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L’impression 3D arrive à l’école

Soumis par SAEN le 20 décembre 2016

Des patrons industriels veulent revaloriser les métiers techniques.


Le projet démarrera en début d’année par la formation des enseignants. Les premières machines devraient être installées dans les écoles au printemps. FAJI/SP

RAPPEL DES FAITS

Devant le risque de pénurie de personnel pour l’industrie, les quatre cantons de l’Arc jurassien ont lancé, début 2016, #bepog (pour Be Part of the Game), un projet de revalorisation des formations techniques. En 2017, l’Association industrielle et patronale AIP veut contribuer à cet effort en faisant entrer à l’école les imprimantes 3D.

Hormis de rares incursions dans un collège ou l’autre, l’impression 3D n’a pas encore fait une entrée généralisée dans le milieu scolaire. Mais un cap sera franchi au printemps prochain.

L’Association industrielle et patronale participe au projet #bepog, et a décidé dans ce cadre de livrer de telles machines dans les écoles.

«Le but, c’est de montrer que les métiers de l’industrie peuvent aussi être cool et à la pointe de l’innovation. Nous voulons gommer le côté huile sale qui leur est parfois associé», explique Raymond Stauffer, président de l’AIP et de la Fondation Arc jurassien industriel.

«Il va vraiment manquer de personnel formé dans les métiers de l’industrie. Il nous faut intéresser les élèves à embrasser ces carrières», analyse le militant de la cause industrielle. De 2017 à 2021 il faudra recruter 17 000 personnes par an dans les métiers techniques en Suisse, selon une étude de Swissmem citée par l’AIP.

Ludique et instructif

Une fois les imprimantes installées, les élèves pourront laisser libre cours à leur créativité. L’avantage, comme l’explique l’AIP dans la documentation de son programme, c’est que l’impression 3D peut ajouter «un côté ludique et instructif» à de nombreuses matières scolaires: maths, sciences, travaux manuels.

L’association, dont les entreprises membres totalisent près de 12 000 emplois dans l’Arc jurassien, offrira deux machines, les cours pour les enseignants qui devront les utiliser, module pédagogique, mise en service, etc. «Nous estimons qu’il s’agit d’une bonne manière de terminer l’année des 50 ans de l’AIP», se réjouit Raymond Stauffer.

Sponsoring

Le tout représente un investissement de 5000 francs par machine (la machine elle-même étant évaluée à près de 1000 francs). Il est prévu d’en offrir une vingtaine grâce à des entreprises qui seraient prêtes à sponsoriser le programme pour participer à la revalorisation des métiers techniques. En contrepartie, leur nom sera cité dans la documentation et leur logo apposé sur les machines.

Pour le chef du service de l’enseignement obligatoire, la démarche est réjouissante: «C’est très important de sensibiliser les jeunes aux outils qui seront omniprésents demain, au travail voire même à la maison. D’un point de vue pédagogique, un tel outil peut aussi créer des liens que nous cherchons à favoriser entre les matières enseignées, ou entre les élèves: On peut imaginer de faire aux travaux manuels des outils ou éléments de constructions utilisés en maths, ou faire faire aux plus grands des jeux pour les plus petits».

Les copeaux d’abord

La «fabrication additive», c’est l’équivalent industriel de l’impression tridimensionnelle, ou impression 3D.

Horlogerie, machines, outillage, les procédés de transformation de la matière dans les industries de la région relèvent essentiellement de «l’usinage par enlèvement de matière» une pièce s’obtient à partir d’une matière brute sur laquelle des opérations mécaniques permettent de former une pièce: fraisage, rectification, découpe, enlèvement de copeaux. On peut aussi transformer par déformation (plier une tôle, par exemple), ou par fusion (couler une matière liquide dans un moule).

La «fabrication additive», elle, est rendue possible par la conception digitale de pièces en trois dimensions. Différents procédés permettent de partir d’un modèle informatique pour faire réaliser, par une machine, une pièce par dépôt de couches successives de matières, L’impression 3D existe aussi pour les métaux.

Le processus passe par chauffage d’une poudre par laser. La fabrication additive facilite la conception et la réalisation de pièces très complexes.

Mais la vitesse et la précision limitée de ces techniques par rapport à la fabrication «soustractive» cantonne nt pour l’heure l’impression 3D au prototypage, au façonnage de pièce unique ou de petite série. Beaucoup d’experts parient sur le fait que la fabrication additive prendra une grande importance dans les manufactures du futur, éventuellement en combinaison avec d’autres techniques plus classiques, le tout étant, de plus en plus, robotisé.

Par Luc-Olivier Erard

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