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Filières plein temps supprimées au CPLN-Cifom

Soumis par SAEN le 5 septembre 2018
« Aucun jeune ne restera sur le carreau... mais les entreprises doivent jouer le jeu. » Photo David Marchon

Quatre filières de formation technique à plein temps seront supprimées dès la rentrée 2019, au sein du pôle technique CPLN-Cifom. Il ne sera donc plus possible d’être formé entièrement à l’école dans les filières de polymécanicien, de dessinateur en microtechnique, de dessinateur industriel et d’électronicien pour obtenir un CFC. Si les étudiants en plein cursus peuvent achever leur formation, les futurs élèves, eux, sont invités à s’inscrire en filière duale (en partie en entreprise) ou flexible (les deux premières années à l’école, puis la fin de la formation en entreprise). 

«Nous avons fermé ces quatre filières en refondant certaines d’entre elles dans d’autres formations, pour être en adéquation avec le tissu industriel ou parce qu’il n’y avait pas de besoins avérés dans la branche», résume Laurent Feuz. «Les études démontrent que les jeunes en formation plein temps peinent davantage à s’insérer sur le marché du travail. Ils ont tendance à se réorienter et évaluent moins favorablement leur formation», ajoute le chef du Service des formations postobligatoires et de l’orientation.

«Nous sommes inquiets»

Bien que la dualisation des filières techniques soit une priorité politique, le groupe socialiste, dans une interpellation urgente qui doit être traitée ce matin au Grand Conseil, s’inquiète des conséquences de cette suppression.

Martine Docourt-Ducommun, première signataire du texte, regrette que «la nouvelle ait été annoncée dans la précipitation. Nous sommes inquiets de savoir si les jeunes trouveront des places d’apprentissage. Nous ne sommes pas opposés à la formation duale, bien au contraire, mais à terme, cette dernière garantit-elle l’existence de ces formations?» Et de conclure: «Nous espérons qu’au final, aucun élève ne sera mis de côté.»

Le directeur général du Cifom, Patrick Rebstein, souligne que la fermeture des quatre filières à plein temps (dont la fréquentation a diminué ces dernières années au profit du dual) «correspond à l’évolution normale d’une école qui doit adapter ses formations au marché». Le directeur assure que ces filières ne concernent «qu’une» vingtaine d’élèves, si l’on prend une photo de la situation actuelle.

Pour les futurs apprentis, il s’agira donc de s’inscrire en formation duale ou en formation flexible. Et c’est là tout l’enjeu: sans entreprises, difficile de former de nouveaux apprentis. «C’est un pari que nous prenons», admet Patrick Rebstein. «Mais nous avons mûri cette décision en partenariat avec les associations entrepreneuriales.» Combien d’entreprises faut-il pour pallier cette mesure? «Cela dépend des filières. Pour la polymécanique, par exemple, nous savons que nous pouvons compter sur la présence du Centre d’apprentissage de l’Arc jurassien (Caaj), qui pourrait accueillir la totalité de nos élèves», affirme Patrick Rebstein.

Membre de la direction de la Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie (CNCI), Matthieu Aubert rappelle que, chaque année, plusieurs places d’apprentissage restent vacantes. «Il devient dès lors compliqué de motiver les entreprises à conserver ces places tout en leur expliquant que la formation duale doit être privilégiée.» Le représentant des entrepreneurs reste toutefois lucide: «Deux motifs poussent à favoriser le dual. L’un réside dans la qualité de la formation et l’insertion dans le monde du travail. L’autre dans le fait que cette formation coûte trois fois moins cher à l’Etat, il ne faut pas se leurrer.»

A priori, cette décision de suppression est isolée, comme le confirme Patrick Rebstein. «A l’attention des parents, je souhaite dire que la palette des offres de formation reste riche dans le canton. Il n’y a pas de risques de se retrouver avec des apprentis sur le carreau.»

3 questions à...
Laurent feuz,  chef du service des formations postobligatoires et de l’orientation

En supprimant quatre filières à plein temps, ne vous défaussez-vous pas sur les entreprises, qui devront créer des places d’apprentissage et former en partie les jeunes?

Non, je le réfute. L’école apporte l’enseignement des connaissances professionnelles, les entreprises se chargent de la partie pratique. Dans les cas qui nous occupent, les écoles se sont substituées aux entreprises pour l’enseignement de la pratique.

Y a-t-il assez d’entreprises pour former ces jeunes?

On verra. Il restait, en fin d’année passée, plus de 100 places d’apprentissage disponibles et les entreprises, en fonction de leurs besoins, pourront aussi créer des places d’apprentissage.

Former un jeune coûte du temps et de l’argent. Ne craignez-vous pas de condamner ces quatre formations? Ce peut être décourageant pour un employeur.

Non. Ces formations sont déjà beaucoup dualisées. Nous avons par ailleurs, pour le domaine technique, un système d’incitation financière à leur intention, car nous savons que former dans ce domaine coûte cher, même si, au final, cela rapporte également pour la plupart des professions.

par Annabelle Bourquin

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Publié le
mer 05/09/2018 - 07:48