d’addiction, de désocialisation, de sédentarisation, d’exposition à la violence et à la pornographie étaient alors opposés aux arguments enthousiastes de ceux pour qui la télévision était potentiellement l’instrument d’une démocratisation du savoir et d’un nouveau rapport au monde. Une « école parallèle » comme le théorisaient Georges Friedmann et Louis Porcher.

    À l’époque déjà, la référence insistante aux « écrans » divisait car cette essentialisation masque les autres dimensions des pratiques télévisuelles d’hier et numériques d’aujourd’hui. Pierre Chambat et Alain Ehrenberg déconstruisaient d’ailleurs en 1988 la « supposée fascination des écrans ». Ils montraient combien ce stéréotype se nourrit d’une confusion entre l’écran (le support), l’image (le contenu) et le spectacle (la pratique). Si fascination il y a, et si l’écran y joue un rôle, c’est bien l’activité qu’il contribue à instrumenter qui doit être interrogée.

    Les enfants accrocs à la télé… dès les années 70 (Franceinfo INA).

    Incriminer les écrans équivaut en quelque sorte à redouter la nocivité du papier ou celle de la langue quand c’est le texte et l’usage qui en est fait qui méritent d’être questionnés. On peut bien sûr attribuer aux écrans certains risques sanitaires, indépendamment des contenus qu’ils médiatisent, mais convenons que l’essentiel est ailleurs !

    Temporalité des activités numériques : durées, instants et fréquences

    Différentes études considèrent le temps d’utilisation des équipements comme principal indicateur des pratiques numériques. Nous sommes d’ailleurs tous invités à prendre connaissance de cette métrique de nos activités numériques lorsque nos smartphones notifient nos « temps d’écran ».

    En dépit des limites déjà énoncées de cette synecdoque qui confond l’écran (la partie) avec la pratique numérique (le tout), la temporalité des usages constitue l’un des éléments descriptifs des pratiques numériques et des risques potentiellement associés. Pour lui donner du sens, il convient de ne pas se limiter à des valeurs moyennes de durées.

    Ainsi l’étude pluridisciplinaire ELFE (Étude longitudinale française depuis l’enfance) qui porte sur une cohorte d’environ 18000 enfants français nés en 2011 montre que le « temps d’écran » quotidien moyen des enfants de 5 ans et demi, tous types d’écrans confondus, était d’environ 1h30 en 2017 et qu’il dépassait 4h pour près de 5 % d’entre eux. Une autre enquête, réalisée par Ipsos en 2022 indique un temps moyen d’écran quotidien de 3h30 pour les enfants de 7 ans à 12 ans à douze ans et de plus de 5 heures pour les 13-19 ans.

    Ces valeurs nous impressionnent. Pour autant, la durée quotidienne d’utilisation d’un smartphone dit intrinsèquement peu des dangers encourus. La temporalité des activités numériques se caractérise aussi par un positionnement temporel précis (horodatage) et une fréquence (nombre d’utilisations par unité de temps). Ainsi, durées, instants et fréquences ont-ils des implications spécifiques et des effets combinés.

    Si l’allongement des durées moyennes d’utilisation, les horaires inappropriés (durant la nuit, les repas, le temps scolaire…) et les fréquences élevées inquiètent, c’est en raison des activités dont elles témoignent mais aussi de celles qu’elles sont susceptibles de remplacer : se distraire au lieu d’étudier, veiller au lieu de dormir, s’engager dans des activités individuelles au lieu de s’investir dans des pratiques sociales… La question du temps est donc tout autant qualitative que quantitative.

    Usages et mésusages

    Les mésusages numériques sont assez bien connus, décrits et analysés. Il est possible de dresser un inventaire, sans doute incomplet et discutable, mais éloquent des dangers qu’ils induisent : manipulation, harcèlement, radicalisation, dépendance, déréalisation, exposition de la vie privée, troubles de l’identité, troubles du sommeil, déficits attentionnels, dégradation de l’estime de soi, réduction de l’empathie, altération de la perception de la violence, troubles du comportement, stress, altération de la perception du corps, difficultés de construction des relations amoureuses ou sexuelles…

    Longue liste, très hétérogène, dont l’étendue et la profondeur croissent à l’aune de la prégnance du numérique dans notre société. Comme le souligne justement le président de la République, il est urgent de s’en occuper sérieusement. Pour autant, il est tout aussi essentiel de prendre connaissance des pratiques numériques effectives des jeunes et d’en reconnaître la valeur et les vertus. Favoriser les pratiques vertueuses (qui ne sont pas celles des adultes ou celles dont ils rêvent pour leurs enfants) est tout aussi important.

    De nombreux travaux de recherche documentent et analysent les pratiques des jeunes. Notons ceux d’Anne Cordier ou de Carine Aillerie sur les pratiques informationnelles ; ceux de Dominique PasquierPascal Plantard, ou de Sophie Jehel sur la sociabilité des adolescents et l’apport des réseaux sociaux à leur construction identitaire ; ceux aussi de Sylvie Octobre sur le renouvellement des pratiques culturelles. Entre bien d’autres !

    Les « jeunes » ont ils arrêté de s’informer ? Non, répond Anne Cordier, enseignante-chercheuse (Ouest-France, 2023)

    Notons que la plupart de ces recherches partagent une approche compréhensive et qu’elles ne projettent pas systématiquement les normes et les valeurs des adultes sur les pratiques des jeunes.

    Régulation, autorégulation, ce que (ne) peut (pas) l’État

    Comment contribuer à diminuer les risques et maximiser les opportunités ? Les « leviers » disponibles sont bien connus mais pas toujours aisés à actionner. Il y a d’abord tout le volet légal avec des dispositions nationales qui s’inscrivent souvent dans des démarches européennes.

    Même si l’espace européen est bien plus protecteur que la plupart des autres régions du monde, on observe combien le lobbying joue efficacement contre la régulation. Rappelons ici l’exemple du cheminement décevant de la loi Studer, votée le 2 mars 2022, sur l’installation obligatoire et l’activation automatique d’un système de contrôle parental sur les équipements numériques des mineurs. Loi dont les décrets d’application sont venus amoindrir la portée du projet initial, pourtant salué de toutes parts.

    Ainsi, comme le soulignent plusieurs avis de la CNIL, l’inscription de ce contrôle parental au Code des postes et communications électroniques est imprécise et peu exigeante : le contrôle du temps d’utilisation et de la vérification d’âge n’est pas obligatoire, les obligations concernant le filtrage de la navigation Internet sont minimales et conditionnées par leur faisabilité technique.

    L’autre levier est constitué de tout ce qui peut favoriser l’autorégulation des usages, autrement dit l’éducation au numérique, aux médias et à l’information, en lien avec une éducation au comportement éthique et responsable. Cela suppose de penser plus largement les places et rôles respectifs des parents et de l’école.

    Cela suppose des dispositifs et ressources d’accompagnement à l’e-parentalité. Cela suppose également une institutionnalisation plus importante et plus exigeante de l’éducation au numérique et à l’information, donnant encore plus d’ampleur au travail engagé depuis longtemps par des services de l’État comme le CLEMI.

    Tout ceci suppose enfin une démarche collégiale et un débat citoyen, associant les familles, les association et le monde de la recherche pour construire un véritable projet éducatif équilibré.

    Jean-François Cerisier

    Professeur de sciences de l'information et de la communication, Université de Poitiers

    Article initialement publié sur le siteFaut-il avoir peur des écrans ? Retour sur une annonce présidentielle (theconversation.com) Creative commons
     

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      An@é

      9 mai : La Journée de l’Europe – #EuropeDay

      3 jours 11 heures ago
      Journée de l'Europe 2024: les institutions européennes dans toute l'Europe accueillent les citoyens à leurs manifestations dans le cadre de…Parlement européen Le 4 mai, la journée de l'Europe au Parlement européen débutera par une cérémonie d'ouverture en présence du vice-président Marc Angel (S&D, LU).

      La journée se poursuivra avec des activités pour tous les âges, avec des stands d'information et de courtes sessions sur la lutte contre la désinformation, sur les femmes en politique et les campagnes électorales. Les citoyens seront invités à découvrir comment voter aux élections européennes, pourquoi le vote est important et comment agir pour protéger la démocratie. Des visites guidées de l'exposition VOTER (Parlamentarium) seront organisées à Bruxelles. Consultez le programme complet ici et les manifestations organisées dans les 27 pays de l'UE ici.

      Conseil de l'Union européenne Le 4 mai, lors du Conseil à Bruxelles, les visiteurs auront la possibilité de marcher dans les pas des dirigeants de l'UE.

      Des visites guidées seront organisées tout au long de la journée, sans qu'il soit nécessaire de s'inscrire préalablement, ce qui permettra aux citoyens d'explorer également l'architecture des bâtiments du Conseil. Les plus jeunes visiteurs pourront profiter d'une série d'animations qui leur seront consacrées, dont une chasse au trésor. Chacun des 27 États membres disposera d'un stand mettant en avant les traditions nationales, les spécialités gastronomiques et les attractions touristiques. Les visiteurs pourront les découvrir de manière interactive et assister à des représentations en direct. Une exposition sera consacrée au 20e anniversaire de l'élargissement de l'UE de 2004. Vous trouverez de plus amples informations ici.

      Commission européenne Le 4 mai, les citoyens sont invités à visiter le Berlaymont.

      La Commission offre aux citoyens l'occasion de s'informer sur son rôle, à explorer des villages thématiques mis en place à cette occasion et à découvrir l'histoire de l'UE et ses valeurs. Les visiteurs auront l'occasion de découvrir ce que fait la Commission pour défendre notre démocratie, notre diversité et la manière dont nous construisons un avenir plus numérique et plus écologique. Une section spécifique sera consacrée à la façon dont nous soutenons l'Ukraine. Des activités spéciales marqueront le 20e anniversaire de l'élargissement de l'UE en 2004, les 25 ans de l'euro et les 30 ans du marché unique. Programme complet Les représentations dans les États membres organiseront également des événements.

      Banque centrale européenne Les citoyens auront la possibilité d'en savoir plus sur l'euro, la monnaie commune de 20 pays de l'UE, sur le projet d'euro numérique et sur les mesures prises par la BCE pour maintenir les prix stables et les banques sûres et saines.

      Le 4 mai, les citoyens pourront rencontrer des experts de la BCE à la Commission européenne à Bruxelles (de plus amples informations sont disponibles ici). En outre, ce soir-là, la BCE ouvrira ses portes à Francfort aux visiteurs préenregistrés dans le cadre de l'initiative «Nuit des musées» et, le 9 mai, elle participera à la fête de l'Europe de Francfort.

      Cour des comptes européenne Le 9 mai, les auditeurs de l'UE à Luxembourg proposeront des jeux interactifs attrayants et la possibilité pour les citoyens de tester leurs connaissances en matière d'audit en participant à un quizz.

      Les familles et les personnes de tous âges pourront apprendre comment la Cour des comptes contribue à protéger l'argent des citoyens de l'UE. Programme complet.

      Service européen pour l'action extérieure Les visiteurs du Service européen pour l'action extérieure sont invités le 4 mai à plonger dans la réalité dynamique des travaux du service diplomatique de l'UE à Bruxelles et dans le monde entier.

      Ils prendront part à des discussions avec les ambassadeurs de l'UE et découvriront le rôle de l'UE dans le domaine de la promotion de la paix, des droits de l'homme et du développement durable dans le monde. Ils assisteront à des concerts, à des spectacles de danse, à des ateliers et recueilleront des inspirations culinaires de divers endroits du monde. Le voyage immersif sera encore enrichi par des projections de plusieurs films dans la salle de cinéma. Les enfants seront mis à l'honneur avec de nombreuses activités ludiques, notamment un spectacle de marionnettes. Programme complet.

      Comité économique et social européen La maison de la société civile organisée de l'UE ouvrira ses portes à Bruxelles le 4 mai.

      Les membres du CESE participeront à des discussions animées avec les citoyens et écouteront leurs préoccupations. Le programme de la journée comprend des jeux interactifs, un quiz sur l'Union européenne, des concerts et des activités pour les enfants. Lors de leur visite dans le bâtiment du CESE, les visiteurs pourront également accueillir les membres et le personnel du CESE qui auront pris part à une course à vélo afin de faire connaître davantage les élections européennes. Programme complet.

      Comité européen des régions L'assemblée des régions et des villes de l'UE ouvrira ses locaux à Bruxelles le 4 mai afin que les citoyens puissent rencontrer les élus régionaux et locaux.

      Des stands et des activités interactifs permettront d'en savoir plus sur le rôle et l'engagement du Comité des régions dans le cadre de la réduction de la distance entre l'UE et ses communautés locales. Pour marquer ce jour— et le 30e anniversaire du Comité — un festival de régions et de villes, avec des dégustations, des quiz et une émission numérique, sera l'occasion de célébrer la diversité de nos territoires. De plus amples informations sont disponibles ici.

      Banque européenne d'investissement Au stand de la Banque européenne d'investissement mis en place à l'occasion de la Journée de l'Europe, le 4 mai à Bruxelles, et le 9 mai à Luxembourg

      De plus amples informations sont disponibles ici, les visiteurs pourront découvrir les projets emblématiques financés par la BEI dans leur pays.

      Ils pourront également découvrir des initiatives financées par la BEI, par exemple des hôpitaux locaux, des infrastructures de transport telles que le train ou le métro, ou les protections contre les crues de tempête qui protègent les villes où ils résident. Ils pourront accéder à des informations relatives à l'UE et participer à un quiz pour tenter leur chance de remporter un prix.

      Contexte

      Le 9 mai, l'Europe commémore le document fondateur de l'UE — la déclaration Schuman. Signée le 9 mai 1950, la déclaration constitue la pierre angulaire de la coopération en Europe et de la paix sur notre continent. La Journée de l'Europe est un symbole de l'ouverture, de la transparence, de la démocratie et de l'unité de l'UE.

      Cette année, l'édition de la Journée de l'Europe a lieu 45 ans après les premières élections européennes de 1979, et peu de temps avant les élections de 2024 qui se dérouleront du 6 au 9 juin dans tous les pays de l'UE.

      https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/IP_24_2381

      Informations complémentaires

      Site web du PE de la Journée de l'Europe

      https://www.europarl.europa.eu/europe-day/fr/

      Site web interinstitutionnel de la Journée de l'Europe 2024

      https://europeday.europa.eu/index_fr 

      Site web des élections européennes

      https://elections.europa.eu/fr/

      • Europe
        An@é

        Vivatech 2024 : Découvrez TalkIt, l'application immersive d'apprentissage de langues basée sur l'IA

        3 jours 22 heures ago
        Communiqué : A l’occasion de VivaTech, VisionFlow annonce le lancement de l'application d’apprentissage des langues immersive basée sur l’IA : TalkIt. VisionFlow Hall 1…

        Disponible en exclusivité en France, TalkIt repose sur une technologie d’IA, grâce à laquelle l’utilisateur est plongé dans un monde immersif pour apprendre et pratiquer oralement la langue anglaise de manière interactive et engageante. Avec leur avatar à leur image, les utilisateurs peuvent explorer les commerces d’une ville virtuelle, interagir avec des professionnels (commerçants, médecins…) et participer à des conversations authentiques ; une manière innovante et ludique d’apprendre l’anglais en totale immersion depuis son smartphone à tout moment de la journée. 

        Le fondateur de VisionFlow, Leo Liu a créé cette application pour répondre aux nombreux besoins d’apprentissage des langues.

