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Inciter les filles à faire des maths : le rôle essentiel des profs

1 mois 4 semaines ago
En France comme en Belgique francophone, les femmes sont de nos jours plus nombreuses dans la population étudiante, et davantage diplômées…

Mais, alors que les femmes sont largement majoritaires (60 % à 70 %) dans le domaine des sciences de la vie, de la santé, en médecine, en pharmacie, elles restent minoritaires (20 à 30 %) dans les domaines à forte composante mathématique, en particulier dans les formations d’ingénieurs et en informatique.

La situation n’a d’ailleurs guère évolué au cours de la dernière décennie. Pourquoi les jeunes femmes se détournent-elles des études en maths, sciences de l’ingénieur et technologie ?

Le rôle charnière de l’enseignement secondaire dans l’orientation

Un rapport récent consacré à la démocratisation des grandes écoles en France montre qu’environ un tiers de la différence d’accès aux grandes écoles tient au fait que les filles sont surreprésentées dans les spécialisations littéraires ou économiques et sociales, qui conduisent moins aux grandes écoles que les filières scientifiques. Néanmoins, le suivi longitudinal de cohortes de collégiens et de bacheliers ne laisse aucun doute : les écarts de performances scolaires selon le genre ne contribuent aucunement à expliquer la sous-représentation des filles dans les grandes écoles et dans les formations qui y préparent.

Les données issues de l’enquête internationale PISA mettent en évidence de faibles différences de performances en mathématiques selon le genre. Élément intéressant : à performances équivalentes avec les garçons à l’âge de 15 ans, les filles se sentent généralement moins confiantes dans leurs capacités en mathématiques, sont plus anxieuses, ont un intérêt moins prononcé pour cette discipline et en perçoivent moins l’utilité.

 

Les filles et les mathématiques (Franceinfo, 2013).

Or, selon les théories étudiant les déterminants des aspirations scolaires et professionnelles, ces composantes de la motivation jouent un rôle déterminant dans les choix d’orientation : un jeune choisit une orientation s’il pense avoir les capacités de réussir et s’il lui accorde de la valeur. Ainsi le manque de confiance dans leurs capacités pourrait conduire certaines filles à s’autosélectionner, et à ne pas envisager des études à forte composante mathématique, dont elles ne perçoivent par ailleurs pas toujours l’intérêt.

Les choix d’orientation sont l’aboutissement d’aspirations qui se construisent progressivement à l’école et en dehors de celle-ci. On peut à cet égard s’intéresser à ce que vivent les jeunes dans leur scolarité obligatoire pour mieux comprendre les disparités observées et identifier des leviers potentiels bénéfiques pour l’orientation des filles vers les mathématiques et les sciences et technologies.

Des leviers pédagogiques pour favoriser l’orientation vers les mathématiques

De manière générale, la motivation pour les mathématiques a tendance à diminuer tout au long de la scolarité avec un déclin particulièrement marqué dans l’enseignement secondaire. Par ailleurs, les attitudes envers les mathématiques sont elles-mêmes influencées par le contexte, au premier rang duquel figurent l’école et l’enseignement qui y est dispensé.

En particulier, les attitudes et les comportements des professeurs de mathématiques peuvent jouer un rôle majeur dans l’orientation future des élèves vers cette discipline. De nombreuses recherches ont mis en évidence que certains professeurs de mathématiques entretiennent, souvent inconsciemment, des attentes académiques moins élevées envers les filles, mais développent aussi des comportements différenciés envers les filles et les garçons. Ces comportements peuvent toucher aussi bien les aspects cognitifs (choix des tâches, des questions…) que socio-émotionnels (feedbacks positifs ou négatifs) de la relation maitre-élève.

C’est ce qu’éclaire une étude portant sur 1091 élèves de 5e secondaire (équivalent de la classe de première en France) et 777 élèves de 6e secondaire (équivalent de la terminale) en Belgique francophone. Cette enquête à caractère quantitatif a eu recours à différents modèles statistiques pour tenter d’identifier les variables motivationnelles et pédagogiques qui agissent le plus sur les aspirations aux études et carrières mathématiques.

Motiver les élèves par des applications concrètes des maths

Un premier facteur consiste à promouvoir un enseignement des mathématiques pertinent, qui permet aux jeunes de saisir l’utilité future de ce qu’ils apprennent. Concrètement, lorsque l’élève perçoit que son professeur pose des questions et propose des exercices ou des problèmes qui ont du sens, qu’il explique pourquoi certains points de matière sont importants, il est plus enclin à s’y orienter.

Les contenus mathématiques enseignés en fin de secondaire peuvent bien souvent paraitre formels et « purement mathématiques ». Le rôle de l’enseignant est d’élargir les perspectives des élèves en les aidant à développer une vision plus riche de l’utilisation des mathématiques et de leur importance dans la société actuelle.

Le choix des contextes d’application des mathématiques n’est pas non plus anodin : en montrant aux élèves que cette discipline peut déboucher sur des applications concrètes, impliquer un travail d’équipe et jouer un rôle sociétal, on la rend plus attractive aux yeux des filles qui cherchent des carrières tournées vers l’humain (prônant la collaboration, l’altruisme), tout en déconstruisant l’image reçue selon laquelle les mathématiques sont déconnectées de ces valeurs.

Inciter les élèves à relever des défis

Les environnements d’apprentissage stimulants d’un point de vue cognitif, tant par les tâches proposées que par les interactions sociales, constituent aussi un atout pour favoriser l’orientation future des jeunes vers les mathématiques. Ce genre d’approche contribue à déconstruire l’image de la fameuse « bosse des maths ». Proposer à tous les élèves des tâches mathématiques ambitieuses en les aidant à persévérer, c’est envoyer le message positif qu’ils peuvent tous y arriver, y compris les filles.

Enfin, l’étude met en évidence l’importance, pour les aspirations futures des filles, de développer une image positive de leurs propres compétences en mathématiques. À ce sujet, le professeur de mathématiques a un rôle important à jouer : s’il soutient les filles en soulignant leurs capacités, celles-ci gagnent en confiance et envisagent davantage une orientation vers des études à composante mathématique.

Leur confiance et leur intérêt pour le domaine seraient aussi particulièrement renforcés lorsqu’un soutien d’ordre pédagogique (avec des rétroactions régulières sur les apprentissages) leur est proposé plutôt qu’un soutien plus psychologique, qui se limite parfois à une simple bienveillance, voire à une forme de condescendance que les filles perçoivent très bien. Selon les comportements qu’ils adoptent en classe et le style d’interventions mis en œuvre, les enseignants peuvent aider les jeunes filles à surmonter leurs craintes ou réticences à entamer des études à forte composante mathématique.

Inciter les filles à faire des maths : le rôle essentiel des profs (theconversation.com)
Auteurs :  Docteure en sciences de l'éducation, Université de Liège
 Professeure en sciences de l'éducation, Université de Liège

  • Apprentissages
  • Enseigner et apprendre
    An@é

    Qui veut la peau de l'école?

    2 mois ago
    Le service public d'éducation n'a jamais été aussi malmené, brutalisé, méprisé que durant  ces dernières années... Par celles et ceux…

    L'école de la République n'est pas un vulgaire appendice de la "start-up nation"voulue par Emmanuel MACRON.

    L'éducation n'est ni un marché, ni une entreprise, ni une marchandise.

    Elle continue, même imparfaitement en raison des violentes attaques qui lui sont assénées par les petits commis de l'oligarchie, à être un levier pour davantage d'égalité et d'émancipation. Elle reste un rempart contre le triomphe global d'une vision libérale et réactionnaire de la société qui ne cesse de progresser. et qui vise à cliver encore davantage la population scolaire. Une élite bien à l'abri des petits "sauvageons" et les autres, les plus fragiles, les plus en difficulté qui recevront une éducation "au rabais", dans un entre-soi délétère.

    Nous avons à recréer entre l'école et les parents une vraie alliance fondée sur l'écoute, le respect, le partage et la volonté de construire ensemble un vrai projet éducatif dont notre pays a impérativement besoin.

    Ecouter le podcast

    Figeac Patrick

    Deux guides en Technologies Éducatives

    2 mois ago
    Edteq pose les bases de pratiques judicieuses et responsables en numérique éducatif. Jeudi le 14 mars a eu lieu à…

    Élaborés en collaboration avec l’OBVIA https://www.obvia.ca/, le CTREQhttps://www.ctreq.qc.ca/ et plusieurs autres collaborateurs issus de la recherche, des milieux éducatifs et de l’écosystème Edteq, ces guides sont dédiés respectivement aux concepteurs et aux professionnels de l’éducation en vue d’une conception et d’une intégration, judicieuses et responsables, pour les milieux éducatifs.

    En tant qu’adjoint parlementaire de la ministre de l’Enseignement supérieur, Mme Pascale Déry, M. Mario Asselin, député de Vanier-Les Rivières, représentait le gouvernement du Québec.

    Il a souligné le dynamisme du secteur québécois des EdTech.

    Notre gouvernement, dit-il est très sensible aux questions reliées au numérique et à la place qu’occupe cette question grandissante dans notre réseau d’éducation et dans nos vies. Ces guides permettent l’amorce d’une réflexion plus profonde pourl’ensemble des acteurs navigant de près ou de loin avec le numérique, mais surtout son implantation dans nos milieux académiques.

    Desjardins Caisse des Technologies https://caissetech.com/ offre des services et un accompagnement dédiés aux entrepreneurs en edtech, ce partenariat important marque un tournant dans le soutien et le rayonnement du secteur québécois des technologies éducatives.

    Deux guides en Technologies Éducatives Vers une intégration judicieuse et responsable en milieu éducatif

    Ce guide simple et pratique vise à inspirer et à accompagner les milieux éducatifs (primaire, secondaire, formation professionnelle, formation générale des adultes et enseignement postsecondaire) vers une utilisation judicieuse et responsable des technologies éducatives afin de promouvoir des pratiques innovantes au service de l’apprentissage et de l’enseignement. D’accès facile grâce à un graphisme dynamique et élégant, le document est bien conçu. Le texte des chapitres est accessible directement à partir de la table des matières si désiré.

    En introduction et contexte, on rappelle les trois orientations du Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur du ministère de l’Éducation du Québec https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/education/publications-adm/enseignement-superieur/Plan-action-numerique/PAN_Plan_action_VF.pdf et le Cadre de référence de la compétence numérique https://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/ministere/Cadre-reference-competence-num.pdf (MEES, 2019) qui regroupe les aptitudes jugées indispensables pour apprendre et évoluer au 21e siècle.

    Le guide s'intéresse aux ressources et aux outils technologiques pensés et conçus spécifiquement à des fins éducatives. On y présente les différentes catégories de technologies éducatives :

    1. Outils pédagogiques et didactiques
    2. Outils d’adaptation et d’inclusion scolaires
    3. Outils d’aide à la gestion
    4. Outils de collaboration, d’enseignement et d’accompagnement à distance
    5. Outils de formation et de soutien aux familles

    On présente une conception ainsi que quelques facteurs de l’intégration réussie d’une technologie éducative, suivi de pistes pour la planification pédagogique intégrant des technologies éducatives et trois exemples concrets du contexte québécois d’intégration réussie dans les milieux scolaires :

    Le guide se termine par des conseils d'application du modèle VATT :

    Le groupe américain Leading Educators https://leadingeducators.org/

    en partenariat avec Google pour l’éducation, du personnel enseignant, des gestionnaires et des équipes de recherche du monde entier, ont développé le Cadre de valeur ajoutée de la technologie pour l’enseignement. Le modèle VATT (Value Add of Technology on Teaching, https://leadingeducators.org/vatt/. Leading Educators, 2023) a été conçu pour aider le personnel enseignant à évaluer le potentiel que peut avoir une technologie éducative pour améliorer divers aspects de leur pratique, et ce, selon trois axes : faire plus, faire mieux et faire autrement.

    Voici le lien pour consulter ce guide :  https://www.edteq.ca/wp-content/uploads/2024/03/Guide-integration-technos-educatives-V1-mars-2024-.pdf?

    Guide en Technologies Éducatives Vers une conception judicieuse et responsable pour les milieux éducatifs

     Le second guide qui a les même qualités graphiques que le premier s’adresse aux concepteurs de technologies éducatives et a pour intention de les accompagner dans leur démarche de production. Ces derniers y trouveront des recommandations concernant la création d’entreprises en technologies éducatives, la conception et la commercialisation de nouveaux produits, ainsi que l’amélioration continue de solutions déjà commercialisées.

    Un des premiers chapitres présente le contexte du secteur des technologies à destination des milieux éducatifs, suivi de la même typologie des technologies éducatives présentée dans le premier guide. 

    La principale section présente les particularités du secteur EdTech que doivent prendre en considération les personnes qui désirent lancer un projet entrepreneurial, un pas à pas et d’utiles conseils aux entrepreneurs novices, suivis d’informations relatives au marché québécois, des conseils pour se développer à l’extérieur du Québec, un modèle d’affaire et un modèle de commercialisation adapté à ce domaine d’entreprise.

    La section suivante décrit le processus de conception allant de l’idée au déploiement d’une solution technologique éducative, les choix technologiques, la cybersécurité et la protection de la vie privée, particulièrement importante en contexte scolaire, le cadre légal, tout en n’oubliant pas la sobriété numérique ainsi que l’évaluation de l’impact de ces technologies auprès des clientèles scolaires.

    En fin de document, une section traite des tendances technologiques émergentes dans le monde de l’éducation et bien sûr de l’intelligence artificielle, des réalités augmentées et réalités virtuelles, du métavers et de ludification.

    Voici le lien pour consulter ce guide : https://www.edteq.ca/wp-content/uploads/2024/03/Guide-Edteq-conception-V1-mars-2024.pdf?

    Deux livrets numériques agréables à consulter qui transmettent avec efficacité de pertinentes informations.  Je les recommande fortement à quiconque intéressés par ces sujets.

    ..........................................

    [1]  Communiqué du lancement de 2 Guides en Technologies Éducatives : Edteq pose les bases de pratiques judicieuses et responsables en numérique éducatif

    https://ecolebranchee.com/lancement-guides-technologies-educatives-edteq/

    • Enseignants
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    • Technologies
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    • Outils pour la classe
    • Québec CA
      Ninon Louise LePage

      Deux guides en Technologies Éducatives

      2 mois ago
      Edteq pose les bases de pratiques judicieuses et responsables en numérique éducatif. Jeudi le 14 mars a eu lieu à…

      Élaborés en collaboration avec l’OBVIA https://www.obvia.ca/, le CTREQhttps://www.ctreq.qc.ca/ et plusieurs autres collaborateurs issus de la recherche, des milieux éducatifs et de l’écosystème Edteq, ces guides sont dédiés respectivement aux concepteurs et aux professionnels de l’éducation en vue d’une conception et d’une intégration, judicieuses et responsables, pour les milieux éducatifs.

      En tant qu’adjoint parlementaire de la ministre de l’Enseignement supérieur, Mme Pascale Déry, M. Mario Asselin, député de Vanier-Les Rivières, représentait le gouvernement du Québec. Il a souligné le dynamisme du secteur québécois des EdTech. Notre gouvernement, dit-il est très sensible aux questions reliées au numérique et à la place qu’occupe cette question grandissante dans notre réseau d’éducation et dans nos vies. Ces guides permettent l’amorce d’une réflexion plus profonde pourl’ensemble des acteurs navigant de près ou de loin avec le numérique, mais surtout son implantation dans nos milieux académiques.

      Desjardins Caisse des Technologies https://caissetech.com/ offre des services et un accompagnement dédiés aux entrepreneurs en edtech, ce partenariat important marque un tournant dans le soutien et le rayonnement du secteur québécois des technologies éducatives.

      Deux guides en Technologies Éducatives Vers une intégration judicieuse et responsable en milieu éducatif

      Ce guide simple et pratique vise à inspirer et à accompagner les milieux éducatifs (primaire, secondaire, formation professionnelle, formation générale des adultes et enseignement postsecondaire) vers une utilisation judicieuse et responsable des technologies éducatives afin de promouvoir des pratiques innovantes au service de l’apprentissage et de l’enseignement. D’accès facile grâce à un graphisme dynamique et élégant, le document est bien conçu. Le texte des chapitres est accessible directement à partir de la table des matières si désiré.

      En introduction et contexte, on rappelle les trois orientations du Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur du ministère de l’Éducation du Québec https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/education/publications-adm/enseignement-superieur/Plan-action-numerique/PAN_Plan_action_VF.pdf et le Cadre de référence de la compétence numérique https://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/ministere/Cadre-reference-competence-num.pdf (MEES, 2019) qui regroupe les aptitudes jugées indispensables pour apprendre et évoluer au 21e siècle.

      Le guide s'intéresse aux ressources et aux outils technologiques pensés et conçus spécifiquement à des fins éducatives. On y présente les différentes catégories de technologies éducatives :

      1. Outils pédagogiques et didactiques
      2. Outils d’adaptation et d’inclusion scolaires
      3. Outils d’aide à la gestion
      4. Outils de collaboration, d’enseignement et d’accompagnement à distance
      5. Outils de formation et de soutien aux familles

      On présente une conception ainsi que quelques facteurs de l’intégration réussie d’une technologie éducative, suivi de pistes pour la planification pédagogique intégrant des technologies éducatives et trois exemples concrets du contexte québécois d’intégration réussie dans les milieux scolaires :

      Le guide se termine par des conseils d'application du modèle VATT :

      Le groupe américain Leading Educators https://leadingeducators.org/

      en partenariat avec Google pour l’éducation, du personnel enseignant, des gestionnaires et des équipes de recherche du monde entier, ont développé le Cadre de valeur ajoutée de la technologie pour l’enseignement. Le modèle VATT (Value Add of Technology on Teaching, https://leadingeducators.org/vatt/. Leading Educators, 2023) a été conçu pour aider le personnel enseignant à évaluer le potentiel que peut avoir une technologie éducative pour améliorer divers aspects de leur pratique, et ce, selon trois axes : faire plus, faire mieux et faire autrement.

      Voici le lien pour consulter ce guide :  https://www.edteq.ca/wp-content/uploads/2024/03/Guide-integration-technos-educatives-V1-mars-2024-.pdf?

      Guide en Technologies Éducatives Vers une conception judicieuse et responsable pour les milieux éducatifs

       Le second guide qui a les même qualités graphiques que le premier s’adresse aux concepteurs de technologies éducatives et a pour intention de les accompagner dans leur démarche de production. Ces derniers y trouveront des recommandations concernant la création d’entreprises en technologies éducatives, la conception et la commercialisation de nouveaux produits, ainsi que l’amélioration continue de solutions déjà commercialisées.

      Un des premiers chapitres présente le contexte du secteur des technologies à destination des milieux éducatifs, suivi de la même typologie des technologies éducatives présentée dans le premier guide. 

      La principale section présente les particularités du secteur EdTech que doivent prendre en considération les personnes qui désirent lancer un projet entrepreneurial, un pas à pas et d’utiles conseils aux entrepreneurs novices, suivis d’informations relatives au marché québécois, des conseils pour se développer à l’extérieur du Québec, un modèle d’affaire et un modèle de commercialisation adapté à ce domaine d’entreprise.

      La section suivante décrit le processus de conception allant de l’idée au déploiement d’une solution technologique éducative, les choix technologiques, la cybersécurité et la protection de la vie privée, particulièrement importante en contexte scolaire, le cadre légal, tout en n’oubliant pas la sobriété numérique ainsi que l’évaluation de l’impact de ces technologies auprès des clientèles scolaires.

      En fin de document, une section traite des tendances technologiques émergentes dans le monde de l’éducation et bien sûr de l’intelligence artificielle, des réalités augmentées et réalités virtuelles, du métavers et de ludification.

      Voici le lien pour consulter ce guide : https://www.edteq.ca/wp-content/uploads/2024/03/Guide-Edteq-conception-V1-mars-2024.pdf?

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      ..........................................

      [1]  Communiqué du lancement de 2 Guides en Technologies Éducatives : Edteq pose les bases de pratiques judicieuses et responsables en numérique éducatif

      https://ecolebranchee.com/lancement-guides-technologies-educatives-edteq/

      Ninon Louise LePage

      Les 7 défis des médias face à l’intelligence artificielle

      2 mois ago
      L’intelligence artificielle (IA) promet une transformation profonde de l’industrie médiatique et, plus globalement, de la manière dont nous produisons, consommons…

      À peine digéré les bouleversements entraînés par l’ère Internet et l’expansion des plateformes sociales, les médias font face à un nouveau défi de taille, l’intelligence artificielle. Une lame de fond qui charrie des changements encore plus fulgurants, radicaux et disruptifs que cette fameuse révolution numérique qui secoue le secteur depuis une vingtaine d’années.

      En un peu moins d’un an, la déflagration de l’intelligence artificielle générative a bousculé tous les secteurs, médias compris. D’abord comme un fait d’actualité, puis comme une technologie capable de transformer profondément la fabrique de l’info, de la cave au grenier, de la collecte de l’information à sa distribution.

      Confrontés à une chute sans précédent de la confiance des publics, à des audiences qui se détournent de l’actualité, aux difficultés de monétisation et à la précarisation de la profession, les journalistes oscillent entre l’intuition d’opportunités inédites et la peur du remplacement, pur et simple.

      Cependant, à regarder de plus près le fonctionnement et les capacités actuelles de l’IA, l’émergence d’une armée de robots-journalistes reste de l’ordre de la science-fiction. En revanche, les indices qui montrent que l’intelligence artificielle représente une formidable opportunité de réinvention de la fabrique de l’information sont bien plus réels et concrets.

      Pour mettre l’IA du côté des médias et écrire un nouveau chapitre dans l’histoire du journalisme, il est nécessaire d’en comprendre le fonctionnement, les enjeux et les dangers. Tour d’horizon des défis posés aux médias par l’intelligence artificielle.

      1) Sortir de la sidération et démystifier l’IA

      Depuis la mise en ligne de ChatGPT, en novembre 2022, un flot continu de nouvelles fonctionnalités dopées à l’intelligence artificielle a inondé l’espace médiatique et provoqué un effet de sidération à l’échelle de la planète.

      Au balcon de cette révolution, les médias tentent de suivre le rythme pour chroniquer les prouesses fulgurantes et inédites des modèles de langages, ces programmes informatiques capables d’interagir en langage naturel et de créer des contenus textuels et audiovisuels plus vrais que nature. Face à ses performances spectaculaires et inédites, marchant clairement sur les platebandes des médias, ChatGPT a ouvert la perspective d’un remplacement partiel ou total du métier de journaliste.

      Le raisonnement est le suivant : si les IA sont capables de collecter, trier et mettre en forme l’information, ainsi que de personnaliser la réponse et le style pour chaque lecteur, avec des résultats bluffants, alors elles représentent une menace directe pour le secteur.

      Une menace de remplacement de l’homme par la machine d’autant plus légitime que les IA génératives sont précisément conçues pour copier et dépasser les capacités humaines en termes de langage, de raisonnement, de créativité, de planification et de prise de décision. Le tout, avec des promesses d’efficacité et de productivité exponentielles.

      Pourtant, malgré cette volonté de surpassement des habilités humaines, le fonctionnement et les compétences intrinsèques des IA génératives n’en font pas des journalistes en puissance, ni même des sources pertinentes

      • Aussi puissants soient-ils, les ChatGPT et autres agents conversationnels n’ont aucune expérience du monde sensible. Ils sont incapables de distinguer le vrai du faux ou la réalité de la fiction, et ils ont encore moins la capacité d’exercer un esprit critique ou moral.
      • Il s’agit de « boîtes noires », dont il n’est pas possible de retracer les étapes de raisonnement ou d’identifier les sources exactes.
      • Par ailleurs, les chatbots ne peuvent pas être considérés comme des moteurs de recherche fiables, car ils font l’objet d’« hallucinations » et de biais liés à leur fonctionnement basé sur des modèles statistiques travaillant par probabilité. Rappelons aussi que la connaissance acquise par les IA génératives a pour objectif de former et d’entrainer les grands modèles de langage. Elle n’a donc pas pour vocation première de servir de base de données factuelle consultable par les utilisateurs.
      • Enfin, les IA sont limitées à la production de contenus vraisemblables, très convaincant, mais sans garantie d’exactitude. 

      Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, les IA ne peuvent être considérées comme des journalistes ou des sources crédibles. Au mieux, elles peuvent jouer le rôle d’assistant-stagiaire capable de structurer des données pour explorer un sujet, tout en restant bornées à une connaissance purement théorique, formelle et statistique d’un sujet.

      Il est donc nécessaire de sortir de la sidération et d’évacuer le fantasme du robot-journalisme. Ce n’est pas le métier qui est remis en cause, mais des tâches spécifiques à faible valeur-ajoutée et à fort impact organisationnel : bâtonnage de dépêches, édition d’articles, transcription de textes en contenus audiovisuels, production automatique de newsletters, etc. (Voir point 3)

      2) Baliser les usages de l’IA et former les équipes

      Pour garantir une utilisation responsable et profitable des intelligences artificielles au sein des médias, la charte est certainement l’outil le plus efficace. Elle permet en effet d’encadrer les pratiques et de promouvoir des usages éclairés et raisonnés.

      La rédaction d’une charte est, par ailleurs, un exercice mobilisateur qui offre à chaque média l’opportunité de consolider son ADN éditorial, ses valeurs et ses missions. Au cœur de cette réflexion, la déontologie journalistique et les questions liées à la relation avec les publics, à travers les enjeux de confiance et de crédibilité.

      Petit tour d’horizon non exhaustif des ingrédients présents dans les chartes IA élaborées jusqu’ici par les médias : 

      • La supervision humaine systématique des contenus traités par l’IA ;
      • la transparence des pratiques, au sein des rédactions et vis-à-vis des audiences ;
      • la liste des usages autorisés et interdits ;
      • les maillons de la fabrique de l’info concernés ;
      • l’imputabilité et la responsabilité des contenus ;
      • le respect de la vie privée et du droit d’auteur ;
      • les objectifs stratégiques ;
      • la gestion des biais et le choix des outils ;
      • etc. 

      Évoquons également deux limites de cet exercice. La première consiste à s’engager sur des principes et des règles de conduite alors qu’il est impossible de prédire ce que la technologie permettra à court et moyen termes. Ces chartes seront donc amenées à évoluer.

      La seconde concerne la garantie d’une supervision humaine systématique pour tous les contenus produits ou édités par une IA. Une position qui ferme la porte à la création de chatbots autonomes, ainsi qu’à la génération et la diffusion automatisées de textes et de productions audiovisuelles.

      Jusqu’à maintenant, l’automatisation de la production de contenu était majoritairement basée sur des systèmes dont on pouvait contrôler les procédures (machine learning) et les bases de données mobilisées. C’est ainsi que de nombreux médias ont automatisé la production de contenus spécialisés : résultats sportifs, boursiers, électoraux, météos, etc. Avec l’IA et son processus d’apprentissage automatique (deeplearning), la maîtrise et la transparence des processus ne sont plus possibles. Une situation qui pose la question de la responsabilité éditoriale.

      Parallèlement à l’élaboration d’une charte, la formation continue des équipes est une étape indispensable à l’intégration de l’intelligence artificielle dans les rédactions. De la formation dépend aussi la qualité de la couverture de l’IA, comme objet journalistique. À l’image du climat, il s’agit d’une thématique transversale qui nécessite une connaissance et un outillage spécifiques.

      3) Identifier les opportunités de gains de productivité, sans tabou

      Parmi la liste des opportunités offertes par l’IA, l’automatisation des tâches répétitives et chronophages fait partie des plus prometteuses. La baisse du coût d’accès à la technologie permet en effet de poser un nouveau regard sur des problèmes hérités de l’ère industrielle, restés jusqu’ici sans solution.

      Tous les étages de la fabrique de l’information sont concernés, de la collecte à la distribution, en passant par l’édition et la mise en forme. La presse est particulièrement concernée par des processus industriels constellés de tâches manuelles et artisanales à faible plus-value. Autant de freins qui réduisent le temps et les moyens disponibles pour les tâches fondamentales du journalisme : trouver, vérifier, hiérarchiser et raconter l’information.

      Les gains de productivité promis par les IA pourraient se résumer ainsi : moins de bâtonnage, plus d’enquêtes, de reportages et de nouveaux services aux lecteurs.

      Depuis plus de 10 ans, des rédactions utilisent l’automatisation pour produire des articles à partir de données structurées sur le sport, la bourse ou encore la météo. Des exemples qui en préfigurent d’autres : 

      • Édition : classification des contenus (tagging), optimisation des articles pour le référencement, reformatage et synthèse.
      • Traitement : retranscription textuelle d’interview sonore, traduction, synthèse de documents, recherche dans de vastes bases de données, data visualisation, lutte contre la désinformation, etc.
      • Distribution et diffusion : recommandation de contenus, newsletters automatiques et personnalisées.
      • Nouveaux services : production de contenus multimédia et déclinaison multilingue d’une offre éditoriale. 

      Des exemples d’applications ciblées et plus nuancées que les vaines expérimentations de CNet aux États-Unis ou de Bild en Allemagne visant à remplacer les journalistes par des machines.

      Utilisée pour soutenir le journalisme, l’IA offre des opportunités de dépassement des limites industrielles actuelles. Une dynamique à même d’aider les médias à améliorer les processus de production, inventer de nouveaux services aux lecteurs et de générer de nouvelles sources de revenus.

      4) Se préparer à l’émergence des assistants IA

      L’adoption de l’IA par le grand public doit beaucoup aux chatbots nouvelle génération. L’ergonomie et la performance de ces agents conversationnels ont ringardisé la méthode traditionnelle de recherche proposée par les navigateurs web. À quoi bon devoir éplucher des pages de liens et slalomer entre les publicités, alors qu’il suffit de poser une question à son assistant personnel pour obtenir instantanément une réponse claire et circonscrite, tout en ayant la possibilité d’affiner la réponse attendue ? La promesse d’un « moteur de réponse » plutôt que celle d’un moteur de recherche. Une réponse, plutôt qu’une liste de liens et de nouvelles recherches à entreprendre.

      La personnalisation des échanges et des réponses en fonction du contexte de chaque utilisateur constitue l’autre atout majeur des assistants dopés à l’intelligence artificielle. Des prouesses impressionnantes qui montent en puissance grâce au deep profiling. Cette technique combine un accès à nos données personnelles, aux ressources publiques, un traitement statistique poussé, des capacités de mémorisation et la magie de l’apprentissage automatique, continu et autonome.

