Les syndicats d'enseignants sont montés au créneau.
La conseillère d'Etat Monika Maire-Hefti parle d' "erreurs de jeunesse inévitables au vu de la gigantesque réforme que le cycle 3 est en train de vivre." Le cycle 3, ce sont les trois dernières années de l'école obligatoire neuchâteloise (9e à 11es années Harmos), ce qui correspond à peu près à l'ancienne école secondaire.
Les enseignants dont on dira qu'ils sont les plus "syndicalisés", ou les plus opposés à cette réforme, considèrent de leur côté que "ce qui s'est passé est tout simplement inadmissible."
Rencontre avec la ministre
De quoi parle-t-on? Des corrections des épreuves cantonales de 8e année, qui se se sont déroulées pour l'essentiel au mois de mai. Des épreuves importantes puisque, en plus de leur fonction d'indicateur, elles peuvent jouer un rôle décisif (lire ci-dessous). Si les épreuves elles-mêmes, à notre connaissance, n'ont pas posé de problèmes, il n'en va pas de même pour les corrections: les syndicats d'enseignants ont demandé à rencontrer en urgence Monika Maire-Hefti.
Mais commençons par l'essentiel: "Les 1767 épreuves ont été corrigées en bonne et due forme, et tous les parents ont reçu le résultat de leur enfant" , indique Jean-Claude Marguet, chef du Service cantonal de l'enseignement obligatoire (SEO). "Par ailleurs, nous avons eu de bons échos, de la part des enseignants, quant à la qualité de ces épreuves, qui ont été entièrement revues."
Un regard humain
Après avoir utilisé le même format d'épreuves durant 27 ans, le SEO en a élaboré de nouvelles pour s'adapter à plusieurs innovations cantonales et romandes. En résumé: avant, on évaluait les connaissances au sens strict du terme de l'élève; aujourd'hui, en plus des connaissances, on cherche à mesurer ses compétences, autrement dit son aptitude à résoudre des tâches plus ou moins complexes.
Ces nouvelles épreuves ont débouché sur un changement dans la manière de les corriger. Auparavant, des machines se chargeaient de l'opération (questionnaires à choix multiples). Désormais, pour une partie des épreuves - en français, par exemple, l'élève doit faire une sorte de rédaction - , l'évaluation fait aussi appel à l'appréciation d'un professionnel, donc à un regard humain. Celui des enseignants en l'occurrence.
C'est là que des différends sont apparus entre les syndicats d'enseignants et le Département cantonal de l'éducation (DEF). On vous passe les problèmes de communication interne qui, visiblement, perdurent ici ou là (non-transmission des informations aux enseignants de la part de la direction). On vous passe aussi les points d'anicroche d'ordre formel, pour en venir à l'essentiel: après une première phase de corrections, les syndicats ont considéré qu'elles prenaient beaucoup plus de temps que ce qui avait été prévu.
18 francs au lieu de 9
Après des échanges de courriers, et après une séance avec Monika Maire-Hefti, un accord a été trouvé. " Nous avons convenu que le temps requis par la correction d'une épreuve pouvait être plus élevé que le temps moyen estimé au préalable" , indique la ministre de l'Education. Avant d'ajouter: "Mais je crois juste de préciser que bon nombre d'enseignants ont considéré que le temps de correction prévu était suffisant."
Toujours est-il qu'à la fin du mois de mai, le DEF a pris diverses mesures, parmi lesquelles un défraiement multiplié par deux pour les enseignants qui ont opté pour une rémunération (plutôt que des périodes de décharge). En chiffres: 18 francs par copie au lieu des 9 francs prévus. Au total, l'opération a coûté 32 000 francs. "Il a été décidé d'octroyer un dédommagement de manière exceptionnelle en fonction du contexte particulier de cette année et de la nouveauté que représentent ces épreuves" , précise Jean-Claude Marguet.
Au final, "il est à saluer que pour la première fois, nous avons abouti à une vraie négociation" , lit-on sur le site internet du SSP. Le chef du Service de l'enseigement obligatoire fait, lui, le commentaire suivant: "Nous sommes dans une phase à la fois d'innovation et de transition. Un énorme travail a été accompli en amont, mais il est normal qu'il y ait parfois des corrections à apporter sur tel ou tel point."
LES EPREUVES DANS LE NOUVEAU SYSTEME
ADIEU LES SECTIONS
La volée qui est en train de finir sa 8e année (près de 1800 élèves) sera la première qui, à partir du mois d'août, vivra le nouveau système de l'"école secondaire": les sections préprofessionnelle, moderne et maturité, c'est fini!
DEUX NIVEAUX
Le nouveau système prévoit l'introduction de deux niveaux dans un certain nombre de branches, les meilleurs élèves au niveau 2, les moins bons au niveau 1.
MOYENNE ANNUELLE
L'orientation des élèves de 8e dans les branches à niveaux de 9e année se fera en fonction de la moyenne annuelle obtenue dans ces branches. Une moyenne égale ou supérieure à 4,75 permettra de suivre l'enseignement au niveau 2; avec une moyenne annuelle inférieure à 4,5, l'élève se trouvera au niveau 1.
TROIS CRITERES
Pour les élèves dont la moyenne annuelle est comprise entre 4,50 et 4,74, l'orientation se fera en fonction de trois critères: les résultats aux épreuves cantonales de 8e année; l'avis des enseignants; enfin l'avis des parents. Pour accéder au niveau 2, il faut que deux de ces trois critères soient positifs.
Par PASCAL HOFER
Voir aussi:
"Il ne s'agissait pas d'une question d'argent" dit le SSP
Flash Info du 12 mai 2015 (document réservé aux membres)
Correction des EC8 - Aménagements
Correction des épreuves cantonales 2015 (document réservé aux membres)
Correction des EC8 (appel à témoignage)