        Avec cette dernière, les utilisateurs sont confrontés aux défis du quotidien (réservations de taxi, demandes de services à l’hôtel, commandes dans un restaurant…) et peuvent, par conséquent, s’entrainer à pratiquer l’anglais directement depuis TalkIt pour maintenir un bon niveau et être plus à l’aise à l’oral. Ils peuvent ainsi continuer leur apprentissage de l’anglais et améliorer leur vocabulaire, préparer un éventuel voyage professionnel ou personnel, des entretiens et même simuler des urgences médicales.

        VisionFlow vous invite à découvrir et à tester à l’occasion de Vivatech, l’application TalkIt. Leo Liu, le fondateur, sera également présent sur le stand VisionFlow N52 – Hall 1 et pourra vous expliquer la genèse de son application ainsi que les perspectives d’évolution qu’il envisage pour cette dernière.

         

        An@é

        Anne Cordier : Pour que la chance et la joie de s’informer n’aient d’égales que celles d’éduquer aux médias et à l’information

        5 jours 11 heures ago
        L’heure est grave.« Vous êtes terrifiés par vos propres enfants, parce qu’ils sont natifs dans un monde où vous serez toujours…Par ce discours, débute, concernant le numérique, la stigmatisation de la jeunesse, encline à adopter des techniques, et plus largement toute innovation culturelle, dont les pratiques échappent à la compréhension des plus âgés.

        Le mythe d’une rupture générationnelle, voire anthropologique, majeure, en raison de l’arrivée d’internet dans nos vies, est né. Ces enfants, ces adolescents, qui manient avec dextérité un téléphone portable, écrivent des messages à la vitesse de la lumière, sont alors catégorisés comme « digital natives », « génération Google », « Petite Poucette », avant que, sous l’effet de l’arrivée de nouveaux dispositifs, on les affuble du qualificatif de « Génération TikTok ».

        En 2001, après le discours de Barlow qui avait ouvert le sillon de l’idée d’un fossé générationnel, Mark Prensky, consultant en TICE, enfonce le clou : il désigne par le néologisme « digital natives » cette cyberjeunesse qui n’a pas connu le monde sans Internet, et serait, par là-même, radicalement, voire biologiquement, différente des autres générations.

        Ce discours infuse de façon puissante dans la société.

        Il imprègne les imaginaires collectifs, entretenant le sentiment d’une incapacité à « faire reliance » entre les générations, entre les parents, les enseignants, les adultes en général, et les enfants et adolescents. Cette peur d’une telle rupture conduit souvent à rejeter les usages et pratiques juvéniles, jugés comme problématiques à l’aune de pratiques installées selon un ordre établi.

        Depuis quelques temps, pour dénoncer la pensée de la rupture anthropologique, et avec elle les peurs qu’elle draine, le concept de « panique morale » est brandi.

        On doit ce concept à Stanley Cohen qui, en 1972, raconte comment une véritable panique est née à partir de bagarres entre jeunes dans la station balnéaire de Clacton, opposant des groupes rivaux, les « Mods » et les « Rockers ». Se faisant l’écho de ce phénomène, la médias de masse se sont alors interrogés sur la perte de repères d’une jeunesse britannique portant des tenues farfelues, adoptant des pratiques culturelles signes d’une baisse de niveau intellectuel, et transgressant les codes établis témoignant d’une dissolution des valeurs sociétales. Suite à cet évènement, un renforcement du contrôle social a été mis en place, dont un durcissement des contrôles policiers, l’adoption de nouvelles lois… Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ?

        Oui, la panique morale participe d’un mouvement anthropologique connu dans nos sociétés, de longue date, et qui toujours stigmatise, particulièrement dans le cas des objets technologiques, deux publics considérés comme particulièrement fragiles car peu capables de faire face à l’innovation sans se départir d’instincts : les enfants…et les femmes.

        Le phénomène des paniques morales autour des usages juvéniles desdits écrans exprime une crainte de déstabilisation des valeurs sociétales, et à ce titre il nous revient de prendre au sérieux ces paniques morales, et de ne pas mépriser celles et ceux, au premier rang desquels les parents, qui font part de leurs inquiétudes. Les paniques morales sur « les écrans » nous disent quelque chose de notre société et de la conception qu’elle développe à la fois sur les objets techniques et sur les pratiques juvéniles. Elles nous disent aussi beaucoup des imaginaires, voire des fantasmes, d’une société, et de la façon dont on se positionne dans le monde quant à la technologie.

        En tant que chercheuse et chercheurs, ne nous défaussons pas. Il nous revient de balayer aussi devant notre porte. Il nous revient de dénoncer sans relâche la désinformation scientifique à laquelle s’adonnent, en conscience, certains de nos pairs. Ceux-ci effectuent une causalité, absolument pas prouvée scientifiquement – et même impossible – entre utilisation des objets connectés et développement de troubles neurodéveloppementaux.

        Ceux-ci déplorent la dépravation intellectuelle et morale d’une jeunesse qui ne lirait plus, n’écrirait plus, comparant des données qui ne peuvent l’être, et faisant preuve de ce mépris du social et de cette imposition de légitimité culturelle dénoncés dans un texte lumineux de Bourdieu, alertant sur les rapports de domination alors exercés sur une jeunesse que l’on met « hors-jeu socialement ». Ceux-ci se parent de tous les oripeaux de la scientificité : des statistiques – à la fabrication tantôt obscure, tantôt douteuse –, et de foisonnantes bibliographies – dessinant une revue de littérature… à charge.

        Face à cela, contribuons activement au dialogue sciences-société par la mise à disposition de connaissances et le refus de la récupération lucrative des paniques morales médiatiques que certains font au nom d’une prétendue expertise scientifique. C’est d’ailleurs ce qu’un collectif de chercheuses et chercheurs, issus de champs disciplinaires aussi divers que les sciences de l’information et de la communication, la psychologie, la sociologie ou encore les neurosciences, s’est attaché à faire à travers un ouvrage à vocation didactique sur le sujet, Les enfants et les écrans. Un ouvrage dont la totalité des droits d’auteurs est reversée à deux associations : « Les p’tits doudous l», réseau de professionnels de santé qui recourt au numérique pour améliorer le vécu des enfants, parents et soignants à l’hôpital, et « la Quadrature du Net », association qui défend et promeut les droits et libertés, luttant pour qu’internet demeure / soit un outil d’émancipation.

        L’heure est grave. Entre panique morale – évidemment jamais appelée ainsi par ses entrepreneurs qui s’érigent en lanceurs d’alerte – et déconstruction des fantasmes, une polarisation se fait jour.

        Or, de la déconstruction à la négation des problématiques, il n’y a qu’un pas, d’équilibriste. De vraies problématiques, et avec elles de grandes responsabilités, sont à pointer.

        Sans exhaustivité, j’en partagerai trois avec vous rapidement ici. D’abord, la captation de l’attention, dont les enfants et les adolescents rencontrés sur le terrain sont d’ailleurs les premiers à s’inquiéter pour eux-mêmes, et – ironie de la situation – pour leurs parents. Ensuite, les stratégies mises en place par les concepteurs des dispositifs en général, qui participent au modèle de l’économie de l’attention et aux processus de captologie.

        Face aux designs prédateurs et aux dark patterns, il convient de cesser de renvoyer systématiquement à l’utilisateur la seule responsabilité de ce qui se passe lors de ses navigations et activités en ligne. Les pouvoirs publics ont ici à agir et à faire appliquer strictement les lois mises en place, comme le DSA (Digital Services Act), et le DMA (Digital Markets Act). Enfin, c’est un modèle de société que nous dessinons à travers l’espace social du web, et une problématique essentielle est celle des libertés individuelles et collectives, de la protection des données personnelles et de l’expression, journalistique comme citoyenne.

        Vous l’aurez compris : je ne proposerai pas ici de « pasteuriser l’environnement numérique » – pour reprendre cette formule employée par Olivier Houdé qui en 2019 insistait sur la nécessité d’intégrer les problématiques sanitaires et sociales au paradigme éducatif général.

        Les discours visant à culpabiliser les individus – enfants, adolescents, parents – produisent un effet gravissime : la démission des acteurs, décrits comme soumis à l’objet technique et à des puissances quasi maléfiques relevant de la sorcellerie. Or il s’agit bien d’objets conçus, produits et diffusés par des êtres humains (cessons de dire « les plateformes » comme s’il s’agissait d’entités métaphysiques !), tout comme ce sont des acteurs sociaux qui, pour des raisons multiples, entretiennent des paniques morales.

        L’heure est grave. Pendant ce temps, que faisons-nous ?

        L’heure est grave pour Rémy, 10 ans. Depuis la crise sanitaire et la dégradation de la situation économique à la maison, le jeune garçon compense l’impossibilité d’aller aux matchs de football de son équipe préférée, en regardant, chaque week-end, tous les commentaires sur les prestations, recherchant les informations sur les comptes du club et des joueurs pour connaître avec précision les faits de jeu. Il partage ces moments avec ses frères et son père, et confie, sourire timide aux lèvres : « Quand on en parle à l’école le lundi, c’est comme si j’étais allé à Bollaert ! ».

        L’heure est grave pour Saskia, 13 ans, qui raconte sa difficulté à gérer la réception de publications violentes en circulation sur les réseaux sociaux numériques. Une gestion émotionnelle marquée par la solitude adolescente, et pour cause : « On peut pas dire aux parents qu’on a vu ça, sinon c’est ‘Qu’est-ce que tu faisais encore sur ton téléphone ?!’, alors on dit rien, on s’échange des messages entre nous en mode ‘T’as vu ça sur Tiktok ?’, ça fait du bien de se le partager comme ça, on se sent un peu moins seuls, mais bon c’est pas marrant ».

        L’heure est grave pour Nina, qui à 8 ans vit un grand moment : sa maman a enfin accepté de lui acheter une tortue d’eau ! Sauf que la petite fille porte désormais une grande responsabilité : comment s’assurer que l’information qu’elle trouve sur Youtube pour nourrir sa tortue est fiable et juste ? C’est une question de vie ou de mort, littéralement : la vie de la tortue de Nina est entre ses mains.

        L’heure est grave pour Jonathan, 17 ans, qui cherche à se détacher de son smarpthone mais constate : « Le truc, c’est que avec mon téléphone je me détends en écoutant de la musique, je lis tous mes mangas, je m’informe sur Google news, et puis je discute avec mes copains, on parle de films tout ça, alors c’est difficile de s’en passer hein, parce que c’est se priver de vivre en fait ! ».

        Entendons-nous bien : je ne vous parle pas de ces enfants et ces adolescents pour ‘‘mettre du jeune dans mon propos’’. Je ne vous parle pas d’eux pour vous ‘‘rassurer’’ ou vous ‘‘attendrir’’. Absolument pas.  Il n’est pas question ici de les instrumentaliser. Et par pitié, ne dites pas que je suis ‘‘rafraichissante’’ (sic…) ou ‘‘optimiste’’. Non, je ne suis pas ‘‘rafraichissante’’. Non, je ne suis pas ‘‘optimiste’’. Je fais de la recherche. Je déploie, comme tant d’autres chercheuses et chercheurs, un protocole d’enquête, le plus rigoureux possible, appuyé sur des concepts scientifiques et des hypothèses de recherche. Ce faisant, je suis aussi consciente des biais qui m’animent – la foi, farouche, inébranlable, en l’éducation, en l’école, mais aussi en l’intelligence des acteurs, tous âges et tous statuts confondus.

        Je vous en prie : n’écoutez pas, ou ne lisez pas, les propos de ces enfants et adolescents en les considérant ‘‘rafraichissants’’. Inconsciemment, il y a dans cette forme d’appréhension une condescendance envers eux. Ils ne sont pas ‘‘touchants’’, non. Ils et elles sont des personnes, avec des personnalités, des pensées, des opinions, des joies, des craintes, des personnes qui font des choix, en conscience ou non. Comme vous, comme moi. Comme nous toutes et tous.

        L’heure est grave.

        Les paniques morales, les affirmations péremptoires à teneur idéologique sans fondement scientifique, ont aussi une conséquence : l’invisibilisation du travail acharné et quotidien de Sophie, Régis, Justine, Anthony, Lisa, et tous ces enseignantes et enseignants du premier et du second degrés, qui œuvrent, depuis de longues années, pour une éducation aux médias et à l’information au plus près des besoins et des réalités sociales de leurs élèves.

        Cessons de dire qu’il y a « urgence », en faisant croire que rien n’est fait, que tout est à faire.

        Ce n’est pas du tout le cas. Mais cessons aussi de piétiner, de faire du sur-place épuisant pour les acteurs de terrain, qu’ils soient enseignants, personnels d’éducation, professionnels de l’information, travailleurs sociaux, médiateurs numériques, acteurs de l’éducation populaire, tous balançant entre des injonctions contradictoires.

        Mes pensées à ces enseignants qui luttent pour parvenir à exploiter le numérique dans la classe, soit parce que l’école n’est pas tout à fait entrée dans « l’ère du numérique » (comme le proclamait la Loi d’Orientation de 2013) avec une disparité d’équipements criante selon les établissements scolaires, soit parce que, imprégnés des paniques morales ambiantes, les parents d’élèves s’inquiètent, voire s’opposent, aux usages numériques dans la classe, convaincus que l’école est complice de l’appauvrissement langagier, social, culturel, de leur enfant. Car oui, nous en sommes là. C’est une réalité de terrain, implacable, et sidérante.

        Une autre réalité de terrain, conjointe, c’est le bonheur avec lequel les enfants et les adolescents s’engagent dans l’activité informationnelle, mesurant leur chance de pouvoir s’informer dans un espace à la richesse incomparable, prenant plaisir à assouvir leur curiosité, à comprendre le monde qui les entoure. Reconnaissons ce plaisir au quotidien, et faisons-le fructifier, dans les salles de classe, les médiathèques, les ateliers de médiation, les centres sociaux, et dans les familles. Pour que la chance et la joie de s’informer n’aient d’égales que celles d’éduquer aux médias et à l’information.

        Anne Cordier 

        Anne Cordier (2024, 24 mars). Pour que la chance et la joie de s’informer n’aient d’égales que celles d’éduquer aux médias et à l’information. Cultures de l'Information.

        Consulter : https://doi.org/10.58079/w2xg

          A propos Anne Cordier

        Professeure des Universités en Sciences de l'Information et de la Communication Université de Lorraine UR 3476 CREM - Centre de Recherche sur les Médiations - Equipe PIXEL Thèmes de recherche : pratiques informationnelles ; imaginaires ; approche sociale de l'information ; apprentissages formels et non formels ; enseignement de l'information-documentation ; numérique en éducation. https://twitter.com/AnneCordier

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          An@é

          L’accompagnement en formation : Invariants et fluctuations ou les mouvements d’un seuil élastique

          5 jours 21 heures ago
          La notion d'accompagnement est fréquemment appelée dans le monde professionel et particulièrement dans la sphère des "métiers de la relation…

          Quelles postures éthiques et professionnelles la relation d'accompgnement exige-t-elle? Quels gestes et compétences professionnels? Quelle place est-elle accordée à l'autre, aux situations professionnelles? Cet texte, adressé à des formateurs en formation de formateurs, tente de répondre à ces questions fondamentales en situation professionnelle afortiori au sein d'une institution comme l'Éducation Nationale.

          L’accompagnement en formation Invariants et fluctuations ou les mouvements d’un seuil élastique                

          La notion d’accompagnement est une notion omniprésente dans notre paysage professionnel, dont on trouve une utilisation quasi systématique dans les divers secteurs de l’Éducation nationale. Elle est présente en pédagogie, en éducation, en termes de direction d’équipe et d’établissement, en formation, etc.

          Mais cet usage quasi unanime emporte-t-il seulement une représentation et une compréhension uniques ? Recouvre-t-il un corpus commun de savoirs et de compétences ?

