En toute discrétion, la réforme du cycle 3 présente une innovation spécifique à notre canton : les options professionnelles en 11e année.
Dans notre canton, la 11e année compte double pour certains élèves : elle constitue pour eux la première année de lycée. Depuis une vingtaine d’années, des options académiques ont ainsi été mises en place. Mais, que proposer désormais aux élèves qui n’y ont pas accès ?
Tel l’œuf de Colomb, la mise en place d’options professionnelles s’est rapidement imposée. Les grandes lignes en ont été présentées dans le rapport de 2013 au Grand Conseil1. Tout restait pourtant à créer.
Un groupe composé d’enseignants, de représentants des directions, de l’OCOSP et du SFPO s’est mis au travail dès l’automne 2014 pour concevoir le dispositif. Jusqu’au printemps 2017, plus d’une vingtaine d’enseignants des quatre coins du canton ont été appelés à concevoir les outils spécifiques aux quatre options : OCM (créations manuelles), ODE (dessin technique et artistique), OEX (expression orale et corporelle) et OIG (informatique appliquée). Enfin, pour permettre l’établissement des bilans de ces options, la plateforme informatique folio a été créée.
Il a semblé logique que l’une des quatre périodes dédiées aux options soit consacrée au projet personnel de l’élève. Celui-ci couvre toutes les activités menées pour la préparation au monde professionnel (éducation au choix en 10e année, options professionnelles de 11e année, stages en entreprise…), ainsi que les compétences spécifiques acquises dans les options elles-mêmes. L’élève complète son portfolio tout au long de l’année.
Premières impressions favorables
Le dispositif est en place depuis à peine deux mois ; il est donc prématuré d’en tirer un bilan. Les élèves ont cependant l’air enchantés du travail qu’ils font dans ces options. Ils sont très preneurs des activités proposées. Cela se voit. Ils adoptent un comportement exemplaire et l’ambiance y est excellente. Ils en font d’ailleurs volontiers part à leur titulaire.
Quant aux enseignants, ils font de leur mieux pour que ces heures apportent un maximum aux élèves ; dans cette phase initiale, cela représente un surcroît de travail non négligeable. Le portfolio est rédigé par l’élève avec l’aide de l’enseignant pour que cela amène une plus-value lors d’une interview ; il permet aussi de mettre en évidence les compétences acquises. Un contact étroit doit être établi avec les conseillers de l’OCOSP pour que la rédaction du CV soit en adéquation avec les standards actuels, que les options professionnelles et le portfolio constituent un support à l’élaboration du choix professionnel.
Tout le monde est impatient de découvrir ce que vont choisir les élèves durant cette année scolaire, les places d’apprentissage qui s’offriront à eux. D’une part, on ne doute pas qu’ils seront mieux préparés, mais, d’autre part, le tissu économique de la région ne changera pas du jour au lendemain. Il y aura donc sans doute toujours énormément d’élèves qui souhaiteront devenir employé-e de commerce et si peu de places disponibles ; tout comme une seule offre d’assistant-e vétérinaire tous les deux ans pour des dizaines d’élèves qui rêvent de cette profession ; mais, à l’inverse, de nombreuses places vacantes dans les métiers du bâtiment, déconsidérés par la société...
L’absence de notes participe à la bonne ambiance dans ces cours, mais l’évaluation détaillée des compétences acquises est un nouveau défi pour les enseignants. Comment distinguer un bon CV ? Une bonne lettre de motivation ? À la longueur ? Au nombre de fautes d’orthographe et à la syntaxe ? La plateforme folio est belle, mais laisse seul l’enseignant devant des choix à faire, sachant qu’un collègue d’un autre centre en ferait d’autres, très différents. Mais, finalement, face au seul critère déterminant (réussite ou non), est-ce vraiment un problème ?
Photo: Atelier "Imprimantes 3D" pour enseignants des options professionnelles (#bepog)