      « Mieux vous comprendre pour mieux vous servir » pourrait être le slogan de ces nouveaux assistants personnels. Une logique qui a commencé à s’installer au cœur même des navigateurs grand public et des suites logicielles, à l’image du Copilot de Microsoft.

      Aussi pratique et efficace soit-elle, l’hyperpersonnalisation de l’accès à l’information implique de nombreux risques pour le débat démocratique. La place publique numérique, déjà largement modelée par les algorithmes des grandes plateformes, risque de perdre encore du terrain. La médiation de ces agents conversationnels opaques contribue, en effet, à réduire la surface de l’espace public numérique composé d’informations accessibles et partagées par le plus grand nombre.

      Un risque amplifié par l’absence de transparence des sources et le phénomène d’hallucination propres au fonctionnement de l’intelligence artificielle.

      Sans compter les effets de bord connus de la recommandation algorithmique : amplification des bulles de filtres, biais en tous genres, renforcement des opinions existantes ou réduction des chances d’être confronté à la contradiction.

      5) Anticiper le déclin de l’économie du lien

      La révolution des assistants personnels ouvre la voie à un nouveau paradigme pour le partage et la recherche d’information en ligne. Ils dessinent un monde dans lequel la pertinence des moteurs de recherche tel qu’on les connait aujourd’hui est remise en cause et où l’écosystème qui vit du dynamisme et de l’architecture du web, basés sur les liens, est menacé.

      Facebook avait déjà ouvert une brèche dans les principes fondateurs du web en proposant un univers numérique fermé, un web social privatisé.

      Pour sa part, Google a court-circuité le maillage de liens en introduisant le système de Knowledge Graph, en 2012, sous la forme de snippets, ces blocs présents sur la page de recherche qui synthétisent les réponses extraites des sites web. Une mise en valeur d’extraits de contenus qui avait abouti à une chute de trafic des sites concernés, à l’image de Wikipédia qui avait vu les visites sur ses pages chuter drastiquement.

      Vingt ans après Facebook, c’est l’entreprise américaine perplexity.ai qui bouscule le modèle du web, en défiant Google sur son propre terrain, le search. Comment ? En proposant un produit hybride et payant, pour accéder à l’information. Mi-chabot, mi-moteur de recherche, une synthèse des deux mondes. Microsoft et OpenAI explorent la même piste, en s’appuyant sur Bing. D’un côté, l’accès à la connaissance disponible en ligne et de l’autre, la commodité d’un agent conversationnel capable d’identifier les sources, de les trier et de les synthétiser tout en fournissant des réponses multimodales (texte, son, vidéo et code).

      Ce faisant, perplexity.ai rebat les cartes de la recherche en ligne en définissant de nouvelles règles pour accéder à l’information, avec à la clé, des conséquences incalculables pour le fonctionnement et l’économie du web.

      Du point de vue des médias, ce grand chambardement implique de nouveaux intermédiaires qui accaparent la valeur des productions journalistiques, digèrent l’information et imposent de nouvelles règles sans contrepartie financière, ni garantie de visibilité. En effet, si les chatbots se substituent aux moteurs de recherche pour fournir une réponse clé en main, la logique de redirection des internautes vers les sites d’information disparait ou s’estompe.

      Une dynamique qui ouvre la perspective d’une perte d’exposition des contenus aboutissant à une chute de trafic et donc à des pertes de revenus, provenant à la fois du marché publicitaire et de celui des lecteurs.

      En résumé, s’il n’est plus nécessaire de visiter un site pour obtenir l’information, comment parvenir à financer des médias privés de l’apport du trafic issu du web ?

      Une remise en cause de l’économie du lien telle qu’elle existe depuis la création du web. Une économie construite sur la libre circulation de l’information, les interactions, la collaboration et la création de valeur partagée au sein de l’écosystème du World Wide Web.

      Alors que les cendres de la bataille des droits voisins avec Google sont encore fumantes, les éditeurs ont vu, l’année dernière, Facebook déclasser leurs contenus dans les fils d’actualité, les privant de visibilité au sein de la plus grande plateforme sociale du monde.

      Un coup de semonce qui pousse les éditeurs à réinventer leur modèle, au carrefour de l’économie de l’attention, du lien et des contenus. Des éditeurs tiraillés entre la volonté de bénéficier des opportunités offertes par les plateformes d’IA, le développement des paywall et la perspective de voir encore leur contenu pillé par ces nouveaux infomédiaires, sans contrepartie. Pour l’instant, l’attitude de l’industrie médiatique consiste majoritairement à bloquer, tant bien que mal, l’indexation de leur contenu, en attendant que des négociations se mettent en place ou qu’un encadrement juridique s’impose aux différents acteurs.

      Face à ces nouvelles réalités, les médias n’ont d’autres choix que de renforcer les liens avec leurs lecteurs en multipliant les points de contact, en développant des services sur-mesure, en certifiant l’information et en développant des espaces propices au débat public.

      6) Éviter les pièges de la dépendance technologique

      Alors que la dépendance aux réseaux sociaux et que la bataille pour la visibilité des contenus journalistiques dans les moteurs de recherche constituent encore des enjeux majeurs, les médias entament un nouveau bras de fer avec les géants de l’IA concernant l’exploitation de leurs contenus.

      Pour l’heure, on peut distinguer deux types d’approches. La première consiste à bloquer l’accès aux archives et à réclamer une rémunération pour l’exploitation des contenus. C’est la position défendue par la majorité des éditeurs, à l’image du New York Times qui a, par ailleurs, intenté un procès au créateur de ChatGPT. Le journal américain accuse OpenAI de violation du droit d’auteur et d’exploitation illégale de ses contenus pour nourrir son intelligence artificielle.

      La seconde posture consiste à conclure des partenariats avec les fournisseurs de solution d’intelligence artificielle, au premier rang desquels OpenAI et ChatGPT. C’est le cas du Monde (premier média français à conclure un tel accord), d’Associated Press et du groupe Axel Springer qui ont tous négocié avec OpenAI des contreparties, comme la possibilité de diffuser des contenus dans les résultats fournis par ChatGPT, l’accès exclusif à des outils IA pour les rédactions et la collaboration directe avec les équipes techniques.

      Quant à Google, ses équipes travaillent sur le projet Genesis qui vise « à fournir éventuellement des outils activés par l’IA pour aider les journalistes dans leur travail ». Microsoft a choisi le site Semafor pour développer des outils de recherche à destination des rédacteurs, mais aussi pour la création de formats de synthèse à destination des lecteurs.

      En choisissant d’opter pour tel ou tel outil d’IA, les médias s’exposent à des risques nombreux et variés : dépendance, sécurité et confidentialité du traitement des données, flou sur la légalité des méthodes et des sources d’entrainement, manque de transparence sur leur fonctionnement, variation des coûts, etc. Il est donc crucial de s’assurer que les solutions techniques développées soient suffisamment flexibles pour permettre de changer aisément de modèles de langage de référence, en cas de besoin.

      Il est également nécessaire de garder à l’esprit que l’intelligence artificielle et les modèles de langage sont des boîtes noires, techniques et juridiques, au cœur d’une grande bataille pour la souveraineté technologique à l’échelle mondiale. La capacité des éditeurs à labelliser leur contenu, afin de tracer son utilisation et son exploitation par les modèles de langage, constitue une étape incontournable pour permettre à l’industrie des médias de faire valoir ses droits. Un enjeu qui nécessitera une coopération étroite entre tous les acteurs du secteur.

      7) S’armer face au péril du désordre informationnel généralisé

      À la faveur de l’accessibilité grandissante des outils dopés à l’IA, un flot de médias automatisés et synthétiques, produits de façon industrielle, menace de submerger le web.

      À l’image des opérations de déstabilisation et de désinformation qui ont lieu lors des campagnes électorales, les techniques de flooding déjà à l’œuvre promettent de s’amplifier et de déstabiliser les démocraties. En 2024, la moitié de l’humanité doit se rendre aux urnes et les premiers exemples de deepfakes et de manipulations envahissent déjà le web et les réseaux sociaux.

      En offrant la possibilité de personnaliser les contenus à large échelle, ainsi que de varier à l’infini les formats (sites, publications sur les réseaux sociaux, podcasts, vidéos, etc.), l’intelligence artificielle renforce encore l’efficacité et l’impact des contenus synthétiques.

      Que les contenus produits soient malveillants ou pas, ce phénomène nourrit un grand désordre informationnel et dessine les contours d’un monde au sein duquel il n’est plus possible de distinguer avec certitude ce qui est vrai ou ce qui ne l’est pas, si un contenu a été généré par une machine ou par un humain.

      Si les volumes de ces contenus venaient à dépasser certains seuils critiques, ils entreraient massivement dans la boucle d’apprentissage des systèmes d’intelligence artificielle et contamineraient de facto les bases de données nécessaires à leur développement. À la clé de ce scénario dystopique, un univers informationnel où primeraient l’uniformisation des savoirs, des informations factuellement fausses, trompeuses ou de faible qualité et la reproduction sans fin des mêmes biais. Un monde gangréné par le poison du doute, l’approximation, la confusion et la suspicion systématique.

      Dans un tel scénario, les médias feront partie des rares bastions capables de repousser les assauts du faux, du fake et du vraisemblable. Ils devront plus que jamais contribuer à la diversité des sources et des opinions, ainsi que certifier l’info en signant leurs contenus de la mention : « Écrit et vérifié par [ce journaliste], pour [tel média] ».

      Auteur : Nicolas Becquet

      Cet article est publié sous licence Creative Commons (CC BY-ND 4.0). Il peut être republié à condition que l’emplacement original (fr.ejo.ch) et les auteurs soient clairement mentionnés, mais le contenu ne peut pas être modifié.

       https://fr.ejo.ch/a-la-une/les-7-defis-des-medias-face-a-lintelligence-artificielle

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        An@é

        Festival Normandie Impressionniste : 150 événements pour les 150 ans de l’impressionnisme

        2 mois ago
        Le 22 mars 2024, c’est le top départ du Festival Normandie Impressionniste. Pendant six mois, dans toute la Région Normandie…Zao Wou-Ki, David Hockney, Whistler…

        Le Festival est exceptionnel par sa couverture territoriale, sa durée, et la richesse des événements. La programmation est audacieuse. Près de la moitié des propositions sont en lien avec l’art contemporain. Et tout est fait pour faire venir un large public à l’art, notamment à l’art contemporain. L’impressionnisme reste le fil conducteur.

        Zao Wou-Ki, le plus Français des peintres Chinois et grand admirateur de Monet, est exposé aux Franciscaines de Deauville – un lieu de vie autant qu’un musée. Le Musée des Beaux-Arts de Rouen met à l’affiche Normandism de David Hockney. L’artiste fait son retour à la peinture par des paysages et portraits de cette région dans laquelle il vit depuis 2019. Ce même musée exposera Whistler pour rendre accessible son esthétique. A Cabourg, la Villa du Temps retrouvé propose un focus sur le peintre Vuillard et en contrepoint L’héritage digital de l’impressionnisme de Davide Quayola.

        Un des premiers succès populaires du Festival est Digital ParadICE de Miguel Chevalier, une toile interactive aux dimensions de la patinoire de Rouen. D’autres lieux inattendus créent la surprise.

        Déjanté et amusant

        Au CHU de Rouen, Le Théâtre des Hasards de Damien Poulain - installation colorée sous une vitrine - sera accessible aux patients, soignants et visiteurs. L’artiste sera également présent à la Gare de Rouen. L’art numérique est souvent associé à des illuminations.

        Le grand scénographe et plasticien Robert Wilson conçoit une installation son et lumière à la Cathédrale Notre-Dame de Rouen sur le thème de la fragilité du monde. C’est un des événements phares du Festival, la musique de Philip Glass accompagne Isabelle Huppert qui lira des poèmes très engagés de Maya Angelou. La danse contemporaine est bien représentée avec des pièces chorégraphiques monumentales. L’une d’elles dont le thème est l’environnement mettra en scène quarante amateurs.

        Le patrimoine est revisité avec créativité et humour. Ô dingos, ô châteaux au Château des Ravalet à Cherbourg s’annonce déjanté et amusant. Des œuvres de plasticiens internationaux sont réunies pour leurs excentricités.

        Très attendu l’opéra Stalker - l’adaptation du film d’Andreï Tarkovski - mêle science-fiction et supports visuels. L’écoute est immersive et le public déambule librement parmi les artistes dans des sites patrimoniaux : l’Abbatiale Saint-Ouen de Rouen, la Filature Levasseur... Il y aura aussi de nombreux projets participatifs. Digi’Impressionniste du photographe Paul Rousteau invite à la création cent lycéens de cinq lycées de Normandie.

        Fatma Alilate

        Festival Normandie Impressionniste 2024
        Président Joachim Pissarro.
        Directeur Philippe Platel.
        Commissaire Philippe Piguet.
        Du 22 mars au 22 septembre 2024

        Crédit photo : Philippe Platel, directeur du Festival Normandie Impressionniste © Fatma Alilate

        • Arts et culture
          Fatma Alilate

          Festival Normandie Impressionniste : 150 événements pour les 150 ans de l’impressionnisme

          2 mois ago
          Le 22 mars 2024, c’est le top départ du Festival Normandie Impressionniste. Pendant six mois, dans toute la Région Normandie…Zao Wou-Ki, David Hockney, Whistler…

          Le Festival est exceptionnel par sa couverture territoriale, sa durée, et la richesse des événements. La programmation est audacieuse. Près de la moitié des propositions sont en lien avec l’art contemporain. Et tout est fait pour faire venir un large public à l’art, notamment à l’art contemporain. L’impressionnisme reste le fil conducteur.

          Zao Wou-Ki, le plus Français des peintres Chinois et grand admirateur de Monet, est exposé aux Franciscaines de Deauville – un lieu de vie autant qu’un musée. Le Musée des Beaux-Arts de Rouen met à l’affiche Normandism de David Hockney. L’artiste fait son retour à la peinture par des paysages et portraits de cette région dans laquelle il vit depuis 2019. Ce même musée exposera Whistler pour rendre accessible son esthétique. A Cabourg, la Villa du Temps retrouvé propose un focus sur le peintre Vuillard et en contrepoint L’héritage digital de l’impressionnisme de Davide Quayola.

          Un des premiers succès populaires du Festival est Digital ParadICE de Miguel Chevalier, une toile interactive aux dimensions de la patinoire de Rouen. D’autres lieux inattendus créent la surprise.

          Déjanté et amusant

          Au CHU de Rouen, Le Théâtre des Hasards de Damien Poulain - installation colorée sous une vitrine - sera accessible aux patients, soignants et visiteurs. L’artiste sera également présent à la Gare de Rouen. L’art numérique est souvent associé à des illuminations.

          Le grand scénographe et plasticien Robert Wilson conçoit une installation son et lumière à la Cathédrale Notre-Dame de Rouen sur le thème de la fragilité du monde. C’est un des événements phares du Festival, la musique de Philip Glass accompagne Isabelle Huppert qui lira des poèmes très engagés de Maya Angelou. La danse contemporaine est bien représentée avec des pièces chorégraphiques monumentales. L’une d’elles dont le thème est l’environnement mettra en scène quarante amateurs.

          Le patrimoine est revisité avec créativité et humour. Ô dingos, ô châteaux au Château des Ravalet à Cherbourg s’annonce déjanté et amusant. Des œuvres de plasticiens internationaux sont réunies pour leurs excentricités.

          Très attendu l’opéra Stalker - l’adaptation du film d’Andreï Tarkovski - mêle science-fiction et supports visuels. L’écoute est immersive et le public déambule librement parmi les artistes dans des sites patrimoniaux : l’Abbatiale Saint-Ouen de Rouen, la Filature Levasseur... Il y aura aussi de nombreux projets participatifs. Digi’Impressionniste du photographe Paul Rousteau invite à la création cent lycéens de cinq lycées de Normandie.

          Fatma Alilate

          Festival Normandie Impressionniste 2024
          Président Joachim Pissarro.
          Directeur Philippe Platel.
          Commissaire Philippe Piguet.
          Du 22 mars au 22 septembre 2024

          Crédit photo : Philippe Platel, directeur du Festival Normandie Impressionniste © Fatma Alilate

          Fatma Alilate

          Lancement de 35e Semaine de la presse et des médias dans l'École

          2 mois ago
          Organisée par le CLEMI, la Semaine de la presse et des médias dans l’École est devenue en 35 ans le…Le lancement officiel s’est tenu le 11 mars au studio 104 de radio France, en présence de nombreux partenaires, de journalistes, des 10 classes franciliennes et de Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse.

          La ministre a déclaré :

          « Face au chaos informationnel, l’Ecole a évidemment une éminente responsabilité. Il faut donner à chaque élève, par l’éducation aux médias et à l’information, les moyens de développer son esprit critique et de se défendre face à tous les phénomènes qui se développent sur internet et sur les réseaux ; que ce soit la désinformation, les discours de haine, l’amplification des biais de confirmation et l’insularisation des points de vue qui enferme les esprits dans la fréquentation du même. »

          C’est l’action la plus importante au sein du système éducatif français, dont le rayonnement s’étend désormais au-delà de nos frontières.
          Elle mobilise cette année encore 290 000 enseignants – professeurs des écoles, professeurs documentalistes et enseignants de toutes les disciplines, 4,7 millions d’élèves et 1 800 partenaires engagés nos côtés pour faire découvrir l’univers de la presse et des médias aux élèves de la maternelle au lycée.

          Cette 35ᵉ édition sur le thème de « L’info sur tous les fronts » aborde les enjeux actuels du journalisme sous pression, de l’IA et du traitement médiatique de l’écologie et du climat. En cette année placée sous le sceau des valeurs de l’olympisme chères au monde de l’éducation, la 35ᵉ Semaine de la presse et des médias dans l’École se décline aussi sur le front du sport, dans sa dimension universelle, fédératrice, pédagogique et citoyenne !

          En s'appuyant sur de nombreux partenariats noués avec les acteurs nationaux, régionaux et locaux, la Semaine de la presse et des médias dans l’École s’incarne dans de multiples activités pédagogiques, des plus basiques aux plus innovantes.

          Découvrez le dossier de presse de cette 35ᵉ édition de la Semaine de la presse et des médias dans l'École : l’accompagnement pédagogique, les innovations proposés par le CLEMI, ainsi qu’une sélection des actions menées dans chacune des académies.

          Rendez-vous le 18 mars pour une

          Semaine de la presse et des médias dans l’Ecole sur tous les fronts !

          • Médias
          • Culture des médias
            An@é

            "Les écrans" : un réel danger pour les apprentissages des élèves ?

            2 mois ago
            De nombreux médias véhiculent l’idée que « les écrans » auraient une influence néfaste sur le développement des enfants, nourrissant… Ce que certains avaient identifié comme « une révolution numérique » à venir (Science et Avenir, 1993) affecte aujourd’hui les activités humaines dans toutes leurs dimensions, y compris l’éducation.

            La pandémie COVID-19 a notamment testé la capacité de notre système éducatif à assurer une continuité pédagogique en mobilisant les outils numériques dans l’urgence. Face aux lacunes identifiées à cette occasion, le gouvernement français a déployé la stratégie d’accélération Enseignement et numérique pour accompagner notre système éducatif dans sa « révolution numérique ».

            Cette stratégie inclut le déploiement des Territoires numériques éducatifs qui mettent à disposition des équipements numériques et assurent la formation et l’accompagnement des enseignants en fonction des besoins locaux et des ressources pédagogiques disponibles dans les classes, ainsi que des parents pour favoriser leur implication dans la scolarité de leur enfant. T

            outefois, la mise en place de cette stratégie sur le terrain rencontre parfois des réticences de la communauté enseignante à mobiliser des outils numériques. Un récent diagnostic sur la perception par des enseignants du 1er degré des enjeux de l’éducation au numérique indique que « les dangers, le rôle des familles et le temps passé devant les écrans sont les principaux thèmes mobilisés lors des entretiens conduits au sein des écoles. Les dangers sont principalement appréhendés sous l’angle des effets du temps passé devant les écrans sur la santé physique et psychique des élèves » (Edu2030, 2023, p. 30).

            Ces craintes font écho aux messages fréquemment véhiculés par les médias au sujet « des écrans », dont l’utilisation serait délétère pour la santé et le développement des capacités d’apprentissage, notamment des enfants.

            Ces messages négatifs (e.g., « Les écrans et nos enfants. Au secours ! », magazine Parents, septembre 2023), voire farfelus (e.g., les liens supposés entre autisme et temps d’écran, Zone interdite, septembre 2023) participent au développement de croyances négatives à propos du numérique.

            À contre-pied de ces messages chocs, la littérature scientifique souligne la complexité du lien entre numérique et apprentissage, et la nécessité d’adopter une analyse fine et contextualisée des résultats, tenant compte de la nature des outils (e.g., télévision vs tablette), du type d’usage (e.g., actif vs passif), des caractéristiques des enfants (e.g., milieu social d’origine) et des pratiques pédagogiques afin d’identifier les réels bénéfices et limites des outils numériques pour l’éducation. L’objectif de cet article est de contribuer, à travers une synthèse des connaissances scientifiques actuelles, aux réflexions sur l’usage des outils numériques éducatifs à l’école primaire.

            Prêter attention à la méthodologie des études scientifiques pour s'approprier leurs conclusions Ces dernières décennies, les recherches sur l’impact du numérique sur le fonctionnement cognitif se sont considérablement développées, générant un vaste corpus de résultats.

            Toutefois, les méthodes employées varient largement, et avec elles, la portée de leurs conclusions. Pourtant de nombreux médias négligent la méthodologie des études et s’emparent de leurs conclusions sans en souligner les limites. L’étude de Walsh et al. en 2018, très médiatisée, en est une bonne illustration.

            En examinant les résultats de plus de 4 500 enfants de 8 à 11 ans, les auteurs ont constaté une variation du quotient intellectuel (QI) en fonction du temps passé devant les écrans. Les enfants passant plus de deux heures par jour devant les écrans avaient un QI de 4,25 points inférieur aux autres. Sur la base de ce résultat, de nombreux médias ont formulé des conclusions alarmistes sur le prétendu danger des écrans pour le développement intellectuel des enfants.

            Pourtant, cette étude ne permet pas de conclure à un lien de cause à effet entre l’exposition aux écrans et la baisse de QI, en raison de la nature corrélationnelle du protocole de recherche. Dans ce type de protocole, les chercheurs n’interviennent pas dans l’environnement, ils se contentent d’observer les liens entre différents comportements qui se produisent naturellement.

            Si l’étude de Walsh montre une association entre le temps d’écran et le QI, elle ne permet en aucun cas d’affirmer que l’un est la cause de l’autre. Ainsi, l’hypothèse selon laquelle l’exposition aux écrans ralentirait le développement cognitif est tout aussi plausible que l’idée que les enfants ayant des capacités cognitives plus faibles sont davantage attirés par les écrans. De plus, la relation entre temps d’écran et QI pourrait être sous-tendue par un facteur externe poussant à la fois à passer plus de temps devant les écrans et à avoir un QI plus faible (e.g., l’environnement socioculturel, Ribner et al., 2017).

            Cet exemple témoigne du risque de surinterprétation sur la base d’études corrélationnelles et de l’importance cruciale de porter attention à la méthodologie des études scientifiques.

            D’autres méthodes statistiques permettent de contourner les difficultés pointées précédemment et d’estimer les effets de causalité.

            Ainsi, Madigan et al. (2019) ont analysé, avec des modèles d’équation structurelle multiniveaux, les données recueillies dans le cadre d’une étude longitudinale auprès des mères de près de 2 500 enfants de 2 à 5 ans. Celles-ci ont rempli à trois temps (2, 3 et 5 ans) des questionnaires sur le temps passé par leurs enfants sur les écrans ainsi que sur leur développement (moteur, cognitif et social).

            Les chercheurs ont observé un lien négatif entre le temps d’écran et le développement ultérieur des enfants (entre 24 et 36 mois, et entre 36 mois et 60 mois). Toutefois, les résultats indiquaient qu’il faudrait qu’un enfant passe 6 à 8,5 heures par jour sur des écrans pour que le score de QI des enfants diminue de 4,25 points, comme observé dans l’étude de Walsh et al. (2018 ; voir Guez & Ramus, 2019). Les résultats de cette étude présentent de premiers arguments pour relativiser les résultats alarmants véhiculés dans les médias à partir des travaux de l’équipe de Walsh.

            Au-delà de ces études, d’autres types de protocoles de recherche, appelés « études expérimentales », permettent spécifiquement d’étudier les liens de cause à effet. Ils testent spécifiquement l’effet d’un ou plusieurs facteurs (e.g., l’utilisation d’un logiciel numérique éducatif) sur un comportement (e.g., les performances en géométrie), en comparant les comportements d’individus dans différentes situations (e.g., entraînement avec un logiciel numérique éducatif vs avec des exercices sur papier), ou à différents temps de mesure (e.g., à 6 mois d’intervalle).

            Au-delà de l’intérêt que présentent les études scientifiques isolées, les revues systématiques de la littérature et les méta-analyses permettent d’accéder à une vision globale des conclusions scientifiques.

            Les revues systématiques de la littérature synthétisent les résultats de l’ensemble des articles scientifiques traitant d’une problématique précise et sélectionnés au regard de leur qualité méthodologique. Les méta-analyses fournissent quant à elles une synthèse statistique de l’ensemble des données issues de la littérature scientifique, et quantifient la force de l’effet d’un facteur sur un comportement. Privilégier ce type d’articles scientifiques constitue ainsi un bon rempart contre les possibles biais de confirmation, qui nous poussent à prêter davantage attention aux résultats en accord avec nos convictions. Face à l’abondance de la littérature scientifique évaluant l’impact du numérique sur de nombreux domaines (e.g., santé physique et mentale, performances scolaires), ce type de publication scientifique est essentiel pour évaluer la validité des perceptions négatives de l’impact des outils numériques sur l’apprentissage des enfants. Elles constituent la base des propos rapportés dans la suite de cet article.

            Prêter attention au type d'outils numérique et aux usages npour éviter dde généraliser la question "des écrans"

            Pour évaluer finement l’impact des écrans sur le fonctionnement cognitif des enfants, il est indispensable de définir précisément le terme « écran », qui englobe des dispositifs aux caractéristiques et aux usages très différents, tels que la télévision, les tablettes, les smartphones ou les consoles de jeux.

            Ces variations engendrent des impacts différenciés sur les apprentissages, comme l’illustre la méta-analyse d’Adelantado-Renau et al. (2019), examinant le lien entre le temps d’utilisation des outils numériques et les résultats scolaires entre 4 et 18 ans. Les auteurs ont réanalysé les résultats issus de 30 études publiées entre 1958 et 2018 dans 23 pays, soit 106 653 participants, et observé que le temps passé devant les écrans (dans leur ensemble) n’influençait pas les performances scolaires. En revanche, le temps passé sur certains outils (regarder la télévision ou jouer à des jeux vidéo) était négativement associé aux résultats scolaires. Ces résultats soulignent les limites de la terminologie « les écrans », et invitent à analyser séparément l’impact des différents outils sur les performances scolaires.

            Au-delà des dispositifs considérés, l’usage qui en est fait est également un facteur important à prendre en compte.

            Ainsi, Kostyrka-Allchorne et al. (2017) ont évalué l’impact de l’exposition à la télévision sur le fonctionnement cognitif, les performances scolaires et le comportement d’enfants jusqu’à 14 ans. Sur la base de 76 articles, les auteurs identifient que les effets de l’exposition à la télévision dépendent de multiples facteurs liés au type d’exposition (frontale vs en arrière-plan), aux caractéristiques des programmes (e.g., contenu, rythme), ou encore aux caractéristiques de l’enfant (e.g., âge, QI, contexte familial).

            Par exemple, regarder des contenus éducatifs avant l’entrée à l’école pourrait améliorer les performances scolaires subséquentes. En revanche, cet effet n’apparaît plus chez des enfants plus âgés, les programmes éducatifs télévisés semblant au contraire susceptibles d’entraver l’acquisition du vocabulaire. Cette étude invite ainsi à une analyse approfondie du type d’outil et de son usage, mais également à une meilleure prise en compte des caractéristiques du public cible pour évaluer son impact sur la cognition. Dans leur ensemble, les études précédemment mentionnées pointent l’importance de prêter attention à la méthodologie des études mais également la nécessité de circonscrire précisément la question de recherche.

            L'impact des outils numériques éducatifs sur les apprentissages à l'école primaire

            Dans leur ensemble, les études scientifiques semblent démontrer un effet bénéfique de l’usage des outils numériques éducatifs sur l’apprentissage des élèves de primaire.

            Ainsi, la méta-analyse de Chauhan (2017) menée sur 122 études expérimentales a comparé le niveau d’élèves de primaire dans différents domaines (e.g., sciences, langues) avant et après avoir utilisé un dispositif numérique implémenté dans la classe.

            L’effet de l’utilisation du numérique apparaissait globalement positif, mais dépendait également des domaines d’apprentissage, avec des effets plus marqués pour l’apprentissage des matières scientifiques. Ce résultat pourrait s’expliquer par le fait que les domaines scientifiques bénéficieraient davantage des fonctionnalités propres aux outils numériques, comme la création d’aides visuelles, d’animations et de modèles en 3D. L’interactivité des dispositifs numériques offre également à l’élève la possibilité de manipuler et d’expérimenter, des fonctions centrales pour l’apprentissage des sciences.

            L’un des bénéfices des outils numériques par rapport à un enseignement classique pourrait ainsi tenir à leur caractère interactif. C’est ce que suggère une récente méta-analyse qui a observé que l’utilisation d’outils mobiles (smartphone, tablette et ordinateur portables) serait plus efficace que l’utilisation d’un ordinateur fixe ou l’absence de technologie en général (Sung et al., 2016). Il semble ainsi probable que la plus-value de l’utilisation d’outils numériques soit liée aux fonctionnalités des outils mobiles, qui favorisent l’interaction directe sur l’écran ainsi que la mobilité dans la classe.

            Au-delà des caractéristiques propres aux outils numériques, des méta-analyses ont pointé la nécessite de différencier l’impact des outils numériques éducatifs en fonction des caractéristiques des élèves et des approches pédagogiques.

