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Des profs à l’école de l’entreprise

Soumis par SAEN le 20 février 2016

Des enseignants de 10e année conviés à des visites


Sécateur en main, un maître d’apprentissage et ses auditeurs lors de la visite de l’entreprise Felco. DAVID MARCHON

Les anciens élèves se sont fait enseignants. Les enseignants, devenus élèves, écoutent attentivement. On force un peu le trait, mais il y a un peu de ça, en ce mercredi après-midi, dans la salle de conférences de Felco, aux Geneveys-sur-Coffrane.

Debout devant tout le monde: Maxime Cuche et Hugo Voirol, deux apprentis polymécaniciens de l’entreprise, leader mondial dans la fabrication de sécateurs, et qui vient de donner lieu à une visite. Assis face à eux: des enseignants de 10e année Harmos – l’avant-dernière année de l’école obligatoire – des collèges de la Fontenelle, à Cernier, et des Terreaux, à Neuchâtel, ainsi que des membres de la direction de ces collèges et des représentants de services cantonaux liés à la formation ou à l’orientation professionnelle. Objectif: permettre aux enseignants – présents à titre volontaire – de découvrir le monde de l’entreprise en général et celui de l’apprentissage en particulier.

Un premier salaire

Il s’agit de l’une des multiples mesures mises en place par le Département cantonal de l’éducation pour promouvoir la formation professionnelle (par opposition à la voie académique), et plus particulièrement la voie duale, c’est-à-dire en entreprise et en école. Une mesure inédite à cette échelle (lire ci-contre).

«Lors de Capa’cité (réd: le salon neuchâtelois des métiers), j’ai discuté à un stand avec un apprenti polymécanicien. Je me suis tout de suite dit que ce métier était génial et qu’il était fait pour moi», a raconté Maxime Cuche. Pourquoi un apprentissage? «Je ne suis pas trop fan des journées passées assis sur une chaise. Et puis j’avais envie de faire quelque chose avec mes propres mains. Et toucher un salaire pour être plus indépendant financièrement.»

Quant aux vertus du mode dual, Hugo Voirol en a dit ceci: «En première année d’apprentissage, j’ai constaté que j’avais acquis des connaissances sur le terrain, alors que les apprentis qui étaient dans une école à plein temps devaient souvent chercher des infos dans leurs documents.» Il a ajouté: «Pour moi, l’apprentissage est un premier échelon dans la vie professionnelle. Il me permet d’acquérir une grande expérience, de vivre des choses concrètes. Par la suite, j’ai envie d’aller dans une école supérieure, puis une haute école spécialisée.»

Non loin des deux apprentis, Christophe Nicolet boit du petit-lait. Le directeur général de Felco, qui a entamé son parcours professionnel par un apprentissage de mécanicien-électricien, est bien placé pour savoir qu’il n’y a pas que la voie académique dans la vie... «Je suis toujours étonné quand j’entends des parents dire à leur enfant: ‘‘Si tu peux, tu vas au lycée, sinon, tant pis, tu feras un apprentissage.’’ Ça me désole.» Et de citer l’article que nous avons publié mercredi: «Une enquête montre que 85% des Neuchâtelois qui ont récemment acquis un CFC ont aujourd’hui un emploi ou ont poursuivi leur formation.»

Sébastien Nussbaum, maître d’apprentissage au sein de l’entreprise des Geneveys-sur-Coffrane, s’est montré tout autant désolé: «Je suis toujours surpris de voir à quel point les jeunes ne connaissent pas les métiers techniques. Ils ont une si mauvaise image que cela?»

Comme en réponse à cette question, Christophe Nicolet a conclu l’après-midi en disant «espérer vous avoir fait envie, vous les enseignants, de parler aussi des métiers techniques à vos élèves quand vous évoquez leur avenir professionnel. Et de leur dire qu’un apprentissage dans ce domaine constitue une réelle alternative aux cursus que, peut-être, vous avez tendance à encourager après l’école obligatoire.»

Repères

Précédent - Des visites d’entreprises pour des enseignants avaient déjà été mises en place en 2007, mais «les employeurs et les enseignants, à l’époque, avaient eu de la peine à aller à la rencontre les uns des autres», selon l’expression d’un acteur de cette première opération.

Mondes - «Le monde de l’économie et le monde de l’enseignement ont tout intérêt à se connaître», a déclaré mercredi Matthieu Aubert, de la Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie, co-organisateur des visites d’entreprises, version 2015-2016. Avant de lancer aux enseignants: «Vous êtes les derniers à les accompagner avant qu’ils quittent l’école obligatoire, les entreprises sont les premières à prendre en charge ceux qui entament un apprentissage.»

Mercredis - Quatre après-midi sont proposés à des maîtres de classe de 10e année Harmos en cette année scolaire 2015-2016: à La Chaux-de-Fonds (36 enseignants invités, 34 présents), au Landeron (30 enseignants invités, 16 présents), à Cernier (15 enseignants invités, 7 présents), enfin à Colombier (19 enseignants invités, elle se déroulera au mois de mai).

Dix - Les dix entreprises suivantes ont joué le jeu: Komax, FKG Dentaire, Ismeca, PX Group, Tag Heuer, Egger, Rollomatic, Felco, Mikron et Ceramaret. A chaque fois: présentations diverses, visites et échanges.

Activités - Mercredi, le projet #bepog (Be part of the game) a été présenté aux participants. Lancé par les quatre cantons de l’Arc Jurassien (VD, NE, JU, BE) et proposé depuis l’année dernière, ce projet vise à valoriser les métiers techniques. Une dizaine d’activités sont proposées aux enfants de 10 à 16 ans, soit pour une classe entière, soit individuellement, y compris en dehors du temps scolaire, et y compris des activités spécifiques pour les filles (www.bepog.ch).

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