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« Nous sommes fiers d’être en terminale »

Soumis par SAEN le 10 novembre 2018
Une classe de terminale au collège Numa-Droz à La Chaux-de-Fonds. (Christian Galley)

S’estimant stigmatisés par la conseillère d’Etat Monika Maire-Hefti, des élèves de classes terminale de La Chaux-de-Fonds réagissent.

«Non, nous ne fumons pas plus de cannabis que les autres. Non, il n’y pas plus de violence entre nous. Et non, nous ne voulons pas plus nous suicider que les autres» Une centaine d’élèves de classes terminale (TE) de La Chaux-de Fonds sont venus discuter d’une enquête présentée fin août à la presse par Monika Maire-Hefti et dire fermement qu’ils ne voulaient pas être victimes de stigmatisation.

Cette enquête sur la victimisation et la délinquance chez des jeunes Neuchâtelois inquiétait la cheffe du Département de la formation et de la famille. Reprenant certaines conclusions des auteurs de l’enquête, elle relevait notamment que «les jeunes des classes TE apparaissent comme particulièrement exposés à des actes de violence.» 

Selon l’enquête, ces classes semblent par ailleurs compter des taux plus élevés d’auteurs de harcèlement: «Cette plus grande exposition des jeunes des classes TE à la violence s’accompagne d’une moins bonne santé perçue et d’une consommation autorapportée de cannabis plus importante également.»

Lecture en classe

Ce travail conduit par l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive de l’Université de Lausanne se base sur les réponses données par près de 1700 élèves neuchâtelois de 11e Harmos (dont des classes TE) en 2017. La page que nous avions consacrée à ce sujet a fait l’objet d’une lecture et d’une réflexion par plusieurs enseignants chaux-de-fonniers dans leurs classes TE.

«Monsieur, pourquoi avez-vous écrit que nous fumions du cannabis ou que nous voulions nous suicider?», lancent une partie d’entre eux au journaliste venu leur expliquer l’origine de l’article et écouter leurs sentiments. «Tout ça n’est pas vrai. Vous ne pouvez pas l’écrire dans le journal. Que vont penser nos parents? Et les patrons chez qui nous nous présentons pour obtenir une place d’apprentissage?»

Pour la plupart, il y a beaucoup plus de problèmes de violence «chez les FR», soit les classes traditionnelles. Ils sont souvent passés en FR avant d’aller en terminale. «Il y a beaucoup plus de harcèlements et de moqueries chez les FR», explique une jeune fille. «Surtout à l’égard des gens qui ont de la peine sur le plan scolaire. Depuis que je suis en TE, je me sens bien mieux. Les enseignants sont plus compréhensifs et peuvent vraiment nous aider.»

Un prof par classe

«Les TE ont peut-être plus de peine à l’école, ils ont donc besoin d’être mieux soutenus et d’avoir un prof par classe qui peut nous suivre dans les différentes branches, être compréhensif», lance un autre.

Visiblement, les élèves de TE veulent dire qu’ils sont bien dans leurs classes : «Je suis en TE et je l’assume. Je ne baisse pas la tête », poursuit une adolescente demandant à ses camarades de lever la main s’ils sont d’accord. Une forêt de mains se lève dans la salle. 

Une centaine d’élèves de terminales, réunis dans l’aula du collège des Forges à La Chaux-de-Fonds, assument complètement d’être en classe TE. DR

Des réactions surtout chaux-de-fonnières

Les enseignants de TE s’inquiètent des propos de Monika Maire-Hefti qui se demandait, en présentant cette enquête, si le fait de créer des classes spécifiques pour les élèves en difficulté ne devait pas être remis en question. «Le regroupement dans une même classe des élèves présentant des difficultés augmente le risque de comportements problématiques et affecte leur bien-être.»

«Elle veut supprimer les TE pour faire des économies», lance un enseignant. «Pas du tout», répond la conseillère d’Etat, « il ne s’agit pas de faire des économies mais de suivre les recommandations suisses en matière d’enseignement spécialisé qui privilégie l’intégration, plus stimulante, à la séparation.»

La cheffe du Département de l’éducation note que les résultats de l’enquête ressortent des réponses données par les élèves interrogés en 2017. Elle relève par ailleurs que ces réactions après la publication de l’enquête viennent surtout de La Chaux-de-Fonds: «C’est le cercle scolaire du canton où le pourcentage d’élèves en TE est le double de la moyenne cantonale. Tous les autres cercles sont proches de la moyenne.»

La ministre doit d’ailleurs discuter de ce sujet prochainement avec les responsables de l’école chaux-de-fonnière, tant au niveau de la direction que du conseiller communal Théo Bregnard.

Nicolas Willemin

Source

Publié le
sam 10/11/2018 - 10:43
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