            Ainsi, en réanalysant 46 études portant sur les effets des outils numériques sur l’apprentissage des mathématiques de la maternelle au secondaire, Li et Ma (2010) ont observé que les effets positifs des outils numériques étaient plus forts chez les élèves de primaire que chez les élèves du secondaire. 

            Les outils numériques pourraient bénéficier particulièrement aux élèves à besoin particuliers en offrant un apprentissage différencié, adapté au niveau de chaque élève, avec une progression dans les exercices et des explications et des feedbacks adaptés.

            Enfin, les bénéfices liés à l’utilisation de dispositifs numériques éducatifs dépendent également de l’approche pédagogique des enseignants. Les bénéfices apparaissent plus forts lorsque l’approche est centrée sur l’élève (i.e., approche fondée sur la découverte, la résolution de problèmes) par rapport à une approche plus traditionnelle centrée sur l’enseignant. Au total, l’utilisation d’outils numériques éducatifs associés à une pédagogie centrée sur l’élève semble permettre de rendre l’élève plus actif dans ses apprentissages.

            L’interactivité offerte par les outils numériques favorise l’exploration et l’utilisation de stratégies de résolution de problèmes, et in fine l’acquisition de compétences. Pour autant, la question de leur déploiement dans les salles de classe doit donc encore faire l’objet d’expérimentations, pour tenter de maximiser et évaluer leur bénéfice au service de l’apprentissage de tous les élèves.

            L'importance de l'expérimentation dans le développement et le déploiement des outils numériques éducatifs en classe La littérature scientifique donne un éclairage sur l’impact des technologies numériques sur le développement cognitif, mais de nombreuses questions demeurent, quant au contexte de classe.

            Les recherches sont en effet rarement conduites en milieu scolaire, et souvent dans des conditions peu représentatives des situations réelles de classe, limitant la transposition directe des résultats obtenus. Il apparaît à présent crucial d’évaluer l’impact des outils numériques éducatifs dans des contextes de classe standards.

            En ce sens, une récente étude expérimentale a été menée par Bonneton-Botté et al. (2020) pour évaluer l’impact de l’utilisation d’une application numérique éducative sur l’apprentissage de l’écriture manuscrite en maternelle. Cette expérimentation a été menée auprès de 22 classes pendant 12 semaines.

            Par rapport à un groupe utilisant une méthode traditionnelle d’écriture manuscrite, les élèves ayant utilisé la tablette ont amélioré leur capacité d’écriture. De plus, l’utilisation de la tablette semblait bénéficier davantage aux élèves ayant un niveau initial moyen plutôt qu’à ceux ayant un bon niveau initial, ou rencontrant des difficultés. Ce type d’études est précieux, car il donne des pistes d’intégration du numérique en classe en fonction des besoins des élèves et invite à adopter une pédagogie différenciée.

            L’expérimentation des outils numériques en classe semble d’autant plus cruciale que de nombreuses ressources et applications dites « éducatives » existent, sans que leur efficacité n’ait été éprouvée de façon rigoureuse. Parallèlement, les outils numériques développés par les chercheurs ne sont pas toujours adaptés au contexte réel des classes. Ainsi, évaluer les outils numériques en classe et contribuer à leur développement revêt une importance particulière pour permettre le développement et le déploiement d’outils efficaces et adaptés. Cette initiative est portée par des chercheurs à l’international (e.g., Kucirkova, 2016), mais également au niveau national dans le cadre des Territoires numériques éducatifs (TNE) en lien avec la recherche.

            La collaboration entre chercheurs, enseignants et concepteurs d’application est essentielle dans la conception des applications éducatives. Cette synergie permet d’améliorer la conception des outils en s’appuyant sur les résultats de la recherche tout en tenant compte des réalités pédagogiques. Au-delà du déploiement des outils numériques dans les classes, c’est la façon dont ces outils sont conçus et/ou utilisés qui va déterminer leur efficacité pour l’apprentissage des élèves.

            Conclusion Selon la littérature scientifique actuelle, la question de l’impact « des écrans » sur l’apprentissage des élèves ne semble pas faire beaucoup de sens, et toute prise de position sur les dangers du numérique apparaît infondée. Au contraire, les recherches pointent l’importance de circonscrire précisément la question de recherche. En classe, les outils numériques semblent prometteurs pour améliorer l’acquisition des connaissances et des compétences des élèves. Cependant, la diversité des outils, des domaines, des contextes d’apprentissage, ainsi que les caractéristiques des élèves et l’approche pédagogique des enseignants sont autant de sources de variation dans les effets du numérique sur l’apprentissage. Le défi actuel consiste à éprouver en contexte de classe l’efficacité des dispositifs pédagogiques numériques, pour déployer à terme les outils les plus pertinents en fonction des besoins des élèves et des enseignants.

            Hoareau Lara, Docteure en psychologie du développement et de l’éducation, LINC, Université de Franche-Comté
            Mazerolle Marie, Professeure de psychologie, LINC, Université de Franche-Comté
            Pasco Denis, Professeur en sciences de l’éducation, ELLIADD, Université de Franche-Comté
            Picard Laurence, Maître de conférences, LINC, Université de Franche-Comté

            Date de publication : Mars 2024

             « Les écrans » : un réel danger pour les apprentissages des élèves ? - Réseau Canopé (reseau-canope.fr)

            Recommandations

            À ce stade, fournir des recommandations sur les usages du numérique en classe semble prématuré au vu du grand nombre de facteurs qui influencent l’efficacité du déploiement des outils numériques dans la classe.

            En revanche, nous ne pouvons que conseiller au lecteur de ne pas s’arrêter aux articles issus des médias grand public ou des réseaux sociaux pour se documenter de manière plus fiable sur l’impact des outils numériques dans la classe.

            À cette fin, les ressources présentes sur le site du Conseil scientifique de l’Éducation nationale ou encore dans les revues interfaces (e.g., ANAE) nous semblent de précieux outils. Une autre ressource utile réside également dans les centres de recherche qui s’intéressent aux questions d’éducation, voir par exemple les laboratoires associés au Réseau Thématique Éducation du CNRS (https://rtp-education.cnrs.fr/les-laboratoires/), qui porte un axe de recherche transversal sur le numérique éducatif.

            Bibliographie
            • Adelantado-Renau, M., Moliner-Urdiales, D., Cavero-Redondo, I., Beltran-Valls, M. R., Martínez-Vizcaíno, V. & Álvarez-Bueno, C. (2019). Association between screen media use and academic performance among children and adolescents: A systematic review and meta-analysis. JAMA Pediatrics, 173(11), 1 058-1 067.
            • Bonneton-Botté, N., Fleury, S., Girard, N., Le Magadou, M., Cherbonnier, A., Renault, M., Anquetil, E. & Jamet, E. (2020). Can tablet apps support the learning of handwriting? An investigation of learning outcomes in kindergarten classroom. Computers & Education, 151, 103831.
            • Chauhan, S. (2017). À meta-analysis of the impact of technology on learning effectiveness of elementary students. Computers & Education, 105, 14-30.
            • Edu2030 (2023). Éducation au numérique. Que sait-on des besoins
            • de formation des enseignants ? www.edu2030.fr
            • Guez, A., & Ramus, F. (2019). Les écrans ont-ils un effet causal sur le développement cognitif des enfants ? Revue suisse de pédagogie spécialisée, 9(4), 14-21.
            • Kostyrka-Allchorne, K., Cooper, N. R. & Simpson, A. (2017). The relationship between television exposure and children’s cognition and behaviour: A systematic review. Developmental review, 44, 19-58.
            • Kucirkova, N. (2016). iRPD - A framework for guiding design‐based research for iPad apps. British Journal of Educational Technology, 48(2), 598-610.
            • La révolution numérique. [Hors-série] (1993). Science et Avenir, 95.
            • Li, Q. & Ma, X. (2010). À meta-analysis of the effects of computer technology on school students’ mathematics learning. Educational Psychology Review, 22, 215-243.
            • Madigan, S., Browne, D., Racine, N., Mori, C. & Tough, S. (2019). Association between screen time and children’s performance on a developmental screening test. JAMA Pediatrics, 173(3), 244-250.
            • Ribner, A., Fitzpatrick, C. & Blair, C. (2017). Family socioeconomic status moderates associations between television viewing and school readiness skills. Journal of Developmental & Behavioral Pediatrics, 38(3), 233-239.
            • Sung, Y. T., Chang, K. E. & Liu, T. C. (2016). The effects of integrating mobile devices with teaching and learning on students’ learning performance: A meta-analysis and research synthesis. Computers & Education, 94, 252-275.
            • Walsh, J. J., Barnes, J. D., Cameron, J. D., Goldfield, G. S., Chaput, J.-P., Gunnell, K. E., Ledoux, A. A., Zemek, R. & Tremblay, M. S. (2018). Associations between 24 hour movement behaviours and global cognition in US children: A cross-sectional observational study. The Lancet Child & Adolescent Health, 2(11), 783-791.
            • Zhang, M., Trussell, R. P., Gallegos, B. & Asam, R. R. (2015). Using Math Apps for Improving Student Learning: An Exploratory Study in an Inclusive Fourth Grade Classroom. TechTrends, 59(2), 32-39.
            Ressources non scientifiques en lien avec la problématique
            An@é

            Le concept de numérique responsable

            2 mois ago
            Une nouvelle vidéo est disponible sur la plateforme de l’Agence des usages de Réseau Canopé. Il s’agit d’une vidéo de…Pour aller plus loin 
            • Éduquer à la sobriété numérique les élèves de 12 à 14 ans, article « Que dit la recherche ? » sur la plateforme de l’Agence des usages de Sarah Descamps – Assistante de recherche et doctorante au sein du Service d’Ingénierie Pédagogique et du Numérique éducatif de l’Université de Mons (Belgique), Réseau Canopé, 2023

            La vidéo est le fruit d’une collaboration entre Réseau Canopé et Vincent Courboulay, maître de conférence à l’Université de La Rochelle : https://www.reseau-canope.fr/notice/le-concept-de-numerique-responsable

            Fiche détaillée

            Durée : 00:05:01
            Date de production : 2024
            Réalisateur : Eric Guichaoua
            Producteur : Réseau Canopé

            Le concept de numérique responsable - Réseau Canopé (reseau-canope.fr)

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              Agence usages Canopé

              Exposition : Le Paris populaire des années 1970

              2 mois ago
              A la Galerie Roger-Viollet, à Paris, des photographies en couleur font revivre les gens et les quartiers de Belleville, Ménilmontant.…Une période charnière

              La Galerie Roger-Viollet est une ancienne agence de presse où sont conservées des archives photographiques léguées à la Ville de Paris. Le fonds unique est composé de six millions d’images de l’histoire parisienne, française et internationale qui couvrent une large palette de sujets comme la mode, des portraits de personnalités, des spectacles... De nombreuses photographies ont illustré des revues, des magazines.

              Toute cette richesse permet à la Galerie Roger-Viollet de proposer des ateliers d’éducation à l’image aux établissements scolaires, aux médiathèques... L’exposition Le Paris populaire des années 1970 croise les regards de François-Xavier Bouchart (1946-1993) et de Léon Claude Vénézia (1941-2013). Les photographies vont de 1967 à 1977. Pendant cette période charnière, les quartiers de Belleville et Ménilmontant sont radicalement transformés. L’exposition montre des maisons écrasées par des barres d’immeubles, des devantures colorées, les cafés. Les cours avec du linge étendu ont un air de campagne malgré des murs décrépis. Au moment des travaux haussmanniens, des ouvriers s’étaient installés dans l’Est parisien. Le bâti de mauvaise qualité a été mal entretenu. Les habitants viennent de l’Europe Centrale, de l’Arménie, d’Afrique du Nord avec une importante communauté juive.

              Enfants jouant sur le terrain vague des Envierges et la rue Vilin.
              Paris (20ème arr.), mai 1967 ©  Léon Claude Vénézia / Galerie Roger-Viollet

              Précieux témoignages

              Léon Claude Vénézia photographie Belleville à partir de 1968 à la demande de l’écrivain Clément Lépidis. Il est l’assistant-tireur de Brassaï de 1968 à 1970. Il a photographié des graffitis présentés à la Galerie, qui ont un côté innocent, enfantin. Il a fait des reportages pour des journaux et s’est passionné pour l’art brut. Une de ses expositions avait pour titre Belleville. Ses archives sont présentes dans plusieurs collections publiques, la Bibliothèque historique de la Ville de Paris conserve plus de deux cents tirages argentiques. François-Xavier Bouchart vit à Belleville à partir des années 1960. Il réalise un reportage photos sur les lieux de Marcel Proust, et s’intéresse à l’urbanisme. Il a travaillé pour le Centre Georges-Pompidou. Ses photographies sont entrées dans les collections de la Bibliothèque nationale de France – l’ensemble de son œuvre vient d’être légué à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris (2024). Ces deux artistes n’ont pas travaillé ensemble, ils ne se connaissaient pas mais leurs photographies concordantes sont de précieux témoignages.

              La Galerie Roger-Viollet les réunit pour la première fois. Ils privilégient la couleur, une technique exigeante qui évite le misérabilisme et apporte de la fraîcheur. Dans un cliché, une petite gitane à la jupe rouge court dans la rue, son visage est rayonnant. Les portraits offrent beaucoup de vie et d’empathie. Les enfants sont les sujets de nombreuses photographies. Certaines photos évoquent aussi des décors de cinéma, c’est toute une époque qui renaît sous nos yeux. La pauvreté n’empêche pas la beauté des clichés. L’affiche représente une Diva entourée de jeunes garçons. Elle est habillée en short - tenue commune dans les années 1970. L’exposition offre une bonne dose de liberté.

              Fatma Alilate

               

              Exposition Le Paris populaire des années 1970, un regard croisé de François-Xavier Bouchart et Léon Claude Vénézia
              Galerie Roger-Viollet – 6 rue de Seine – 75006 Paris
              Jusqu’au 1er juin 2024

              Photos : 
              Adolescents dans un terrain vague de l’îlot Rébeval, près de la rue Rampal. Quartier de Belleville. Paris (19ème arr.), vers 1970 © François-Xavier Bouchart / Roger-Viollet
              Enfants jouant sur le terrain vague des Envierges et la rue Vilin. Paris (20ème arr.), mai 1967 ©  Léon Claude Vénézia / Galerie Roger-Viollet

              • Arts et culture
                Fatma Alilate

                Marylène Patou-Mathis : L’invisibilité des femmes dans l’histoire de l’évolution humaine

                2 mois ago
                Conférence à l'Université de Poitiers avec Marylène Patou-Mathis, Directrice de recherche émérite au CNRS, UMR 7174 : Et si, contrairement… Quelles représentationa avons-nous de la préhistoire ?

                Il y a des humains, des hommes et des femmes dans ces sociétés préhistoriques…Il y a une grande diversité.

                La généralisation conduit à des biais scientifiques, cela peut conduire parfois à des dogmes, des idéologies...

                La préhistoire c’est romanesque, ça a aussi influencé la vision des comportements préhistoriques, on voit des choses imaginaires, la femme est secondaire …soit protégée par les hommes dans la caverne à l’arrière-plan, les clichés sont fréquents…

                Nous avons fait des études scientifiques de terrain, des fouilles à l’étranger en Europe centrale Orientales actuellement arrêtées …et  à partir de ces découvertes nous essayons de faire des hypothèses, de reconstituer la vie de nos ancêtres...

                La préhistoire est une discipline jeune apparue au 19ème siècle, vers à peu près 1860 en Europe Occidentale.

                A cette époque la société est patriarcale…

                Un petit changement en 60-70 mais guère mieux la femme est représentée sous les traits de Raquel Welsh plutôt romanesque, il faut attendre les années 80 pour qu’on voit la femme remise à l’honneur.

                Il est important de replacer le contexte, le 19 -ème siècle en Europe Occidentale est un grand moment de science et aussi d’idéologie…

                Mes prédécesseurs des médecins, instituteurs et abbés, les premiers préhistoriens vont encore être très influencés par la religion, la chrétienté, cela va être un grand bouleversement pour eux car évidement il y a eu Darwin et « la théorie de l’Evolution » qui va montrer que nous avons eu des ancêtres très lointains qui ont évolués. Dans les textes sacrés les femmes sont toujours considérées comme inférieures aux hommes c’est ce que j’ai appelé inférieures par » ordre Divin » ….

                Fin du 18 -ème siècle il va y avoir le développement de la médecine, de l’anthropologie…On va prendre de nombreuses mesures et décréter que les femmes ont un plus petit crâne et donc plus petit cerveau que les hommes. Elles vont être infériorisées or Descartes a un tout petit crâne… Il va y avoir un tas de critères …le Code Romain qui va devenir le code Napoléon ou les femmes sont subordonnées à leur père, mari ou fils si leur mari décède…

                On va beaucoup mesurer les crânes et créer des races, des catégories à partir de ces mesures prises vont être comparées à celles prises sur les grands singes, exemple sur l’avancée de la mâchoire plus ces mesures sont proches sur les grands singes plus vous êtes inférieurs…ils vont faire une hiérarchisation des races inférieurs vers des races supérieures … on va mettre une connotation morale sur leur comportement. Ces mesures vont favoriser l’’esclavage, cette utilisation de ces données va donner une infériorisation qui n’a pas de sens qui va marquer toute cette période… Même processus chez les hommes et les femmes. Aujourd’hui cela reste imprégné chez certains… Tout ça a beaucoup pesé jusqu’aux années 60.

                Aux premiers congrès d’anthropologie et de préhistoire (1871) il n’y a pas de femmes…Seuls les hommes peuvent faire des études et peuvent avoir une position sociale. Tout ça a beaucoup pesé jusqu’aux années 60. La femme est en retrait n’a pas participé à l’évolution de l’humanité pendant cette période. Encore maintenant certains scientifiques et juristes ont encore cette vision…

                Pendant cette grande phase préhistorique il y a 2 grandes phases :

                 La 1ère : De 5 Millions d’années à 10 000 ans le paléolithique où nous sommes des chasseurs, cueilleurs nomades, des prédateurs. Pendant cette période il va y avoir beaucoup d’inventions : le feu, les armes de chasse ...

                La 2ème période : De 10 000 jusqu’à 2500 /3000 ans selon les régions :  le Néolithique c’est là que l’on va devenir sédentaires ceci jusqu’au 18 E siècle. On va domestiquer les plantes et les animaux. Cette période va être très longue, ce sera 1 révolution...

                Pourquoi au 20ème et 21ème siècle a-t-on une vision dichotomique des tâches masculines et féminines ?

                A partir de la moitié du 20ème on va utiliser des données ethnographiques … au Brésil notamment  … Les études ont dit que chez ces peuples là il y a aussi des tâches féminines et des tâches masculines…une fois de plus on va catégoriser … la chasse est plus glorieuse que la cueillette...les femmes font des activités inférieures à celles masculines. Ces peuples ont une histoire. Il faut lire Lévi Strauss ...ils ne sont pas restés fossiles … leur structure sociale a changé et leur culture s’est modifiée. On infériorise ces peuples …on dit d’eux ils n’ont  pas d’histoire..

                Il est important de déconstruire ces idées, on a travaillé sur des restes humains et sur l’art, la grotte Chauvel, Lascaux …au 19 -ème et début du 20 -ème siècle il est apparu un dimorphisme entre les hommes et les femmes, ils ont pensé que c’était pareil dans la préhistoire…La taille des outils c’étaient les hommes, la chasse aussi. Hors idées fausses ! dans certaines sociétés il y avait des femmes qui chassaient… Concernant l’art et la peinture nous avons une nouvelle méthode pour savoir si cela venait d’une main d’hommes ou de femmes, la taille de main ne veut rien dire, il n’y a aucune raison que les femmes n’aient pas été des artistes …

                Statut social : Est-ce que l’on considérait les femmes inférieures ou pas ? on ne constate pas de différence de traitement.

                Durant la période Néolithique. Lorsque l’on étudie les sépultures il y a autant de tombes de femmes, d’hommes et d’enfants avec les mêmes apparats…, Dans l’art les représentations masculines sont quasi inexistantes … les domaines de l’accouchement étaient le milieu des femmes. Les grigris et amulettes portaient chance pour l’accouchement… C’est un monde de divinités, d’esprits que du féminin... et la femme est très importante à cette époque-là. Ces sociétés étaient -elles déjà patriarcales ? Les femmes étaient importantes car elles perpétuaient le clan, ce peuple n’a pas de biens, la seule chose importante est le clan et le matriarcat a été mis en versus du mot patriarcat …

                Cette période est très importante, on va passer du glaciaire au grand réchauffement climatique.

                C’est un bouleversement total. Il y a aussi un changement d’économie, on va devenir des producteurs. A partir de 9000 ans on va voir arriver du Proche Orient des peuples avec leur graines, céréales, animaux. Ceux-ci vont remplacer les autochtones. C’est l’apparition des élites et des castes, les chefs, les esclaves. Les femmes seraient à l’origine de l’agriculture, labourage et broyage des grains, elles sont hyper robustes…  Elles sont au centre des croyances La hiérarchie se met en place, il y autant d’hommes que de femmes. 

                Avec l’âge du Bronze c'est l’arrivée du métal avec les guerres et les massacres. Ils arrivent des steppes, d’Europe orientale et Mongolie, ce sont des hommes, des cavaliers quasiment masculins. On a un changement important avec domination masculine et les divinités masculines, les femmes elles vont rester au foyer…augmentation des conflits, des guerres. Massacres autre mode de vie, les activités masculines sont plus visibles.

                Sur cette période il va apparaitre les biens, les surplus alimentaires, des lieux de stockage, ce sont des biens à transmettre.  Le commerce va commencer avec le métal. la transmission de ces biens conjuguée avec les animaux domestiques, la participation du mâle à la gestation est visible …  Les hommes vont intervenir sur le corps des femmes, pour transmettre leurs biens il faut qu’ils soient sûrs de leurs descendance et cela va perdurer…

                Si la domination et l’infériorisation des femmes par les hommes n’est pas naturelle, ne repose pas sur des données scientifiques ..c’est qu’elle est culturelle et cela ne repose sur rien et donc on peut le changer .…

                Que ce trop rapide aperçu vous incite à suivre cette passionnante conférence de Marylène Patou-Mathis sur la chaine you tube de l'université de Poitiers !

                Le lien :

                https://www.youtube.com/watch?v=dZVnDA67_DI&t=384s

                Transription et synthèse : Sylvie Le Queinnec

                • Egalité FemmesHommes
                • Ressources histoire
                  An@é

                  L’éducation et le numérique, une histoire à compléter

                  2 mois ago
                  Je nous invite à réfléchir à la formation à préconiser auprès des élèves des classes primaires et du collège, ces…

                  Ce texte comprend trois parties :

                  PREMIÈRE PARTIE - Le chemin parcouru

                  DEUXIÈME PARTIE : AUJOURD’HUI, le numérique et nous à la lumière montréalaise

                  TROISIÈME PARTIE - Education et numérique en 2024, que faire ?

                  PREMIÈRE PARTIE - Le chemin parcouru Il était une fois …

                  … il y a près de 50 ans, est apparu sur les écrans des micro-ordinateurs de nos écoles, la célèbre tortue-logo de Seymour Papert qui initiait les élèves au langage de programmation LOGO [i].  Ces premiers élèves ont environ 60 ans aujourd’hui et plusieurs d’entre eux tout comme moi subissent l’insidieux envahissement de notre quotidien par les technologies numériques… le numérique c’est si pratique… le numérique nous tire au mieux de plusieurs problèmes concrets de l’existence…         

                  Les classes « informatique »

                  En France [ii] en 1985, le gouvernement lança le plan « informatique pour tous » pour initier tous les jeunes aux nouvelles technologies de l’information… Puis un changement de gouvernement, comme c’est souvent le cas, a vu l’abandon de cette première tentative d’introduction des technologies de l’information et de la communication en milieu scolaire.

                  Au Québec [iii],  la micro-informatique scolaire débute officiellement en 1983 par une intervention du Ministère de l’Éducation (MEQ) : les applications pédagogiques de l’ordinateur (APO) et l'utilisation de logiciels-outils (traitement de texte, tableurs, gestionnaires de bases de données, éditeurs graphiques) à des fins pédagogiques.  En décembre 85, des élections provinciales ont porté au pouvoir un nouveau gouvernement qui dès avril 86, interrompait la politique d'achat d'équipements entreprise par le gouvernement précédent et annonçait un moratoire sur tous les équipements informatiques scolaires.

                  Le rapport des technologies de l’information et de la communication, autrefois informatique et nommées « le numérique » en cette fin du premier quart du 21ème siècle, avec nos écoles semble d’un pays à l’autre avoir souvent eu une forte saveur politique.

                  Malgré tout, tant en France qu’au Québec les années 90 ainsi que le début des années 2000 ont vu s’établir dans les écoles ces classes d’informatique où les élèves étaient initiés à l’usage de la souris, aux logiciels-outils et aux recherches sur le WEB. Certaines firmes précurseurs ont aussi créé des logiciels à but éducatifs et même des jeux électroniques sérieux.

                  Par contre, les ordinateurs en milieu scolaire ce n’était pas gagné alors que la société civile de son côté devenait de plus en plus numérisée. Une fois de plus nos gouvernants ont pris la relève afin de s’assurer que leurs citoyens seraient prêts pour ce fameux 21ème siècle et à la présence accrue et aujourd’hui l’omniprésence des technologies numériques.

                  L’apprentissage de l’informatique dans les écoles d’Angleterre        

                  L’exemple de l’Angleterre est remarquable. C’est vrai qu’il s’agit du pays de Charles Babbage, inventeur visionnaire et précurseur de l’informatique, d’Ada Lovelace, première à écrire un programme informatique, de Georges Boole, créateur de l’algèbre binaire, appelée algèbre de Boole, John Venn, concepteur des diagrammes de Venn, Joan Clarke, cryptologue connue pour sa participation au décryptage de la machine Enigma avec Alan Turing, scientifique et pionnier de l’intelligence artificielle et de Tim Berners-Lee, créateur du WEB. L’Angleterre est aussi le pays du Rapsberry Pie [iv] et du Micro:bit [v].

                  Computing at school (CAS) créé en 2008 par quelques individus issus du milieu de l’industrie et des universités…a formé une alliance stratégique avec BCS, The Chartered Institute for IT, qui est l’association professionnelle des informaticiens du pays.  Leurs premières actions ont été de convaincre le Department for Education de l’importance de l’apprentissage de la science informatique par les élèves du Royaume Uni…

                  En septembre 2014, le Royaume Uni est devenu l’un des premiers pays du G9 à  rendre l’apprentissage de l’informatique obligatoire dans ses écoles. …

                  Le National curriculum in England : computing programmes of studycline l’apprentissage de l’informatique selon trois aspects.

                              1- Computer science : informatique, algorithmique, programmation ; [vi]

                              2- Information Technology : les technologies de l’information, l’ordinateur et ses           périphériques, les réseaux, les logiciels, les données et l’information ;

                              3- Digital Literacy : littéracie numérique, apprendre à vivre et à travailler dans le                                               cyberspace.         

                  Cette belle initiative a connu certains succès.  Cela a été associé à des taux plus élevés d'inscription à l'université (Brown et Brown, 2020 ; Salehi et al., 2020), …  L’éducation informatique promet d’améliorer considérablement la préparation des étudiants à l’avenir du travail et à la citoyenneté active. [vii] …  a connu un certain succès auprès des filles, ainsi que des étudiants issus de minorités et des zones rurales, …

                  Cette belle initiative qui pourtant avait été très bien préparée et organisée a rencontré plusieurs difficultés lors de l’application du programme à la grandeur du pays.

                  Appliquer le nouveau programme informatique était un grand défi. De nombreux enseignants se sont immédiatement sentis mal à l’aise avec le nouveau matériel (Brown et al., 2014 ; Sentence et al., 2013), le considérant comme une matière exceptionnellement difficile à enseigner et à apprendre (Royal Society, 2017). … les enseignants basés loin des centres urbains se sentent souvent isolés, ce qui rend difficile leur participation aux réunions de réseautage ou aux activités de perfectionnement professionnel.

                              … Lit-on en conclusion de l’étude du Brookings Institution : How England implemented its computer science education program. https://www.brookings.edu/wp-content/uploads/2021/01/How-England-implemented-its-computer-science-education-program.pdf

                  Je considère que le National curriculum in England : computing programmes of study est la meilleure et plus complète formation aux technologies numériques pouvant être offerte aux jeunes citoyens d’un état.  L’erreur a peut-être été de tenter d’imposer cet enseignement à tous les enseignants du pays.   La formation des enseignants semble être la pierre d’achoppement de l’implémentation de ces programmes, à comme on peut l’observer un peu partout ailleurs.

                  Le numérique, un concept français    

                  Le   mot « numérique» dans le contexte des technologies de l’information et de la   communication est unique à la langue française qui, semble- t-il, est la seule à utiliser la racine latine numerus («nombre»), alors que les autres langues, même latines (espagnol, italien ou portugais), utilisent, comme l’allemand, l’anglais, le néerlandais et la plupart des langues européennes, une autre racine latine, digitus («doigt» – c’est avec les doigts que l’on compte les nombres). (Moatti, A. 2012). Pour Jean François Cerisier … Les choix terminologiques sont aussi des choix sémantiques. Les discours politiques et institutionnels concernant les technologies de l’information et de la communication dans l’éducation n’échappent pas à ce principe. Parler d’informatique (années 80), de multimédia (années 90) ou de numérique (aujourd’hui) ne signifie pas la même chose. Cela témoigne de changements d’ordre épistémologique.

                  Le substantif « numérique » est paradoxal et complexe et en a fait rêver plusieurs, dont Michel Guillou qui écrit Le numérique, c’est un nouveau modèle d’humanisme, citoyen, social et politique … C’est la culture de l’engagement, du changement et du réseau, …La culture numérique, c’est le cadre culturel qui donne du sens à la vie de chacun, le paysage à partir duquel nous construisons nos actions, nos actes, nos tâches, à partir duquel nous élaborons nos valeurs … ces technologies transforment l’ensemble de la société et de toutes ses institutions.

                  Et oui, mais quel choc ! Le numérique n’est pas cet accès universel à la pensée des Lumières telle qu’imaginée par ses premiers adeptes … qui comme Michel Guillou y percevaient … des valeurs et des attitudes nouvellement renforcées, celles du partage, de la connivence, de la collaboration, de lamitié, du désir, de la responsabilité, de l’écoute de l’autre, de l’attention à ses préoccupations, de la tolérance [viii]…         

                  Le numérique de 2024, c’est aussi la vitrine de la bêtise humaine, l’outil de communication des terroristes, la source d’addictions et troubles mentaux chez trop de jeunes, le déferlement de colères et de haines et de plus nous en sommes tous plus ou moins prisonniers.

