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Justice et profs doivent collaborer

Soumis par Pierre Graber le 6 juillet 2009

Les enseignants le revendiquent haut et fort : ils ont le droit de savoir si certains de leurs élèves ont été condamnés pour des actes de violence.

Georges Pasquier

Après l'agression sauvage d'un homme par trois jeunes Zurichois récidivistes en voyage d'études à Munich, des représentants du milieu scolaire donnent de la voix. De nouveaux incidents pourraient être évités si les professeurs étaient informés des antécédents judiciaires de leurs élèves. « Cela nous permettrait de travailler en connaissant toutes les données des élèves auxquels on a affaire », explique Georges Pasquier, président du Syndicat des enseignants romands (SER). Ces informations sensibles ne seraient évidemment pas divulguées plus loin. « Nous sommes soumis au secret professionnel », rappelle le responsable.

Moutons noirs

Pas question toutefois de refuser les moutons noirs dans une classe ou de se livrer à une chasse aux sorcières. « Nous partons du principe qu'un élève peut changer, même après de gros problèmes. » Mais savoir par quelles difficultés un adolescent a passé peut servir à améliorer l'encadrement et le soutien qui lui seront apportés.

Aujourd'hui, la collaboration entre la justice et l'école ne fonctionne pas et elle est généralement très mauvaise, déplore Anton Strittmatter, responsable de la pédagogie à l'Association faîtière des enseignants suisses, dans une interview parue dimanche dans le journal Zentralschweiz am Sonntag. Selon lui, il faut accorder au corps enseignant le même statut que les psychologues, les médecins ou les autorités judiciaires. Il estime qu'au moins les directeurs d'école devraient être mis au courant des anciennes condamnations pénales.

Jeunes ingérables

Plusieurs responsables politiques montent aussi au créneau sur ce dossier. La directrice de l'Instruction publique du canton de Zurich, la socialiste Regine Aeppli, plaide pour un devoir d'information étendu des autorités judiciaires. Elle a le soutien de la directrice saint-galloise de la Justice, la radicale Karin Keller-Sutter.

Anton Strittmatter rappelle que de plus en plus d'enseignants renoncent à organiser des sorties avec leurs élèves, d'une part, pour des questions de responsabilité civile en cas de pépin et, d'autre part, parce que les jeunes ingérables sont toujours plus nombreux.

Il y a de plus en plus de jeunes incontrôlables à cause de la « banqueroute éducative de leurs familles », poursuit M. Strittmatter. En cas de doute, il faut interdire l'alcool ou fixer d'autres conditions lors des sorties. Le cas de Munich a montré que des jeunes sous l'effet de l'alcool ou de la drogue, lorsqu'ils se trouvent dans une grande ville, loin de chez eux, peuvent commettre des actes qu'ils ne feraient pas à la maison.

Source : Le Matin

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