          Il est difficile de répondre à cette question sauf à mener une enquête auprès de l’ensemble des personnels de l’institution. Mais j’imagine sans trop d’efforts qu’accompagner ne signifie pas exactement la même chose pour tout le monde et que cette démarche ne recouvre pas exactement les mêmes postures et les mêmes gestes professionnels selon les personnes.

          L’un des objectifs de ce texte est de définir ce que signifie accompagner une personne (un sujet), un groupe et ce que cet acte recouvre en termes professionnels, tant du côté des postures de l’accompagnant que de ses gestes professionnels. Pour y parvenir, je tenterai, avec l’aide de certains auteurs, notamment Mireille Cifali dont les travaux correspondent parfaitement à ma sensibilité, de répertorier et d’établir les invariants et incontournables de l’accompagnement afin de les différencier des éléments pouvant fluctuer en fonction de la singularité des situations d’accompagnement. Par ailleurs, si j’aborde cette notion de manière généraliste, il n’en reste pas moins que je la destine aux gestes professionnels de formateurs, notamment dans le cadre de l’animation de groupes d’analyse des pratiques professionnelles.

          Il est un point important pour moi et sur lequel je souhaite insister ; l’accompagnement est, quoi qu’il en soit, un type de relation professionnelle, et la place qu’y occupe l’autre est essentielle. L’accompagnement interroge en effet l’altérité, la place et l’importance que l’on accorde à l’autre et la nature du lien engagé avec lui, en milieu professionnel. C’est un type de relation professionnelle, comme l’on peut parler de relation hiérarchique, de relation asymétrique, de relation pédagogique, de relation éducative, de relation andragogique, de relation entre collègues, etc.

          Si l’on voulait les catégoriser en leur attribuant une géométrie, on pourrait dire que les unes sont verticales, les autres horizontales et que certaines sont tantôt l’un, tantôt l’autre.

          L’autre est donc au centre des préoccupations et la nature du lien qu’entretient l’accompagnant avec lui appelle la mobilisation de postures professionnelles, de compétences relationnelles ainsi qu’une grande sagacité intellectuelle, car l’accompagnement se joue « à même le vivant »[1], parfois dans l’instant, entre corps en présence.

          Dans un sens courant, accompagner signifie d’abord être présent avec l’autre.

          Il n’est pas rare de voir un parent accompagner son enfant à l’école, un proche accompagner un ami à un rendez-vous important. Vous remarquerez que si l’on dit « nous allons ensemble au théâtre », cela ne signifie pas exactement la même chose que de dire « je t’accompagne au théâtre ». Dans la première situation, il existe un projet commun autour duquel l’engagement et la place de chacun sont à peu près égaux. Dans la deuxième situation, le projet principal est d’abord celui de l’accompagné tandis que l’accompagnant vient de surcroît, en appui au projet de l’accompagné pour éventuellement lui permettre de le réaliser. « Je t’accompagne » signifie que je m’engage auprès de toi, mais qu’une partie de moi reste en périphérie et que tu restes celui qui décide.

          De manière générale, accompagner possède une valeur positive, valorisante et marquée par le souci et l’attention portés à l’autre. La relation entretenue avec l’autre compte donc.

          Ce soin accordé à l’autre trouve sa raison d’être la plus évidente dans la sphère médicale. En effet, dans le domaine du soin, avec le clinicien, qu’il soit psychiatre ou médecin généraliste, on parle d’accompagnement thérapeutique. Ici, ce type d’accompagnement ne sera pas l’objet de notre réflexion, même si son importance nous semble évidente. Notre objet sera l’accompagnement en formation ou dans le cadre de relations pédagogiques, éducatives ou andragogiques. Il n’est d’ailleurs pas exclu que ce type d’accompagnement ait, lui aussi, des effets thérapeutiques, en sus. Ces effets thérapeutiques, sauf à être constatés, le cas échéant, ne constituent pas l’objet principal de notre accompagnement.

          Claude Revault D’Allonnes[2], au sujet du transfert dans une relation d’accompagnement, définit quatre niveaux d’engagement afin de définir celui de la démarche clinique, essentielle dans le champ des métiers de la relation, dont la formation.

          Le premier niveau concerne un accompagnant qui a décidé de nier et de ne pas tenir compte des effets transférentiels.

          Le second consiste à simplement être dans le transfert et à s’en arranger. Le risque de ces deux postures est celui de l’incompréhension, du surgissement d’éléments hors sens et de l’échec d’un accompagnement.

          Le troisième niveau reflète un choix de travailler avec le transfert, posture du clinicien et le quatrième consiste en un travail sur le transfert et correspond à la position d’un praticien dans la cure.

          Ces éléments de comparaison me semblent très utiles pour définir la place d’un formateur dans une relation d’accompagnement et la nature de son engagement.

          Pour autant, que ce soit dans le domaine médical ou celui de la formation, la notion d’accompagnement interroge la nature de la relation entretenue par l’accompagnant avec l’autre, que ce soit comme guide ou comme soutien. On en repère immédiatement la dimension asymétrique et la nature des actes qu’elle engendre, entre pouvoir et dépendance, du prescriptif imposé à l’autorisation accordée.

          Cette amplitude dessine les contours d’un seuil au sein duquel l’exigence éthique doit trouver sa place. C’est en ce point précis qu’opère la dimension clinique des métiers de la relation.

          Quels pourraient donc être les invariants fondamentaux de l’accompagnement (1) en formation et les variations et ajustements possibles en situation (2) ?

          1/ Les invariants et fondamentaux de l’accompagnement professionnel La dimension clinique : cf texte « La dimension clinique de l’accompagnement en formation ».

          Pour rappel : La démarche clinique, qui donne une dimension clinique à la relation d’accompagnement, est, littéralement, le fait de prendre soin de cette relation en développant une posture éthique permettant à l’autre de produire une analyse et une compréhension (subjective) de la situation problématique dans laquelle il se trouve. Elle favorise aussi une mise en perspective afin d’envisager des possibles pour l’accompagné et de prendre des décisions. Elle met en place un cheminement introspectif vers une connaissance de soi en milieu professionnel et une bascule subjective produisant une appréhension du monde modifiée.

          Cette démarche clinique de l’accompagnement en milieu professionnel constitue un point central de la notion d’accompagnement car elle induit une éthique de l’altérité, laquelle oriente les gestes et les postures professionnelles de l’accompagnant.

          En effet, le caractère asymétrique de la relation d’accompagnement, le pouvoir qui est donné à l’accompagnant vis-à-vis de la situation de dépendance de l’accompagné, réclament une exigence éthique afin d’en limiter les risques et les abus. C’est en raison de la dimension humaine, singulière et fragile qui caractérise l’autre et de sa situation, que l’éthique organise et oriente la relation d’accompagnement. Quelles compétences relationnelles l’accompagnant doit-il mobiliser au moment précis où son geste professionnel est requis par le contexte d’accompagnement ? Quelle intelligence de l’instant, décision performative, doit-il déployer ? Quand doit-il s’exposer au risque d’agir dans l’intérêt de l’accompagné ? Ce sont des questions importantes qui président à la sécurité de chacun, qui questionnent aussi la complexité des situations rencontrées et qui visent un changement, une mutation[3] subjective[4], autrement dit, comme indiqué ci-dessus, qui cherchent une bascule subjective produisant une appréhension du monde modifiée. Cette appréhension modifiée est le fruit de la construction à deux, accompagnant et accompagné, d’un sens nouveau donné au rapport au monde (professionnel) de ce dernier.

          Mireille Cifali parle « d’espace clinique » :

          « En résumé, lorsqu’on se confronte à des situations sociales soumises au temps, où s’enchevêtre le sociétal, l’institutionnel et le personnel, où le but premier n’est pas de construire des connaissances généralisables et où l’enjeu est de permettre que l’autre guérisse, accède au savoir, grandisse ou dépasse une difficulté handicapante, on serait dans un espace que l’on pourrait qualifier de « clinique ». Nous sommes bien dans une prise en compte de l’altérité, une manière particulière de construire des connaissances à même le vivant, avec la nécessité d’une intelligence particulière : intelligence des situations, « sagesse pratique », intelligence dans l’action. ». CIFALI, Mireille, Une altérité en acte, in Chappaz G. (dir.), Accompagnement et formation, Université de Provence et CDRP de Marseille, Marseille, 1999, pp.121-160.

          Mireille Cifali ajoute plus loin dans son texte qu’un clinicien dispose de qualités propres à une intelligence de l’instant, avec son flair, sa sagacité mais également avec une présence authentique et attentive à l’autre quelle que soit l’usure de la répétition des situations rencontrées. Il n’existe donc pas, dans l’absolu, de bon clinicien, ni de garantie de le rester, car sa posture est régie par son appréhension de l’instant, unique et dans une certaine mesure intransmissible et inénarrable. L’approche clinique, pour un formateur, exige donc une réflexion et une analyse à chaque fois et à chaque instant car rien ne peut faire recette.

          La qualité d’une présence

          Celui qui accompagne, par exemple un animateur de GAPP ou, pour reprendre une expression trouvée dans un ouvrage de Claudine Blanchard-Laville, « un moniteur »[5], est présent physiquement, avec son corps et celui de l’autre qui portent leur voix, croisent leurs regards, etc. Mais cette présence n’est pas seulement physique, elle est également psychique. Il s’engage dans la situation évoquée qui parfois le trouble, l’accapare. Son écoute est active et attentive. Il s’intéresse à ce qu’amène l’autre et ne néglige rien, comme si chaque situation, malgré le sentiment répétition et de ressemblance avec d’autres, était la seule.

          « … Comme Freud l’a recommandé, les analystes doivent aborder chaque nouveau cas comme s’il était le premier, en oubliant tout savoir préalable. », Coutinho Jorge, M. (2015). Témoignages de l'inconscient. Insistance, 9, 151-162. https://doi.org/10.3917/insi.009.0151

          L’intérêt porté est essentiel, quelles que soient les différences de l’autre et ce qui, de lui, semble être des anomalies ou des bizarreries en dehors des repères habituels. L’animateur doit avoir conscience que chaque situation est porteuse d’un enseignement et d’une expérience. Certains aspects énigmatiques convoquent l’animateur qui doit chercher à comprendre ce qui se joue, là, dans l’instant présent.

          Identifier une demande

          Au cœur d’une relation d’accompagnement se trouve une demande adressée à l’accompagnant, soit de manière explicite, soit de manière tout à fait énigmatique, détournée et non formulée.

          Cette demande est singulière et l’animateur doit apprendre à faire avec, car cette demande peut renvoyer à sa propre impuissance à pouvoir aider, à y répondre. Une demande peut avoir un côté infini, inépuisable et insatiable. De là s’impose la nécessité de poser le curseur d’une bonne distance vis-à-vis de l’autre sans compromettre l’engagement dans une relation d’accompagnement.

          Cette bonne distance définit un seuil qui est un espace présentant une certaine élasticité, un espace d’ajustement au sein duquel l’accompagnant établit, de manière éthique, sa marge de manœuvre pour ne pas compromettre la possibilité de trouver du sens et des propositions coconstruites avec l’accompagné. Cette élasticité est encore plus importante que la topologie définie par le seuil car elle est la condition qui maintient le sujet en mouvement. Ce mouvement est celui de la réactivité, de l’adaptation et de l’ajustement en fonction d’une jauge définie par une capacité d’analyse et de compréhension de ce qui se joue à chaque instant.

          Ce seuil est également le lieu où se posent les bases d’une relation de confiance, c’est-à-dire qui apporte une certaine sérénité et un sentiment de sécurité, tant auprès de l’accompagnant que de l’accompagné.

          La relation d’accompagnement est donc une relation qui se construit dans le temps et sa temporalité doit s’adapter au mieux au temps institutionnel, à celui du travail et à l’imprévisibilité du facteur humain. Le principe de réalité n’est jamais très loin et il se compose des réalités institutionnelles et contextuelles du lieu de travail. La confiance en l’autre est un élément essentiel pour dissiper l’intranquillité psychique et permettre à l’intelligence de se déployer.

          Accompagnement et dépendance

          Cette asymétrique de la relation d’accompagnement, au sein de laquelle l’un dépend de l’autre pour surmonter ses difficultés et ses impossibilités établies, reste à comprendre les tenants et aboutissants de cette situation de dépendance.

          En effet, la nature de cette dépendance doit être structurée par un cadre éthique qui garantit que l’accompagnant n’abusera pas du pouvoir, même imaginaire, dont il dispose vis-à-vis de l’accompagné qui dépend, de fait, de son soutien. Autrement dit, la faiblesse de l’un ne doit pas servir les desseins personnels et narcissiques de l’autre. L’accompagnant se doit donc d’être fiable, de manière authentique et l’accompagné doit pouvoir compter sur lui. C’est une responsabilité car la parole posée par l’accompagnant vis-à-vis de la situation amenée, si elle ne concerne pas le déroulé ou le fonctionnement de la session d’APP, est une interprétation, c’est-à-dire un acte ayant des effets. La parole adressée à l’accompagné est alors un engagement. Elle ne se pose donc pas à la légère et son auteur doit chercher à s’y tenir.

          « La fiabilité fait partie du sens clinique : être un homme de parole ou une femme de parole. » Cifali M., ibidem.

          Il ne nous a pas échappé que cette relation de dépendance repose d’abord sur l’acceptation de ses fragilités par l’accompagné, qui a le « courage de sa propre bêtise »[6] et de ses impossibilités. Il reconnaît par là son besoin de l’autre. Cela ne signifie pas pour autant qu’il doive rester sous l’influence de l’accompagnant car l’objectif commun est d’acquérir une autonomie d’action et un apaisement émotionnel face à la situation qui pose problème.

          Voilà que se rejoue ici, à nouveau, la mise en place d’un seuil soutenu par l’élasticité d’un jeu de tensions entre dépendance et indépendance.

          Accompagnement et recul nécessaire

          Face à une situation rapportée par le recours au témoignage et à l’évocation de celui ou celle qui l’a vécue, il importe que l’animateur de GAPP, dans cette relation d’accompagnement, ait le souci de prendre du recul afin d’avoir une vue d’ensemble. En effet, chaque situation est plus complexe qu’elle n’en a l’air et se situe dans un contexte de travail particulier (équipe, effets de groupe, personnalités, etc.) et un contexte institutionnel plus général (enjeux politiques). Il ne peut donc négliger de prendre en compte les principes de réalité contextuelle et institutionnelle car ils représentent ce avec quoi il faudra « faire avec ».

          Par ailleurs et a contrario, l’animateur doit aussi absolument prendre en compte la singularité de la situation.

          Cette singularité dépend de la personne, du moment où se déroule la situation rapportée, de l’humeur de l’instant, des préoccupations de l’instant, de la fatigue de l’instant. Et ce qui est passé est terminé. Kairos, dieu du temps/moment opportun, dieu de l’instant décisif, nous rappelle que certains instants ratés ne peuvent être rattrapés ni rejoués. Il n’y a pas d’autre choix que de l’accepter. Il est donc impossible de retrouver à l’identique ce qui a été vécu sauf à en retrouver une version déformée par les souvenirs dont le fonctionnement repose sur le principe du refoulement et de la mise en place de défenses. En effet, la mémoire, tel un mille feuilles, est structurée en couches sédimentées et agencées en fonction des mécanismes propres au refoulement et à l’établissement de défenses.

          Nous voyons, là encore, la mise en place d’un seuil dont la variation des contours dépend d’un jeu de tensions entre le principe d’une réalité institutionnelle et la singularité d’une situation qui ne rentre pas forcément dans les cases paramétrées d’un cadre légal et règlementaire.