                  La France est le pays de Joseph Marie Charles Jacquard et du métier à tisser programmable, de Claude Chappe, inventeur du sémaphore, premier entrepreneur des télécommunications dans l'histoire de l’humanité, de Richard Dreyfus, créateur du mot informatique en français, de Louis Pouzin, connu pour le développement des réseaux à  communication paquets, précurseurs d’internet, de François Guernelle, qui a inventé le premier micro-ordinateur à microprocesseur, de Luc Julia, l’un des concepteur de l’assistant vocal Siri, Yann Le Cun, l’un des inventeurs de l’apprentissage profond et récipiendaire du prix Turing, de l’entreprise Ubisoft, l’une des plus importante entreprise de jeux vidéo au monde et de l’Institut national de recherche et en automatique (INRIA) ainsi que de nombreux centres de recherches universitaires.  La France est aussi le pays du Minitel, cet outil télématique (téléphone et informatique) typiquement français, qui a fait l’envie de toutes les nations dans les années ’80.

                  Mais à la différence de l’Angleterre, c’est l’Éducation nationale qui a mené la formation des élèves, formation qui a été développée selon le bon vouloir des élus et qui a subi les fluctuations des politiques.

                  • Lancement de la concertation nationale sur le numérique pour l’éducation en 2015 :

                  https://eduscol.education.fr/sti/actualites/lancement-de-la-concertation-nationale-sur-le-numerique-pour-leducation

                  • Déploiement progressif du Plan numérique, en 2016

                  https://cache.media.eduscol.education.fr/file/DP_rentree/28/5/2015_rentreescolaire_fiche_11_456285.pdf,

                  https://www.gouvernement.fr/action/l-ecole-numerique

                  • Direction du numérique pour l'éducation (DNE). https://www.education.gouv.fr/direction-du-numerique-pour-l-education-dne-998
                    • Elle identifie les transformations du système éducatif permises par l'évolution des technologies numériques et définit, en lien avec la direction générale de l’enseignement scolaire les conditions de leur mise en œuvre.  ….
                    • Elle conçoit, dans le cadre des objectifs fixés par la direction générale de l'enseignement scolaire et la direction générale des ressources humaines, les dispositifs de formation initiale et continue des enseignants au numérique et par le numérique.  …

                  Deux des missions de la Direction du numérique pour l’éducation (DNE) qui sont fort nombreuses et touchent tous les aspects du numérique scolaire allant d’un souci de veille et de prospective, d’accompagnement de la transformation numérique du système éducatif, elle conçoit, met en œuvre et assure la maintenance des systèmes d'information et de communication, anime les réseaux pédagogiques et accompagne l’évolution des pratiques dans le domaine du numérique, entre autres.

                  Voici quelques remarquables caractéristiques du système français d’implantation des technologies numériques dans le système scolaire :

                  Pour une mise-à-jour, on peut consulter : Programmation et culture numérique sur Eduscol https://eduscol.education.fr/1824/programmation-et-culture-numerique

                  Georges-Louis Baron and Béatrice Drot-Delange présentent une fort intéressante perspective de l’enseignement de l’informatique en France, même si elle date, dans l’article d’Open Edition Journals L’informatique comme objet d’enseignement à l’école primaire française? Mise en perspective historique https://journals.openedition.org/rfp/5032?lang=en

                  Et au Québec

                  Tout comme en France l’initiation des élèves aux technologies numériques a été placé sous prérogative gouvernementale, le ministère de l’Éducation (MEQ). Le numérique en éducation du gouvernement québécois, publié en 2018 sur Educavox marque le début de l’intervention officielle https://www.educavox.fr/accueil/breves/strategie-numerique-en-education-du-gouvernement-quebecoisNumérique en éducation, https://www.quebec.ca/education/numerique, document du MEQ présente ce qui se passe actuellement:

                  Et les partenaires qui rendent disponibles une grande variété de contenus qui permettent de répondre aux besoins exprimés par le personnel scolaire :

                              RÉCIT https://recit.qc.ca/

                              Cadre 21 https://www.cadre21.org/

                              learn https://learnquebec.ca/

                              École branchée https://ecolebranchee.com/

                  Sans être partenaire du ministère, Digital Moment, autrefois KidsCODEJeunesse, est actif auprès des jeunes québécois pour l’initiation à la programmation et se concentre sur la création de programmes et d’expériences pour les jeunes et leurs communautés sur les compétences numériques comme la programmation, la littératie des algorithmes et des données et l’intelligence artificielle ainsi qu’à la sensibilisation à la présence du numérique dans nos environnements. J’ai écrit deux articles à leur sujet :

                  Ce qui est remarquable au Québec est l’usage généralisé des divers ensembles de logiciels nommés « suites pour l’éducation » : Microsoft 365 pour l’éducation, Google Workspace pour l’éducation ou Apple Education.  L’un ou l’autre de ces ensembles seront utilisés dans les classes selon le choix préconisé par le service scolaire.  Cependant, même si Microsoft ou Google ont été choisis, plusieurs des logiciels de Apple Education seront ajoutés aux trousses des élèves. 

                  Encore aujourd’hui, Sonya Fiset en collaboration avec École branchée présentera un webinaire le mardi 2 avril, Découvrir le potentiel de BooKCreator, conçu pour un usage en classe qui offre une multitude d’options créatives dont le rendu final est un livre numérique multimédia pouvant facilement être diffusé via un lien Web ou en version ePub….  Lors de l’atelier, … les personnes participantes pourront acquérir les bases de cet outil polyvalent, dont la version gratuite permet de fabriquer 40 livres.

                  L’intelligence numérique

                  Ce qui me semble une spécificité québécoise est le concept d’INTELLIGENCE NUMÉRIQUE dont on trouve la définition au site d’IVADO https://ivado.ca/lintelligence-numerique-pour-passer-de-la-donnee-a-la-decision         

                  Pour en savoir plus au sujet du Numérique en éducation au Québec, https://www.quebec.ca/education/numerique

                  La pensée informatique ou pensée computationnelle ou CT [x]

                  Conçue par Seymour Papert l’idée est devenue célèbre suite au légendaire article "Computational thinking" de Jeannette M. Wing (Wing, 2006).  Voici la définition de madame Wing : La pensée computationnelle est le processus de pensée impliqué dans la formulation des problèmes et de leurs solutions, de sorte que les solutions soient représentées sous une forme qui puisse être efficacement exécutée par un agent de traitement de l'information.

                  Le nombre d’éléments qui composent le CT peuvent varier en nombre et complexité des concepts. Par exemple, dans une version simplifiée, le guide proposé par la BBC  [xi] identifie quatre éléments principaux :

                  1.     Décomposition - L’action de diviser un problème complexe ou un système en petites parties plus simples à gérer ;

                  2.     Reconnaissance de pattern - L’action d’identifier des similarités entre problèmes ou à l’intérieur du même problème donné ;

                  3.     Abstraction - L’action de se focaliser exclusivement sur les parties importantes du problème ;

                  4.     Algorithmes - L’action de trouver une solution à travers une règle composée par une série d’étapes.

                  En conclusion de cette première partie

                  Indéniablement, chaque état, chacun à sa façon s’est préoccupé de la formation de ses citoyens aux technologies numériques.       

                  DEUXIÈME PARTIE : AUJOURD’HUI, le numérique et nous à la lumière montréalaise

                  Presqu’un quart du jeune 21ème siècle s’est écoulé.  Le redoutable BUG de l’An 2000 n’a été qu’une bagatelle et la FIN DU MONDE prédite pour le 21 décembre 2012 n’était qu’une mauvaise interprétation du calendrier maya, mais toutefois une avant-première du rôle pernicieux des réseaux sociaux.

                  J’aime ma vie en 2024, j’aime ma vie tellement agréable grâce au numérique … je cherche sur l’application gratuite TRANSIT l’heure du passage de mon bus, j’aime au réveil m’informer à partir de mon lit des nouvelles du jour sur LaPresse et LeDevoir, m’informer de ma famille et mes amis sur les réseaux sociaux. En voyage à New York, j’aime que ma petite fille me guide avec son GPS et GoogleMap et que nous sachions à quelle heure prendre le bus pour nous rendre au restaurant choisi à partir des avis positifs.  J’adore perdre mon temps sur Netflix, IcI Tou.TV, TV5, YouTube, les vidéos de Facebook, entre autres.  Le choix est époustouflant et je dois me discipliner pour enfin terminer ce billet commencé il y a plusieurs semaines déjà.  Et que dire des jeux bébêtes avec lesquels je paresse en hiver. Grâce au numérique je ne m’ennuie jamais. C’est un esclavage que je choisis et aime.         

                  Il y a cet esclavage auquel j’accède par pingrerie, économiser 25$ si j’accepte une relation virtuelle avec l’entreprise, plus de factures papier, plus de paiements par chèque, factures et paiements se font en ligne.

                  Il y a cet esclavage partiellement imposé, si je veux accéder à mon compte de banque en ligne, je dois avoir un téléphone numérique pour recevoir en ligne le code d’accès à mon compte de banque.  J’habite Montréal.  Je peux marcher à la banque avec laquelle je fais affaire.  Mais qu’en est-il des villages de régions dont on ferme non seulement les succursales mais aussi les guichets automatiques où retirer de l’argent comptant, payer ses factures, etc.  Moi, j’ai besoin d’aller à ma banque pour me procurer les pièces de 1$ et de 0,25$ que j’utilise à la laverie automatique de mon édifice … tous les villageois des régions ont-ils leur propre machine à laver ou une auto pour se rendre à la petite ville voisine ?

                  Et il a cet esclavage qui m’est imposé.  Avant la Covid, je n’avais qu’à me rendre au jour et à l’heure qui me convenait à l’hôpital de mon quartier pour le bilan sanguin prescrit par mon médecin et évidemment, attendre mon tour.  Je prenais un livre et j’attendais.  Aujourd’hui, je dois utiliser mon ordinateur, ma tablette ou mon téléphone pour communiquer avec le Portail Clic Santé où je prendrai un rendez-vous avec un établissement de santé de mon quartier, quelques mois plus tard car tout est complet.  S’inscrire à l’Université, communiquer avec mes fournisseurs de services ou mon gouvernement … difficile quasi impossible si n’ai pas internet, un ordinateur et un téléphone « smart » si désagréable à utiliser avec ses minuscules lettres. J’avoue, que l’intelligence artificielle intégrée me propose des mots.  La technologie me facilite la vie.

                  Et le numérique c’est une multitude d’outils, d’appareils, de logiciels, d’applications par lesquels chacun peut s’exprimer, développer ses talents, faire la démonstration de sa créativité et gérer son quotidien.   YouTube telle une Caverne d’Ali Baba est à la fois archive de spectacles, de discours politiques ou philosophiques, de films, une école pour apprendre tout et à tout faire, profs de physique, de maths ou de français, tout savoir, voir les images du télescope James Webb,  cuisiner, programmer, enseigner, devenir plombier, apprendre à emballer de jolis cadeaux, à me maquiller, à utiliser logiciels, applications, robots culinaires, etc et se donner en spectacle au monde, devenir celui qui sait, celui qui peut, celui qui a vu, celui qui révèle l’étendue de ses aptitudes, de son génie.

                  Le numérique c’est le commerce de notre société de consommation et l’industrie militaire qui le financent.

                  Le numérique ce sont aussi ces bébés d’à peine deux ans irrités, agités, en crise de manque quand on leur enlève le téléphone sur lequel ils pitonnaient.         

                  Mais ça brasse chez nos milliardaires du sud, aux États Unis.        

                  Monsieur Zuckerberg, vous et les entreprises qui sont devant nous, je sais que vous ne le pensez pas, mais vous avez du sang sur les mains. Vous avez un produit qui tue des gens”, a déclaré le sénateur Lindsey Graham aux dirigeants lors d’une audience au Sénat des Etats Unis sur les dangers que présentent les réseaux sociaux pour les enfants et adolescents en janvier dernier.

                  Le créateur de Facebook et patron de Meta Mark Zuckerberg a présenté ses excuses à des familles de victimes … « Je suis désolé pour tout ce que vous avez vécu » a-t-il dit !  https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2046053/protection-enfants-zuckerberg-senat-meta

                  La technologie ce sont aussi ces robots conversationnels qui donnent l’illusion d’être humains mais ne sont que des logiciels, des opérations statistiques de corrélations que l’on défini comme de l’intelligence. Cette petite merveille technologique, ChatGPT créée par des informaticiens, des ingénieurs et quantité d’annotateurs semble avoir été arnaquée par des pirates qui utilisent cet IA pour perfectionner leurs cyberattaques.

                  Grâce à la collaboration et au partage d'informations avec Microsoft, nous avons démantelé cinq acteurs malveillants affiliés à un État : deux acteurs malveillants affiliés à la Chine, connus sous le nom de Charcoal Typhoon et Salmon Typhoon ; l’acteur menaçant affilié à l’Iran connu sous le nom de Crimson Sandstorm ; l'acteur affilié à la Corée du Nord connu sous le nom d'Emerald Sleet ; et l'acteur affilié à la Russie connu sous le nom de Forest Blizzard. Les comptes OpenAI identifiés associés à ces acteurs ont été clôturés.

                  Écrit OpenIA sur son blog le 14 février 2024 https://openai.com/blog/disrupting-malicious-uses-of-ai-by-state-affiliated-threat-actors.  C’est une des formes d’actions malveillantes de l’IA prophétisées par Joshua Bengio, l’un des créateurs de l’apprentissage profond qui mène une campagne internationale pour la régulation de l’intelligence artificielle.

                  États comme individus en sommes devenus esclaves écrivait l’agence France-Presse le 17février 2024.  Meta, Microsoft, Google, OpenAI, TikTok, X, ainsi que Adobe, LinkedIn, Amazon et IBM, entre autres, … Vingt géants du numérique se sont engagés vendredi à lutter contre les contenus créés par intelligence artificielle (IA) visant à tromper les électeurs … la technologie peut notamment produire des hypertrucages, des documents qui présentent une personne en train de dire ou de faire quelque chose alors    que cela ne s’est jamais produit….

                  Parler de la désinformation générée par l'IA, sensibiliser, ça ne suffit pas. Il faut le vivre pour comprendre comment ça peut nuire, comment des membres de notre famille peuvent tomber dans le piège affirme Nadia Naffi, professeure titulaire de la Chaire de leadership en enseignement sur les pratiques pédagogiques innovantes en contexte numérique – Banque Nationale à l’Université Laval de Québec. Elle et son équipe ont recruté 16 participants de 18 à 24 ans, de tous horizons, qui ont été soumis à des entrevues individuelles, à une série d'ateliers pratiques (dont la réalisation d'hypertrucages, mais sans diffusion) et à des discussions de groupe. … Générer de faux contenus, qui reprennent l'image ou la voix de personnes de façon hyperréaliste pour induire en erreur, est un jeu d'enfant à partir d'applications sur un téléphone cellulaire…. En trois heures, ils ont créé des hypertrucages, ou deepfakes en anglais.  Les résultats de l’étude ont été publiés dans Journal of Constructivist Psychology.

                  Le numérique, ce sont des machines qui construisent des machines, des logiciels qui développent des logiciels.  Les machines ont déjà pris le pouvoir et leur présence comme un cancer sournois infiltre l’humanité inconsciente du mal qui la ronge.

                  TROISIÈME PARTIE - Education et numérique en 2024, que faire ?

                  Les dix ans d’investissements financiers et humains par les états ont tout au moins réussit à ce que la présence des technologies numériques soit acceptée au sein des établissements scolaires, primaire et secondaire, malgré les « anti-écrans ».  N’est-elle pas révolue l’époque de ces « anti-écrans » qui rêvent d’un monde à jamais (?) disparu.  La question de l’heure serait plutôt QUE FAIRE ?

                  Voici le lien vers les plus importants documents qui ont partiellement justifié et orienté la réflexion qui a engendré ma proposition.

                  1 - Aurélien Barrau est très présent sur YouTube.  Je n’adhère pas à toute sa pensée mais j’ai un biais de confirmation à l’égard de certaines de ses idées :

                  -    Redéfinir la notion de progrès ;

                  -    Suite à nos nombreuses erreurs passées saurons-nous aujourd’hui être critique face aux merveilleuses créations qui nous sont données par nos découvertes scientifiques ; 

                  -    Ce qui me touche le plus est cette évidence à laquelle peu s’attardent, la disparition accélérée de la vie sur la planète Terre, mort des sols par l’usage abusif des engrais minéraux et des pesticides, mort des océans trop chauds au plancton graduellement remplacé par les microplastiques, la déforestation, l’extinction d’une quantité phénoménale d’espèces ;

                  -    Des microplastiques ont été trouvés dans tous les placentas humains testés dans le cadre d’une étude dirigée par le professeur Matthew Campen, de l'Université du Nouveau-Mexique, aux États-Unis [xii].  L’étude a été publiée en février 2024 dans Toxicological Sciences journal.

                  Et pourtant, le plastique c’est si pratique …

                  2 - The Last Invention of Man, de MAX TEGMARK, une fiction de septembre 2017 publié sur NAUTILUS https://nautil.us/the-last-invention-of-man-236814/?.  Le texte est en anglais.  Je suggère d’utiliser Google Traduction pour lire ce texte de science-fiction qui est peut-être plus près de la réalité que de la fiction. Je remercie Matthieu Dugal du partage.

                  3 - IA pour les enseignants : un manuel ouvert, Colin de la Higuera et Jotsna Iyer, pour la Chaire Unesco RELIA, (2023) https://pressbooks.pub/iapourlesenseignants/front-matter/33/ que j’encourage grandement de consulter.

                  4 - Intelligence artificielle et éducation : apports de la recherche et enjeux pour les politiques publiques : édition trilingue 2024 https://edunumrech.hypotheses.org/10764. Ce document propose des extraits de l’état des lieux (janvier 2024).  Je me suis penchée sur le schéma ci-dessous et réfléchi à ce qu’il indique comme ce qui ne peut être qu’humain.

                  Ce qui ne peut être qu’humain selon le de la DNER-YN2, 2023 ci-dessus

                  Cette machine à calculer qu’est l’ordinateur, qu’elle soit robot, tablette ou Smart phone, est-elle si différente de l’être humain ?

                  1 - Avoir une intention

                  Pour l’instant il me semble qu’ordinateurs et robots n’ont d’autres intentions que celles prédéfinies par leurs géniteurs, c’est-à-dire ceux qui ont composé l’algorithme qui mène leurs actions.

                  2 - Donner du sens à une information, une connaissance, une œuvre littéraire ou artistique

                  C’est la capacité d’analyse de l’ordinateur qui est ici questionnée. Pour l’instant apparemment, l’ordinateur ne donne du sens que si certains critères d’analyse ont été inclus à son programme. Pour ce qui est de la gestion des publications sur les réseaux sociaux, ce sont les informaticiens et programmeurs qui écrivent les algorithmes qui tentent d’encadrer les publications accessibles à l’usager. 

                  3- Réfléchir

                  Un ordinateur pense-t-il ?

                  4 - Hiérarchiser

                  Les fonctions de trie en informatique permettent d’hiérarchiser.

                  5 - Avoir une expérience sensorielle et sensible

                  Les robots avec tous les capteurs possibles ont une perception sensorielle et sensible de l’environnement grandement supérieure à celle de l’être humain.

                  6- Créer

                  AlphaGoZero et AlphaZero ont fait selon moi la démonstration que l’ordinateur est capable de création.  N’ayant au départ que les règles du jeu, l’ordinateur a par auto-apprentissage créé des coups jusque-là inconnus des joueurs humains.

                  7 - Avoir une approche intuitive

                  Ici, je suis ambivalente.  Ce qui se passe dans la boîte noire des intelligences artificielles dont on ne connaît pas la démarche serait-elle semblable à l’intuition ?   Que se passe-t-il dans le cerveau humain intuitif ?  Par exemple, qu’est-ce qui permet à un élève « de voir » spontanément la réponse d’un problème de maths. 

                  La définition de Larousse du terme « intuition » ne s’approche-t-elle pas du travail des réseaux de neurones de la machine ?

                  • Connaissance directe, immédiate de la vérité, sans recours au raisonnement, à l’expérience.
                  • Sentiment irraisonné, non vérifiable qu'un événement va se produire, que quelque chose existe.

                  Le travail du réseau de neurones de la machine imite-t-il dans ce contexte ce qui se passe dans le cerveau humain intuitif ?

                  8 - Comprendre et agir dans des situations complexes (mettre en relation, avoir une approche holistique)

                  Les robots industriels, par exemple ceux qui gèrent les centres de distributions d’Amazon ne font-ils pas face à ces situations complexes, n’ont-ils pas une approche holistique des exigences de la tâche ?

                  9 - Évaluer et distinguer le vrai du faux

                  Pour l’instant, il semble que nos machines n’ont aucune autonomie de pensée.  On n’a qu’à se rappeler les « hallucinations » de ChatGPT ou les difficultés des gestionnaires de réseaux sociaux à créer des algorithmes pour contraindre leurs machines à filtrer les messages inappropriés.

                  Suite à cette réflexion, je perçois que ce qui nous différencie de la machine consiste de moins en moins en des capacités cérébrales mais tout simplement la VIE.  Les humains sont des êtres vivants et partagent plusieurs caractéristiques avec les autres vivants qui existent sur notre planète la Terre. 

                  L’importance de la VIE, d’en comprendre les propriétés, oriente ma réflexion pour cette nouvelle génération de relation ÉDUCATION et NUMÉRIQUE déclinée selon les perspectives suivantes :

                  1 - comprendre la machine ;

                  2 - apprendre à l’élève à conserver son indépendance face à la machine ;

                  3 - utiliser le potentiel de la machine ;

                  4 - éveiller l’élève à l'importance primordiale de la vie qui fait de lui un être vivant, ce qui le différencie de la machine.

                  Le personnel enseignant

                  L’expérience des dix dernières années, nous a appris que la principale difficulté d’implantation du numérique en milieu scolaire est la formation des enseignants.

                  J’assiste à différentes manifestions selon mes intérêts.  Il y a quelques mois je suis allée à l’évènement AWS (Amazon Cloud Service) qui réunit la communauté du Cloud Computing pour apprendre auprès des experts d’AWS. Des représentants d’institutions financières, d’une variété d’industries et de services publics y présentaient à tour de rôle leur approche et difficultés rencontrées lors de l’intégration du Cloud Computing à leur milieu de travail.

                  Plusieurs de ces présentations étaient très techniques et dépassaient très souvent de beaucoup mon entendement du sujet.  Par contre, ce que je retiens de cette expérience est que ces institutions financières, industries et services publics font appel à des personnels hautement spécialisés pour faire le lien entre la machine et leurs employés et faciliter le travail et l’adaptation de ces derniers aux évolutions technologiques appropriées à leur domaine.

                  Que faisons-nous en éducation ? On confie aux enseignants la quasi entière responsabilité de l’implantation des technologies numériques en éducation. 

                  J’ai suivi la semaine dernière le passionnant webinaire Classe des maitres comment organiser sa documentation pédagogique présenté par Annie Martin,

                  Directrice du développement, Leadership et apprentissages chez  Apple Éducation accompagnée de Sonya Fiset du service national du RÉCIT dans le domaine de la Mathématique, de la Science et de la Technologie (MST).  Ce premier webinaire d’une série de quatre nous apprenait à utiliser l’application Numbers sur notre iPad.  Quelle fantastique application !  Mais quel travail chronophage pour en devenir « maitre ». 

                  Combien d’heures de travail pensez-vous qu’un enseignant-e doive consacrer pour apprendre, devenir familière avec tous ces nouveaux outils technologiques souvent complexes ? 

                  Ma mère qui était enseignante à l’époque où encore beaucoup de religieuses enseignaient dans les écoles du Québec faisait souvent la remarque de l’injustice de sa situation.  Les religieuses n’avaient qu’à se préoccuper de leur travail car l’entretien ménager et des vêtements et les repas étaient offert par la communauté alors qu’elle après sa journée de travail devait s’occuper de notre quotidien. Et elle était veuve avec un seul enfant.  

                  Être enseignant est un travail qui consiste en premier lieu à prendre charge d’un groupe d’élève et pendant une année scolaire de septembre à juin enseigner à ces jeunes un programme d’études prescrit par l’état.  Comme tout autre travailleur, la plupart des enseignants ont une vie personnelle en dehors des heures de travail. Alors pourquoi en éducation n’offre-t-on pas aux employés des services similaires à ceux offerts par les institutions financières, les industries et les services publics à leurs employés lors de l’implantation de nouvelles technologies dans leur milieu de travail ?

                  Heureusement, en France, il y a des eRUN, des enseignants référents pour les usages du numérique pour le premier degré et les RUPN, enseignants référents pour les ressources et usages pédagogiques numériques pour le second degré. Le réseau est coordonné par la délégation académique du numérique pour l’éducation (DANE).  C’est une initiative essentielle au succès de la nouvelle étape de l’éducation au numérique (car il s’agit ici bien d’éducation et non uniquement d’instruction) devant l’apparente émergence de l’IA.

                  Il faut dépasser le statut de « les eRUN sont ceux qui installent les appareils et branchent les câbles dans les bonnes prises », mentionne Christian Stracka, eRUN en Seine St Denis et président de lAFT-RN, l’Association des Formateurs TICE Réseau National…. « Les eRUN sont au cœur du numérique sur le terrain » dit avec raison monsieur Patrick Arceluz, inspecteur de l’Éducation nationale et chef de bureau au Ministère. [xiii]

                  Education et numérique, la suite de l’histoire

                  Rassurés par la présence des eRUN auprès des enseignants-es, si nous complétions une partie de l’histoire.  Je propose au départ le modèle du CAS (Computing at school) d’Angleterre.

                  1- Informatique : algorithmique, programmation

                  J’avance l’hypothèse que la pratique de la programmation facilite l’acquisition d’une compréhension intuitive de la machine.

                  Pour tous, de la maternelle au collège, consultez l’excellent Padlet de Madame Sonya Fiset du Service national du RÉCIT dans le domaine de la Mathématique, de la Science et de la Technologie (MST) : Une proposition en continuum pour les ateliers de programmation et robotique du préscolaire au secondairehttps://padlet.com/sonya_fiset/ateliers-programmation-et-robotique-css-de-la-capitale-http--iynl5ljakmxn

                  Pour s’éveiller au fonctionnement de l’intelligence artificielle il y a la Teachable machine de Google https://teachablemachine.withgoogle.com/ et aussi Objectif IA - CIFAR  https://cifar.ca/fr/ia/objectifia/#topskipToContent.

                  Voici le point de vue d’étudiants de CEGEP que j’ai consulté au sujet de leur expérience de la programmation au primaire et au secondaire.  Certains d’entre eux se souvenaient avoir utilisé code.org et Blooky games https://blockly.games/ et avoir fait de la robotique et participé à Robotic First Québec  https:/robotiquefirstquebec.org/  au secondaire, alors d’autres n’avaient reçu aucune initiation à la programmation et à la robotique. 

                  Une jeune fille maintenant inscrite au programme mathématique et informatique au CEGEP regrettait n’avoir reçu aucune leçon de programmation ni au primaire, ni au secondaire.  C’est lors d’une visite « portes ouvertes » au CEGEP qu’elle a découvert le programme spécialisé auquel elle est inscrite.  Elle était la seule fille de sa classe lors de son premier cours de mathématiques.  Elle considère que l’apprentissage de la programmation au primaire et au secondaire pourraient faire naître un intérêt chez les filles qui ne se dirigent pas spontanément vers ces études très techniques.

                  À partir de septembre 2024, tous les étudiants inscrits au programme SCIENCE DE LA NATURE des CEGEP du Québec auront un cours obligatoire de 45 à 65 heures de programmation.

                  2 - Les technologies de l’information : l’ordinateur et ses périphériques, les réseaux, les logiciels, les données et l’information.

                  Les élèves savent pitonner sur téléphones et tablettes mais plusieurs observent que les élèves du collège ne savent plus utiliser un ordinateur personnel (un PC). J’ai publié sur Ludomag un petit article à ce sujet : Éducation numérique : dactylographie et organisation

                  https://www.ludomag.com/2022/02/10/37223/. Il faudrait remettre en place ces anciennes classes d’informatique, apprendre à nouveau aux élèves à utiliser correctement traitement de texte et tableur, à s’exercer aux raccourcis de clavier et à gérer leurs dossiers. 

                  Ils connaissent le « software » (les logiciels et applications) par leurs expériences de programmation. 

                  Quant au «hardware" (les appareils et les réseaux) les élèves de la dernière année du primaire et du collège sont capables de comprendre l’électronique avec Arduino, http://www.multimedialab.be/doc/erg/2018-2019/Arduino/Le_grand_livre_d_Arduino_Erik_Bartmann_Eyrolles_2018/Le_grand_livre_d_Arduino_Erik_Bartmann_Eyrolles_2018.pdf

                   Et https://www.arduino.cc/education/middle-school/

                  Utiliser RapsberyPie ,https://raspberry-pi.fr/ et micro:bit https://microbit.org/fr/

                  Plusieurs confondent internet et le web. Peut-être revoir avec les élèves du collège, les sigles du WEB, leur signification.  Savoir lire l'URL (Uniform Resource Locator) le localisateur de ressource uniforme cette chaîne de caractères qui décrit l'emplacement précis sur le Web où les pages ou leurs composants sont stockés.

                  Regardons l’URL d’une des premières pages Web - la page d'accueil de Berners-Lee pour le projet World Wide Web lui-même. http://info.cern.ch/hypertext/WWW/TheProject.html

                   - http : c'est le protocole utilisé pour demander l'hypertexte et le contenu   - :  // est juste une ponctuation - Berners-Lee pense maintenant qu'il aurait mieux valu sauter le //  

                  - info est le nom du serveur Web auquel nous nous connectons. Souvent, ce sera www

                  - cern  est  le  nom  de  l'organisation,  en  l'occurrence  le  Centre européen de recherche nucléaire 

                  - ch est une abréviation du pays dans lequel l'organisation a enregistré son nom de domaine, ici, la Suisse.  Certains pays montrent également de quel type d'organisation il s’agit, par exemple co.uk pour un site commercial et sch.uk pour un site scolaire au Royaume-Uni.  Si aucun pays n'est montré, il sera enregistré aux Etats-Unis, .com pour les sites commerciaux, .edu pour les sites universitaires, et ainsi de suite.

