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Constats et prises de position

Soumis par SAEN le 22 juin 2012

Consultation relative au projet de rénovation du cycle 3 : la réponse du SAEN

Le SAEN prône une école sans filière et sans sélection à l’école obligatoire, dans la droite ligne de sa faîtière, le SER (Syndicat des enseignants romands).

Les missions d’intégration sociale et de formation sont pour nous prioritaires : nous sommes aujourd’hui loin du compte avec le système des filières.

Le projet de rénovation, avec ses quelques branches à niveaux, nous apparaît comme un compromis entre école intégrative et sélective qui va dans le bon sens à condition que l’accompagnement du corps enseignant et le soutien aux enfants mis en difficulté à l’école soient à la hauteur du changement envisagé.

Le système actuel, sélectif et ségrégatif, est, par nature, une véritable machine à fabriquer l’échec scolaire des enfants qui ne sont pas à leur aise à l’école. De plus, il n’épanouit ni ne valorise pour autant les bons élèves. Ce mauvais système n’a cependant pas empêché les collègues du secondaire I d’être remarquables, au contraire : que ne faut-il pas déployer comme énergie et comme trouvailles pédagogiques pour faire progresser des élèves en difficulté concentrés dans certaines classes ? Les collègues de transition, de pp ou de terminale en savent quelque chose.

Le projet de rénovation aurait pu mettre davantage en évidence la qualité du travail des collègues œuvrant dans le secondaire I. Le projet de rénovation a parfois pu être ressenti comme une critique implicite du travail fourni actuellement par le corps enseignant du cycle 3. Il n’en est rien. Si le projet de rénovation a été initié, c’est suite aux coupes que le département de l’éducation a opérées dans le secondaire II neuchâtelois qui n’est plus en mesure aujourd’hui d’absorber les enfants aux performances scolaires plutôt moyennes. Il fallait donc réagir et tourner le dos à un système tendant à écraser les faibles et qui ne stimule pas pour autant les forts. Au niveau du syndicat, nous aurions préféré passer à un système sans filière et sans niveau, mais nous n’avons été intégrés au groupe de travail qu’après que l’option « valaisanne » avec ses quelques disciplines à deux niveaux, a été retenue par le département et les représentants des directions d’école. Les retours de collègues valaisans du secondaire I sont par ailleurs plutôt bons, même s’il n’existe naturellement pas de système parfait.

Les retours de terrains montrent que les collègues du cycle 3 se battent pour la qualité de leur enseignement, ce qui confirme un fort engagement professionnel et explique la défense de leurs disciplines et les craintes liées aux exigences et aux difficultés d’un enseignement différencié, de même qu’au financement des diverses mesures de suivi de la rénovation, d’accompagnement du corps enseignant dans le changement et de soutien aux élèves, financement qui n’apparaît pas assuré dans le projet qui insiste trop lourdement sur la neutralités des coûts.

L’introduction de la rénovation et le suivi de sa mise en place ne peuvent en effet pas se faire sans argent supplémentaire. Par contre, la neutralité des coûts peut être invoquée du point de vue des structures : le système ségrégatif actuel est loin d’être bon marché et les moyens qui lui sont alloués paraissent suffisants pour faire fonctionner un système rénové plus intégratif.

Les échanges avec les collègues du secondaire I ont fait apparaître un malentendu concernant les branches à niveaux : c’est bel et bien la volonté politique de continuer d’opérer une sélection au cours de l’école obligatoire qui se trouve concrétisée par la mise en place de disciplines à niveaux : aucune optique pédagogique à chercher de ce côté-là, ce qui signifie que les branches qui ne sont pas à niveaux ne sont pédagogiquement aucunement prétéritées par le fait de n’être pas sélectives, à condition d’être prêt à faire évoluer son enseignement vers plus de différenciation, un virage qui ne va pas de soi quand on sort de 30 ans d’institutionnalisation de la ségrégation scolaire.

Le projet de rénovation est le fruit d’un consensus à la neuchâteloise : les branches à niveaux n’ont aucune visée pédagogique, mais elles maintiennent une certaine sélection dans le système. Par contre, globalement, le cycle 3 qui se dessine pour l’avenir sera plus intégratif que sélectif, avec une priorité donnée à la formation sur la sélection. Pour nous, cette orientation est la bonne.

Propositions

Dans la perspective du début de la mise en œuvre du projet de rénovation dès la rentrée scolaire 2014, le SAEN propose la création de trois groupes de travail (GT) dans lesquels les collègues du cycle 3, via leurs associations professionnelles, seront représentés.

1)    GT pédagogie différenciée

Un système plus intégratif ne peut fonctionner qu’avec l’application d’une pédagogie différenciée qui nécessitera des adaptations de l’exercice du métier d’enseignant. Les enjeux didactiques touchent le cœur de la pratique enseignante. La pédagogie différenciée est l’antidote du « nivellement par le bas » : on ne doit pas donner la même chose à un élève en difficulté qu’à un autre qui est très à l’aise dans les apprentissages scolaires.

Comment accompagner au mieux le corps enseignant dans cette évolution de son activité professionnelle? Quel type de formation faudra-t-il envisager ?

2)    GT mesures de soutien aux élèves

Le soutien aux élèves dans un système plus intégratif que sélectif doit être repensé.

Un concept cantonal, laissant une marge de manœuvre aux différents établissements secondaires dans le respect de leur autonomie et de leurs caractéristiques culturelles et sociales, ne pourrait-il pas être élaboré ?

3)    GT suivi de la mise en œuvre de la rénovation

Accompagner les changements générés par la rénovation apparaît comme une nécessité. Des séances régulières de debriefings pour permettre aux enseignants de s’exprimer sur ce qu’ils vivront ne devraient-elles pas être envisagées ?

Bilans de compétences, validation d’acquis et formations complémentaires à l’université ne devront-ils pas être proposés aux généralistes du secondaire I qui deviendront, à terme, en partie des spécialistes ?

Les questions du travail en équipe pédagogique et de gestion de la classe ne mériteraient-elles pas une attention particulière dans le cadre de la mise en place de la rénovation ?

Le CAPPES (Centre d’accompagnement et de prévention pour les professionnels des établissements scolaires) de M. Marc Thiébaud ne devrait-il pas être mandaté pour assurer le suivi de la mise en œuvre de la rénovation ?

La création de ces trois groupes de travail, dans la foulée d’une acceptation du projet de rénovation par une majorité du parlement neuchâtelois, ne devrait-elle pas faire l’objet d’une information aux groupes parlementaires du Grand Conseil avant la mise en débat du projet de rénovation du cycle 3 en plénum?

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