          Il est donc important de conserver, avec lucidité et humilité, une vue de l’ensemble, sans chercher à plaquer des connaissances théoriques sur la situation amenée. Cet aspect de la relation d’accompagnement nécessite un certain lâcher prise et de faire confiance à son intuition, à son écoute, en prenant en compte l’autre.

          L’importance de l’explicitation et l’implication

          « Il s’agit d’expliciter ce qui va de soi pour soi, mais qui ne va jamais de soi pour l’autre. C’est une position par rapport à un autre, tenir compte de lui comme quelqu’un de différent. ». Cifali, Mireille, Une altérité en acte, in Chappaz G. (dir.), Accompagnement et formation, Université de Provence et CDRP de Marseille, Marseille, 1999, 121-160

          L’explicitation permet donc un éclaircissement, notamment des enjeux de la relation d’accompagnement.

          Elle permet aussi de poser avec l’autre le champ des possibles, ainsi que les limites de cette relation de nature professionnelle. L’explicitation incombe donc à l’accompagnant mais elle est également sollicitée auprès de l’accompagné, qu’il faut aider dans cette tâche (cf les entretiens d’explicitation de Pierre Vermersch).

          Il arrive aussi que l’autre résiste à l’accompagnement, voire le rejette alors même qu’il en a initialement fait la demande.

          Et ce n’est pas tant lié à l’accompagnement en tant que tel, mais plutôt à la manière d’accompagner voire à l’accompagnant, qu’il empêche finalement d’aboutir dans son travail. Cette aspect-là pointe la nécessaire ouverture d’esprit de l’accompagnant, une souplesse psychique qui lui permette de savoir être déstabilisé sans s’effondrer, ainsi que l’importance d’une élaboration de sens à deux. Accompagner, c’est donc être aussi à côté, hors de l’asymétrie, collaborer et poser des mots sur les émotions qui surgissent et étreignent chacun, parfois avec vigueur.

          Cette place des émotions, dans un monde professionnel, ne peut donc être ignorée. Au contraire, les repérer, les ressentir, les analyser et les comprendre constitue un véritable baromètre de la relation d’accompagnement. C’est également une jauge, qui permet de mesurer l’intensité de l’engagement de chacun et d’en poser les limites.

          Le cadre éthique permet en cela de guider et orienter, dans le respect de l’autre, l’acte d’accompagner. Nous retrouvons, là encore, de manière métaphorique, cette topologie d’un seuil (devrais-je dire des seuils) élastique[7] et éthique, adaptable à la singularité de l’autre et définissant la souplesse d’une frontière entre engagement et désengagement, entre intime et professionnel (extime). Comme le précise M. Cifali, la relation à l’autre amplifie les productions de l’inconscient, donnant parfois le sentiment que se joue une part de notre histoire. Il importe donc de ne pas reporter sur l’autre les problématiques personnelles qui nous étreignent. L’autre ne peut servir à se défouler.

          La place du savoir et le « sens clinique », entre pouvoir et dépendance

          Accompagner un adulte, un enfant, demande dans un premier temps un oubli de soi, de ses repères égocentrés et de ses connaissances afin d’accueillir, avec une grande ouverture d’esprit, ce que l’autre nous amène de personnel et inédit.

          Cette posture qui requiert, un temps, de mettre de côté nos représentations et « notre science », mais également nos préjugés, facilite la mise en place d’une écoute active (et flottante) de qualité. Elle nous permet aussi d’accéder à certaines surprises produites par l’empathie dans l’ouverture à l’autre et par la compréhension. Il est ici opportun de se dire ici, en citant Socrate ; « je ne sais qu’une seule chose, c’est que je ne sais rien ».

          Cela n’exclut pas pour autant de mobiliser nos connaissances afin d’éclairer, le moment venu, une prise de décisions. Mais les savoirs mobilisés par l’accompagnant, en raison de son « sens clinique », sont liés aussi à son sens de l’observation, à son niveau d’analyse en temps réels et à son intuition. Ces savoirs sont aussi ceux d’une connaissance de soi en situation professionnelle, des « savoirs de l’intérieur »[8] qui permettent de mobiliser le respect, la patience, la sollicitude, la compréhension, la fiabilité notamment.

          Autrement dit, le savoir mobilisé par l’accompagnant ne peut et ne doit pas être une construction défensive au service d’une enflure narcissique masquant un manque d’assurance ou de la peur, qui isole et maltraite l’autre. L’asymétrie d’une telle relation, au sein de laquelle l’autre s’en remet à vous, confère un pouvoir qui ne doit en aucun cas être utilisé à son détriment. Les connaissances engagées le sont donc au service de la situation rencontrée et dans l’intérêt de l’accompagné.

          Appréhender les enjeux relationnels qui impliquent l’accompagné, mesurer leur incidence dans le contexte général de la situation amenée, faire confiance à son intuition (c’est-à-dire aux effet transférentiels sur son propre inconscient) constituent les éléments de ce qu’il convient d’identifier comme un « sens clinique » au service de l’acte d’accompagner. Cet acte engage, rappelons-le, la responsabilité de celui qui accompagne.

          La relation transférentielle et contre transférentielle[9] constitue le moteur de cette rencontre professionnelle qui mobilise la subjectivité de chacun de ses protagonistes.

          Pouvoir en éprouver les effets, donner du sens aux émotions qui animent cette rencontre, permettre à chacun d’y trouver sa place afin de construire, de concert, des perspectives d’avenir, exige un travail sur soi dans le rapport à l’autre, entre vifs et en présence. La supervision devient alors, par la suite, le lieu idéal pour un travail d’analyse, de compréhension et de mise à distance de cette relation qui est ainsi envisagée comme un objet fictionnel.

          Tous les éléments abordés jusque-là ont une coloration positive, altruiste et bienveillante. Mais nous sommes, avec l’accompagnement, dans le champ des relations humaines avec tout ce qu’elles emportent d’imprévu et d’incontrôlable. Rien ne garantit a priori qu’un accompagnement soit réussi et rien n’est aussi suffisamment stable pour pouvoir se reposer sur des routines. Rien ne permet de définir précisément les caractéristiques d’une réussite autrement qu’avec un témoignage qui restitue des éléments de subjectivité.

          Nous sommes donc contraints par les contingences de la relativité et des enjeux liés aux fluctuations d’une relation d’accompagnement. À ce titre, nous sommes éthiquement amenés à en tenir compte. C’est une des caractéristiques du travail sur le vivant et en ce sens, je vous l’ai indiqué par le passé, ce qui caractérise le sujet de l’inconscient, c’est d’être en mouvement et à certains égards, insaisissable.

          2/ Les fluctuations et les risques de l’accompagnement professionnel

          La nature asymétrique d’une relation d’accompagnement est liée aux ressorts d’une demande adressée à l’accompagnant, une demande de soutien et d’aide qui fait suite au constat de besoins professionnels éprouvés par son auteur.

          Cette demande adressée requiert, de la part de l’accompagnant, la mobilisation de compétences et de connaissances qui le placent dans une relation transférentielle l’instituant, de fil en aiguille, en tant que « sujet supposé savoir ». Cette position est nécessaire car elle rend l’accompagnement possible. Elle en est le moteur.

          Néanmoins, elle s’inscrit dans un champ imaginaire au sein duquel l’accompagné peut attribuer à l’accompagnant beaucoup plus de pouvoir d’agir et de savoirs qu’il n’en a en réalité. C’est-à-dire que ce qui est supposé, sorte de croyance rendant opérationnelle la relation d’aide, peut aussi être ou devenir disproportionné, faisant place à la tentation, de la part de l’accompagné, d’opérer une délégation de réflexion et d’action sur l’accompagnant.

          L’intérêt de l’accompagnement, qui est aussi un accompagnement vers l’autonomie, risque d’être perdu voire même de produire des effets contraires à ceux escomptés. Ce qui est supposé ne devrait pas devenir certitude et l’accompagnant a grand intérêt, tout en maintenant la relation transférentielle, à poser ses limites et à clarifier sa place. Il n’est pas question de faire voler en éclats ce qui opère, dans ce que l’accompagné suppose de savoir à l’accompagnant, mais de poser les limites d’un accompagnement sincère et authentique.

          « Accompagner signifie tout de même que l’un possède un savoir qui peut guider l’autre, l’empêcher d’aller là où il ne faut pas. » Ibid, Cifali, Mireille.

          Il est aisé de comprendre, à partir de cette dernière remarque, en quoi accompagner appelle des compétences relationnelles, une intelligence de l’instant « à même le vivant » et de l’humilité.

          Nous le voyons bien, de nouveau, tout se joue au sein d’un seuil éthique et élastique, entre dépendance et autonomie, entre délégation et co-construction et entre action et inhibition. La démarche clinique, je le rappelle à nouveau, n’est jamais acquise. Elle se renouvelle à chaque fois, différente en fonction d’un contexte, d’un moment, d’une personnalité. L’accompagnant ne saurait donc se départir, au fil du temps, d’une réflexion, d’une capacité d’analyse et de son esprit critique.

          Par exemple, la bienveillance et le respect, nous l’avons vu, sont essentiels dans la relation d’accompagnement et constituent des éléments fondamentaux la soutenant.

          Mais là encore, certaines fluctuations dans leur appréhension peuvent produire des contresens aux effets délétères. La bienveillance et le respect n’excluent pas, si nécessaire, de bousculer l’accompagné par des actes interprétatifs permettant de mettre en discussion, dans le respect, des divergences de points de vue. Ces actes interprétatifs vis-à-vis de la situation ont pour objectif de mettre en mouvement l’accompagné dans sa réflexion et dans son analyse. Ce type d’intervention est d’autant plus nécessaire si l’autre court le risque de se mettre en danger en ne prenant pas de décision ou en prenant la mauvaise décision.

          Le respect et la bienveillance ne doivent pas être inhibiteurs ni justifier le maintien de la relation dans une sorte de bulle irréelle et confortable, comme esquive au principe de réalité. Ils n’excluent pas la confrontation d’idées, les désaccords et l’acceptation de la différence. Ils ne doivent simplement pas constituer une posture défensive et inhibitrice, un refuge qui maintienne figée la relation professionnelle et la fasse sortir du mouvement impulsé par l’accompagnement. La confrontation, fidèle aux règles de l’éthique, peut être salutaire et créatrice.

          Ces variations et fluctuations, ces imprévus et ces surprises qui parfois déstabilisent, caractérisent ce qu’est une rencontre.

          Selon Mireille Cifali, une rencontre arrive entre deux êtres sans pouvoir être programmée. En effet, elle est marquée par le sceau de mécanismes inconscients qui ne sont pas rationalisables et institue une dette (renforcée dans les relations asymétriques) imaginaire et symbolique ; « je suis devenu qui je suis, parce que je t’ai rencontré. Je te dois ma réussite, etc. ».

          La rencontre est donc, aussi, circonstancielle et à ce titre elle échappe aux déterminismes sociaux et corporatistes. Pour Jean-Luc Nancy[10], la rencontre, j’ajoute même professionnelle, n’est pas assurée de réussite et il reste du hasard, de l’incalculable et de l’inattendu en elle. De fait, elle se définit d’être, en son essence, une surprise. Elle peut dérouter car elle entérine, de ce point de vue, ce qui fait que l’autre est autre. Dans la ren-contre, il y a du contre, du différent. C’est une expérience qui peut être bouleversante et qui s’accompagne toujours de changements. Elle suppose une confrontation, une épreuve de l’altérité. Il importe donc, pour l’accompagnant, de ne pas se laisser aveugler par ses représentations professionnelles, ses préjugés et par les déterminismes sociaux. L’autre est unique et singulier et le rencontrer induit de le laisser être tel qu’il est, dans sa différence et son unicité.

          Il est en effet tentant de ne rester qu’avec ceux qui nous ressemblent, avec ceux qui pensent comme nous, croyons-nous.

          C’est un risque que l’accompagnement doit déjouer, en osant prendre le risque d’une rencontre inconfortable, qui l’interroge et le déloge de l’identité rassurante de la mêmeté. Pour accompagner, il importe de se centrer sur ce qui de l’autre amène de la différence, de la nouveauté et cette nouveauté se situe dans une demande qui initie la relation. Il est donc important d’accepter de sortir de son confort, celui qui dans le regard de l’autre nous rend bon et efficient, pour rendre possible un dialogue, une confrontation qui scelle une rencontre authentique.

          Cet autre peut ainsi devenir un partenaire, un coauteur qui interroge et fait vaciller les contours d’un moi idéal[11] de l’accompagnant. L’accepter, accepter de ne pas réussir aussi est la condition incontournable d’une expérience professionnelle qui ne soit pas aliénée par la férocité spéculaire (relatif à l’image réfléchie dans un miroir) d’un idéal professionnel. Ne pas accepter les vicissitudes et les imperfections d’une relation humaine, se laisser écraser par les représentations d’un idéal surmoïque[12], c’est courir le risque d’une immobilité inhibante et de l’échec d’un accompagnement.

          Ici encore (oui encore) se jouent les ajustements éthiques d’un seuil et d’une tension entre affrontement et idéalisation, entre déni de l’affrontement et confrontation, entre adhésion et opposition.

          Ce seuil est le lieu où se posent les limites qui permettent à une pensée d’advenir et à un échange d’avoir lieu. Accepter un certain manque à être, « savoir y faire avec », c’est laisser une place à l’énigme et à l’incomplétude desquelles peuvent jaillir une intelligence collective apaisée.

          Il peut arriver aussi que l’autre soit totalement inaccessible, qu’il ne puisse y avoir rencontre alors même que la demande vient de lui. C’est un imprévu déstabilisant car il n’entre pas dans notre « ordre des choses ».

          Il n’y a alors pas d’autre choix que d’accepter qu’un accompagnement ne puisse advenir. Peut-être est-ce circonstanciel, peut-être est-ce une question d’instant et de mauvais moment. L’autre nous convoque ici, face à notre impuissance. Il est important de l’accepter, d’y mettre du sens. L’accompagné, comme dans toute relation, ce qui inclut aussi tout stagiaire dans une formation, doit aussi mettre du sien, faire son travail de stagiaire, c’est-à-dire faire ce que nul autre que lui ne peut faire à sa place. Chacun engage sa part dans l’affaire.

          Accompagner quelqu’un professionnellement est donc une belle et noble tâche qui peut procurer beaucoup de satisfactions. Néanmoins, ce geste professionnel requiert beaucoup de finesse, de nuances et d’ajustements pour rester avec sagacité dans un mouvement propre aux métiers de l’humain et du vivant. Cette part humaine de la relation expose donc celui qui accompagne, aux aléas de l’imprévu et aux risques de la frustration, liée à l’impuissance à agir. Cela nécessite donc un travail sur soi, dans la subjectivité et « à-même le vivant » que seules des expériences de la parole dans l’altérité et dans le temps permettent. La supervision vient ensuite renforcer, dans l’après coup, ce travail introspectif qui s’appuie sur de telles expériences professionnelles.

          Jean-François Ferbos

          [1] Expression employée par Mireille Cifali.

          [2] Revault D’Alonnes, Claude, (1989), La démarche clinique en sciences humaines, Paris, Dunod, pp. 26.27

          [3] Au sujet de la notion de mutation, cf la procédure de la passe et de la production d’un psychanalyste faisant suite, comme mouvement de bascule, au témoignage de l’analysant qu’il était : « En d’autres termes, ce qui est à saisir avec la passe, c’est une mutation. C’est ça ré-inventer. C’est-à-dire que c’est une mutation et donc, je propose de considérer cette passe diagrammatique, avec cette définition ; « La passe serait un foyer de mutations des subjectivités des psychanalystes ». Et vous voyez qu’avec ça il faut repenser complètement ce que c’est un témoignage. Bon je m’arrête là. » - José ATTAL, 2012, Conférence à Buenos Aires La passe, réinventer la psychanalyse à chaque foi. Transcription JF Ferbos.