                  -  / hypertext est un répertoire (dossier) sur le serveur Web. 

                  -  / WWW est un répertoire dans / hypertexte sur le serveur Web.

                  - TheProject est le nom du fichier réel 

                  - .html est l'extension de fichier, qui indique le format dans lequel la page est écrite, dans ce cas HTML. C'est comme .doc ou .docx pour un fichier Word, ou .jpg ou .jpeg pour une image.

                  Savoir lire un URL par les élèves du collège permet peut-être de faciliter leur lutte contre la désinformation https://www.numacom.fr/blog/qu-est-ce-qu-une-url-definition-et-fonctionnement.

                  Être informé de la différence entre les protocoles de transfert http et https.

                  https://cnie.dz/difference-entre-http-et-https/

                  https://fr.wikipedia.org/wiki/Hypertext_Transfer_Protocol_Secure

                  Les informer de l’informatique ubiquitaire, de l’internet des objets où les données sont enregistrées, souvent malgré soi par les capteurs, connaître le travail des « data scientists » et l’analytique.  

                  3- Littéracie numérique, apprendre à vivre et à travailler dans et hors du cyberspace.

                  Beaucoup de travail a déjà été fait dans ce domaine. Quelques exemples :

                  • APPRENDRE EN TOUTE ÉTHIQUE DANS LES SALLES DE CLASSES INTELLIGENTES

                   https://www.reseau-canope.fr/agence-des-usages/apprendre-en-toute-ethique-dans-les-salles-de-classes-intelligentes.html

                  • Comment faire des usages numériques responsables et durables

                  https://ecolebranchee.com/comment-faire-des-usages-numeriques-responsables-et-durables/

                  Savoir identifier les courriels (email) frauduleux.

                  Faire de la science pour développer l’esprit critique

                  On lit de tout sur le WEB et comme l’éducation cherche à donner aux jeunes citoyens « une tête bien faite », quoi faire pour permettre au jeune illettré de distinguer le vrai du faux.  Comment distinguer les « faits scientifiques » des « faits alternatifs », les « canulars du WEB » de la vérité ?  Les décodeurs dans le Le Monde : Faits alternatifs, fake news, post-vérité… petit lexique de la crise de l’information https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/01/25/faits-alternatifs-fake-news-post-verite-petit-lexique-de-la-crise-de-l-information_5068848_4355770.html#ancre_r%C3%A9information  Cet article date de 2017, quoi penser maintenant que l’IA permet à n’importe qui de créer et qu’il est si facile de … Générer de faux contenus, qui reprennent l'image ou la voix de personnes de façon hyperréaliste pour induire en erreur, est un jeu d'enfant à partir d'applications sur un téléphone cellulaire affirme Nadia Naffi de l’université Laval dont on peut lire les résultats de l’étude publiés dans Journal of Constructivist Psychology

                  Sensibiliser, ça ne suffit pas. Il faut le vivre pour comprendre…. Ajoute madame Naffi.  J’applique cette observation critique à l’enseignement des sciences dans nos écoles.  On partage avec les élèves une certaine « culture scientifique » mais leur apprend-on le fondement de ces « faits scientifiques » qu’on leur transmet et qui diffèrent de ces « faits alternatifs » issus de théories élaborées pour justifier une croyance ou une malice ?

                  Quand l’URSS a le premier mis en orbite le Spoutnik le 4 octobre 1957, l’armée états-unienne a imputé cet échec à la défaillance de l’enseignement des sciences dans les écoles du pays.  Pour y remédier, l’armée a subventionné les facultés d’éducation de plusieurs grandes universités pour étudier la question.  Il en est ressorti une toute nouvelle didactique des sciences pour l’enseignement primaire et secondaire, familièrement nommée « la révolution de l’enseignement des sciences » où les programmes se caractérisent par une vision des sciences qui dépasse l’acquisition de connaissances mais accorde plus d’importance au processus de découverte.

                  Un « fait scientifique » est avant tout une réponse à une question, obtenue selon un processus de recherche codifié et pragmatique. Acquérir une connaissance scientifique fait appel à un ensemble d’observations du sujet ou du phénomène étudié, il peut s’agir d’observation directe par l’un de nos sens, en utilisant un outil tel une loupe, un instrument de mesure, ou par une manipulation selon une démarche expérimentale, par la collecte des données issues de ces observations, leur analyse.  L’interprétation des résultats de l’étude doit être fondée sur les données recueillies.  Le scientifique doit « justifier » sa réponse en la fondant sur le résultat d’une quantité significative d’observations ou le résultat d’expériences au processus normalisé.

                  La science diffère de la poésie.

                  • On peut apprendre au jeune enfant à observer et discuter de ses observations avec ses camarades.
                  • On peut apprendre au jeune enfant à se méfier de la véracité de ses perceptions et au besoin utiliser divers instruments de mesure.
                  • On peut apprendre à imaginer une hypothèse pour expliquer un phénomène et savoir la vérifier par une enquête expérimentale, identifier et contrôler des variables.

                  Cet enseignement où les élèves manipulent du matériel est beaucoup plus exigeant que des leçons magistrales et tout ce matériel prend de la place.  Il faut revoir l’espace scolaire.  Mon coup de cœur demeure le modèle Future Classroom Lab https://www.futureclassroomlab.fr/ , un espace intéressant où les enseignants peuvent faire du team teaching, où on peut prévoir des classes laboratoires pour la pratique de la science et des « maker space ».

                  Quant à savoir comment créer ces leçons pratiques, La Fondation la Main à la pâte https://fondation-lamap.org/ présente une intéressante collection de leçons.

                  Conserver son indépendance

                  Qui dit que le progrès est toujours la nouveauté ?  On peut revenir un peu vers le passé pour apprendre aux jeunes élèves certains savoir-faire où ils se passent des écrans.

                  • Le premier qui me vient en tête est leur apprendre à créer des cartes (de leur quartier par exemple) et à savoir lire des cartes papier.  Les élèves, en équipe, peuvent jouer à imaginer un voyage et en décrire le trajet à l’aide de cartes de papier et d’Atlas. Difficile car les cartes et horaires de bus et de métro ne sont souvent uniquement accessible en ligne, mais le principe demeure, être capable de s’orienter sans GPS et Google MAP.
                  • Favoriser la reprise de recherches dans les encyclopédies papiers et les Atlas.
                  • Encourager le retour vers l’expérience concrète, sans la machine - avoir un calendrier papier où l’élève écrit sa découverte du jour, une odeur agréable, une brise caressante, la froideur de la pluie, ….
                  • Pratiquer la calligraphie.
                  • Créer des murales où conjointement les élèves illustrent le sujet d’une leçon par de jolis mots, quelques dessins et des collages d’illustrations découpées dans des magazines récupérés à un centre de recyclages.
                  • Et ne pas oublier l’importance du calcul mental si cher à Marie Curie [xiv] qui en 1907 a donné à sa fille Irène et à quelques enfants de ses amis des leçons de physique fondées sur l'observation, l'expérimentation et le questionnement.
                  4. Le numérique comme support à l’enseignement

                  C’est dans le contexte des programmes d’étude prescrits par l’état que seraient proposés applications, vidéos et liens vers des sites WEB complémentaires aux leçons dispensées par les enseignants-es, un peu à la manière dont les vidéos et activités sont disponibles dans un MOOC pour éviter de laisser aux enseignants-es la tâche de les chercher dans la jungle numérique.  Les enseignants-es auraient aussi la latitude de d’enrichir leur enseignement des divers documents qui conviennent davantage à la pédagogie et à la philosophie de l’éducation qu’ils préconisent.         

                  Dans L’IA pour les enseignants, un manuel ouvert https://pressbooks.pub/iapourlesenseignants/front-matter/33/  on lit dans la section « Gérer l’éducation » au chapitre 14, ce texte de MANUEL GENTILE ET GIUSEPPE CITTÀ :  L’apprentissage en ligne et les systèmes de gestion de l’apprentissage (Learning Management Systems, LMS)

                  … avec l’avancement de la technologie, il est plus approprié de se rréférer à des systèmes et des plates-formes pour la « livraison » de l’apprentissage en ligne plutôt qu’à des outils uniques. De tels systèmes sont le résultat de l’intégration de différents outils logiciels capables de construire un écosystème où des parcours d’apprentissage flexibles et adaptables peuvent être exploités. Un système de-learning permet la gestion des processus d’apprentissage et la gestion des cours. Il permet de réaliser des évaluations de l’apprentissage des étudiants, la rédaction de rapports, la création de contenus et leur organisation.

                  Avec la venue de lIA, l’éducation, en général, et les LMS, en particulier, deviennent des champs d’application potentiels et prometteurs de cette force révolutionnaire.  Les LMS, grâce aux fonctionnalités portées par l’IA, représentent un outil d’apprentissage renouvelé capable de répondre à deux des aspects fondamentaux de l’éducation du futur : la personnalisation et l’adaptation. C’est de cette combinaison entre LMS et IA qu’émerge le Smart LMS (SLMS) ou LMS Intelligent.

                  Un SLMS peut donc être défini comme un système d’apprentissage capable dadapter les contenus proposés à l’apprenant en les calibrant aux connaissances et aux compétences dont l’apprenant a fait preuve lors de tâches précédentes.

                  … un LMS intelligent fournit à l’apprenant le parcours d’apprentissage le plus efficace et le contenu d’apprentissage le plus approprié, par le biais de lautomatisation, de ladaptation de différentes stratégies d’enseignement (scaffolding), du reporting et de la génération de connaissances.

                  Puisqu’un SLMS recalibre les contenus sur les compétences et le niveau de l’étudiant, il évite que l’apprenant soit confronté, dans les différentes phases de son parcours, à des tâches qui l’ennuient parce qu’elles sont trop simples, ou qui le frustrent parce qu’elles sont trop complexes. Ainsi, la motivation et l’attention de l’élève sont toujours à un niveau élevé et adapté

                  …Il en découle un avantage direct pour l’enseignant qui n’a pas à créer de temps en temps de nouveaux matériels pédagogiques et peut utiliser le temps gagné dans d’autres occupations essentielles telles que le perfectionnement de ses méthodes d’enseignement et/ou l’interaction directe avec les étudiants.

                  C’est dans ce contexte où il est maintenant possible d’utiliser le numérique et l’IA qu’on peut imaginer les classes de 2030 aménagées sous la forme de Future Classroom Labs où certains élèves complèteront à leur rythme selon leur propre parcours, les activités d’apprentissages que leur prescrit l’enseignant-e.  C’est la machine qui sera leur tuteur pour leur apprendre ce que je nomme les outils de la connaissance, la grammaire et l’orthographe, le calcul et l’arithmétique.

                  Le temps rendu disponible par le tutorat offert par la machine permettra aux enseignants-es de mener des activités de type « hands-on », travailler dans le Maker-space et mener divers ateliers de science, d’art, des activités d’appréciation de la nature où les élèves s’éveilleront aux caractéristiques et richesses de la vie qui font d’eux des êtres différents des machines intelligentes qui nous entourent.

                  5 - Je suis un être vivant

                  Les réflexions au sujet de la relation des êtres humains avec l’informatique ne datent pas d’hier. Douglas Engelbart https://fr.wikipedia.org/wiki/Douglas_Engelbart, est connu pour ses travaux sur l’interface Homme-machine et ses recherches sur l’augmentation de l’intelligence humaine par l’interaction avec l’ordinateur. C’est le 9 décembre 1968 lors de ce qu’on nomme  The Mother of All Demos que Douglas Engelbart a présenté ce qui peut être considéré comme le fondement de l’informatique moderne :  Cette démo a permis de présenter la première souris informatique que le public ait pu voir, la visioconférence, la téléconférence, le courrier électronique et le système hypertexte.

                  Dès les années 50, John von Neumann, le mathématicien qui a donné son nom à l'architecture de von Neumann utilisée dans la quasi-totalité des ordinateurs modernes, a émis l’hypothèse de la singularité électronique selon laquelle . . . laccélération constante du  progrès  technologique  et  des  changements  du  mode  de  vie humain,  qui  semble  nous  rapprocher  d’une  singularité fondamentale de l’histoire  de  l’évolution  de  l’espèce,  au-delà  de laquelle  lactivité  humaine,  telle  que  nous  la  connaissons,  ne pourrait  se  poursuivre  .  .  .  a  rapporté  Stanislaw  Ulam  d’une  conversation  de mai 1958.

                  Plus récemment Raymond Kurzweil, un futurologue dans son livre de 2005, The Singularity is Near : : When Humans Transcend Biology, définit ainsi la Singularité : c’est une période future au cours de laquelle le rythme de l’évolution technologique sera si rapide et son impact si profond que l’humain se transformera de manière irréversible. . . . Les concepts sur lesquels s’appuient le sens de nos vies, de nos cultures et de nos civilisations, irrémédiablement transformés.

                  Cette théorie a reçu plusieurs critiques [xv]  et Ray Kurzweil conçoit les limites économiques, politiques ainsi que des connaissances et des découvertes technologiques.

                  Et il y a aussi ce que l’on nomme le transhumanisme, terme proposé par Julian Huxley en 1957 : l'homme restant homme, mais se transcendant, en réalisant de nouvelles possibilités de et pour sa nature humaine.  Humanity+ [xvi], anciennement World Transhumanist Association, est une ONGI créée en 2004 qui milite pour l'utilisation éthique des « nouvelles technologies » afin de procéder à l'amélioration humaine. C’est une façon de penser qui préconise l’utilisation des sciences et de la technologie afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des humains. Cette façon de penser est basée sur la conviction que les humains sont actuellement dans leur phase intermédiaire de développement.

                  Le désir de retrouver la jeunesse, ou plus généralement de surmonter les limitations naturelles du corps humain, pourrait vraiment être considéré comme le plus ancien vœu de l’humanité. Les handicaps, la maladie, le vieillissement et même la mort ne sont pas désirables. Il faut utiliser les biotechnologies, les nanotechnologies avancées, le génie génétique, divers outils de gestion de l’information et autres technologies émergentes pour arriver à une version améliorée de l’être humain. Et les technologies sont maintenant tellement avancées que l’interface homme-machine est devenue transparente et pratiquement invisible.

                  Bref, c’est un domaine qui suscite de nombreuses et très fortes réactions.

                  Neil Harbisson, celui qui est souvent nommé le premier cyborg, a fondé avec Moon Ribas, la Fondation Cyborg [xvii], une association à but non-lucratif basée à New York qui collabore avec les instituts de recherches et les universités et se donne comme mission principale d’aider les êtres humains à devenir cyborg. On dépasse ici le concept fortement discuté de « transgenre » pour traiter ce que l’on nomme le «Transpecies» .

                  Je ne suis ni futurologue ni réactionnaire, enfin c’est ainsi que je me perçois, mais en notre époque où les technologies s’imposent, je préconise la promotion auprès des écoliers et collégiens de la VIE sur l’écosystème terrestre.  Il y si peu de bonnes planètes où nous réfugier.  

                  Voici quelques exemples d’activités par lesquels nos enfants peuvent comparer êtres vivants et machines.

                  Cette activité se fait en deux temps : septembre/octobre et mai/juin. Demander la participation des élèves de CM 1 ou CM2 pour faire cette activité avec les petits de maternelle ou de la première année du primaire.  Procurez-vous un rouleau de papier kraft.  En découper des morceaux environ 50 cm de plus long que les jeunes élèves. Les petits se coucheront sur le dos sur une feuille avec une tablette à côté d’eux et les élèves plus âgés traceront sur la feuille la silhouette de l’enfant et de la tablette.  On indiquera la date de ce premier enregistrement.  On refait la même activité à la fin de l’année scolaire. 

                  Qu’est que les élèves peuvent observer ?  Suite à la discussion, les élèves devront retenir qu’ils sont des êtres vivants et l’une de leur caractéristique est qu’ils grandissent mais que la tablette est un objet inanimé, sans vie et ne possède par cette caractéristique des vivants : la croissance.

                  Le très classique haricot permet lui aussi l’étude de plusieurs caractéristiques des êtres vivants ainsi que la relation de ceux-ci avec leur milieu de vie.

                  L’observation des graines de fèves de Lima et la découverte des plantules.

                  La germination des graines de haricots - celles laissées à l’air libre, celles entourées de tissus humidifiés avec de l’eau, avec des produits d’entretien ménager, avec l’alcool.

                  On mesure la croissance des plants transplantés dans un terreau approprié, dans du sable, dans une variété de substrat.

                  Comment se comportent les plants mis sous un carton sans accès à la lumière, mis sous un carton troué d’un côté, qu’on arrose régulièrement, qu’on arrose trop, qu’on n’arrose pas, qu’on place au frigo, ou qu’on chauffe trop sous une lampe ?

                  Voir les fleurs se développer et apparaître les premiers fruits et les graines qu’ils contiennent.  Bref, l’observation du cycle de la vie de la naissance à la mort, passant par la croissance, la reproduction et des relations de ces êtres vivants avec leur milieu de vie.

                  C’est très facile de découvrir des cloportes sous un caillou, une branche abandonnée.  Quelle agréable petite bête pour explorer de nouvelles caractéristiques des vivants. On peut facilement créer sur des plaques à biscuits des milieux aux propriétés différentes et observer le comportement des cloportes, préfèrent-ils l’obscurité à la lumière, l’humidité à la sécheresse, le froid, la chaleur. 

                  Et que dire du potentiel des vers de farine pour appliquer la démarche expérimentale. 

                  Bref, quantités d’activités pratiques, concrètes où les élèves OBSERVENT, INTERAGISSENT et graduellement comprennent les caractéristiques des vivants et les principes d’écologie.

                  La vie s’épanouit dans nos régions avec le printemps. Regardons les feuilles craquer leurs bourgeons, s’ouvrir et croître sous l’énergie solaire, les fleurs couvrir nos parterres et ces plantes courageuses, qu’on nomme mauvaises herbes, pousser entre les pavés.  C’est la force de la vie qui s’éclate et nous en sommes irrémédiablement dépendants. 

                  Heureux printemps à vous chers lecteurs.

                  Ninon-Louise LePage

                  [i]  Seymour Papert, Wikepédia

                    https://fr.wikipedia.org/wiki/Seymour_Papert

                   Découvrir la programmation avec LOGO

                    https://www.tortue-logo.fr/

                  [ii]  Les débuts de l'informatique à l’école

                  https://www.la-croix.com/Actualite/France/Les-debuts-de-l-informatique-a-l-ecole-_NG_-2005-05-13-589290

                  [iii]   L'INFORMATIQUE SCOLAIRE AU QUÉBEC : ÉVOLUTION ET ÉTAT DE LA SITUATION.

                    https://edutice.hal.science/file/index/docid/30736/filename/b49p072.pdf

                  [iv]   Ce n’est pas de la tarte . . . aux framboises. Alors qu’est-ce que le Raspberry Pi ?

                    https://archives.ludomag.com/archives/18712

                  Rapsberry Pie

                      https://fr.wikipedia.org/wiki/Raspberry_Pi

                  [v]   Micro:bit

                    https://microbit.org/fr/get-started/what-is-the-microbit/

                  [vi]   L’informatique : leçons tirées de l’expérience du Royaume-Uni

                     https://ecolebranchee.com/linformatique-lecons-tirees-de-lexperience-royaume-uni/

                  [vii]  How England implemented its computer science education program

                    https://www.brookings.edu/wp-content/uploads/2021/01/How-England-implemented-its-computer-science-education-program.pdf

                  [viii]  Guillou, Michel, «!Le numérique, comme paysage et culture, n’appartient   en   propre   à   personne,   et   surtout   pas   aux informaticiens!»

                  [ix]  Laboratoires créatifs … aussi nommés MakerSpaces, FabLabs

                  • Le mouvement « MAKER » envahit vos écoles et vos collèges? (2016)

                  https://archives.ludomag.com/archives/17389

                  • Design Thinking et esprit créatif : peut-on former une génération d’innovateurs ? (2016)

                  https://archives.ludomag.com/archives/19153

                  • The Maker Program Starter Kit , gratuit, disponible chez Autodesk (2017)

                  https://archives.ludomag.com/archives/21346

                  • Le mouvement « maker » pour apprendre, vivre et partager : le guide maintenant disponible en français (2023)

                  https://www.educavox.fr/accueil/breves/le-mouvement-maker-pour-apprendre-vivre-et-partager-le-guide-maintenant-disponible-en-francais

                  [x]  La pensée informatique

                              Élie Allouche, Éducation nationale, Un point sur la pensée informatique (2022) : enjeux de recherche et d’éducation, définitions et repères,

                  https://edunumrech.hypotheses.org/3980

                              Pensée computationnelle, Edutech wiki

                  https://edutechwiki.unige.ch/fr/Pens%C3%A9e_computationnelle

                  [xi]   BBC, Introduction to computational thinking

                    https://www.bbc.co.uk/bitesize/guides/zp92mp3/revision/1

                  [xii]   Microplastics found in every human placenta tested in study

                    https://www.theguardian.com/environment/2024/feb/27/microplastics-found-every-human-placenta-tested-study-health-impact

                  [xiii] idruide, Qu’est-ce qu’un eRUN dans l’Éducation nationale ?

                    https://idruide.com/quest-ce-quun-erun-dans-leducation-nationale/

                  [xiv]  LEÇONS DE MARIE CURIE : PHYSIQUE ÉLÉMENTAIRE POUR LES ENFANTS DE NOS AMIS

                    https://sites.google.com/site/lmdsmariecurie/

                    https://dokumen.pub/leons-de-marie-curie-guide-pedagogique-physique-elementaire-pour-les-enfants-de-ses-amis-9782759802272.html

                  [xv]   Quelques critiques de la théorie de la singularité

                   Jonathan Huebner, https://accelerating.org/articles/huebnerinnovation.html

                  David Bodanis https://en.wikipedia.org/wiki/David_Bodanis

                  Theodore Modis https://en.wikipedia.org/wiki/Theodore_Modis

                  Ted Gordon https://www.millennium-project.org/about-us/%20planning-committee/ted-gordon/

                  [xvi]  Humanity +

                   Wikipédia

                  [xvii]  Cyborg foundation

                    https://www.google.com/search?q=Fondation+Cyborg&oq=Fondation+Cyborg&gs_lcrp=EgZjaHJvbWUyBggAEEUYOdIBCDE0MzlqMGo0qAIAsAIA&sourceid=chrome&ie=UTF-8#fpstate=ive&vld=cid:9cf63fbf,vid:8MbRdZiiBkI,st:0

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                    Ninon Louise LePage

                    L’éducation et le numérique, une histoire à compléter

                    2 mois ago
                    Je nous invite à réfléchir à la formation à préconiser auprès des élèves des classes primaires et du collège, ces…

                    Ce texte comprend trois parties :

                    PREMIÈRE PARTIE - Le chemin parcouru

                    DEUXIÈME PARTIE : AUJOURD’HUI, le numérique et nous à la lumière montréalaise

                    TROISIÈME PARTIE - Education et numérique en 2024, que faire ?

                    PREMIÈRE PARTIE - Le chemin parcouru Il était une fois …

                    … il y a près de 50 ans, est apparu sur les écrans des micro-ordinateurs de nos écoles, la célèbre tortue-logo de Seymour Papert qui initiait les élèves au langage de programmation LOGO [i].  Ces premiers élèves ont environ 60 ans aujourd’hui et plusieurs d’entre eux tout comme moi subissent l’insidieux envahissement de notre quotidien par les technologies numériques… le numérique c’est si pratique… le numérique nous tire au mieux de plusieurs problèmes concrets de l’existence…         

                    Les classes « informatique »

                    En France [ii] en 1985, le gouvernement lança le plan « informatique pour tous » pour initier tous les jeunes aux nouvelles technologies de l’information… Puis un changement de gouvernement, comme c’est souvent le cas, a vu l’abandon de cette première tentative d’introduction des technologies de l’information et de la communication en milieu scolaire.

                    Au Québec [iii],  la micro-informatique scolaire débute officiellement en 1983 par une intervention du Ministère de l’Éducation (MEQ) : les applications pédagogiques de l’ordinateur (APO) et l'utilisation de logiciels-outils (traitement de texte, tableurs, gestionnaires de bases de données, éditeurs graphiques) à des fins pédagogiques.  En décembre 85, des élections provinciales ont porté au pouvoir un nouveau gouvernement qui dès avril 86, interrompait la politique d'achat d'équipements entreprise par le gouvernement précédent et annonçait un moratoire sur tous les équipements informatiques scolaires.

                    Le rapport des technologies de l’information et de la communication, autrefois informatique et nommées « le numérique » en cette fin du premier quart du 21ème siècle, avec nos écoles semble d’un pays à l’autre avoir souvent eu une forte saveur politique.

                    Malgré tout, tant en France qu’au Québec les années 90 ainsi que le début des années 2000 ont vu s’établir dans les écoles ces classes d’informatique où les élèves étaient initiés à l’usage de la souris, aux logiciels-outils et aux recherches sur le WEB. Certaines firmes précurseurs ont aussi créé des logiciels à but éducatifs et même des jeux électroniques sérieux.

                    Par contre, les ordinateurs en milieu scolaire ce n’était pas gagné alors que la société civile de son côté devenait de plus en plus numérisée. Une fois de plus nos gouvernants ont pris la relève afin de s’assurer que leurs citoyens seraient prêts pour ce fameux 21ème siècle et à la présence accrue et aujourd’hui l’omniprésence des technologies numériques.

                    L’apprentissage de l’informatique dans les écoles d’Angleterre        

                    L’exemple de l’Angleterre est remarquable. C’est vrai qu’il s’agit du pays de Charles Babbage, inventeur visionnaire et précurseur de l’informatique, d’Ada Lovelace, première à écrire un programme informatique, de Georges Boole, créateur de l’algèbre binaire, appelée algèbre de Boole, John Venn, concepteur des diagrammes de Venn, Joan Clarke, cryptologue connue pour sa participation au décryptage de la machine Enigma avec Alan Turing, scientifique et pionnier de l’intelligence artificielle et de Tim Berners-Lee, créateur du WEB. L’Angleterre est aussi le pays du Rapsberry Pie [iv] et du Micro:bit [v].

                    Computing at school (CAS) créé en 2008 par quelques individus issus du milieu de l’industrie et des universités…a formé une alliance stratégique avec BCS, The Chartered Institute for IT, qui est l’association professionnelle des informaticiens du pays.  Leurs premières actions ont été de convaincre le Department for Education de l’importance de l’apprentissage de la science informatique par les élèves du Royaume Uni…

                    En septembre 2014, le Royaume Uni est devenu l’un des premiers pays du G9 à  rendre l’apprentissage de l’informatique obligatoire dans ses écoles. …

                    Le National curriculum in England : computing programmes of studycline l’apprentissage de l’informatique selon trois aspects.

                                1- Computer science : informatique, algorithmique, programmation ; [vi]

                                2- Information Technology : les technologies de l’information, l’ordinateur et ses           périphériques, les réseaux, les logiciels, les données et l’information ;

                                3- Digital Literacy : littéracie numérique, apprendre à vivre et à travailler dans le                                               cyberspace.         

                    Cette belle initiative a connu certains succès.  Cela a été associé à des taux plus élevés d'inscription à l'université (Brown et Brown, 2020 ; Salehi et al., 2020), …  L’éducation informatique promet d’améliorer considérablement la préparation des étudiants à l’avenir du travail et à la citoyenneté active. [vii] …  a connu un certain succès auprès des filles, ainsi que des étudiants issus de minorités et des zones rurales, …

                    Cette belle initiative qui pourtant avait été très bien préparée et organisée a rencontré plusieurs difficultés lors de l’application du programme à la grandeur du pays.

                    Appliquer le nouveau programme informatique était un grand défi. De nombreux enseignants se sont immédiatement sentis mal à l’aise avec le nouveau matériel (Brown et al., 2014 ; Sentence et al., 2013), le considérant comme une matière exceptionnellement difficile à enseigner et à apprendre (Royal Society, 2017). … les enseignants basés loin des centres urbains se sentent souvent isolés, ce qui rend difficile leur participation aux réunions de réseautage ou aux activités de perfectionnement professionnel.

                                … Lit-on en conclusion de l’étude du Brookings Institution : How England implemented its computer science education program. https://www.brookings.edu/wp-content/uploads/2021/01/How-England-implemented-its-computer-science-education-program.pdf

                    Je considère que le National curriculum in England : computing programmes of study est la meilleure et plus complète formation aux technologies numériques pouvant être offerte aux jeunes citoyens d’un état.  L’erreur a peut-être été de tenter d’imposer cet enseignement à tous les enseignants du pays.   La formation des enseignants semble être la pierre d’achoppement de l’implémentation de ces programmes, à comme on peut l’observer un peu partout ailleurs.

                    Le numérique, un concept français    

                    Le   mot « numérique» dans le contexte des technologies de l’information et de la   communication est unique à la langue française qui, semble- t-il, est la seule à utiliser la racine latine numerus («nombre»), alors que les autres langues, même latines (espagnol, italien ou portugais), utilisent, comme l’allemand, l’anglais, le néerlandais et la plupart des langues européennes, une autre racine latine, digitus («doigt» – c’est avec les doigts que l’on compte les nombres). (Moatti, A. 2012). Pour Jean François Cerisier … Les choix terminologiques sont aussi des choix sémantiques. Les discours politiques et institutionnels concernant les technologies de l’information et de la communication dans l’éducation n’échappent pas à ce principe. Parler d’informatique (années 80), de multimédia (années 90) ou de numérique (aujourd’hui) ne signifie pas la même chose. Cela témoigne de changements d’ordre épistémologique.

                    Le substantif « numérique » est paradoxal et complexe et en a fait rêver plusieurs, dont Michel Guillou qui écrit Le numérique, c’est un nouveau modèle d’humanisme, citoyen, social et politique … C’est la culture de l’engagement, du changement et du réseau, …La culture numérique, c’est le cadre culturel qui donne du sens à la vie de chacun, le paysage à partir duquel nous construisons nos actions, nos actes, nos tâches, à partir duquel nous élaborons nos valeurs … ces technologies transforment l’ensemble de la société et de toutes ses institutions.