          [4] La mutation subjective est à entendre comme cette transformation du sujet de l’inconscient dont le point de vue, vis à vis de sa situation professionnelle, est modifié par la rencontre de l’accompagnant et les effets de la parole qui fait médiation avec lui. La subjectivité renvoie au sujet et le sujet renvoie à l’inconscient, c’est-à-dire à une part énigmatique qui sort du sens et qui reste à décrypter pour lui en redonner.

          [5] Blanchard-Laville C, Fablet D (1998). Analyser les pratiques professionnelles. Paris : L’Harmattan, p. 223.

          [6] Propos tenus par Michael Balint, Guy Even (2008), Les groupes Balint et leur spécificité, in Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe (n°50), p. 149-160

          [7] « L’analyse doit relâcher l’humanité étroite, rigidifiée à force d’habitude et de comportements automatiques du candidat, elle doit lui faire voir les multiples potentialités qui sommeillent en lui. Il pourra ainsi acquérir assez d’élasticité pour pénétrer les difficultés de patients dont le caractère est totalement opposé au sien. », Revue Ornicar ? N° 42, Automne 87-88, Vilma Kovacs, « Analyse didactique et analyse de contrôle ».

          [8] Expression de Mireille Cifali

          [9] Cf A paraître, Ferbos, JF, (2019), « La scène du transfert, un espace de création en mouvement », in Opacidades, revista de psicoanálisis, École lacanienne de psychanalyse, 2024. https://ferbos-jeanfrancois.legtux.org/?p=1740">https://ferbos-jeanfrancois.legtux.org/?p=1740

          [10] Caroline Meister, Jean-Luc Nancy, 2021, Rencontre, ed Diaphanes, Les presses du Réel, Paris.

          [11] Le Moi idéal est le lieu « du fantasme héroïque, lieu dans lequel le sujet se voit accomplissant maintes merveilles ». Il a une dimension spéculaire et imaginaire et la hauteur de l’exigence narcissique qu’il pose peut devenir aliénante tellement elle est inatteignable. L'idéal du moi quant à lui, « contient les traits des futurs choix objectaux. L'idéal du moi se présente alors comme "celui que j'aimerais être" » (Wiki). Il aurait donc plus de liens avec la question du désir qui laisse une place à l’être manquant.

          [12] Le Surmoi, apparu dans la seconde topique freudienne, est une instance qui marque l’intégration et l’intériorisation de la loi, notamment des parents. Mais cette intériorisation, loin d’être objective, n’a rien à voir avec la justice et la justesse de la loi des hommes. Intégrée, elle est imprégnée d’exigences inconscientes, propres au sujet et elle peut agir sur lui avec « férocité ». Lacan a différencié Moi idéal et Surmoi en ce sens que le Surmoi relève du symbolique, tandis que le Moi idéal relève de l’imaginaire.

          Ferbos Jean-François

          Anne Cordier : Pour que la chance et la joie de s’informer n’aient d’égales que celles d’éduquer aux médias et à l’information

          6 jours 17 heures ago
          L’heure est grave.« Vous êtes terrifiés par vos propres enfants, parce qu’ils sont natifs dans un monde où vous serez toujours…Par ce discours, débute, concernant le numérique, la stigmatisation de la jeunesse, encline à adopter des techniques, et plus largement toute innovation culturelle, dont les pratiques échappent à la compréhension des plus âgés.

          Le mythe d’une rupture générationnelle, voire anthropologique, majeure, en raison de l’arrivée d’internet dans nos vies, est né. Ces enfants, ces adolescents, qui manient avec dextérité un téléphone portable, écrivent des messages à la vitesse de la lumière, sont alors catégorisés comme « digital natives », « génération Google », « Petite Poucette », avant que, sous l’effet de l’arrivée de nouveaux dispositifs, on les affuble du qualificatif de « Génération TikTok ».

          En 2001, après le discours de Barlow qui avait ouvert le sillon de l’idée d’un fossé générationnel, Mark Prensky, consultant en TICE, enfonce le clou : il désigne par le néologisme « digital natives » cette cyberjeunesse qui n’a pas connu le monde sans Internet, et serait, par là-même, radicalement, voire biologiquement, différente des autres générations.

          Ce discours infuse de façon puissante dans la société.

          Il imprègne les imaginaires collectifs, entretenant le sentiment d’une incapacité à « faire reliance » entre les générations, entre les parents, les enseignants, les adultes en général, et les enfants et adolescents. Cette peur d’une telle rupture conduit souvent à rejeter les usages et pratiques juvéniles, jugés comme problématiques à l’aune de pratiques installées selon un ordre établi.

          Depuis quelques temps, pour dénoncer la pensée de la rupture anthropologique, et avec elle les peurs qu’elle draine, le concept de « panique morale » est brandi.

          On doit ce concept à Stanley Cohen qui, en 1972, raconte comment une véritable panique est née à partir de bagarres entre jeunes dans la station balnéaire de Clacton, opposant des groupes rivaux, les « Mods » et les « Rockers ». Se faisant l’écho de ce phénomène, la médias de masse se sont alors interrogés sur la perte de repères d’une jeunesse britannique portant des tenues farfelues, adoptant des pratiques culturelles signes d’une baisse de niveau intellectuel, et transgressant les codes établis témoignant d’une dissolution des valeurs sociétales. Suite à cet évènement, un renforcement du contrôle social a été mis en place, dont un durcissement des contrôles policiers, l’adoption de nouvelles lois… Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ?

          Oui, la panique morale participe d’un mouvement anthropologique connu dans nos sociétés, de longue date, et qui toujours stigmatise, particulièrement dans le cas des objets technologiques, deux publics considérés comme particulièrement fragiles car peu capables de faire face à l’innovation sans se départir d’instincts : les enfants…et les femmes.

          Le phénomène des paniques morales autour des usages juvéniles desdits écrans exprime une crainte de déstabilisation des valeurs sociétales, et à ce titre il nous revient de prendre au sérieux ces paniques morales, et de ne pas mépriser celles et ceux, au premier rang desquels les parents, qui font part de leurs inquiétudes. Les paniques morales sur « les écrans » nous disent quelque chose de notre société et de la conception qu’elle développe à la fois sur les objets techniques et sur les pratiques juvéniles. Elles nous disent aussi beaucoup des imaginaires, voire des fantasmes, d’une société, et de la façon dont on se positionne dans le monde quant à la technologie.

          En tant que chercheuse et chercheurs, ne nous défaussons pas. Il nous revient de balayer aussi devant notre porte. Il nous revient de dénoncer sans relâche la désinformation scientifique à laquelle s’adonnent, en conscience, certains de nos pairs. Ceux-ci effectuent une causalité, absolument pas prouvée scientifiquement – et même impossible – entre utilisation des objets connectés et développement de troubles neurodéveloppementaux.

          Ceux-ci déplorent la dépravation intellectuelle et morale d’une jeunesse qui ne lirait plus, n’écrirait plus, comparant des données qui ne peuvent l’être, et faisant preuve de ce mépris du social et de cette imposition de légitimité culturelle dénoncés dans un texte lumineux de Bourdieu, alertant sur les rapports de domination alors exercés sur une jeunesse que l’on met « hors-jeu socialement ». Ceux-ci se parent de tous les oripeaux de la scientificité : des statistiques – à la fabrication tantôt obscure, tantôt douteuse –, et de foisonnantes bibliographies – dessinant une revue de littérature… à charge.

          Face à cela, contribuons activement au dialogue sciences-société par la mise à disposition de connaissances et le refus de la récupération lucrative des paniques morales médiatiques que certains font au nom d’une prétendue expertise scientifique. C’est d’ailleurs ce qu’un collectif de chercheuses et chercheurs, issus de champs disciplinaires aussi divers que les sciences de l’information et de la communication, la psychologie, la sociologie ou encore les neurosciences, s’est attaché à faire à travers un ouvrage à vocation didactique sur le sujet, Les enfants et les écrans. Un ouvrage dont la totalité des droits d’auteurs est reversée à deux associations : « Les p’tits doudous l», réseau de professionnels de santé qui recourt au numérique pour améliorer le vécu des enfants, parents et soignants à l’hôpital, et « la Quadrature du Net », association qui défend et promeut les droits et libertés, luttant pour qu’internet demeure / soit un outil d’émancipation.

          L’heure est grave. Entre panique morale – évidemment jamais appelée ainsi par ses entrepreneurs qui s’érigent en lanceurs d’alerte – et déconstruction des fantasmes, une polarisation se fait jour.

          Or, de la déconstruction à la négation des problématiques, il n’y a qu’un pas, d’équilibriste. De vraies problématiques, et avec elles de grandes responsabilités, sont à pointer.

          Sans exhaustivité, j’en partagerai trois avec vous rapidement ici. D’abord, la captation de l’attention, dont les enfants et les adolescents rencontrés sur le terrain sont d’ailleurs les premiers à s’inquiéter pour eux-mêmes, et – ironie de la situation – pour leurs parents. Ensuite, les stratégies mises en place par les concepteurs des dispositifs en général, qui participent au modèle de l’économie de l’attention et aux processus de captologie.

          Face aux designs prédateurs et aux dark patterns, il convient de cesser de renvoyer systématiquement à l’utilisateur la seule responsabilité de ce qui se passe lors de ses navigations et activités en ligne. Les pouvoirs publics ont ici à agir et à faire appliquer strictement les lois mises en place, comme le DSA (Digital Services Act), et le DMA (Digital Markets Act). Enfin, c’est un modèle de société que nous dessinons à travers l’espace social du web, et une problématique essentielle est celle des libertés individuelles et collectives, de la protection des données personnelles et de l’expression, journalistique comme citoyenne.

          Vous l’aurez compris : je ne proposerai pas ici de « pasteuriser l’environnement numérique » – pour reprendre cette formule employée par Olivier Houdé qui en 2019 insistait sur la nécessité d’intégrer les problématiques sanitaires et sociales au paradigme éducatif général.

          Les discours visant à culpabiliser les individus – enfants, adolescents, parents – produisent un effet gravissime : la démission des acteurs, décrits comme soumis à l’objet technique et à des puissances quasi maléfiques relevant de la sorcellerie. Or il s’agit bien d’objets conçus, produits et diffusés par des êtres humains (cessons de dire « les plateformes » comme s’il s’agissait d’entités métaphysiques !), tout comme ce sont des acteurs sociaux qui, pour des raisons multiples, entretiennent des paniques morales.

          L’heure est grave. Pendant ce temps, que faisons-nous ?

          L’heure est grave pour Rémy, 10 ans. Depuis la crise sanitaire et la dégradation de la situation économique à la maison, le jeune garçon compense l’impossibilité d’aller aux matchs de football de son équipe préférée, en regardant, chaque week-end, tous les commentaires sur les prestations, recherchant les informations sur les comptes du club et des joueurs pour connaître avec précision les faits de jeu. Il partage ces moments avec ses frères et son père, et confie, sourire timide aux lèvres : « Quand on en parle à l’école le lundi, c’est comme si j’étais allé à Bollaert ! ».

          L’heure est grave pour Saskia, 13 ans, qui raconte sa difficulté à gérer la réception de publications violentes en circulation sur les réseaux sociaux numériques. Une gestion émotionnelle marquée par la solitude adolescente, et pour cause : « On peut pas dire aux parents qu’on a vu ça, sinon c’est ‘Qu’est-ce que tu faisais encore sur ton téléphone ?!’, alors on dit rien, on s’échange des messages entre nous en mode ‘T’as vu ça sur Tiktok ?’, ça fait du bien de se le partager comme ça, on se sent un peu moins seuls, mais bon c’est pas marrant ».

          L’heure est grave pour Nina, qui à 8 ans vit un grand moment : sa maman a enfin accepté de lui acheter une tortue d’eau ! Sauf que la petite fille porte désormais une grande responsabilité : comment s’assurer que l’information qu’elle trouve sur Youtube pour nourrir sa tortue est fiable et juste ? C’est une question de vie ou de mort, littéralement : la vie de la tortue de Nina est entre ses mains.

          L’heure est grave pour Jonathan, 17 ans, qui cherche à se détacher de son smarpthone mais constate : « Le truc, c’est que avec mon téléphone je me détends en écoutant de la musique, je lis tous mes mangas, je m’informe sur Google news, et puis je discute avec mes copains, on parle de films tout ça, alors c’est difficile de s’en passer hein, parce que c’est se priver de vivre en fait ! ».

          Entendons-nous bien : je ne vous parle pas de ces enfants et ces adolescents pour ‘‘mettre du jeune dans mon propos’’. Je ne vous parle pas d’eux pour vous ‘‘rassurer’’ ou vous ‘‘attendrir’’. Absolument pas.  Il n’est pas question ici de les instrumentaliser. Et par pitié, ne dites pas que je suis ‘‘rafraichissante’’ (sic…) ou ‘‘optimiste’’. Non, je ne suis pas ‘‘rafraichissante’’. Non, je ne suis pas ‘‘optimiste’’. Je fais de la recherche. Je déploie, comme tant d’autres chercheuses et chercheurs, un protocole d’enquête, le plus rigoureux possible, appuyé sur des concepts scientifiques et des hypothèses de recherche. Ce faisant, je suis aussi consciente des biais qui m’animent – la foi, farouche, inébranlable, en l’éducation, en l’école, mais aussi en l’intelligence des acteurs, tous âges et tous statuts confondus.

          Je vous en prie : n’écoutez pas, ou ne lisez pas, les propos de ces enfants et adolescents en les considérant ‘‘rafraichissants’’. Inconsciemment, il y a dans cette forme d’appréhension une condescendance envers eux. Ils ne sont pas ‘‘touchants’’, non. Ils et elles sont des personnes, avec des personnalités, des pensées, des opinions, des joies, des craintes, des personnes qui font des choix, en conscience ou non. Comme vous, comme moi. Comme nous toutes et tous.

          L’heure est grave.

          Les paniques morales, les affirmations péremptoires à teneur idéologique sans fondement scientifique, ont aussi une conséquence : l’invisibilisation du travail acharné et quotidien de Sophie, Régis, Justine, Anthony, Lisa, et tous ces enseignantes et enseignants du premier et du second degrés, qui œuvrent, depuis de longues années, pour une éducation aux médias et à l’information au plus près des besoins et des réalités sociales de leurs élèves.

          Cessons de dire qu’il y a « urgence », en faisant croire que rien n’est fait, que tout est à faire.

          Ce n’est pas du tout le cas. Mais cessons aussi de piétiner, de faire du sur-place épuisant pour les acteurs de terrain, qu’ils soient enseignants, personnels d’éducation, professionnels de l’information, travailleurs sociaux, médiateurs numériques, acteurs de l’éducation populaire, tous balançant entre des injonctions contradictoires.

          Mes pensées à ces enseignants qui luttent pour parvenir à exploiter le numérique dans la classe, soit parce que l’école n’est pas tout à fait entrée dans « l’ère du numérique » (comme le proclamait la Loi d’Orientation de 2013) avec une disparité d’équipements criante selon les établissements scolaires, soit parce que, imprégnés des paniques morales ambiantes, les parents d’élèves s’inquiètent, voire s’opposent, aux usages numériques dans la classe, convaincus que l’école est complice de l’appauvrissement langagier, social, culturel, de leur enfant. Car oui, nous en sommes là. C’est une réalité de terrain, implacable, et sidérante.

          Une autre réalité de terrain, conjointe, c’est le bonheur avec lequel les enfants et les adolescents s’engagent dans l’activité informationnelle, mesurant leur chance de pouvoir s’informer dans un espace à la richesse incomparable, prenant plaisir à assouvir leur curiosité, à comprendre le monde qui les entoure. Reconnaissons ce plaisir au quotidien, et faisons-le fructifier, dans les salles de classe, les médiathèques, les ateliers de médiation, les centres sociaux, et dans les familles. Pour que la chance et la joie de s’informer n’aient d’égales que celles d’éduquer aux médias et à l’information.

          Anne Cordier 

          Anne Cordier (2024, 24 mars). Pour que la chance et la joie de s’informer n’aient d’égales que celles d’éduquer aux médias et à l’information. Cultures de l'Information.

          Consulter : https://doi.org/10.58079/w2xg

            A propos Anne Cordier

          Professeure des Universités en Sciences de l'Information et de la Communication Université de Lorraine UR 3476 CREM - Centre de Recherche sur les Médiations - Equipe PIXEL Thèmes de recherche : pratiques informationnelles ; imaginaires ; approche sociale de l'information ; apprentissages formels et non formels ; enseignement de l'information-documentation ; numérique en éducation. https://twitter.com/AnneCordier

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            An@é

            Nos ados, miroirs de la société !

            1 semaine ago
            Nos adolescents sont les miroirs de la société dans laquelle ils vivent Ils en reflètent les qualités, mais aussi en…Les ados ne sont pas des adultes; ils ont des besoins et des modes pour se différencier de leurs aînés.

            Au moment de la puberté, entre 12/13 ans et 16/17 ans, ils sont excités à la fois dans leur corps, et dans leur tête, sensibles et vulnérables à la fois.Désireux de trouver leur place dans l'espace social, ils sont d'une extrême sensibilité aux pairs.

            Cette dépendance peut les entraîner dans des comportements mimétiques qu'ils ne commettraient jamais seuls.  Résister à la pression du groupe, exacerbés par certains contenus des écrans demande une capacité de distanciation, de conscience de l'autre dans sa différence et un jugement moral qui nécessite en général la présence d'un aîné, adulte, grande soeur ou grand frère.

            Or, il y a de moins en moins souvent d'adultes, famille comme éducateurs, proches de ces jeunes, livrés à eux-mêmes dans une société fragmentée en classe d'âge. Nous le savons, les indicateurs de santé publique montrent que nos jeunes ne vont pas bien.

            N'oublions pas que la première victime de leur excitation et de la violence qui en résulte, c'est leur propre corps maltraité : scarification, tentative  de suicide, anorexie ou boulimie, blessure par accident.

            Quel exutoire leur offre-t-on?  Quelle possibilité d'investir cette énergie leur propose-t-on?  Quel accompagnement par des adultes bienveillants leur accorde-t-on? 

            Doit-on pour autant désespérer? Il y a des jeunes dévoués, respectueux, créatifs, attentifs aux autres. Donc adultes, faisons preuve nous aussi de discernement. Mais, face à ces actes horribles, demandons-nous, chacune, chacun pour notre propre compte ce que nous devons faire pour éviter que cela ne se reproduise !

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            • Société
            • Vivre ensemble
              Figeac Patrick

              L'UNESCO : l’impact des réseaux sociaux sur le bien-être, l'apprentissage et les choix de carrière des filles (rapport)

              1 semaine ago
              Un nouveau rapport de l'UNESCO alerte sur le fait que, bien que les technologies numériques puissent améliorer l'enseignement et l'apprentissage,…

              « Les interactions sociales des enfants se jouent de plus en plus sur les réseaux sociaux. Mais trop souvent, les plateformes pilotées par des algorithmes amplifient l'exposition aux normes de genre négatives », a déclaré Audrey Azoulay, Directrice générale de l'UNESCO. « Des considérations éthiques doivent être prises en compte dans la conception de ces plateformes. Les réseaux sociaux ne doivent pas confiner les femmes et les filles à des rôles qui limitent leurs aspirations scolaires et professionnelles. »

              Les réseaux sociaux ont un effet néfaste sur le bien-être et renforcent les normes de genre

              Intitulé Technology on Her Terms [Les technologies dans l'éducation : les filles aux commandes], le rapport met en garde contre les contenus générés par les algorithmes et basés sur l’image, notamment sur les réseaux sociaux, qui exposent les filles à des contenus à caractère sexuel ou faisant la promotion de comportements malsains ou de standards de beauté irréalistes. Cette exposition peut avoir des effets néfastes sur l'estime de soi et la perception du corps et se répercuter sur la santé mentale et le bien-être des filles, pourtant essentiels à leur réussite scolaire.

              Le rapport de l’UNESCO fait référence aux recherches menées par Facebook selon lesquelles 32% des adolescentes déclarent que, lorsqu'elles se sentent mal dans leur corps, Instagram exacerbe leur mal-être. Il met également en lumière la conception même de TikTok qui rend l’application addictive par le biais de vidéos courtes et captivantes. Ce modèle de gratification instantanée peut avoir un impact sur la concentration et les habitudes d’apprentissage en rendant plus difficile la concentration dans le cadre des études ou des activités extra-scolaires.

              Les filles souffrent également davantage que les garçons de cyberharcèlement. En moyenne, dans les pays de l'OCDE disposant de données sur le sujet, 12 % des filles de 15 ans, contre 8 % des garçons, ont déclaré avoir été victimes de cyberharcèlement. Cette situation s’aggrave avec la prolifération de contenus à caractère sexuel basés sur l'image, de « deepfakes » (photos ou vidéos falsifiées) générés par l'intelligence artificielle et d'images à caractère sexuel auto-générées circulant en ligne et dans les salles de classe. Dans plusieurs pays analysés pour le rapport, des étudiantes ont déclaré avoir été exposées à des images ou vidéos à leur insu.

              Le rapport met en évidence qu’il est essentiel d’investir davantage dans l'éducation, notamment dans l’éducation aux médias et à l’information, et de mieux réguler les plateformes numériques, conformément aux principes de l'UNESCO pour la gouvernance des plateformes numériques publiées en novembre 2023.

              Les stéréotypes de genre négatifs ont un impact sur les aspirations des filles dans les domaines des STEM

              Tous ces éléments forment un cercle vicieux : les filles sont confrontées à des stéréotypes de genre négatifs, amplifiés par les réseaux sociaux, qui les détournent de l'étude des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM), disciplines considérées comme étant réservées aux hommes, les privant ainsi de la possibilité de contribuer à la conception des outils qui génèrent ces stéréotypes.

              D’après les données de l'UNESCO, à travers le monde, les femmes ne représentent que 35% des diplômés en STEM dans l’enseignement supérieur, un chiffre qui n'a pas évolué au cours des 10 dernières années. Le rapport montre que des préjugés persistants dissuadent les femmes de poursuivre des carrières dans les STEM, ce qui se traduit par une absence de femmes dans le monde de la technologie. Les femmes occupent moins de 25 % des postes dans les domaines des sciences, de l'ingénierie, des technologies de l'information et de la communication. Elles ne représentent que 26 % des effectifs dans les disciplines liées aux données et à l'intelligence artificielle, 15 % dans l'ingénierie et 12 % dans le domaine du « cloud computing » au sein des principales économies mondiales. Seules 17 % des demandes de brevet sont déposées par des femmes à l'échelle mondiale.

              Selon le rapport, la transformation numérique est principalement menée par les hommes. Bien que 68 % des pays aient mis en œuvre des politiques soutenant l'éducation dans les disciplines des STEM, seulement la moitié de ces politiques soutiennent spécifiquement les filles et les femmes. Les mesures politiques doivent chercher à promouvoir des modèles de réussite, y compris sur les réseaux sociaux, afin d’encourager l’orientation professionnelle des jeunes femmes dans les disciplines des STEM. Cette démarche est essentielle pour garantir que les femmes participent, sur un pied d’égalité, à la transformation numérique de nos sociétés et à la conception de technologies qui soient réellement inclusives.

              https://www.unesco.org/gem-report/en/articles/launch-2024-gender-report-technology-her-terms

              • Unesco
                An@é

                8 mai : « Ces étrangers de l’ombre » : Le Théâtre des Oiseaux fait vivre l’Histoire de la Résistance

                1 semaine ago
                Le 8 mai 2024 à 12h15, la compagnie Le Théâtre des Oiseaux donnera une représentation de sa pièce "Ces étrangers…

                Choisi pour mettre à l’honneur les multiples origines des fusillés du Mont-Valérien dans le cadre des célébrations entourant la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian, le Théâtre des Oiseaux offre une performance complète et très évocatrice alliant sensibilité artistique, rigueur historique et engagement mémoriel.

                Depuis 2016, le partenariat entre le Théâtre des Oiseaux et le Mémorial du Mont-Valérien permet de faire vivre l’histoire du lieu à travers des visites ponctuées de moments théâtraux. « Ces étrangers de l’ombre » propose de suivre le parcours de jeunes FTP-MOI (Franc-Tireur Partisan – Main d’œuvre Immigrée) dans la France occupée, jusqu’à l’exécution des membres du groupe Manouchian - au Mont-Valérien le 21 février 1944 - et lors d’une veillée d’armes dans les Vosges avec un officier des troupes coloniales.

                Mêlant performance artistique et rigueur historique, « Ces étrangers de l’ombre » a été construite à partir de témoignages oraux de survivants et rescapés.

                Grâce à une mise en scène adaptée aux parcours des témoins, les acteurs incarnent avec force et conviction le courage des étrangers qui se sont engagés dans la Résistance française au péril de leur vie.

                Depuis 11 ans, le Théâtre des Oiseaux travaille aux côtés d’associations et d’institutions nationales d’anciens résistants et combattants pour transmettre la mémoire de la Résistance à travers l’écriture et la mise en scène d’évocations théâtrales originales, représentées lors de commémorations officielles ou en complément de parcours de médiation.

                Malgré le temps qui nous sépare de ces évènements, « Ces étrangers de l’ombre » apporte un éclairage précieux sur les défis contemporains qui secouent nos sociétés. Elle conduit les publics, petits et grands, à (re)visiter l’Histoire et à maintenir ouvert le dialogue entre les générations

                Crédits photos – Laurent Belmonte

                Informations pratiques

                « Ces étrangers de l’ombre »
                Une création originale du Théâtre des Oiseaux. Mise en scène : Bernard Martin Fargier.
                Prochaines représentations : (tous publics)
                Au Mémorial du Mont-Valérien,
                1 avenue du Professeur Léon Bernard, 92150 Suresnes
                Les 20 avril, 18 mai, 15 juin, 31 août, 14 septembre, 12 octobre et 16 novembre 2024 à 16h00
                Entrée libre sur réservation à info@mont-valerien.fr
                ---
                Cérémonie du 8 mai 1945
                Square Brieussel-Bourgeois
                78200 Mantes-la-Jolie
                Le 8 mai 2024 à 12h15
                ---
                Cérémonie commémorative du Camps d'internement d'Aincourt 
                Parc de la Bucaille,
                95510 Aincourt
                Le 5 octobre 2024 à 15h

                An@é

                La « Pause Numérique » de Nicole Belloubet : Une solution contre la violence ?

                1 semaine ago
                Par Hélène Azevedo, Cofondatrice de ModCo #EdTech Offrir à tous les élèves un enseignement au numérique en classe. Face à…Le numérique, compétence clé du 21ème siècle

                La compétence numérique est définie comme un ensemble d'aptitudes permettant une utilisation confiante, critique et créative des technologies numériques, visant divers objectifs dans l'apprentissage, le travail, les loisirs, et la participation sociale. Elle vise à développer l'autonomie de l'individu dans le choix et l'utilisation des outils numériques dans différents contextes, y compris pédagogiques, professionnels et quotidiens.

                Cette compétence prépare également à s'adapter aux innovations technologiques futures, comme l'intelligence artificielle, en adoptant une perspective critique et en sachant les intégrer utilement. Enfin, elle est essentielle au développement professionnel au 21e siècle, nécessitant l'utilisation de ressources numériques pour maintenir à jour les compétences professionnelles.

                Une étude de l'Insee parue en juin 2023 révèle que 15,4 % de la population française serait en situation d'illectronisme, ce qui constitue un défi au quotidien et une source d’inégalité. Cela montre la nécessité d’apprendre à s’en servir.

                L’enseignement du numérique à l’école doit être une priorité

                Les compétences numériques ont été ajoutées à tous les programmes scolaires du monde. Mais comment développer cette compétence si les supports numériques sont diabolisés. Et surtout, comment l’enseigner sans équipement en classe ? En France par exemple, où les collectivités sont responsables de les financer, seules 23% ont déployé des plans individuels massifs - coûteux pour le contribuable et pour la planète.

                Aujourd’hui près de 9 collégiens sur 10 ont un téléphone portable dans leur poche. Et l’usage majoritaire reste les réseaux sociaux et les jeux en ligne, qui sont devenus un des moyens de communication et de sociabilisation de cette génération.

                Les réseaux sociaux, reflet de la vraie vie et de la violence

                Aujourd’hui face à l’augmentation de violences et agressions entre adolescents, on pointe du doigt les téléphones portables et on considère que les interdire résoudrait le problème ?

                Si nous n’apprenons pas à nos adolescents les règles et les fonctionnements de la société du numérique, l’économie de l’attention et les dangers des réseaux sociaux, ces initiatives n’auront aucun effet sur la violence et les agressions. Le problème sera juste déplacé aux ministères de la famille et de l’intérieur mais il restera bien réel. Les réseaux sociaux sont une réalité et ils déclenchent aujourd’hui malgré nous de la violence en ligne et hors ligne. Il est donc essentiel que nous nous emparions courageusement du sujet.

                Éduquer aux dangers du numérique doit être une priorité.

                Avec l’avènement d’internet, notre société est passée à une économie où les données de nos enfants valent de l’or et où les algorithmes font la loi.

                Combien d’entre nous comprennent le fonctionnement réel de ces algorithmes et de cette économie de l’attention dans laquelle évoluent les GAFAM, BATX et autres ? Cela pose le problème de l’information, de la formation, de l’éducation – et ce dès le plus jeune âge.

                Plutôt que d’interdire, apportons un cadre à l’usage pédagogique du numérique en classe

                Il faut comprendre le fonctionnement des technologies pour agir en pleine conscience de ses dérives et dangers. Il nous faut savoir utiliser ces technologies et outils pour pouvoir les utiliser à bon escient. Sans cet apprentissage, nous risquons de devenir les esclaves de la technologie.

                Plusieurs professeurs se sont saisis de cette opportunité pour intégrer le numérique dans leur pédagogie, mais n'ont aucun moyen de savoir ce que font les élèves réellement sur leur téléphone.  Sur le terrain des solutions sont déployées. C’est ainsi que ModCo (Mode Connecté) développe des usages du téléphone en classe novateurs dont l’objectif est d’assurer un enseignement par le numérique tout en ne permettant pas aux élèves d’accéder aux fonctionnalités du smartphone.

                Les professeurs qui intègrent le téléphone en classe le font à petite dose. Pour éviter d’imprimer les leçons, ils les partagent via ModCo. Pour apporter de l’interactivité, les professeurs proposent des vidéos en ligne, des quizz. Pour différencier leur enseignement, ils ajustent les ressources aux élèves ; autant d’usages inspirés par les professeurs, qui soulignent l’intérêt du numérique en classe.

                Plutôt que d’interdire, apportons un cadre à l’usage du téléphone, avec des règles enfin claires pour tous et une éducation sur les dangers du numérique. Les outils technologiques resteront un fléau tant que nous n’aurons pas déployé un cadre sécurisé à leurs usages.

                Hélène Azevedo, co-fondatrice de ModCo, dont la mission est de responsabiliser les élèves à un usage raisonné de leur téléphone.

                Pour plus d'informations, modco.fr

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                  An@é

                  Philippe Meirieu : Qui veut encore des professeurs ?