                    Et oui, mais quel choc ! Le numérique n’est pas cet accès universel à la pensée des Lumières telle qu’imaginée par ses premiers adeptes … qui comme Michel Guillou y percevaient … des valeurs et des attitudes nouvellement renforcées, celles du partage, de la connivence, de la collaboration, de lamitié, du désir, de la responsabilité, de l’écoute de l’autre, de l’attention à ses préoccupations, de la tolérance [viii]…         

                    Le numérique de 2024, c’est aussi la vitrine de la bêtise humaine, l’outil de communication des terroristes, la source d’addictions et troubles mentaux chez trop de jeunes, le déferlement de colères et de haines et de plus nous en sommes tous plus ou moins prisonniers.

                    La France est le pays de Joseph Marie Charles Jacquard et du métier à tisser programmable, de Claude Chappe, inventeur du sémaphore, premier entrepreneur des télécommunications dans l'histoire de l’humanité, de Richard Dreyfus, créateur du mot informatique en français, de Louis Pouzin, connu pour le développement des réseaux à  communication paquets, précurseurs d’internet, de François Guernelle, qui a inventé le premier micro-ordinateur à microprocesseur, de Luc Julia, l’un des concepteur de l’assistant vocal Siri, Yann Le Cun, l’un des inventeurs de l’apprentissage profond et récipiendaire du prix Turing, de l’entreprise Ubisoft, l’une des plus importante entreprise de jeux vidéo au monde et de l’Institut national de recherche et en automatique (INRIA) ainsi que de nombreux centres de recherches universitaires.  La France est aussi le pays du Minitel, cet outil télématique (téléphone et informatique) typiquement français, qui a fait l’envie de toutes les nations dans les années ’80.

                    Mais à la différence de l’Angleterre, c’est l’Éducation nationale qui a mené la formation des élèves, formation qui a été développée selon le bon vouloir des élus et qui a subi les fluctuations des politiques.

                    • Lancement de la concertation nationale sur le numérique pour l’éducation en 2015 :

                    https://eduscol.education.fr/sti/actualites/lancement-de-la-concertation-nationale-sur-le-numerique-pour-leducation

                    • Déploiement progressif du Plan numérique, en 2016

                    https://cache.media.eduscol.education.fr/file/DP_rentree/28/5/2015_rentreescolaire_fiche_11_456285.pdf,

                    https://www.gouvernement.fr/action/l-ecole-numerique

                    • Direction du numérique pour l'éducation (DNE). https://www.education.gouv.fr/direction-du-numerique-pour-l-education-dne-998
                      • Elle identifie les transformations du système éducatif permises par l'évolution des technologies numériques et définit, en lien avec la direction générale de l’enseignement scolaire les conditions de leur mise en œuvre.  ….
                      • Elle conçoit, dans le cadre des objectifs fixés par la direction générale de l'enseignement scolaire et la direction générale des ressources humaines, les dispositifs de formation initiale et continue des enseignants au numérique et par le numérique.  …

                    Deux des missions de la Direction du numérique pour l’éducation (DNE) qui sont fort nombreuses et touchent tous les aspects du numérique scolaire allant d’un souci de veille et de prospective, d’accompagnement de la transformation numérique du système éducatif, elle conçoit, met en œuvre et assure la maintenance des systèmes d'information et de communication, anime les réseaux pédagogiques et accompagne l’évolution des pratiques dans le domaine du numérique, entre autres.

                    Voici quelques remarquables caractéristiques du système français d’implantation des technologies numériques dans le système scolaire :

                    Pour une mise-à-jour, on peut consulter : Programmation et culture numérique sur Eduscol https://eduscol.education.fr/1824/programmation-et-culture-numerique

                    Georges-Louis Baron and Béatrice Drot-Delange présentent une fort intéressante perspective de l’enseignement de l’informatique en France, même si elle date, dans l’article d’Open Edition Journals L’informatique comme objet d’enseignement à l’école primaire française? Mise en perspective historique https://journals.openedition.org/rfp/5032?lang=en

                    Et au Québec

                    Tout comme en France l’initiation des élèves aux technologies numériques a été placé sous prérogative gouvernementale, le ministère de l’Éducation (MEQ). Le numérique en éducation du gouvernement québécois, publié en 2018 sur Educavox marque le début de l’intervention officielle https://www.educavox.fr/accueil/breves/strategie-numerique-en-education-du-gouvernement-quebecoisNumérique en éducation, https://www.quebec.ca/education/numerique, document du MEQ présente ce qui se passe actuellement:

                    Et les partenaires qui rendent disponibles une grande variété de contenus qui permettent de répondre aux besoins exprimés par le personnel scolaire :

                                RÉCIT https://recit.qc.ca/

                                Cadre 21 https://www.cadre21.org/

                                learn https://learnquebec.ca/

                                École branchée https://ecolebranchee.com/

                    Sans être partenaire du ministère, Digital Moment, autrefois KidsCODEJeunesse, est actif auprès des jeunes québécois pour l’initiation à la programmation et se concentre sur la création de programmes et d’expériences pour les jeunes et leurs communautés sur les compétences numériques comme la programmation, la littératie des algorithmes et des données et l’intelligence artificielle ainsi qu’à la sensibilisation à la présence du numérique dans nos environnements. J’ai écrit deux articles à leur sujet :

                    Ce qui est remarquable au Québec est l’usage généralisé des divers ensembles de logiciels nommés « suites pour l’éducation » : Microsoft 365 pour l’éducation, Google Workspace pour l’éducation ou Apple Education.  L’un ou l’autre de ces ensembles seront utilisés dans les classes selon le choix préconisé par le service scolaire.  Cependant, même si Microsoft ou Google ont été choisis, plusieurs des logiciels de Apple Education seront ajoutés aux trousses des élèves. 

                    Encore aujourd’hui, Sonya Fiset en collaboration avec École branchée présentera un webinaire le mardi 2 avril, Découvrir le potentiel de BooKCreator, conçu pour un usage en classe qui offre une multitude d’options créatives dont le rendu final est un livre numérique multimédia pouvant facilement être diffusé via un lien Web ou en version ePub….  Lors de l’atelier, … les personnes participantes pourront acquérir les bases de cet outil polyvalent, dont la version gratuite permet de fabriquer 40 livres.

                    L’intelligence numérique

                    Ce qui me semble une spécificité québécoise est le concept d’INTELLIGENCE NUMÉRIQUE dont on trouve la définition au site d’IVADO https://ivado.ca/lintelligence-numerique-pour-passer-de-la-donnee-a-la-decision         

                    Pour en savoir plus au sujet du Numérique en éducation au Québec, https://www.quebec.ca/education/numerique

                    La pensée informatique ou pensée computationnelle ou CT [x]

                    Conçue par Seymour Papert l’idée est devenue célèbre suite au légendaire article "Computational thinking" de Jeannette M. Wing (Wing, 2006).  Voici la définition de madame Wing : La pensée computationnelle est le processus de pensée impliqué dans la formulation des problèmes et de leurs solutions, de sorte que les solutions soient représentées sous une forme qui puisse être efficacement exécutée par un agent de traitement de l'information.

                    Le nombre d’éléments qui composent le CT peuvent varier en nombre et complexité des concepts. Par exemple, dans une version simplifiée, le guide proposé par la BBC  [xi] identifie quatre éléments principaux :

                    1.     Décomposition - L’action de diviser un problème complexe ou un système en petites parties plus simples à gérer ;

                    2.     Reconnaissance de pattern - L’action d’identifier des similarités entre problèmes ou à l’intérieur du même problème donné ;

                    3.     Abstraction - L’action de se focaliser exclusivement sur les parties importantes du problème ;

                    4.     Algorithmes - L’action de trouver une solution à travers une règle composée par une série d’étapes.

                    En conclusion de cette première partie

                    Indéniablement, chaque état, chacun à sa façon s’est préoccupé de la formation de ses citoyens aux technologies numériques.       

                    DEUXIÈME PARTIE : AUJOURD’HUI, le numérique et nous à la lumière montréalaise

                    Presqu’un quart du jeune 21ème siècle s’est écoulé.  Le redoutable BUG de l’An 2000 n’a été qu’une bagatelle et la FIN DU MONDE prédite pour le 21 décembre 2012 n’était qu’une mauvaise interprétation du calendrier maya, mais toutefois une avant-première du rôle pernicieux des réseaux sociaux.

                    J’aime ma vie en 2024, j’aime ma vie tellement agréable grâce au numérique … je cherche sur l’application gratuite TRANSIT l’heure du passage de mon bus, j’aime au réveil m’informer à partir de mon lit des nouvelles du jour sur LaPresse et LeDevoir, m’informer de ma famille et mes amis sur les réseaux sociaux. En voyage à New York, j’aime que ma petite fille me guide avec son GPS et GoogleMap et que nous sachions à quelle heure prendre le bus pour nous rendre au restaurant choisi à partir des avis positifs.  J’adore perdre mon temps sur Netflix, IcI Tou.TV, TV5, YouTube, les vidéos de Facebook, entre autres.  Le choix est époustouflant et je dois me discipliner pour enfin terminer ce billet commencé il y a plusieurs semaines déjà.  Et que dire des jeux bébêtes avec lesquels je paresse en hiver. Grâce au numérique je ne m’ennuie jamais. C’est un esclavage que je choisis et aime.         

                    Il y a cet esclavage auquel j’accède par pingrerie, économiser 25$ si j’accepte une relation virtuelle avec l’entreprise, plus de factures papier, plus de paiements par chèque, factures et paiements se font en ligne.

                    Il y a cet esclavage partiellement imposé, si je veux accéder à mon compte de banque en ligne, je dois avoir un téléphone numérique pour recevoir en ligne le code d’accès à mon compte de banque.  J’habite Montréal.  Je peux marcher à la banque avec laquelle je fais affaire.  Mais qu’en est-il des villages de régions dont on ferme non seulement les succursales mais aussi les guichets automatiques où retirer de l’argent comptant, payer ses factures, etc.  Moi, j’ai besoin d’aller à ma banque pour me procurer les pièces de 1$ et de 0,25$ que j’utilise à la laverie automatique de mon édifice … tous les villageois des régions ont-ils leur propre machine à laver ou une auto pour se rendre à la petite ville voisine ?

                    Et il a cet esclavage qui m’est imposé.  Avant la Covid, je n’avais qu’à me rendre au jour et à l’heure qui me convenait à l’hôpital de mon quartier pour le bilan sanguin prescrit par mon médecin et évidemment, attendre mon tour.  Je prenais un livre et j’attendais.  Aujourd’hui, je dois utiliser mon ordinateur, ma tablette ou mon téléphone pour communiquer avec le Portail Clic Santé où je prendrai un rendez-vous avec un établissement de santé de mon quartier, quelques mois plus tard car tout est complet.  S’inscrire à l’Université, communiquer avec mes fournisseurs de services ou mon gouvernement … difficile quasi impossible si n’ai pas internet, un ordinateur et un téléphone « smart » si désagréable à utiliser avec ses minuscules lettres. J’avoue, que l’intelligence artificielle intégrée me propose des mots.  La technologie me facilite la vie.

                    Et le numérique c’est une multitude d’outils, d’appareils, de logiciels, d’applications par lesquels chacun peut s’exprimer, développer ses talents, faire la démonstration de sa créativité et gérer son quotidien.   YouTube telle une Caverne d’Ali Baba est à la fois archive de spectacles, de discours politiques ou philosophiques, de films, une école pour apprendre tout et à tout faire, profs de physique, de maths ou de français, tout savoir, voir les images du télescope James Webb,  cuisiner, programmer, enseigner, devenir plombier, apprendre à emballer de jolis cadeaux, à me maquiller, à utiliser logiciels, applications, robots culinaires, etc et se donner en spectacle au monde, devenir celui qui sait, celui qui peut, celui qui a vu, celui qui révèle l’étendue de ses aptitudes, de son génie.

                    Le numérique c’est le commerce de notre société de consommation et l’industrie militaire qui le financent.

                    Le numérique ce sont aussi ces bébés d’à peine deux ans irrités, agités, en crise de manque quand on leur enlève le téléphone sur lequel ils pitonnaient.         

                    Mais ça brasse chez nos milliardaires du sud, aux États Unis.        

                    Monsieur Zuckerberg, vous et les entreprises qui sont devant nous, je sais que vous ne le pensez pas, mais vous avez du sang sur les mains. Vous avez un produit qui tue des gens”, a déclaré le sénateur Lindsey Graham aux dirigeants lors d’une audience au Sénat des Etats Unis sur les dangers que présentent les réseaux sociaux pour les enfants et adolescents en janvier dernier.

                    Le créateur de Facebook et patron de Meta Mark Zuckerberg a présenté ses excuses à des familles de victimes … « Je suis désolé pour tout ce que vous avez vécu » a-t-il dit !  https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2046053/protection-enfants-zuckerberg-senat-meta

                    La technologie ce sont aussi ces robots conversationnels qui donnent l’illusion d’être humains mais ne sont que des logiciels, des opérations statistiques de corrélations que l’on défini comme de l’intelligence. Cette petite merveille technologique, ChatGPT créée par des informaticiens, des ingénieurs et quantité d’annotateurs semble avoir été arnaquée par des pirates qui utilisent cet IA pour perfectionner leurs cyberattaques.

                    Grâce à la collaboration et au partage d'informations avec Microsoft, nous avons démantelé cinq acteurs malveillants affiliés à un État : deux acteurs malveillants affiliés à la Chine, connus sous le nom de Charcoal Typhoon et Salmon Typhoon ; l’acteur menaçant affilié à l’Iran connu sous le nom de Crimson Sandstorm ; l'acteur affilié à la Corée du Nord connu sous le nom d'Emerald Sleet ; et l'acteur affilié à la Russie connu sous le nom de Forest Blizzard. Les comptes OpenAI identifiés associés à ces acteurs ont été clôturés.

                    Écrit OpenIA sur son blog le 14 février 2024 https://openai.com/blog/disrupting-malicious-uses-of-ai-by-state-affiliated-threat-actors.  C’est une des formes d’actions malveillantes de l’IA prophétisées par Joshua Bengio, l’un des créateurs de l’apprentissage profond qui mène une campagne internationale pour la régulation de l’intelligence artificielle.

                    États comme individus en sommes devenus esclaves écrivait l’agence France-Presse le 17février 2024.  Meta, Microsoft, Google, OpenAI, TikTok, X, ainsi que Adobe, LinkedIn, Amazon et IBM, entre autres, … Vingt géants du numérique se sont engagés vendredi à lutter contre les contenus créés par intelligence artificielle (IA) visant à tromper les électeurs … la technologie peut notamment produire des hypertrucages, des documents qui présentent une personne en train de dire ou de faire quelque chose alors    que cela ne s’est jamais produit….

                    Parler de la désinformation générée par l'IA, sensibiliser, ça ne suffit pas. Il faut le vivre pour comprendre comment ça peut nuire, comment des membres de notre famille peuvent tomber dans le piège affirme Nadia Naffi, professeure titulaire de la Chaire de leadership en enseignement sur les pratiques pédagogiques innovantes en contexte numérique – Banque Nationale à l’Université Laval de Québec. Elle et son équipe ont recruté 16 participants de 18 à 24 ans, de tous horizons, qui ont été soumis à des entrevues individuelles, à une série d'ateliers pratiques (dont la réalisation d'hypertrucages, mais sans diffusion) et à des discussions de groupe. … Générer de faux contenus, qui reprennent l'image ou la voix de personnes de façon hyperréaliste pour induire en erreur, est un jeu d'enfant à partir d'applications sur un téléphone cellulaire…. En trois heures, ils ont créé des hypertrucages, ou deepfakes en anglais.  Les résultats de l’étude ont été publiés dans Journal of Constructivist Psychology.

                    Le numérique, ce sont des machines qui construisent des machines, des logiciels qui développent des logiciels.  Les machines ont déjà pris le pouvoir et leur présence comme un cancer sournois infiltre l’humanité inconsciente du mal qui la ronge.

                    TROISIÈME PARTIE - Education et numérique en 2024, que faire ?

                    Les dix ans d’investissements financiers et humains par les états ont tout au moins réussit à ce que la présence des technologies numériques soit acceptée au sein des établissements scolaires, primaire et secondaire, malgré les « anti-écrans ».  N’est-elle pas révolue l’époque de ces « anti-écrans » qui rêvent d’un monde à jamais (?) disparu.  La question de l’heure serait plutôt QUE FAIRE ?

                    Voici le lien vers les plus importants documents qui ont partiellement justifié et orienté la réflexion qui a engendré ma proposition.

                    1 - Aurélien Barrau est très présent sur YouTube.  Je n’adhère pas à toute sa pensée mais j’ai un biais de confirmation à l’égard de certaines de ses idées :

                    -    Redéfinir la notion de progrès ;

                    -    Suite à nos nombreuses erreurs passées saurons-nous aujourd’hui être critique face aux merveilleuses créations qui nous sont données par nos découvertes scientifiques ; 

                    -    Ce qui me touche le plus est cette évidence à laquelle peu s’attardent, la disparition accélérée de la vie sur la planète Terre, mort des sols par l’usage abusif des engrais minéraux et des pesticides, mort des océans trop chauds au plancton graduellement remplacé par les microplastiques, la déforestation, l’extinction d’une quantité phénoménale d’espèces ;

                    -    Des microplastiques ont été trouvés dans tous les placentas humains testés dans le cadre d’une étude dirigée par le professeur Matthew Campen, de l'Université du Nouveau-Mexique, aux États-Unis [xii].  L’étude a été publiée en février 2024 dans Toxicological Sciences journal.

                    Et pourtant, le plastique c’est si pratique …

                    2 - The Last Invention of Man, de MAX TEGMARK, une fiction de septembre 2017 publié sur NAUTILUS https://nautil.us/the-last-invention-of-man-236814/?.  Le texte est en anglais.  Je suggère d’utiliser Google Traduction pour lire ce texte de science-fiction qui est peut-être plus près de la réalité que de la fiction. Je remercie Matthieu Dugal du partage.

                    3 - IA pour les enseignants : un manuel ouvert, Colin de la Higuera et Jotsna Iyer, pour la Chaire Unesco RELIA, (2023) https://pressbooks.pub/iapourlesenseignants/front-matter/33/ que j’encourage grandement de consulter.

                    4 - Intelligence artificielle et éducation : apports de la recherche et enjeux pour les politiques publiques : édition trilingue 2024 https://edunumrech.hypotheses.org/10764. Ce document propose des extraits de l’état des lieux (janvier 2024).  Je me suis penchée sur le schéma ci-dessous et réfléchi à ce qu’il indique comme ce qui ne peut être qu’humain.

                    Ce qui ne peut être qu’humain selon le de la DNER-YN2, 2023 ci-dessus

                    Cette machine à calculer qu’est l’ordinateur, qu’elle soit robot, tablette ou Smart phone, est-elle si différente de l’être humain ?

                    1 - Avoir une intention

                    Pour l’instant il me semble qu’ordinateurs et robots n’ont d’autres intentions que celles prédéfinies par leurs géniteurs, c’est-à-dire ceux qui ont composé l’algorithme qui mène leurs actions.

                    2 - Donner du sens à une information, une connaissance, une œuvre littéraire ou artistique

                    C’est la capacité d’analyse de l’ordinateur qui est ici questionnée. Pour l’instant apparemment, l’ordinateur ne donne du sens que si certains critères d’analyse ont été inclus à son programme. Pour ce qui est de la gestion des publications sur les réseaux sociaux, ce sont les informaticiens et programmeurs qui écrivent les algorithmes qui tentent d’encadrer les publications accessibles à l’usager. 

                    3- Réfléchir

                    Un ordinateur pense-t-il ?

                    4 - Hiérarchiser

                    Les fonctions de trie en informatique permettent d’hiérarchiser.

                    5 - Avoir une expérience sensorielle et sensible

                    Les robots avec tous les capteurs possibles ont une perception sensorielle et sensible de l’environnement grandement supérieure à celle de l’être humain.

                    6- Créer

                    AlphaGoZero et AlphaZero ont fait selon moi la démonstration que l’ordinateur est capable de création.  N’ayant au départ que les règles du jeu, l’ordinateur a par auto-apprentissage créé des coups jusque-là inconnus des joueurs humains.

                    7 - Avoir une approche intuitive

                    Ici, je suis ambivalente.  Ce qui se passe dans la boîte noire des intelligences artificielles dont on ne connaît pas la démarche serait-elle semblable à l’intuition ?   Que se passe-t-il dans le cerveau humain intuitif ?  Par exemple, qu’est-ce qui permet à un élève « de voir » spontanément la réponse d’un problème de maths. 

                    La définition de Larousse du terme « intuition » ne s’approche-t-elle pas du travail des réseaux de neurones de la machine ?

                    • Connaissance directe, immédiate de la vérité, sans recours au raisonnement, à l’expérience.
                    • Sentiment irraisonné, non vérifiable qu'un événement va se produire, que quelque chose existe.

                    Le travail du réseau de neurones de la machine imite-t-il dans ce contexte ce qui se passe dans le cerveau humain intuitif ?

                    8 - Comprendre et agir dans des situations complexes (mettre en relation, avoir une approche holistique)

                    Les robots industriels, par exemple ceux qui gèrent les centres de distributions d’Amazon ne font-ils pas face à ces situations complexes, n’ont-ils pas une approche holistique des exigences de la tâche ?

                    9 - Évaluer et distinguer le vrai du faux

                    Pour l’instant, il semble que nos machines n’ont aucune autonomie de pensée.  On n’a qu’à se rappeler les « hallucinations » de ChatGPT ou les difficultés des gestionnaires de réseaux sociaux à créer des algorithmes pour contraindre leurs machines à filtrer les messages inappropriés.

                    Suite à cette réflexion, je perçois que ce qui nous différencie de la machine consiste de moins en moins en des capacités cérébrales mais tout simplement la VIE.  Les humains sont des êtres vivants et partagent plusieurs caractéristiques avec les autres vivants qui existent sur notre planète la Terre. 

                    L’importance de la VIE, d’en comprendre les propriétés, oriente ma réflexion pour cette nouvelle génération de relation ÉDUCATION et NUMÉRIQUE déclinée selon les perspectives suivantes :

                    1 - comprendre la machine ;

                    2 - apprendre à l’élève à conserver son indépendance face à la machine ;

                    3 - utiliser le potentiel de la machine ;

                    4 - éveiller l’élève à l'importance primordiale de la vie qui fait de lui un être vivant, ce qui le différencie de la machine.

                    Le personnel enseignant

                    L’expérience des dix dernières années, nous a appris que la principale difficulté d’implantation du numérique en milieu scolaire est la formation des enseignants.

                    J’assiste à différentes manifestions selon mes intérêts.  Il y a quelques mois je suis allée à l’évènement AWS (Amazon Cloud Service) qui réunit la communauté du Cloud Computing pour apprendre auprès des experts d’AWS. Des représentants d’institutions financières, d’une variété d’industries et de services publics y présentaient à tour de rôle leur approche et difficultés rencontrées lors de l’intégration du Cloud Computing à leur milieu de travail.

                    Plusieurs de ces présentations étaient très techniques et dépassaient très souvent de beaucoup mon entendement du sujet.  Par contre, ce que je retiens de cette expérience est que ces institutions financières, industries et services publics font appel à des personnels hautement spécialisés pour faire le lien entre la machine et leurs employés et faciliter le travail et l’adaptation de ces derniers aux évolutions technologiques appropriées à leur domaine.

                    Que faisons-nous en éducation ? On confie aux enseignants la quasi entière responsabilité de l’implantation des technologies numériques en éducation. 

                    J’ai suivi la semaine dernière le passionnant webinaire Classe des maitres comment organiser sa documentation pédagogique présenté par Annie Martin,

                    Directrice du développement, Leadership et apprentissages chez  Apple Éducation accompagnée de Sonya Fiset du service national du RÉCIT dans le domaine de la Mathématique, de la Science et de la Technologie (MST).  Ce premier webinaire d’une série de quatre nous apprenait à utiliser l’application Numbers sur notre iPad.  Quelle fantastique application !  Mais quel travail chronophage pour en devenir « maitre ». 

                    Combien d’heures de travail pensez-vous qu’un enseignant-e doive consacrer pour apprendre, devenir familière avec tous ces nouveaux outils technologiques souvent complexes ? 

                    Ma mère qui était enseignante à l’époque où encore beaucoup de religieuses enseignaient dans les écoles du Québec faisait souvent la remarque de l’injustice de sa situation.  Les religieuses n’avaient qu’à se préoccuper de leur travail car l’entretien ménager et des vêtements et les repas étaient offert par la communauté alors qu’elle après sa journée de travail devait s’occuper de notre quotidien. Et elle était veuve avec un seul enfant.  

                    Être enseignant est un travail qui consiste en premier lieu à prendre charge d’un groupe d’élève et pendant une année scolaire de septembre à juin enseigner à ces jeunes un programme d’études prescrit par l’état.  Comme tout autre travailleur, la plupart des enseignants ont une vie personnelle en dehors des heures de travail. Alors pourquoi en éducation n’offre-t-on pas aux employés des services similaires à ceux offerts par les institutions financières, les industries et les services publics à leurs employés lors de l’implantation de nouvelles technologies dans leur milieu de travail ?

                    Heureusement, en France, il y a des eRUN, des enseignants référents pour les usages du numérique pour le premier degré et les RUPN, enseignants référents pour les ressources et usages pédagogiques numériques pour le second degré. Le réseau est coordonné par la délégation académique du numérique pour l’éducation (DANE).  C’est une initiative essentielle au succès de la nouvelle étape de l’éducation au numérique (car il s’agit ici bien d’éducation et non uniquement d’instruction) devant l’apparente émergence de l’IA.

                    Il faut dépasser le statut de « les eRUN sont ceux qui installent les appareils et branchent les câbles dans les bonnes prises », mentionne Christian Stracka, eRUN en Seine St Denis et président de lAFT-RN, l’Association des Formateurs TICE Réseau National…. « Les eRUN sont au cœur du numérique sur le terrain » dit avec raison monsieur Patrick Arceluz, inspecteur de l’Éducation nationale et chef de bureau au Ministère. [xiii]

                    Education et numérique, la suite de l’histoire

                    Rassurés par la présence des eRUN auprès des enseignants-es, si nous complétions une partie de l’histoire.  Je propose au départ le modèle du CAS (Computing at school) d’Angleterre.

                    1- Informatique : algorithmique, programmation

                    J’avance l’hypothèse que la pratique de la programmation facilite l’acquisition d’une compréhension intuitive de la machine.

                    Pour tous, de la maternelle au collège, consultez l’excellent Padlet de Madame Sonya Fiset du Service national du RÉCIT dans le domaine de la Mathématique, de la Science et de la Technologie (MST) : Une proposition en continuum pour les ateliers de programmation et robotique du préscolaire au secondairehttps://padlet.com/sonya_fiset/ateliers-programmation-et-robotique-css-de-la-capitale-http--iynl5ljakmxn

                    Pour s’éveiller au fonctionnement de l’intelligence artificielle il y a la Teachable machine de Google https://teachablemachine.withgoogle.com/ et aussi Objectif IA - CIFAR  https://cifar.ca/fr/ia/objectifia/#topskipToContent.

                    Voici le point de vue d’étudiants de CEGEP que j’ai consulté au sujet de leur expérience de la programmation au primaire et au secondaire.  Certains d’entre eux se souvenaient avoir utilisé code.org et Blooky games https://blockly.games/ et avoir fait de la robotique et participé à Robotic First Québec  https:/robotiquefirstquebec.org/  au secondaire, alors d’autres n’avaient reçu aucune initiation à la programmation et à la robotique. 

                    Une jeune fille maintenant inscrite au programme mathématique et informatique au CEGEP regrettait n’avoir reçu aucune leçon de programmation ni au primaire, ni au secondaire.  C’est lors d’une visite « portes ouvertes » au CEGEP qu’elle a découvert le programme spécialisé auquel elle est inscrite.  Elle était la seule fille de sa classe lors de son premier cours de mathématiques.  Elle considère que l’apprentissage de la programmation au primaire et au secondaire pourraient faire naître un intérêt chez les filles qui ne se dirigent pas spontanément vers ces études très techniques.

                    À partir de septembre 2024, tous les étudiants inscrits au programme SCIENCE DE LA NATURE des CEGEP du Québec auront un cours obligatoire de 45 à 65 heures de programmation.

                    2 - Les technologies de l’information : l’ordinateur et ses périphériques, les réseaux, les logiciels, les données et l’information.

                    Les élèves savent pitonner sur téléphones et tablettes mais plusieurs observent que les élèves du collège ne savent plus utiliser un ordinateur personnel (un PC). J’ai publié sur Ludomag un petit article à ce sujet : Éducation numérique : dactylographie et organisation

                    https://www.ludomag.com/2022/02/10/37223/. Il faudrait remettre en place ces anciennes classes d’informatique, apprendre à nouveau aux élèves à utiliser correctement traitement de texte et tableur, à s’exercer aux raccourcis de clavier et à gérer leurs dossiers. 

                    Ils connaissent le « software » (les logiciels et applications) par leurs expériences de programmation. 

                    Quant au «hardware" (les appareils et les réseaux) les élèves de la dernière année du primaire et du collège sont capables de comprendre l’électronique avec Arduino, http://www.multimedialab.be/doc/erg/2018-2019/Arduino/Le_grand_livre_d_Arduino_Erik_Bartmann_Eyrolles_2018/Le_grand_livre_d_Arduino_Erik_Bartmann_Eyrolles_2018.pdf

                     Et https://www.arduino.cc/education/middle-school/

                    Utiliser RapsberyPie ,https://raspberry-pi.fr/ et micro:bit https://microbit.org/fr/

                    Plusieurs confondent internet et le web. Peut-être revoir avec les élèves du collège, les sigles du WEB, leur signification.  Savoir lire l'URL (Uniform Resource Locator) le localisateur de ressource uniforme cette chaîne de caractères qui décrit l'emplacement précis sur le Web où les pages ou leurs composants sont stockés.

                    Regardons l’URL d’une des premières pages Web - la page d'accueil de Berners-Lee pour le projet World Wide Web lui-même. http://info.cern.ch/hypertext/WWW/TheProject.html

                     - http : c'est le protocole utilisé pour demander l'hypertexte et le contenu   - :  // est juste une ponctuation - Berners-Lee pense maintenant qu'il aurait mieux valu sauter le //  

                    - info est le nom du serveur Web auquel nous nous connectons. Souvent, ce sera www

                    - cern  est  le  nom  de  l'organisation,  en  l'occurrence  le  Centre européen de recherche nucléaire 

                    - ch est une abréviation du pays dans lequel l'organisation a enregistré son nom de domaine, ici, la Suisse.  Certains pays montrent également de quel type d'organisation il s’agit, par exemple co.uk pour un site commercial et sch.uk pour un site scolaire au Royaume-Uni.  Si aucun pays n'est montré, il sera enregistré aux Etats-Unis, .com pour les sites commerciaux, .edu pour les sites universitaires, et ainsi de suite.

                    -  / hypertext est un répertoire (dossier) sur le serveur Web. 

                    -  / WWW est un répertoire dans / hypertexte sur le serveur Web.

                    - TheProject est le nom du fichier réel 

                    - .html est l'extension de fichier, qui indique le format dans lequel la page est écrite, dans ce cas HTML. C'est comme .doc ou .docx pour un fichier Word, ou .jpg ou .jpeg pour une image.

                    Savoir lire un URL par les élèves du collège permet peut-être de faciliter leur lutte contre la désinformation https://www.numacom.fr/blog/qu-est-ce-qu-une-url-definition-et-fonctionnement.

                    Être informé de la différence entre les protocoles de transfert http et https.

                    https://cnie.dz/difference-entre-http-et-https/

                    https://fr.wikipedia.org/wiki/Hypertext_Transfer_Protocol_Secure

                    Les informer de l’informatique ubiquitaire, de l’internet des objets où les données sont enregistrées, souvent malgré soi par les capteurs, connaître le travail des « data scientists » et l’analytique.  

                    3- Littéracie numérique, apprendre à vivre et à travailler dans et hors du cyberspace.

                    Beaucoup de travail a déjà été fait dans ce domaine. Quelques exemples :

                    • APPRENDRE EN TOUTE ÉTHIQUE DANS LES SALLES DE CLASSES INTELLIGENTES

                     https://www.reseau-canope.fr/agence-des-usages/apprendre-en-toute-ethique-dans-les-salles-de-classes-intelligentes.html

                    • Comment faire des usages numériques responsables et durables

                    https://ecolebranchee.com/comment-faire-des-usages-numeriques-responsables-et-durables/

                    Savoir identifier les courriels (email) frauduleux.

                    Faire de la science pour développer l’esprit critique

                    On lit de tout sur le WEB et comme l’éducation cherche à donner aux jeunes citoyens « une tête bien faite », quoi faire pour permettre au jeune illettré de distinguer le vrai du faux.  Comment distinguer les « faits scientifiques » des « faits alternatifs », les « canulars du WEB » de la vérité ?  Les décodeurs dans le Le Monde : Faits alternatifs, fake news, post-vérité… petit lexique de la crise de l’information https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/01/25/faits-alternatifs-fake-news-post-verite-petit-lexique-de-la-crise-de-l-information_5068848_4355770.html#ancre_r%C3%A9information  Cet article date de 2017, quoi penser maintenant que l’IA permet à n’importe qui de créer et qu’il est si facile de … Générer de faux contenus, qui reprennent l'image ou la voix de personnes de façon hyperréaliste pour induire en erreur, est un jeu d'enfant à partir d'applications sur un téléphone cellulaire affirme Nadia Naffi de l’université Laval dont on peut lire les résultats de l’étude publiés dans Journal of Constructivist Psychology

                    Sensibiliser, ça ne suffit pas. Il faut le vivre pour comprendre…. Ajoute madame Naffi.  J’applique cette observation critique à l’enseignement des sciences dans nos écoles.  On partage avec les élèves une certaine « culture scientifique » mais leur apprend-on le fondement de ces « faits scientifiques » qu’on leur transmet et qui diffèrent de ces « faits alternatifs » issus de théories élaborées pour justifier une croyance ou une malice ?

                    Quand l’URSS a le premier mis en orbite le Spoutnik le 4 octobre 1957, l’armée états-unienne a imputé cet échec à la défaillance de l’enseignement des sciences dans les écoles du pays.  Pour y remédier, l’armée a subventionné les facultés d’éducation de plusieurs grandes universités pour étudier la question.  Il en est ressorti une toute nouvelle didactique des sciences pour l’enseignement primaire et secondaire, familièrement nommée « la révolution de l’enseignement des sciences » où les programmes se caractérisent par une vision des sciences qui dépasse l’acquisition de connaissances mais accorde plus d’importance au processus de découverte.

                    Un « fait scientifique » est avant tout une réponse à une question, obtenue selon un processus de recherche codifié et pragmatique. Acquérir une connaissance scientifique fait appel à un ensemble d’observations du sujet ou du phénomène étudié, il peut s’agir d’observation directe par l’un de nos sens, en utilisant un outil tel une loupe, un instrument de mesure, ou par une manipulation selon une démarche expérimentale, par la collecte des données issues de ces observations, leur analyse.  L’interprétation des résultats de l’étude doit être fondée sur les données recueillies.  Le scientifique doit « justifier » sa réponse en la fondant sur le résultat d’une quantité significative d’observations ou le résultat d’expériences au processus normalisé.

                    La science diffère de la poésie.

                    • On peut apprendre au jeune enfant à observer et discuter de ses observations avec ses camarades.
                    • On peut apprendre au jeune enfant à se méfier de la véracité de ses perceptions et au besoin utiliser divers instruments de mesure.
                    • On peut apprendre à imaginer une hypothèse pour expliquer un phénomène et savoir la vérifier par une enquête expérimentale, identifier et contrôler des variables.

                    Cet enseignement où les élèves manipulent du matériel est beaucoup plus exigeant que des leçons magistrales et tout ce matériel prend de la place.  Il faut revoir l’espace scolaire.  Mon coup de cœur demeure le modèle Future Classroom Lab https://www.futureclassroomlab.fr/ , un espace intéressant où les enseignants peuvent faire du team teaching, où on peut prévoir des classes laboratoires pour la pratique de la science et des « maker space ».

                    Quant à savoir comment créer ces leçons pratiques, La Fondation la Main à la pâte https://fondation-lamap.org/ présente une intéressante collection de leçons.

                    Conserver son indépendance

                    Qui dit que le progrès est toujours la nouveauté ?  On peut revenir un peu vers le passé pour apprendre aux jeunes élèves certains savoir-faire où ils se passent des écrans.

                    • Le premier qui me vient en tête est leur apprendre à créer des cartes (de leur quartier par exemple) et à savoir lire des cartes papier.  Les élèves, en équipe, peuvent jouer à imaginer un voyage et en décrire le trajet à l’aide de cartes de papier et d’Atlas. Difficile car les cartes et horaires de bus et de métro ne sont souvent uniquement accessible en ligne, mais le principe demeure, être capable de s’orienter sans GPS et Google MAP.
                    • Favoriser la reprise de recherches dans les encyclopédies papiers et les Atlas.
                    • Encourager le retour vers l’expérience concrète, sans la machine - avoir un calendrier papier où l’élève écrit sa découverte du jour, une odeur agréable, une brise caressante, la froideur de la pluie, ….
                    • Pratiquer la calligraphie.
                    • Créer des murales où conjointement les élèves illustrent le sujet d’une leçon par de jolis mots, quelques dessins et des collages d’illustrations découpées dans des magazines récupérés à un centre de recyclages.
                    • Et ne pas oublier l’importance du calcul mental si cher à Marie Curie [xiv] qui en 1907 a donné à sa fille Irène et à quelques enfants de ses amis des leçons de physique fondées sur l'observation, l'expérimentation et le questionnement.
                    4. Le numérique comme support à l’enseignement

                    C’est dans le contexte des programmes d’étude prescrits par l’état que seraient proposés applications, vidéos et liens vers des sites WEB complémentaires aux leçons dispensées par les enseignants-es, un peu à la manière dont les vidéos et activités sont disponibles dans un MOOC pour éviter de laisser aux enseignants-es la tâche de les chercher dans la jungle numérique.  Les enseignants-es auraient aussi la latitude de d’enrichir leur enseignement des divers documents qui conviennent davantage à la pédagogie et à la philosophie de l’éducation qu’ils préconisent.         

                    Dans L’IA pour les enseignants, un manuel ouvert https://pressbooks.pub/iapourlesenseignants/front-matter/33/  on lit dans la section « Gérer l’éducation » au chapitre 14, ce texte de MANUEL GENTILE ET GIUSEPPE CITTÀ :  L’apprentissage en ligne et les systèmes de gestion de l’apprentissage (Learning Management Systems, LMS)

                    … avec l’avancement de la technologie, il est plus approprié de se rréférer à des systèmes et des plates-formes pour la « livraison » de l’apprentissage en ligne plutôt qu’à des outils uniques. De tels systèmes sont le résultat de l’intégration de différents outils logiciels capables de construire un écosystème où des parcours d’apprentissage flexibles et adaptables peuvent être exploités. Un système de-learning permet la gestion des processus d’apprentissage et la gestion des cours. Il permet de réaliser des évaluations de l’apprentissage des étudiants, la rédaction de rapports, la création de contenus et leur organisation.

                    Avec la venue de lIA, l’éducation, en général, et les LMS, en particulier, deviennent des champs d’application potentiels et prometteurs de cette force révolutionnaire.  Les LMS, grâce aux fonctionnalités portées par l’IA, représentent un outil d’apprentissage renouvelé capable de répondre à deux des aspects fondamentaux de l’éducation du futur : la personnalisation et l’adaptation. C’est de cette combinaison entre LMS et IA qu’émerge le Smart LMS (SLMS) ou LMS Intelligent.

                    Un SLMS peut donc être défini comme un système d’apprentissage capable dadapter les contenus proposés à l’apprenant en les calibrant aux connaissances et aux compétences dont l’apprenant a fait preuve lors de tâches précédentes.

                    … un LMS intelligent fournit à l’apprenant le parcours d’apprentissage le plus efficace et le contenu d’apprentissage le plus approprié, par le biais de lautomatisation, de ladaptation de différentes stratégies d’enseignement (scaffolding), du reporting et de la génération de connaissances.

                    Puisqu’un SLMS recalibre les contenus sur les compétences et le niveau de l’étudiant, il évite que l’apprenant soit confronté, dans les différentes phases de son parcours, à des tâches qui l’ennuient parce qu’elles sont trop simples, ou qui le frustrent parce qu’elles sont trop complexes. Ainsi, la motivation et l’attention de l’élève sont toujours à un niveau élevé et adapté

                    …Il en découle un avantage direct pour l’enseignant qui n’a pas à créer de temps en temps de nouveaux matériels pédagogiques et peut utiliser le temps gagné dans d’autres occupations essentielles telles que le perfectionnement de ses méthodes d’enseignement et/ou l’interaction directe avec les étudiants.

                    C’est dans ce contexte où il est maintenant possible d’utiliser le numérique et l’IA qu’on peut imaginer les classes de 2030 aménagées sous la forme de Future Classroom Labs où certains élèves complèteront à leur rythme selon leur propre parcours, les activités d’apprentissages que leur prescrit l’enseignant-e.  C’est la machine qui sera leur tuteur pour leur apprendre ce que je nomme les outils de la connaissance, la grammaire et l’orthographe, le calcul et l’arithmétique.

                    Le temps rendu disponible par le tutorat offert par la machine permettra aux enseignants-es de mener des activités de type « hands-on », travailler dans le Maker-space et mener divers ateliers de science, d’art, des activités d’appréciation de la nature où les élèves s’éveilleront aux caractéristiques et richesses de la vie qui font d’eux des êtres différents des machines intelligentes qui nous entourent.

                    5 - Je suis un être vivant

                    Les réflexions au sujet de la relation des êtres humains avec l’informatique ne datent pas d’hier. Douglas Engelbart https://fr.wikipedia.org/wiki/Douglas_Engelbart, est connu pour ses travaux sur l’interface Homme-machine et ses recherches sur l’augmentation de l’intelligence humaine par l’interaction avec l’ordinateur. C’est le 9 décembre 1968 lors de ce qu’on nomme  The Mother of All Demos que Douglas Engelbart a présenté ce qui peut être considéré comme le fondement de l’informatique moderne :  Cette démo a permis de présenter la première souris informatique que le public ait pu voir, la visioconférence, la téléconférence, le courrier électronique et le système hypertexte.

                    Dès les années 50, John von Neumann, le mathématicien qui a donné son nom à l'architecture de von Neumann utilisée dans la quasi-totalité des ordinateurs modernes, a émis l’hypothèse de la singularité électronique selon laquelle . . . laccélération constante du  progrès  technologique  et  des  changements  du  mode  de  vie humain,  qui  semble  nous  rapprocher  d’une  singularité fondamentale de l’histoire  de  l’évolution  de  l’espèce,  au-delà  de laquelle  lactivité  humaine,  telle  que  nous  la  connaissons,  ne pourrait  se  poursuivre  .  .  .  a  rapporté  Stanislaw  Ulam  d’une  conversation  de mai 1958.

                    Plus récemment Raymond Kurzweil, un futurologue dans son livre de 2005, The Singularity is Near : : When Humans Transcend Biology, définit ainsi la Singularité : c’est une période future au cours de laquelle le rythme de l’évolution technologique sera si rapide et son impact si profond que l’humain se transformera de manière irréversible. . . . Les concepts sur lesquels s’appuient le sens de nos vies, de nos cultures et de nos civilisations, irrémédiablement transformés.

                    Cette théorie a reçu plusieurs critiques [xv]  et Ray Kurzweil conçoit les limites économiques, politiques ainsi que des connaissances et des découvertes technologiques.

                    Et il y a aussi ce que l’on nomme le transhumanisme, terme proposé par Julian Huxley en 1957 : l'homme restant homme, mais se transcendant, en réalisant de nouvelles possibilités de et pour sa nature humaine.  Humanity+ [xvi], anciennement World Transhumanist Association, est une ONGI créée en 2004 qui milite pour l'utilisation éthique des « nouvelles technologies » afin de procéder à l'amélioration humaine. C’est une façon de penser qui préconise l’utilisation des sciences et de la technologie afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des humains. Cette façon de penser est basée sur la conviction que les humains sont actuellement dans leur phase intermédiaire de développement.

                    Le désir de retrouver la jeunesse, ou plus généralement de surmonter les limitations naturelles du corps humain, pourrait vraiment être considéré comme le plus ancien vœu de l’humanité. Les handicaps, la maladie, le vieillissement et même la mort ne sont pas désirables. Il faut utiliser les biotechnologies, les nanotechnologies avancées, le génie génétique, divers outils de gestion de l’information et autres technologies émergentes pour arriver à une version améliorée de l’être humain. Et les technologies sont maintenant tellement avancées que l’interface homme-machine est devenue transparente et pratiquement invisible.

                    Bref, c’est un domaine qui suscite de nombreuses et très fortes réactions.

                    Neil Harbisson, celui qui est souvent nommé le premier cyborg, a fondé avec Moon Ribas, la Fondation Cyborg [xvii], une association à but non-lucratif basée à New York qui collabore avec les instituts de recherches et les universités et se donne comme mission principale d’aider les êtres humains à devenir cyborg. On dépasse ici le concept fortement discuté de « transgenre » pour traiter ce que l’on nomme le «Transpecies» .

                    Je ne suis ni futurologue ni réactionnaire, enfin c’est ainsi que je me perçois, mais en notre époque où les technologies s’imposent, je préconise la promotion auprès des écoliers et collégiens de la VIE sur l’écosystème terrestre.  Il y si peu de bonnes planètes où nous réfugier.  

                    Voici quelques exemples d’activités par lesquels nos enfants peuvent comparer êtres vivants et machines.

                    Cette activité se fait en deux temps : septembre/octobre et mai/juin. Demander la participation des élèves de CM 1 ou CM2 pour faire cette activité avec les petits de maternelle ou de la première année du primaire.  Procurez-vous un rouleau de papier kraft.  En découper des morceaux environ 50 cm de plus long que les jeunes élèves. Les petits se coucheront sur le dos sur une feuille avec une tablette à côté d’eux et les élèves plus âgés traceront sur la feuille la silhouette de l’enfant et de la tablette.  On indiquera la date de ce premier enregistrement.  On refait la même activité à la fin de l’année scolaire. 

                    Qu’est que les élèves peuvent observer ?  Suite à la discussion, les élèves devront retenir qu’ils sont des êtres vivants et l’une de leur caractéristique est qu’ils grandissent mais que la tablette est un objet inanimé, sans vie et ne possède par cette caractéristique des vivants : la croissance.

                    Le très classique haricot permet lui aussi l’étude de plusieurs caractéristiques des êtres vivants ainsi que la relation de ceux-ci avec leur milieu de vie.

                    L’observation des graines de fèves de Lima et la découverte des plantules.

                    La germination des graines de haricots - celles laissées à l’air libre, celles entourées de tissus humidifiés avec de l’eau, avec des produits d’entretien ménager, avec l’alcool.

                    On mesure la croissance des plants transplantés dans un terreau approprié, dans du sable, dans une variété de substrat.

                    Comment se comportent les plants mis sous un carton sans accès à la lumière, mis sous un carton troué d’un côté, qu’on arrose régulièrement, qu’on arrose trop, qu’on n’arrose pas, qu’on place au frigo, ou qu’on chauffe trop sous une lampe ?

                    Voir les fleurs se développer et apparaître les premiers fruits et les graines qu’ils contiennent.  Bref, l’observation du cycle de la vie de la naissance à la mort, passant par la croissance, la reproduction et des relations de ces êtres vivants avec leur milieu de vie.

                    C’est très facile de découvrir des cloportes sous un caillou, une branche abandonnée.  Quelle agréable petite bête pour explorer de nouvelles caractéristiques des vivants. On peut facilement créer sur des plaques à biscuits des milieux aux propriétés différentes et observer le comportement des cloportes, préfèrent-ils l’obscurité à la lumière, l’humidité à la sécheresse, le froid, la chaleur. 

                    Et que dire du potentiel des vers de farine pour appliquer la démarche expérimentale. 

                    Bref, quantités d’activités pratiques, concrètes où les élèves OBSERVENT, INTERAGISSENT et graduellement comprennent les caractéristiques des vivants et les principes d’écologie.

                    La vie s’épanouit dans nos régions avec le printemps. Regardons les feuilles craquer leurs bourgeons, s’ouvrir et croître sous l’énergie solaire, les fleurs couvrir nos parterres et ces plantes courageuses, qu’on nomme mauvaises herbes, pousser entre les pavés.  C’est la force de la vie qui s’éclate et nous en sommes irrémédiablement dépendants. 

                    Heureux printemps à vous chers lecteurs.

                    Ninon-Louise LePage

                    [i]  Seymour Papert, Wikepédia

                      https://fr.wikipedia.org/wiki/Seymour_Papert

                     Découvrir la programmation avec LOGO

                      https://www.tortue-logo.fr/

                    [ii]  Les débuts de l'informatique à l’école

                    https://www.la-croix.com/Actualite/France/Les-debuts-de-l-informatique-a-l-ecole-_NG_-2005-05-13-589290

                    [iii]   L'INFORMATIQUE SCOLAIRE AU QUÉBEC : ÉVOLUTION ET ÉTAT DE LA SITUATION.

                      https://edutice.hal.science/file/index/docid/30736/filename/b49p072.pdf

                    [iv]   Ce n’est pas de la tarte . . . aux framboises. Alors qu’est-ce que le Raspberry Pi ?

                      https://archives.ludomag.com/archives/18712

                    Rapsberry Pie

                        https://fr.wikipedia.org/wiki/Raspberry_Pi

                    [v]   Micro:bit

                      https://microbit.org/fr/get-started/what-is-the-microbit/

                    [vi]   L’informatique : leçons tirées de l’expérience du Royaume-Uni

                       https://ecolebranchee.com/linformatique-lecons-tirees-de-lexperience-royaume-uni/

                    [vii]  How England implemented its computer science education program

                      https://www.brookings.edu/wp-content/uploads/2021/01/How-England-implemented-its-computer-science-education-program.pdf

                    [viii]  Guillou, Michel, «!Le numérique, comme paysage et culture, n’appartient   en   propre   à   personne,   et   surtout   pas   aux informaticiens!»

                    [ix]  Laboratoires créatifs … aussi nommés MakerSpaces, FabLabs

                    • Le mouvement « MAKER » envahit vos écoles et vos collèges? (2016)

                    https://archives.ludomag.com/archives/17389

                    • Design Thinking et esprit créatif : peut-on former une génération d’innovateurs ? (2016)

                    https://archives.ludomag.com/archives/19153

                    • The Maker Program Starter Kit , gratuit, disponible chez Autodesk (2017)

                    https://archives.ludomag.com/archives/21346

                    • Le mouvement « maker » pour apprendre, vivre et partager : le guide maintenant disponible en français (2023)

                    https://www.educavox.fr/accueil/breves/le-mouvement-maker-pour-apprendre-vivre-et-partager-le-guide-maintenant-disponible-en-francais

                    [x]  La pensée informatique

                                Élie Allouche, Éducation nationale, Un point sur la pensée informatique (2022) : enjeux de recherche et d’éducation, définitions et repères,

                    https://edunumrech.hypotheses.org/3980

                                Pensée computationnelle, Edutech wiki

                    https://edutechwiki.unige.ch/fr/Pens%C3%A9e_computationnelle

                    [xi]   BBC, Introduction to computational thinking

                      https://www.bbc.co.uk/bitesize/guides/zp92mp3/revision/1

                    [xii]   Microplastics found in every human placenta tested in study

                      https://www.theguardian.com/environment/2024/feb/27/microplastics-found-every-human-placenta-tested-study-health-impact

                    [xiii] idruide, Qu’est-ce qu’un eRUN dans l’Éducation nationale ?

                      https://idruide.com/quest-ce-quun-erun-dans-leducation-nationale/

                    [xiv]  LEÇONS DE MARIE CURIE : PHYSIQUE ÉLÉMENTAIRE POUR LES ENFANTS DE NOS AMIS

                      https://sites.google.com/site/lmdsmariecurie/

                      https://dokumen.pub/leons-de-marie-curie-guide-pedagogique-physique-elementaire-pour-les-enfants-de-ses-amis-9782759802272.html

                    [xv]   Quelques critiques de la théorie de la singularité

                     Jonathan Huebner, https://accelerating.org/articles/huebnerinnovation.html

                    David Bodanis https://en.wikipedia.org/wiki/David_Bodanis

                    Theodore Modis https://en.wikipedia.org/wiki/Theodore_Modis

                    Ted Gordon https://www.millennium-project.org/about-us/%20planning-committee/ted-gordon/

                    [xvi]  Humanity +

                     Wikipédia

                    [xvii]  Cyborg foundation

                      https://www.google.com/search?q=Fondation+Cyborg&oq=Fondation+Cyborg&gs_lcrp=EgZjaHJvbWUyBggAEEUYOdIBCDE0MzlqMGo0qAIAsAIA&sourceid=chrome&ie=UTF-8#fpstate=ive&vld=cid:9cf63fbf,vid:8MbRdZiiBkI,st:0

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                      Ninon Louise LePage

                      « La parole des scolaires » : Un bien collectif privé, un bien dans l’espace public, un bien commun ?

                      2 mois ago
                      Le jeudi 25 janvier 2024, la librairie Mollat, station Ausone, invitait à la présentation de Tout Rabelais, Édition et translation…

                      Pour mener à bien cette lecture du texte de Rabelais et de sa translation, l’édition présente sur la page de droite le texte original et sa translation sur la page de gauche.

                      Elle propose « l’ensemble des œuvres de Rabelais, telles qu’elles sont connues aujourd’hui … Ces œuvres complètes – l’appellation s’est désormais imposée – doivent donc se lire comme des Opera omnia quae extant[3] : « titre qu’affectionnaient les philologues humanistes parce qu’il concédait au temps son double pouvoir de dévoration et de révélation.»[4]

                      Romain Menini (MCF à l'Université Paris-Est Marne-la-Vallée) et Myriam Marrache Gouraud( PR à l'Université de Poitiers) autour du livre "Tout Rabelais" aux éditions Bouquins-Mollat. Entretien avec Violaine Giacomotto.

                      A la suite de la présentation de l’ouvrage et du travail universitaire réalisé, Romain Menini qui assura la direction de l’ouvrage et Myriam Marrache Gouraud qui translata Pantagruel proposèrent de répondre aux questions du public venu nombreux.

                      « La parole des scolaires » : Un bien collectif privé, un bien dans l’espace public, un bien commun ? Article 1 : La parole un bien collectif dans un espace privé.

                      « Vous venez de me rajeunir d’un trois quarts de siècle ! »

                      Cette interjection fut le début de ma question à Myriam Marrache Gouraud et à Romain Menini. Au fur et à mesure que les conférenciers avaient présenté l’œuvre, leur travail de translation, leurs activités d’enseignants, j’y reconnaissais le plaisir et surtout une gaité que nous communiquaient les enseignants quand nous étudiions Rabelais.

                      Nous étions la génération de « l’après- guerre de 1939-1945 ». Bien que la guerre d’Indochine ne provoquât pas une mobilisation générale comme quelques années plus tard la pacification de l’Algérie[5], elle nous rappela les événements de notre enfance.

                      Pendant cette période, cette génération comprit souvent par simple percolation les angoisses et les colères de leurs aînés. Ils avaient vécu les rigueurs d’une armée étrangère pratiquant l’oppression et la prédation, ils avaient découvert une idéologie nazie promouvant les assassinats et les génocides, ils assistaient au renoncement progressif des idées d’égalité et de solidarité développées dans la Résistance à l’occupation nazie. C’était l’abandon de la conception d’une société qui donnait la priorité au bien commun en plaçant à la marge le profit privé et la conquête des pouvoirs.

                      Pendant les années Lycée entre 1950 - 1954, quand cette génération eut la chance de rencontrer des professeurs qui lui lurent et firent lire les textes de Rabelais mais aussi ses contemporains allant du philosophe Erasme à la poétesse Louise Labé, elle trouvait alors un espace de vie qui mettait à distance la pesanteur de l’environnement dont il suffit de rappeler quelques situations : des angoisses récurrentes et non dites accompagnaient tous les silences des ainés au sortir de la période d’une occupation par une armée de prédation et de répression de toute opposition, la menace permanente du champignon atomique dont les images des bombardements de l’aviation américaine et ses conséquences pour la population civile d’Hiroshima et Nagazaki demeuraient une menace permanente, les deuils de nombreuses parentalités faisaient suite aux guerres de décolonisation, Vietnam, Algérie, dont la réalité des différentes options gouvernementales restèrent ignorées jusqu’aux publications des journalistes d’investigation et aux études des historiens.

                      Ces enseignants transmettaient la véritable portée de l’humanisme, comme l’exprime Romain Menini dans la préface : « Notre présent se fonde aussi sur ce qu’il ignore du passé……Puissions-nous contribuer à prolonger un peu l’héritage humaniste en jouant – ne serait-ce que pour rire – le rôle étrange que Rabelais assigne aux hypophètes, dans la Brève déclaration qui accompagne au dernier Quart livre : « hypophètes : qui parlent des choses passées, comme les prophètes parlent des choses futures »[6].

                      Ils avaient écouté les émotions vécues. Pour eux, l’enseignement dépassait la transmission de connaissances, il avait aussi comme finalité que ces textes permettent à la jeunesse de grandir en échappant aux tendances mortifères de ces années : « Chez Rabelais, la Joie est certainement la grande émotion. Tous les malades peuvent la partager, que ce soit le gueux avec son mal de dents, le prince et sa sciatique ou le prélat et sa goutte »[7].

                       Avec cette possibilité de rêver de multiples manières et sans limites, la langue ainsi lue et pratiquée permettait une mise à distance aux enfants et aux adolescents qui vécurent la terreur nazie qui régna dans tout le pays, dès l’été 42, « quand il n’en fallait pas beaucoup pour être fusillé ».

                      « La science politique ou historique ne doit pas effacer les traces de l'expérience, sa rationalité nourrit l’enseignement mais elle ne saurait mettre à distance les angoisses vécues. Cette parole libérée employait toutes les influences linguistiques qui représentaient les migrations, les espaces régionaux, les langages sociaux. Elle s’affranchissait des stéréotypes académiques comme ceux imposés pendant leur enfance par Pétain, chef de l’Etat français (1940-1944) dont L’historien Marc Ferro rapporte la conception de la langue française : « Il faut être simple et avare, c’est le meilleur moyen. Voici ce que je veux : une idée centrale…Pour les phrases, le sujet, le verbe, le complément, c’est la façon la plus sûre d’exprimer ce que l’on veut dire. Pas d’adjectif, l’adjectif c’est ridicule... »[8]

                      La parole libérée nourrie des vécus de chacun et chacune et la lecture des textes hors les normes, proposent des moments du « Vivez joyeux au fronton de Gargantua ».

                      Accompagnée par ces professeurs, cette génération découvrait la joie de s’exprimer librement faisant fi des cadres imposés par les instructions officielles. Elle pouvait poursuivre les expérimentations génériques de Rabelais qui « s’accompagnent de recherches linguistiques très élaborées … », qui multiplie « les emprunts au latin et au grec, aux langues vernaculaires et aux parlers dialectaux, pratique à loisir les dérivations et les combinaisons, forge de nombreux mots-valises, onomatopées, contrepèteries et calembours. »[9]

                      Pendant ce temps scolaire, cette génération retrouvait le Vivez joyeux « placé par l’auteur lui-même au fronton de Gargantua dans l’édition de 1535 » [10] et se libérait émotionnellement des ambiances sociétales qui allaient de l’inquiétude au sentiment mortifère.

                      Une promesse économique que Jean Fourastié développe dans son ouvrage Les trente glorieuses : ou la Révolution invisible de 1946 à 1975 jette aux oubliettes ce souffle qui permit à une génération montante de se détacher d’une histoire qui l’avait profondément marquée. Au plaisir d’enseigner, cette promesse substitua la nécessité de répondre à la construction politicienne d’une idéologie, le libéralisme, qui avait comme objectif la concurrence non simplement entre les marchés mais aussi entre les individus et les groupes sociaux. Ce projet ne correspondait pas à celui né au sein des mouvements de résistance au nazisme mais séduisit une partie de la population européenne parce qu’il apportait un confort matériel et une impression de participer à une période historique pleine de promesses tant scientifiques que sociétales.

                      Dès le premier quart du 21ème siècle, les promesses des entrepreneurs financiers, industriels, le développement des algorithmes de ce que l’on nomme IA et celle des gouvernants montrent leurs limites et leurs conséquences sur la vie humaine et terrestre dans son ensemble. 