                  1 semaine 1 jour ago
                  Le 25 août 2023, Philippe Meirieu publie : "Qui veut encore des professeurs ?" " Nous manquons de professeurs. Il…

                  "Voilà déjà de nombreuses années qu’à quelques jours de la rentrée scolaire, le ministre de l’Éducation nationale annonce solennellement aux parents inquiets qu’il y aura bien « un enseignant devant chaque classe ». Gageons qu’effectivement tout est fait pour que, de la maternelle à la terminale, un adulte soit présent devant les élèves. Et même, probablement, pour qu’il y enseigne quelque chose. Mais est-ce à dire, pour autant, qu’un professeur sera toujours au rendez-vous ? Rien n’est moins sûr.

                  Car le professeur, écrivait le philosophe Georges Gusdorf dans un ouvrage paru en 1963, n’est en rien "le répétiteur d’une vérité toute faite".

                  Il accompagne chaque élève dans l’apprentissage, difficile mais essentiel, de l’exigence et du dépassement. Et, qu’il enseigne la lecture ou les mathématiques, la mécanique, les arts plastiques ou la pêche à la ligne, le professeur assume une mission proprement anthropologique : il appelle les êtres qui lui sont confiés à grandir en humanité.

                  Mais qui rêve encore aujourd’hui de cela, quand la novlangue de « l’école efficace » et du « développement personnel » sature l’espace public et envahit l’institution scolaire ? Et comment ne pas comprendre, alors, que la plupart des parents ne voient plus dans la scolarité qu’une course d’obstacles, aux règles opaques, dans laquelle les plus débrouillards – souvent les plus favorisés – réussissent à faire accéder leurs enfants aux « bonnes » filières et aux « meilleurs » diplômes, tandis que quelques autres – sans doute déjà assurés de l’avenir social de leur progéniture – sont en quête d’un hypothétique « bien-être » dans le cocon des « écoles alternatives » ?

                  C’est pourquoi il n’est pas certain que notre société veuille encore des professeurs aujourd’hui.

                  Certes, personne n’imagine qu’on puisse se passer d’adultes dans nos écoles et le ministre lui-même a espéré – en vain – un « choc d’attractivité » pour pourvoir les postes vacants. Mais, en période de pénurie, finalement, des enseignants devraient suffire. Même recrutés à la va-vite et sans aucune formation ou presque. Contractuels ou vacataires. Du moment qu’ils occupent la place, peu importe leur qualification. Le professorat n’en est pas encore au stade du baby-sitting, mais on en a déjà fait un travail d’appoint. Et les nouveaux venus n’ont pas à s’inquiéter : ils disposent d’une multitude d’instructions ministérielles accompagnées d’un ensemble de protocoles, élaborés par les meilleurs scientifiques, ainsi que de quelques prothèses technologiques qui devraient leur permettre de « gérer » efficacement leur classe.

                  Paradoxe : alors que les instituteurs sont devenus des « professeurs d’école », on ne parle plus que des « enseignants ».

                  Les notables de jadis semblent devenus les soutiers d’un système qu’ils sont condamnés à faire fonctionner quoi qu’il leur en coûte. Qu’ils revendiquent leur « liberté pédagogique » et ils sont soupçonnés de vouloir gripper la machine et compromettre l’efficacité de l’institution tout entière. Qu’ils exigent un peu de reconnaissance et on leur oppose leurs vacances excessives, quand ce n’est pas la gêne occasionnée par leurs congés maladie ! Il faut un événement dramatique pour que les Français se souviennent de l’éminente dignité de leur mission, le temps d’un bref hommage… avant que la rengaine sur leurs privilèges ne revienne en boucle.

                  En réalité, il y a soixante ans déjà, Georges Gusdorf posait sans doute la bonne question : « À l’âge de la radio, de la télévision et des moyens audiovisuels, écrivait-il, on peut se demander si les professeurs ne sont pas des bouches inutiles. Leur existence même est un archaïsme : ils semblent perpétuer le mode d’enseignement le plus désuet et le plus coûteux. » On pourrait donc se contenter d’enseignants en ne leur assignant plus, désormais, que des tâches de gardiennage.

                  Tout paraît joué, en effet : quand un État se voit contraint de faire de la publicité pour recruter celles et ceux à qui il confiera l’éducation des enfants, quand ses professeurs subissent, en même temps et durablement, un déclassement financier et un déclassement social, quand leur ministère veut faire d’eux des exécutants dociles d’injonctions technocratiques et que leur hiérarchie les enjoint de considérer dorénavant les parents comme des clients… c’est bien que notre démocratie a déjà renoncé à construire son propre avenir. Mais peut-être peut-on encore refuser une telle démission collective et tenter de redonner sens à métier dont certains persistent encore à croire qu’il est le plus beau du monde ?"

                  Philippe Meirieu

                  http://meirieu.com/

                  L'ouvrage  : https://www.parislibrairies.fr/livre/9782021538618-qui-veut-encore-des-professeurs-philippe-meirieu/

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                    An@é

                    Zoom sur les applications dans l'image et la vidéo de l'IA générative. Impact sur le monde du travail. Enjeux, risques, avenir

                    1 semaine 1 jour ago
                    Le Connecteur Biarritz : Le « programme pionnier » est un programme en innovation où 11 entreprises ont déposé des problématiques à…L'invité : Laurent-Pierre Gilliard, directeur d'innovation et de la communication chez Unitec*

                    *Principale structure d'accompagnement de start-up sur l'agglomération bordelaise et en Nouvelle-Aquitaine.

                    Intelligence artificielle usages et enjeux.

                    Ce n'est pas tout nouveau puisque ça a été à peu près conceptualisé en 1967 par ce chercheur Marvin Minsky dit le père de l'intelligence artificielle et qui déjà en 1967 disait dans 3 /8 ans nous aurons une machine aussi intelligente qu'un humain. Il y a eu erreur sur le timing…Cela donne déjà un indicateur quand on vous dit que demain c'est Skynet Terminator, l'humain va être remplacé par l'A et les machines …Il s’agit de mettre un peu de pondération sur ces sujets.

                    En 2018 on avait abordé ce sujet de l'intelligence artificielle et de la data donc un peu le sujet dans lequel vous êtes. A cette époque- là on ne parlait pas d'intelligence dia générative qui est le gros sujet depuis à peu près 18 mois on y reviendra mais déjà à l'époque c'était un moment où l'intelligence artificielle et la data c'était vraiment deux choses totalement liées le moteur et le carburant pour aller un premier niveau de de développement …

                    Ecouter cette intervention où toutes les étapes sont évoquées, l’histoire défile et toutes les situations, toutes les questions sont là :

                     

                    • Etudiants
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                    • NouvelleAquitaine
                      Desvergne Marcel

                      Le dispositif « Paroles de chercheuses et chercheurs » relancé par la Région Ile de France

                      1 semaine 2 jours ago
                      Mardi 30 avril 2024 à 11h15, au Lycée Julie-Victoire Daubié d’Argenteuil, Valérie Pécresse sera au côté d’Anni Herranen, chercheuse finlandaise…Cette conférence s’inscrit dans le programme « Paroles de Chercheuses et Chercheurs » Cette initiative de la Région Île-de-France  propose aux lycées de recevoir des chercheurs d’excellence.

                      Depuis 2020, plus d’une centaine de conférences de scientifiques et d’experts se sont tenues dans les lycées franciliens avec des chercheurs d’excellence comme Hervé Dole de l’institut d’Astrophysique Spatiale, Amanda Brun du CNRS, Alain Fisher de l’Institut Imagine, Serge Picaud de l’Institut Imagine ou encore Liat Peterfreund de l’ENS.

                      Fort de son succès, le programme « Paroles de chercheuses et chercheurs » est relancé pour 4 années scolaires supplémentaires de 2023 à 2027.

                      Plus de 230 interventions sont prévues dans les lycées franciliens afin de susciter des vocations scientifiques chez les lycéens, et notamment chez les lycéennes, souvent moins nombreuses dans les filières scientifiques.

                      Ce sont des conférences originales et participatives de 2 heures, animées par des universitaires ou des chercheuses et chercheurs, destinées à faire découvrir aux élèves la diversité des métiers de la recherche et des carrières scientifiques, qu’elles soient universitaires ou en entreprise.

                      Pour que le plus grand nombre de lycéens bénéficie de ce dispositif, il est proposé à tous les lycées publics d’Île-de-France. Ces conférences sont ouvertes à tous les élèves et non pas uniquement aux élèves des spécialités scientifiques. Elles s’inscrivent dans une démarche de transmission, de diffusion et de valorisation de la culture scientifique, technique et industrielle.

                      https://www.iledefrance.fr/toutes-les-actualites/paroles-de-chercheuses-et-chercheurs-susciter-des-vocations-chez-les-lyceens

                      • Culture scientifique
                      • Dispositifs de médiation
                      • Lycée
                      • Ile de france
                        An@é

                        Veille stratégique : vers des outils statistiques plus performants pour les veilleurs

                        1 semaine 2 jours ago
                        Communiqué : Incertitudes géostratégiques et environnementales, stratégies d’entreprises fines, infobésité… La profession de veilleur nécessite désormais l’usage d’outils de veille…

                        Issu historiquement de l’univers de la documentation et de l’analyse synthétique d’articles et de dossiers, ce métier s’est progressivement transformé via la digitalisation des pratiques, au point aujourd’hui d’être associé de manière parfois étroite à la prise de décision. Car si la veille n’est pas en capacité de garantir que toutes les décisions prises par l’organisation sont bonnes, elle est à même d’identifier une décision qui ne serait pas adaptée au contexte de l’entreprise, grâce notamment à la finesse de la surveillance qui est apportée par la technologie combinée à l’analyse humaine.

                        Optimiser la veille : un enjeu de développement Le déploiement récent de l’intelligence artificielle générative vient donner un nouveau coup d’accélérateur à cette fonction stratégique du veilleur.

                        Dans un contexte mondial, continental et national marqué par des incertitudes plurielles – particulièrement géostratégiques et environnementales –, les organisations sont de plus en plus en quête d’outils de veille ajustés et rigoureux. Les professionnels de la veille se trouvent en quelque sorte sous la pression des événements et challengent avec force la capacité de leurs solutions de veille à optimiser la production d’informations.

                        À l’heure de l’infobésité et des fake news, ces professionnels souhaitent particulièrement que le sourcing soit le plus sûr possible, que des points de mesure soient placés à plusieurs endroits du processus de veille, que l’information soit transmise au meilleur moment et qu’elle soit diffusée de manière optimale. Ils attendent des statistiques générées par les outils de veille qu’elles soient lisibles et visibles. Ils veulent ainsi savoir à quel moment de la semaine envoyer leur newsletter, être certains d’être lus, diffusés, écoutés et finalement entendus.

                        Vers des outils statistiques plus complets Confrontés à ces demandes, les éditeurs de veille sont appelés à réagir en ajustant drastiquement leurs outils de pilotage statistique.

                        Ces derniers doivent être à la fois plus efficients et plus compréhensibles. Pour ce faire, l’écoute des demandes formulées par les professionnels de la veille est essentielle. Celles-ci convergent globalement sur l’idée selon laquelle il est devenu primordial de disposer de données à tous les niveaux de la veille.

                        Quatre familles statistiques sont ici impactées.

                        C’est d’abord le cas des sources à surveiller. Celles-ci doivent être en nombre suffisant, et tous les documents disponibles (textes, podcasts, images…) nécessitent d’être « crawlés ».

                        Les articles eux-mêmes sont également à considérer. Le veilleur qui adresse un texte à sa cible doit être en capacité d’analyser l’impact de celui-ci, de connaître le nombre de « Likes » ou de redirections, mais aussi le niveau de lecture atteint.

                        Troisième élément : il faut avoir une idée la plus précise possible des profils des utilisateurs, et notamment du canal sur lequel la newsletter de veille est lue (application, ordinateur, smartphone ?).

                        Le veilleur doit enfin s’assurer que les livrables sont de bonne facture, que la ligne graphique de sa lettre est cohérente avec celle de son entreprise, et globalement que le document de communication produit par ses soins est suffisamment bien présenté pour être lu.

                        De nombreux éditeurs de solutions de veille sont aujourd’hui challengés par les professionnels de la veille.

                        Dans un monde de plus en plus digitalisé et « augmenté » par l’intelligence artificielle générative, les veilleurs souhaitent que les outils sur lesquels ils s’appuient leur offrent des solutions de pilotage statistique complètes, capables de remonter des éléments aussi différents que le taux de lectorat des articles, les commentaires effectués, les annotations, le suivi ou encore l’historique de lecture. Ces demandes témoignent d’une évolution professionnelle majeure : dans un monde où l’information est pléthorique et de moins en moins sûre, les veilleurs sont devenus de véritables pilotes de la stratégie de veille informationnelle, qui grâce à des statistiques désormais plus fines entendent consolider l’impact tangible qu’ils ont sur la décision de l’entreprise.

                        Arnaud Marquant, Directeur des opérations

                        KB Crawl SAS : Outils de veille pour professionnels

                         

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                          An@é

                          Avril - Mai 2024 - L'actualité culturelle à Toulouse et en Occitanie

                          1 semaine 3 jours ago
                          Pour cette 16ème édition, Saint-Orens-de-Gameville accueillera l'Exposition « Collections Privées Pierre SOULAGES » du 1er au 5 Mai à l’Espace Lauragais. Grâce aux collectionneurs de…

                          Cette exposition exceptionnelle autour de Pierre Soulages a pu être organisée grâce aux membres de l'association Les Amis de 349 Gallery, amateurs d'art et collectionneurs avertis, qui ont prêté une centaine d’oeuvres multiples (estampes, lithographies, sérigraphies...) mais aussi, des affiches, objets, catalogues d’époque et archives, vidéo, etc…. La scénographie sera accompagnée de panneaux pédagogiques permettant de mieux appréhender l’oeuvre de cet immense artiste.

                          Des artistes exposants à découvrir lors de cet événement artistique

                          Le public découvrira à cette occasion, une quinzaine d’artistes profitant de la dynamique de l'exposition, qui lui proposera leurs plus belles créations durant ces 5 jours !

                          La vocation de l'association Les Amis de 349 Gallery : faciliter l'accès à l'Art

                          Appuyé sur l'expérience de ARTOULOUSE&Co pendant plus de 15 ans dans l’organisation d’événements culturels et de salons d’Art en Métropole Toulousaine, ce sont plus de 3000 artistes et près de 200 000 visiteurs qui ont été ainsi accueillis, ayant permis d'accéder plus aisément au monde de l’Art et de la création.

                          Diverses animations pour tous les publics

                          Avec le vernissage (Mercredi 1er Mai à 18h30) la Tombola, le vote pour le Prix du Public, les artistes exposants, etc... ces diverses animations sont proposées aux visiteurs dans une ambiance conviviale.

                          Tombola : L'entrée incluant un ticket de Tombola, celle-ci offrira l'opportunité de gagner un tirage Souvenir de l'exposition « Collections Privées Pierre SOULAGES » en série limitée et numérotée (tirage au sort le Dimanche 5 Mai à 17h30 ).

                          Entrée gratuite moins de 18 ans

                          Site Internet : SALONS ARTOULOUSE & Co - artoulous'exp***

                          Entretien avec Laurent Deshais de la 349 Gallery

                          Associé au commissaire de l’exposition, Frédéric Pinson-Meilhac, l’organisateur, Laurent Deshais revient sur les raisons de ce rendez-vous artistique incontournable pour les Saint-Orennais...