                      La génération scolaire de cette période est soumise en continuité à la diffusion de crimes allant du harcèlement au meurtre, de tragédies collectives allant jusqu’à des génocides, de la mise en danger de la vie sur terre à court terme[11] .

                      Elle les voit et les entend sur l’ensemble des écrans qu’elle consulte, elle - même en réalise et en diffuse. Elle sait qu’une grande partie de leurs contemporains vivent ces situations dans leur quotidien et non par le truchement des technologies industrielles et informatiques.

                      Si ce public scolaire en ces années du premier quart du 21ème est mis à l’épreuve des angoisses analogues à celles de deux générations précédentes, il doit être considéré que les environnements sociaux, économiques et industriels ne sont pas les mêmes.

                      Cette génération n’est-elle pas dans l’attente d’un enseignement qui lui permettrait de saisir les enjeux, d’argumenter des controverses mais aussi de parvenir à prendre ses distances et à en rire comme des enseignants avaient su le réaliser pendant la période qui suivit « la Seconde Guerre Mondiale »[12] ?

                      Pour formuler de nouvelles hypothèses, qu’en est-il en 2024 des réflexions que la mémoire de ces années devenues des « hypophètes »[13] restitue ?

                      Dès l’enfance, la vie collective dans les crèches puis dans les classes de l’école maternelle et tout au long de la scolarité fait se côtoyer des élèves dont les langues natives sont multiples en fonction des flux migratoires et dont les langages varient suivant les environnements sociaux professionnels et régionaux, n’est-ce pas là un espace d’une création de dérivations et de combinaisons linguistiques ?

                      Ce jeu linguistique ne se limite pas à l’énoncé d’unités sémantiques, soit des mots génériques qui les composent, il est la reconnaissance de l’origine de celles-ci dans les différentes langues et langages de chacun et de chacune, il est la reconnaissance des particularités linguistiques qui permettent un vocabulaire inattendu.

                      Cette étude des apports linguistiques de chacun et de chacune introduit le questionnement sur l’origine des langues et langages parmi lesquels se situe la langue de l’enseignement tel que l’histoire nous en montre pour le français l’institutionnalisation : « A l’époque où se créait l’Académie française presque toute la littérature du XVIe fut reléguée dans la jachère du « préclassique …. On créa le mythe de la clarté française. »[14]

                      Ce vocabulaire inattendu résulte de la croisée d’influences langagières multiples. Si Rabelais imagine son propre « vulgaire illustre » à la croisée des questionnements de son temps »[15], n’existe-t-il pas un meilleur temps que celui de la scolarité pour que le rire accompagne la créativité linguistique ?

                      Quand les travaux de Tobie Nathan puis ceux de Marie Rose Moro et de leurs collègues démontrent l’intérêt de prendre en compte la spécificité culturelle de la famille et la situation transculturelle de l’enfant pour saisir la réalité singulière et complexe qui sera la base de l’intervention clinique, cette reconnaissance de l’autre ne fait- elle pas aussi partie du projet éducatif de l’enseignement ?

                      A ce plurilinguisme culturel lié aux migrations, il serait nécessaire de rattacher les divers niveaux d’utilisation de la langue de l’enseignement propres aux conditions sociales et aux situations géographiques sur le territoire. Cette orientation éviterait la perdition culturelle et linguistique qui, à partir de la seconde partie du 20éme siècle, provoque une succession de décisions géopolitiques qui imposent une économie mondialisée basée sur un marché concurrentiel qui nécessite une langue unique dérivée de l’anglais adaptée au système économique.

                      Cette multiplication des emprunts n’est-elle pas une ressource pour l’enseignement, quand en apprenant à parler, l’homme apprend en fait deux choses : le langage lui-même, bien sûr, mais aussi la façon de se servir de ce langage pour se faire comprendre efficacement : c’est ce que l’on pourrait appeler le « langage social ».[16]

                      La jeunesse de ce premier quart du 21ème subit la submersion de la langue anglo-américaine devenue progressivement la novlangue d’une économie basée sur le marché et la concurrence au niveau mondial.

                      Cette « submersion linguistique » détruit progressivement tous les apports des langues et langages pratiqués dans les espaces européens et africains. Progressivement, la contrainte de cette submersion linguistique au service d’une idéologie économique supprime tout le plaisir des parlers échangés Quand l’enseignement se plie à ces décisions gouvernementales mondialisées, il tue dans l’œuf le plaisir de l’élocution qui est l’expression vivante de chacun et chacune, il promeut un stéréotype d’art oratoire normé qui cache mal les contradictions énoncées. L’utilisation des différents sites sur la toile proposant des textes préformés en est un exemple type.

                      Cette liberté offerte au public scolaire d’énoncer leurs vécus linguistiques donne du sens à la fonction des langues institutionnelles et normées. Il s’agit bien ici de distinguer entre d’une part « la communication » qui est un échange entre les « personnes » dont la finalité est de représenter un collectif, une société et d’autre part « l’information » qui est un message pour un objectif dans un domaine précis qui va de la sphère professionnelle à l’espace politique.  Dans l’enseignement[17], l’information est matériellement un message composé d’une émission et d’une réception avec retour possible sur sa source, elle permet d’atteindre un objectif précis, la transmission d’une connaissance, elle utilise la langue enseignée ou un langage professionnel[18]  comme outil qui permet une transmission unique de la connaissance.

                      Elle se différencie de la communication qui est une mise en commun de paroles dont la finalité est de construire une pensée chargée des dissensus et consensus exprimés soit des controverses. Communication et information sont deux éléments essentiels de la scolarité.

                      Le « Vivez joyeux au fronton de Gargantua dans l’édition de 1535 »[19] incite l’enseignant à développer la communication dès le plus jeune âge pour que progressivement l’apprentissage de la « langue institutionnelle d’information » soit compris comme une particularité linguistique. Cette particularité permet des messages dont l’objectif porte sur des biens individuels ou collectifs. Elle fait saisir, quand la parole est libérée de cette tutelle, la place des échanges qui créent un collectif en permanente évolution socio linguistique. Si la lecture de passages de Rabelais peut valider cette attitude pédagogique, à travers les siècles la richesse des œuvres faisant « la littérature » permet aux maîtres et maîtresses de donner plaisir et joie aux enfants devenus des élèves.

                      C’est bien là que la conférence de Myriam Marrache Gouraud et de Romain Menini permet au lecteur de comprendre la nécessité de cette parole libérée tout au long de la scolarité et de la place des auteurs comme Rabelais pour compenser la rigueur des apprentissages et mettre à distance les environnements traumatisants.

                      L’histoire de la France nous montre une volonté des gouvernements successifs pour contrôler l’usage de la langue.

                      Ce pouvoir, que s’attribue un gouvernement, arrête dans sa joyeuse créativité le babillage collectif des enfants. Au cours de la scolarité, un espace de libre expression collective offre la possible création d’une langue multiple, inépuisable, rêvée ouverte aux influences des différentes migrations et des différents milieux sociaux. L’enseignement des contraintes de la langue française institutionnelle permet d’en comprendre la fonction dans l’espace public.[20]

                      Une des fonctions de la parole libérée et de sa transcription n’est-elle pas la création de cet espace scolaire du vivre ensemble et un temps hors des pesanteurs des environnements anxiogènes et des contraintes propres à l’enseignement disciplinaire ?

                      En ce premier quart du 21ème, si les situations vécues par la génération montante ne sont pas analogues à celles des générations précédentes, elles sont tout aussi pourvoyeuses d’angoisses profondes.

                      La parole libérée, expression du vécu, et l’enseignement des auteurs qui comme Rabelais promouvait « Vivez joyeux au fronton de Gargantua » sont essentiels pour libérer l’esprit des contraintes de l’apprentissage et des pesanteurs des différents environnements.

                      Pour expliciter sa démarche d’enseignement, Myriam Marrache Gouraud décrit comment elle associe les étudiants à son projet de translation des textes de Rabelais. Elle introduit à son enseignement ce second mouvement qui est la participation effective des étudiants à un travail de production.

                      En quoi ce second temps paraît-il indispensable dans un processus éducatif ?

                      Les paroles libérées individuelles expriment les émotions, les accords, les controverses, les particularismes d’un collectif, elles demeurent dans un espace privé comme un groupe de discussion[21], dont elles sont à un moment donné l’expression. Pour qu’elles prennent sens dans l’espace public, elles doivent prendre la forme d’une production qui en permette la diffusion.

                      Après le temps de la parole libérée, s’ouvre un second domaine de réflexion :

                      Quel temps scolaire est proposé aux enfants et aux adolescents.es pour réaliser une production exprimant leur parole collective dans l’espace public ?

                      A suivre sur EDUCAVOX

                      Pr. Alain Jeannel.

                       

                      [1] Tout Rabelais, Edition et translation nouvelles établies sous la direction de Romain Menini, C Bouquins éditions, Paris 2022 – C Mollat, Bordeaux 2022.

                      [2]Romain Menini, « Note sur la présente édition » in Tout Rabelais, Edition et translation nouvelles établies sous la direction de Romain Menini, C Bouquins éditions, Paris 2022 – C Mollat, Bordeaux 2022, pp. XXXIII, XXXIV.

                      [3] Tous les ouvrages qui nous sont parvenus.

                      [4] Tout Rabelais, op. cité p. XXXI

                      [5] Si à partir de 1945 cette période fut considérée comme « une pacification », elle fut reconnue comme « guerre d’Algérie » pour la période 1954-1962.

                      [6] Tout Rabelais, op. cité – Préface  p. XXIX.

                      [7] Tout Rabelais, op. cité p. XVII

                      [8] Ferro Marc, Pétain, Préface p. VII, Librairie Arthème Fayard , 1987.

                      [9] Tout Rabelais, op.cité pp.6,7

                      [10] Tout Rabelais, op.cité  p.IX

                      [11] Rotillon Gilles, le climat ET la fin du mois, Essais éditions Maïa, 23 juillet 2020.

                      [12] Cette expression attachée à la guerre de 1939-45 correspond à une histoire européenne qui eut une répercussion mondiale.

                      [13] Tout Rabelais, op. Cité – Préface p. XXIX.

                      [14] Tout Rabelais, op.cité p. XV

                      [15] Tout Rabelais, op.cité p. XIX

                      [16] Langage et langage social in Communication et Langages, année 1977 n°35, p. 119

                      [17] Dans l’enseignement, l’information est matériellement un message composé d’une émission et d’une réception avec retour possible sur sa source, elle permet d’atteindre un objectif précis, la transmission d’une connaissance, elle utilise la langue enseignée ou un langage professionnel comme outil qui permet une transmission unique de la connaissance. Elle se différencie de la communication qui est une mise en commun de paroles dont la finalité est de construire une pensée chargée des dissensus et consensus exprimés soit des controverses.

                      [18] Jeannel Alain, « L’enseignant et la langue de l’enseignement », EDUCAVOX, Mars 09 2020

                      [19] Tout Rabelais, op.cité  p.IX

                      [20] Jeannel Alain, « La « Langue », des idées en devenir » EDUCAVOX, octobre 02 2020

                      [21] Par exemple : AGASP Groupe Desgenettes Paris.

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                        Jeannel Alain

                        Prix Irène Joliot-Curie : Six femmes scientifiques récompensées

                        2 mois 1 semaine ago
                        Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a présidé la cérémonie de remise du Prix Irène Joliot-Curie…Des modèles au féminin pour la jeunesse

                        A la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris, Sylvie Retailleau est venue accompagnée notamment d’Élisabeth Borne, députée et ancienne Première ministre. Le Prix Irène Joliot-Curie valorise depuis 2001 des travaux scientifiques remarquables et promeut la place des femmes dans la recherche. Il est soutenu par l’Académie des sciences, l’Académie des Technologies et le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

                        Sylvie Retailleau a bien sûr évoqué l’inscription dans la Constitution de la loi sur la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Professeure des universités en Physique et ancienne Présidente de l’Université de Paris-Saclay, Sylvie Retailleau a indiqué de légères améliorations entre 2012 et 2022 dans la proportion des femmes inscrites dans les disciplines scientifiques : de 46,7 à 49,4 %. Elles sont 54 % de femmes diplômées dans le supérieur en 2022 – le chiffre est à 47 % dans l’Union Européenne.

                        Mais la ministre a déploré seulement 31 % de femmes diplômées dans les sciences, l’ingénierie, les mathématiques et les technologies alors qu’elles sont 37 % d’étudiantes dans ces disciplines au Portugal et 42 % en Islande. Dans les écoles d’ingénieurs, elles représentent 28 % des étudiants « contre seulement 23 % si on regarde les écoles d’ingénieurs spécialisées ».

                        Les lauréates du Prix Irène Joliot-Curie sont aussi des modèles au féminin pour la jeunesse. Ces chercheuses ont indiqué leur étonnement sur le manque de confiance des élèves filles rencontrées pendant leurs interventions dans les établissements scolaires. La cérémonie a permis de recueillir des témoignages touchants de femmes aux personnalités très affirmées.

                        « On a un beau métier quand même ! »

                        Le Prix de l’engagement a été attribué à la mathématicienne Olga Paris-Romaskevich.

                        En 2023, elle a publié son livre Matheuses avec les sociologues Clémence Perronnet et Claire Marc. Cette scientifique est très engagée pour la sensibilisation et l’orientation des élèves filles vers les sciences et notamment les mathématiques. Dans le contexte géopolitique difficile, Olga Paris-Romaskevich a évoqué l’Ukraine, elle vient de Russie. Elle a souligné le rôle fondamental de l’accès à l’éducation. Elle a aussi rappelé le poids des déterminismes sociaux dans l’orientation.

                        Le Prix femme, recherche et entreprise a couronné les travaux et l’approche entrepreneuriale de Marilena Radoiu, directrice de recherche en génie chimique et environnement, et également fondatrice d’une entreprise scientifique.

                        La chercheuse étudie la technologie micro-onde et son intégration dans la matière.

                        Élisabeth Borne auquel ce Prix Irène Joliot-Curie tient particulièrement à cœur a remis à trois jeunes femmes le Prix de la jeune femme scientifique.

                        Virginie Galland Ehrlacher, chercheuse et professeure en mathématiques appliquées, a dit ne pas avoir été confrontée à des biais de genre. Mais elle fait le constat de stéréotypes de genre très marqués et de l’autocensure dans ses interventions en milieu scolaire. Elle a cité les associations qui œuvrent pour changer les représentations et différents dispositifs comme Mathématiques : nom féminin ?

                        Claire de March a été récompensée pour ses travaux dans le domaine de l’olfaction.

                        Elle a rappelé son parcours commencé par un BTS et qui au final a abouti à un Doctorat. Elle est très engagée pour la parité et l’égalité. Elle a remercié ses anciens professeurs de chimie qui lui ont fait confiance. Laurette Piani, chargée de recherche CNRS en géologie et cosmochimie a offert un beau moment d’émotion. Elle conseille de discuter avec des femmes scientifiques et de leur demander ce qu’elles retirent de leurs professions et activités. Selon elle, la liberté est un avantage obtenu dans l’exercice des professions scientifiques. Elle a rappelé le poids des facteurs sociaux dans le déterminisme scolaire au-delà du genre et a regretté le manque de diversité socio-culturelle dans les institutions de recherche et les laboratoires.

                        Le Prix de la femme scientifique de l’année a été décerné à Anne Canteaut, directrice de recherche en informatique à l’Inria.

                        Elle étudie la cryptographie qui correspond au système de chiffrement des données. Anne Canteaut a défendu l’informatique comme discipline et domaine d’applications. Elle désapprouve que l’informatique soit désormais éclipsée par les sciences du numérique. Elle a raconté avec humour comment elle captive les élèves en leur expliquant le rôle de la cryptographie dans la sécurisation des « codes secrets ». Pour conclure son discours, elle a confié en riant : « On a un beau métier quand même ! »

                        Fatma Alilate

                        22ème édition du Prix Irène Jolliot-Curie 

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                          Fatma Alilate

                          EdTech Actu : Texas Instruments lance sa plateforme dédiée à l’apprentissage des maths

                          2 mois 1 semaine ago
                          Développée en mars 2023 par Texas Instruments en collaboration avec la start-up Vittascience et la communauté d’enseignants de mathématiques du…MaClasseTI.fr, plateforme numérique pour l’apprentissage des mathématiques et des sciences au lycée, a été développée par Texas Instruments en collaboration avec l’EdTech Vittascience.

                          Conçue en collaboration avec le réseau d’enseignants T3 France – qui accompagne les enseignants à la prise en main de nouveaux programmes scolaires – la solution est gratuite, inscrite au GAR et accessible sur tous les appareils sans installation ni licence depuis l’ENT des établissements.

                          Son ambition ? Soutenir l’enseignement des mathématiques au travers de 4 catégories de services : une calculatrice en ligne pour s’exercer depuis un téléphone ou un ordinateur, un éditeur Python pour créer des programmes Python depuis un ordinateur, des tutoriels d’entraînement aux notions fondamentales des mathématiques ainsi qu’un accès sur mot de passe à un outil de gestion de classe permettant d’assigner des activités aux élèves et suivre leurs progrès.

                          Suivre les progrès des élèves Le module « Classe » mis à disposition au sein de la plateforme entend faciliter l’attribution de contenus pédagogiques et le suivi des élèves.

                          « Ce module de gestion sert majoritairement aux devoirs à la maison. L’enseignant publie des exercices en lien avec les cours en classe et demande aux élèves de les réaliser. Il peut également suivre pas à pas la méthode choisie par l’élève pour résoudre le problème et détecter les erreurs qui débouchent sur un résultat erroné », indique Boris Hanuš, professeur de mathématiques en lycée, qui a été associé à la création de l’outil, sur le site du réseau T3.

                          En cas d’erreur, cette démarche permet ainsi à l’enseignant de savoir si le problème provient d’un mauvais usage de la calculatrice ou de l’incompréhension des leçons. Par ailleurs, les enseignants peuvent utiliser les contenus de la communauté ou bien créer leurs propres activités et les partager. « Enfin, l’avantage de l’outil est qu’il permet à l’enseignant de se concentrer sur les cours au lieu d’expliquer et de réexpliquer les différentes fonctions de la calculatrice. Il lui permet donc de se décharger de tâches qui ne sont pas dans son cœur de métier », ajoute-t-il.

                          De l’autonomie pour les élèves De leur côté, les élèves s’approprient un outil qui a l’avantage de ne juger ni le temps passé à réaliser des activités ni les erreurs, puisqu’elles peuvent être rectifiées avant de rendre l’exercice.

                          « Si l’élève commet une erreur pendant un parcours d’activité, la plateforme peut la lui signaler et le diriger vers un espace avec des informations complémentaires. Une fois certain d’être dans la bonne voie, l’élève constate qu’il peut être autonome et donc fier de lui. C’est un résultat particulièrement important en lycée professionnel », souligne de son côté Jérôme Lenoir, enseignant en mathématiques-physique-chimie en lycée professionnel.

                          Par

                          https://edtechactu-com.cdn.ampproject.org/c/s/edtechactu.com/outils-collaboratifs/texas-instruments-lance-sa-plateforme-dediee-a-lapprentissage-des-maths/amp/

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                            An@é

                            Comment la réforme du lycée éloigne les filles des maths et des sciences

                            2 mois 1 semaine ago
                            Mélanie Guenais, Université Paris-Saclay Le discours public met aujourd’hui l’accent sur la promotion des femmes dans les métiers scientifiques et…

                            Dans ce contexte, les effets de la réforme du lycée instaurée en 2019 posent question. Celle-ci qui a mis fin au système des séries générales de baccalauréat (voie scientifique, voie littéraire, voie économique) offrant une plus grande latitude dans la composition des programmes de première et terminale, à partir d’un socle commun et d’enseignements de spécialité. Cependant, cette organisation modulaire s’est accompagnée d’une chute massive des inscriptions dans les disciplines scientifiques au lycée, qui touche particulièrement les filles.

                            Alors que la place des femmes a été déclarée grande cause du quinquennat 2017-2022 et que les enjeux autour des sciences revêtent une dimension internationale, on observe en France un retournement d’ampleur inédite sur l’égalité d’accès aux sciences au lycée général, en contradiction avec les intentions affichées. C’est ce qui ressort quand on reconstruit les évolutions des effectifs des bacheliers et bachelières depuis 60 ans.

                            Les sciences au baccalauréat, un enjeu de la Vᵉ République

                            Le nombre d’élèves en formation scientifique est crucial au regard des compétences techniques et scientifiques nécessaires aux transitions environnementales, sociales et économiques du pays. La plupart des acteurs économiques font état de leurs difficultés à recruter et demandent d’augmenter rapidement le nombre de personnes formées à un niveau Bac+5 dans ces domaines.

                            Analyser la situation actuelle nécessite de prendre en compte les profondes modifications du contexte scolaire de la Ve République. Jusqu’au début des années 1960, le baccalauréat ne concerne qu’une petite partie de la population, surtout issue de la classe bourgeoise urbaine. Guidées par les différents plans de développement économique et social, les politiques éducatives d’alors vont ouvrir largement l’accès aux études secondaires et supérieures.

                            La réforme Fouchet de 1965 du lycée général supprime la sélection pour entrer en terminale et créé de nouvelles séries, dans lesquelles les volumes horaires de sciences et de mathématiques augmentent. On assiste à partir de la fin des années 1960 à une massification rapide de l’accès au bac général : si celui-ci ne concerne que 11 % d’une classe d’âge en 1962, cette part s’élève à 18 % en 1975 et à près de 44 % en 2022.

                            Le poids des sciences dans le bac général

                            Dans l’étude que nous avons menée, on qualifie de bac « sciences » les cursus en terminale générale incluant au moins 12h hebdomadaires de sciences, dont 5h30 de mathématiques. Avant 1994, cela équivaut aux séries C, D et E puis, entre 1994 et 2019, à la série S et, depuis la réforme de 2019 aux doublettes de spécialités maths/sciences (soit numérique et sciences informatiques (NSI), soit physique-chimie (PC), soit sciences de l’ingénieur (SI) ou encore sciences de la vie et de la terre (SVT)). Les parcours sans spécialité maths en terminale ne seront pas comptabilisés.

                            Nous reconstituons à partir des archives des données publiques l’évolution des effectifs du bac sciences depuis 1962 pour la filière générale.

                            Après une forte croissance jusqu’en 2020, l’effectif chute de près de moitié depuis la réforme : il revient au niveau de 1988. Les bacheliers généraux étant moins nombreux en 1988, le poids relatif des sciences dans le bac général en 2022 est donc très inférieur à celui de 1988, comme nous l’illustrons ci-dessous :

                            Alors que le bac sciences constituait environ la moitié des bacs généraux entre 1962 et 2020, sa part chute à 27 % depuis la réforme. Même en comptabilisant l’ensemble des parcours sciences n’incluant que 3h de maths en option, cette part reste inférieure à 38 % en 2022.

                            Cette rupture marque une réduction inédite de la formation scientifique au lycée. Affirmer « l’importance vitale de la science pour notre pays » et « en même temps » en réduire à ce point l’accès est paradoxal. Comment expliquer ce hiatus de la politique publique ? L’analyse de la composition des élèves concernés, en particulier selon le genre, permet d’en donner un éclairage.

                            Filles et garçons : un inégal rapport aux sciences

                            Créé en 1808 pour les garçons de l’élite bourgeoise auxquels les lycées sont alors réservés, le baccalauréat est la porte d’accès aux études supérieures. Il ne deviendra accessible qu’en 1925 aux filles qui peuvent dès lors suivre les mêmes études que les garçons. Leur progression régulière dans les études secondaires aboutit à partir de 1968 à leur domination en nombre au baccalauréat général. Elles constituent actuellement environ 57 % de l’ensemble des bacheliers généraux, proportion stable depuis plusieurs décennies mais inégalement répartie selon les parcours.

                            Dans les parcours scientifiques, traditionnellement masculins, l’évolution des filles et des garçons montre leur progression régulière, avec un retard des filles sur les garçons qui se réduit peu à peu jusqu’en 2020. L’écart est alors le plus faible jamais atteint, signe d’un progrès notable pour l’égalité d’accès aux sciences entre les filles et les garçons :

                            Depuis la réforme de 2019, les effectifs scientifiques s’effondrent : la baisse est de 30 % pour les garçons et de 60 % pour les filles.

                            On représente sur le graphique ci-dessous l’évolution de la part du bac sciences selon le genre : il montre une relative stabilité entre 1962 et 2020 pour les filles et les garçons, avec une augmentation progressive de la part des bachelières scientifiques entre 1986 et 2020 :

                            La réforme de 2019 marque une rupture avec une baisse inédite du taux d’accès au bac sciences en 2022 tant pour les filles que les garçons, pour lesquels ce recul est moins marqué : les inégalités de genre se sont nettement aggravées depuis la réforme. C’est ce que montre ce graphique comparant la proportion des bacs sciences entre les garçons et les filles :

                            Si l’avantage a toujours été aux garçons, on constate un lent progrès vers l’égalité depuis 1986 et jusqu’en 2020. Après la réforme, en 2022, un garçon a 2,3 fois plus de chances qu’une fille d’avoir un bac « sciences », c’est l’inégalité la plus forte observée au cours de toute la Ve République.

                            Un recul inédit de l’égalité face aux sciences au lycée

                            Le XXe siècle a permis l’ascension scolaire des filles qui sont désormais plus nombreuses que les garçons dans les études supérieures. Pour autant, leur égalité économique ou sociale est loin d’être atteinte encore aujourd’hui. Rappelons que, dans la société française, le droit d’une femme à ouvrir un compte bancaire ou à travailler sans l’accord d’un tuteur a moins de 60 ans. Autrement dit, le rôle de la femme tel qu’il est défini dans la société du XXe siècle limite son ascension sociale.

                            Un meilleur équilibre dans les orientations vers les débouchés professionnels les mieux rémunérés, dont celles vers les très masculines sciences et techniques, représente donc un enjeu de justice sociale. Le retour en arrière consécutif à la réforme de 2019 sur les progrès réalisés en ce sens au lycée général durant la Ve République, nous place dans une situation sans précédent dans l’histoire contemporaine.

                            Une telle organisation au lycée n’aboutit finalement qu’à préserver une élite masculine dominante dans les parcours scientifiques au détriment de son accès à tous, dont les femmes.

                            Si la question du rapport des femmes aux sciences ne saurait se réduire à celle du bac, cette réforme, fondée sur un choix de « spécialités » sans garantir de socle de connaissances solides en mathématiques et en sciences, contraint leur orientation et devenir professionnel, diminuant fortement les chances d’une promotion sociale et économique.

                            Dans la longue succession des réformes du lycée, celle de 2019 est unique par son impact massif sur l’affaiblissement des filières scientifiques et la parité. Le gouvernement en mesure-t-il la portée ? Cette étude montre que l’effet des multiples discours concernant l’égalité face aux sciences est négligeable par rapport à l’effet d’un changement de structure du système.

                            Mélanie Guenais, Maîtresse de conférences en mathématiques, Université Paris-Saclay

                            Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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                              An@é

                              Culture numérique : les Rencontres 2024, le 22 mars

                              2 mois 1 semaine ago
                              Le programme complet de la rencontre culture numérique EMI & IA co-organisée par le ministère de la Culture et Universcience…Education aux médias et à l'information (EMI) & Intelligence artificielle (IA)- Paris - Cité des sciences et de l'industrie - 22 mars 2024

                              L'Intelligence artificielle va faciliter la production de contenus trompeurs - textuels, graphiques, audio ou vidéo - et les rendre de plus en plus difficilement détectables. Ce qui va représenter une menace majeure pour le fonctionnement démocratique de nos sociétés. A contrario, elle peut constituer un outil pour identifier des manipulations de l'information et pour faciliter le travail journalistique.

                              Cette évolution importante va donc impacter de manière croissante l'Education aux médias et à l'information, qui va devoir faire face à de nouveaux défis.

                              Cette rencontre co-organisée par le ministère de la Culture (Délégation générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle) et Universcience dans le cadre du Printemps de l'esprit critique propose d'aborder ces enjeux.

                              Le programme de la rencontre est consultable sur le site d'Universcience :
                              https://www.universcience.fr/fr/esprit-critique/rencontres-culture-numerique

                              Cette rencontre sera diffusée en direct sur Internet et fera l'objet d'une captation vidéo intégrale pour une mise en ligne ultrieure.

                              Elle est accessible gratuitement aux publics professionnels intéressés.

                              Seule une inscription préalable en ligne est requise, quel que soit le mode de participation prévu : présentiel ou distanciel.

                              http://www.rencontres-numeriques.org/2024/

                              An@é

                              Lutte des places !

                              2 mois 1 semaine ago
                              Année après année, réforme après réforme, la grande aspiration à  l'école républicaine et laïque "pour toutes et tous" se trouve…

                              Alors que les équipes pédagogiques viennent de prendre connaissance avec surprise des dotations globales horaires pour l'an  prochain, les "chocs des savoirs" et autre  "choc d'attractivité" soulèvent chez la majorité des enseignant(e)s un vent  de révolte tout comme chez les parents d'élèves au point de parler de répulsion pour ces mesures incompréhensibles et même contre-productives.

                              Les conséquences désastreuses de groupe de niveau  menacent les équilibres fondamentaux et égalitaires pour lesquels se sont battus  les anciennes générations: aggravation de l'apartheid scolaire,car les populations les plus fragiles seront concernées, stigmatisation d'élèves par l'institution scolaire elle-même, naufrage des pédagogies coopératives, suppression d'options ou de dispositifs spécifiques afin de récupérer des moyens, fin des dynamiques de projets, renoncement au rôle essentiel de professeur principal, cloisonnement disciplinaire., évaluations problématiques, perte de sens du métier. Bref, nous assisterions à la légitimation ségrégationniste d'une école à deux vitesses qui trierait et étiqueterait les enfants tout en privilégiant une "pseudo élite" !

                              Ne laissons pas la République lâcher son fil d'Ariane : la bataille pour la justice avec la prise en compte de l'hétérogénéité des niveaux au coeur d'un projet collectif, consubstantielle  depuis sa création.

                              Figeac Patrick
                              Educavox.fr - Ecole, pédagogie, enseignement, formation - Medias des acteurs de l'ecole. Medias citoyen, actualite de l'education, web2.0, tribune libre, medias, politique, societe ...
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                              2 heures 27 minutes ago