                          Lire l'article

                          ***

                          À la découverte d’Henry de Monfreid

                          Jusqu’au 3 janvier 2025, aux Archives départementales de l’Aude Marcel-Rainaud, une vaste exposition, « D’ici et d’aventures, Henry de Monfreid », retrace l’existence incroyable de l’écrivain et aventurier...

                          Lire l'article

                          ***

                          Exposition Banksy au Lycée Urbain Vitry

                          Initiée en 2021 par le comédien Béru, et le commissaire d’exposition Thierry Angles, la onzième édition de l’exposition Banksy Modeste Collection s’installe jusqu’au 5 mai, au Lycée Urbain Vitry à Toulouse...

                          Lire l'article

                          ***

                          Cité de l’Espace

                          Lune Explorer

                          Et si, cette fois, l’astronaute c’était vous ? Avec le LuneXplorer, embarquez pour une mission vers la Lune et ressentez une pression de 2G tout comme les astronautes de l’ESA ; l’Agence spatiale européenne...

                          Découvrir

                          ***

                          L’Envol des Pionniers

                          Exposition Pierre Georges Latécoère

                          Partez à la rencontre de Pierre Georges Latécoère, l’homme qui est parvenu à réaliser l’impossible : créer des lignes aériennes et les premières usines d’aviation toulousaines sur le même terrain à Montaudran...

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                            An@é

                            L’orientation, perdue en chemin

                            1 semaine 3 jours ago
                            Poursuivons[1] nos remarques au rapport concernant les PsyEn EDO[2]. Nous nous centrerons sur le CIO et son directeur dans un prochain…Mais que faire des conseillers d’orientation ? J-P Bellier, l’IGEN porteur de la création du corps unique de psychologue de l’Éducation nationale s’est exprimé dans une tribune[3] à propos du rapport sur les PsyEn EDO.

                            Il « devrait être reçu comme un heureux évènement par la profession tout entière. L’analyse sans concession qu’il propose des raisons des tensions dont ils sont l’objet depuis leur existence constitue un pavé dans la mare qui fera date […] » Oui, sûrement, mais cette « mare » n’est pas le fait de la création du corps unique de Psychologue de l’Éducation nationale. L’intégration des centres et de leurs personnels fut toujours une question au sein de l’Éducation nationale.

                            Jusqu’en 1959, ces personnels sont rattachés à l’enseignement technique et leur champ de pertinence est l’apprentissage. L’enseignement technique étant totalement rattaché alors à l’Éducation nationale, les personnels de l’OP le sont également, et intègrent ainsi le secondaire. Dès lors la question sera posée, et même en haut lieu : que faire des conseillers d’orientation ? Antoine Prost a raconté ces échanges[4]. Le projet Laurent, balayé par les événements de 68, cherchait à éliminer ces personnels en voulant déjà attribuer leur rôle aux enseignants. Les tentatives se poursuivront, notamment en 2003.

                            Si les tentatives d’élimination échouent, il y a d’autres manières de faire comme la restriction au rôle de conseil,[5] mais aussi le positionnement de l’ensemble des services dans une fonction conseil. Thierry Berthet[6] insiste sur cette réorganisation du système de l’Éducation nationale opérée au début des années 70 qui installe une mécanique de dépendance au sentier : les décisions suivantes s’inscrivent dans le cadre défini par la décision précédente (p 2). « Parmi les méthodes de management importées du monde de l’entreprise de l’époque, l’une sera déterminante ici : celle qui consiste à distinguer des directions de moyens chargées de mettre en œuvre et gérer le budget de l’éducation et des directions d’objectifs à qui est confié le soin de conseiller et animer la réflexion stratégique. » (p 6) Cette posture de conseil est de plus inorganisée, aucune relation hiérarchique directe n’est mise en place entre les différents niveaux si ce n’est le dernier, et encore très ténu, entre le directeur de CIO et les personnels du CIO. Ainsi, les conseillers d’orientation sont des électrons libres. Reproche qui perdure, mais qui peut se retourner. Qui a provoqué cette situation ? Jacques Sénécat (ancien IGEN de l’orientation) dira bien plus tard[7] : « En réalité, tout se passe comme si les responsables reprochaient à ces personnels leur propre impuissance. » Qu’ils ont choisi eux-mêmes, pourrait-on ajouter.

                            Le sentier de la psychologie En France, c’est dès l’origine de l’institutionnalisation de l’orientation professionnelle qu’elle fut rattachée à la psychologie.

                            Henri Piéron, l’un des fondateurs de l’INOP, l’institut de formation des conseillers d’orientation professionnelle, a combattu pour que l’OP relève d’une conception scientifique dont la base serait la psychologie, ce nouveau métier étant considéré comme le premier psychologue praticien. Jusque dans les années 60, c’est la psychologie du savoir sur autrui qui s’impose. La psychologie de la compréhension de l’autre lui succèdera. On peut s’interroger aujourd’hui sur l’orientation de la psychologie de l’orientation ?

                            En tout cas, cette identification professionnelle fut l’objet d’une revendication réclamant la reconnaissance du titre de psychologue qui le fut finalement en 1991, puis totalement affirmée avec le statut du corps unique de psychologue de l’Éducation nationale.

                            Ce sentier étant pris, quelques effets apparaissent. D’un côté la participation à des évaluations « armées » des élèves s’accentue alors que la capacité à transmettre de l’information s’amenuise. L’information est de plus accessible directement sur le web, la compétence sur l’information concernant l’orientation est transférée à la Région, et les enseignants sont de plus en plus sollicités non seulement à accompagner les élèves dans leur recherche, mais également à les conseiller. Le rapport note que « le rôle du CIO est très limité pour délivrer de l’information ou du conseil en orientation aux publics sans problématique particulière. » D’où le constat d’« une forte évolution de la nature du public accueilli en CIO et du rôle de ces centres. » (p 27-28) Compte tenu de ces évolutions, il est alors logique, pour les auteurs du rapport, de réclamer une modification de la dénomination de centre qui, ni n’informe, ni conseille. Ainsi allégés, les PsyEn EDO pourront plus facilement fusionner dans un réel corps unique.

                            Reste alors la question du pilotage de ce corps. L’orientation n’étant plus un besoin propre à l’État, il a délégué en partie cette fonction aux régions et surtout au secteur « civil » (marchand et associatif), ce corps peut être dirigé vers un nouveau sentier, celui de la santé. Et c’est ce travail idéologique opéré par ce rapport apparemment spécifique aux PsyEn EDO.

                            Si le rapport rappelle la fonction essentielle du CIO dans la lutte contre le décrochage, le rôle d’animateur d’une équipe de son directeur, et son implication dans le fonctionnement de l’orientation scolaire dans le champ d’un territoire, il indique une évolution dans la politique de la santé, et ce dès les premières pages du rapport.

                            « Enfin, depuis 2017, le code de l’éducation a vu évoluer l’article L. 121-4-1 relatif à la promotion de la santé à l’école, article créé par la loi 2013-595, loi de refondation de l’école de la République. La loi 2019-791 pour une école de la confiance en a précisé l’alinéa II-5e par ajout de la dimension psychique dans « la détection précoce des problèmes de santé physique ou psychique ou des carences de soins pouvant entraver la scolarité ».

                            Cet article a ensuite été modifié par la loi 2021-502 visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification en disposant que « La promotion de la santé à l’école (…) relève en priorité des personnels médicaux, infirmiers, assistants de service social et psychologues de l’éducation nationale, travaillant ensemble de manière coordonnée, alors que les versions précédentes ne mentionnaient que les personnels médicaux et infirmiers. » (p 9)

                            Je m’interrogeais plus haut sur le sens de la psychologie de l’orientation d’aujourd’hui, mais la question ne se pose plus. L’orientation est maintenant un élément secondaire, incorporé au besoin de santé et de bien-être, un besoin individuel et personnel, mais aussi social (ce que montre la multiplicité des enquêtes d’opinions, mais aussi les recherches commandées et citées dans le rapport). L’orientation s’est ainsi perdue en chemin.

                             Bernard Desclaux
                            Article paru sur le site : Le blog de Bernard Desclaux » Blog Archive » L’orientation, perdue en chemin (educpros.fr)

                            [1] Bernard Desclaux. (14 avril 2024). Du corps pour l’orientation à l’orientation pour décor. https://blog.educpros.fr/bernard-desclaux/2024/04/14/du-corps-pour-lorientation-a-lorientation-pour-decor/

                            [2] Les psychologues de l’éducation nationale de la spécialité « éducation, développement et conseil en orientation scolaire et professionnelle », mars 2024. https://www.education.gouv.fr/media/194106/download

                            [3] Tribune de J-P Bellier. Psychologues de l’Éducation nationale : retour vers le futur ? http://www.touteduc.fr/fr/archives/id-23087-psychologues-de-l-education-nationale-retour-vers-le-futur-une-tribune-de-j-p-bellier-

                            [4] Antoine Prost, Du changement dans l’école. Les réformes de l’éducation de 1936 à nos jours, Paris, Seuil, 2013, 386 p. Voir Bernard Desclaux, 22 octobre 2013, L’orientation dans le secondaire : effets des procédures. https://blog.educpros.fr/bernard-desclaux/2013/10/22/lorientation-dans-le-secondaire-effets-des-procedures/

                            [5] Jérôme Martin, « Un siècle de conseil et de psychologie : les conseillers d’orientation », Canal Psy [En ligne], 121 | 2017, mis en ligne le 01 septembre 2020, consulté le 22 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=1838

                            [6] Thierry Berthet. Administré, mais pas régulé. Le système d’orientation scolaire français au prisme d’une analyse politique. In Valérie Cohen-Scali. Psychologie de l’orientation tout au long de la vie. Défis contemporains et nouvelles perspectives, DUNOD, 2021. https://shs.hal.science/halshs-03139982

                            [7] Sénécat, J. (2004), « Historique de l’orientation professionnelle en France », Rencontres de la DESCO, p.18 http://eduscol.education.fr/D0122/orientation_accueil.htm

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                              Desclaux Bernard

                              Livre : « Le parfait fasciste » de Victoria de Grazia

                              1 semaine 3 jours ago
                              En 1926, un article du New York Times annonce le mariage d’une chanteuse lyrique originaire de New York avec un…

                              L’historienne Victoria de Grazia a fait des recherches sur le fascisme, mais elle ne connaissait pas Attilio Teruzzi, un archétype de « l’homme nouveau ». Son livre est une traversée de l’ère mussolinienne et montre les imbrications entre les sphères privées et politiques.

                              Un mariage improbable

                              Victoria de Grazia est Italo-Américaine, elle a étudié l’Histoire européenne contemporaine et les groupes sociaux comme la famille. Dans Le parfait fasciste, elle rend compte d’un mariage improbable qui a été un grand événement mondain, et des compromissions morales des décennies 1920 et 1930. En toile de fond, ce sont les événements de l'Italie fasciste qui sont restitués : la conquête du pouvoir, la normalisation des relations avec les autres classes dirigeantes (clergé, aristocratie et bourgeoisie), la constitution d’une nouvelle cour, le musèlement de l’opposition, la violence y compris colonialiste, le rôle ambigu de l'Église...

                              Le titre du livre provient d’un article du New York Times qui évoquait ce mariage considéré comme le premier mariage fasciste entre une jeune chanteuse d’opéra - fille de millionnaires américains -, et une personnalité politique fasciste. Nous sommes en 1926, Benito Mussolini (1883-1945) a pris le pouvoir depuis quatre ans. Attilio Teruzzi (1882-1950) est un des protagonistes de la marche sur Rome (27 octobre 1922). Valeureux militaire de la Première Guerre mondiale et de guerres coloniales, il a intégré la milice fasciste et est député. Lilliana Weinman (1899-1987) de son nom de scène Lilliana Lorma renonce à sa carrière lyrique pour l’épouser. Juive, elle n’est nullement gênée par le fascisme. Les lois raciales et antijuives sont promulguées en 1938 quand Mussolini se rapproche du régime nazi. 

                              Victoria de Grazia a été intriguée par une photographie du fameux mariage, étaient présents l’ambassadeur des États-Unis et Mussolini, témoins des mariés. La famille de Lilliana Weinman lui a remis un sac contenant la correspondance de l’ancienne Diva et les différentes copies des archives du tribunal ecclésiastique. En 2007, elle a commencé ses lectures. Dans Le parfait fasciste, cette professeure de l’Université Columbia de New York propose une histoire sociale du fascisme par le prisme du parcours de Teruzzi, de ses interactions familiales et politiques. 

                              Lilliana Weinman est persuadée avec ses parents dont elle est très proche qu’elle a épousé un personnage d’exception à l’avenir prometteur. Teruzzi connaît en effet une ascension fulgurante. Nommé gouverneur en Cyrénaïque, province de la Libye, elle l’accompagne et se dévoue pour être l’épouse parfaite – toujours très soucieuse des apparences. Pourtant, elle est sèchement répudiée en 1929 alors qu’elle fait un séjour à New York. C’est le premier mélodrame, Victoria de Grazia emprunte de nombreuses références à l’opéra, notamment des citations pour introduire les chapitres du livre. Teruzzi émet des doutes par courrier sur sa chasteté avant le mariage. L’ancienne chanteuse a été victime d’un complot d’une autre personnalité du régime fasciste, très antisémite. La période change avec la bascule provoquée par le Krach boursier de 1929, associé au capitalisme américain.

                              Espace privé et fascisme

                              Les campagnes militaires reprennent car l’Italie fasciste rêve d’un grand Empire colonial et veut rivaliser avec la Grande-Bretagne. Dans ce contexte, Teruzzi devient chef de la milice des Chemises noires et il est promu ministre de l’Afrique italienne. 

                              Comme le divorce n’est pas autorisé, Teruzzi demande l’annulation du mariage. Lilliana Weinman s’y oppose fermement. Elle obtient de précieux appuis en Italie et aux États-Unis. Le tribunal ecclésiastique procède par différentes instances à une forme d’Inquisition, imposant des questions intimes aux époux pour jauger de la validité du mariage – institution sociale défendue par l’Église et le régime fasciste. 

                              L’orgueil de Lilliana Weinman est démesuré, sa détermination sur une aussi longue durée finit par apparaître incongrue. Quand elle revient en Italie après avoir fui en raison des lois raciales – le régime fasciste s’est effondré et Teruzzi est incarcéré -, elle découvre dans des archives qu’il a refait sa vie et qu’il est le père d’une petite fille. Teruzzi voulait se marier dès la fin des années 1930 pour régulariser la situation administrative de sa nouvelle compagne née à l’étranger. Autre souci devenu périlleux, elle était juive comme sa propre fille qu’il est obligé d’adopter pour lui donner son nom. 

                              Victoria de Grazia dévoile les mécanismes du fascisme, le fonctionnement des cercles proches du pouvoir, et les grands événements jusqu’à la chute de Mussolini. Contrairement à Hannah Arendt dans Les origines du totalitarisme (1951) – selon laquelle il n’y a pas d’espace privé dans le totalitarisme -, Victoria de Grazia considère que « les besoins et les choix sociaux, affectifs et moraux continuèrent d’exister sous l’ordre fasciste ». 

                              Le livre richement documenté et illustré de photographies contient la matérialité d’un roman.

                              Teruzzi est l’homme d’une époque, Lilliana Weinman est la femme d’un milieu social. Tous deux nous font revivre l’Italie fasciste, ses mondanités, son semblant de normalité, la rencontre avec des personnalités (Margherita Sarfatti, Anna Magnani, des figures politiques), toute une période dont nous reconnaissons des résonances dans l’actualité.

                              Fatma Alilate

                              Le parfait fasciste. Amour, pouvoir et morale dans l’Italie de Mussolini de Victoria de Grazia, 606 pages, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 28 €

                              Traduit par Anne-Marie de Grazia

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                                2 heures 3 minutes ago